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Théophide BEAUDOIÏ^E
^euèôe de la
Cryptographie
d/lpo^toïiqii^
ET DE
Lfli^cl^ifeduiî^
^ifneiico
Du Premier au Seizième Siècle
BaptblèteA, Ba^iliquei, AmiilelleA, SatCDphage^, Fîre^queA,
Numismatique, .Manu,ictib, Chattes et BullcA, Vittaux, Otfèvtetie teligieu^e,
Armoitie^, Matqucs lypo^taphiqueô, etc.
EN VENTE
chez Honoré CHAMPION, libraire, quai Voltaire, n" 9
Paris.
1903
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Thbophiixb BEAUDOIï^E
'yenède de la
Cryptographie
dApo^foliquq
ET DE
^itiielle^o
Du Premier au Seizième Siècle
Baptiitète.s, Ba^iUquei, Amulettes, Satcophage», Fte.squcA,
Numismatique, Manudccib, Chaeteô et Bulle*, Vitraux, Otfèvtetie celigteu^e,
ÂtmoicieA, Macqued typographique».
PARIS
i3, Rue Duguay-Trouin, i3
1902
1
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r/\ o^os-.^^
IfMABO COtLCGE UWARY
TKAT FUNO
Imprimé avec les caractères archéologiques
Type Théophile BEAUDOIRE
chez
E. Capiomont & C% tue de Seine, 37, à Patb.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
LeA vignettes et le6 oignes imptimc*^ danA ce Uvte 6ont la ptoptiëtc
de la Fondetie Gc^nëtale, à Pati^.
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Le Père ^ et le Fils >(c — Vitrail de N.-D. de Paris
Fig. I
Jehovah
L érudit qui ne cherche pas à connaitre le symbolisme de
chacun des 22 signes alphabétiques créés par Moïse ne peut
espérer trouver la clé des mystiques figures qui ont servi de
signes de ralliement aux premiers chrétiens.
Dans l'Origine de V Alphabet, publiée en 1899, nous avons
donné le nom de Têtre ou de Tobjet que représente chacune
des lettres mosaïques , quelques unes d'entre elles faisant
partie de nos démonstrations générales, nous en rappelons
la signification :
Daleth
lod
Teth
Nun
Aïn Re^ch Vau
A^0^o<lY
Potte Main Setpenl Pob^on Œil
Fig. 2
Tétc Clou
Les Israélites firent usage de ces signes primaires jusqu'à
leur captivité dans Babylone; mais quand Cyrus leur rendit
la liberté, ils ne les employèrent plus que dans les inscrip-
tions sacrées telle que celle du sekkel du Temple, (fig. 14)
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— 4 —
Jérusalem sainte et pour tracer le nom ^vâ'V 5 (fîg- 3) cha-
que fois qu'on récrivait dans le texte des nouveaux manus-
crits de Talphabet secondaire, (fig. 4) ainsi que Vont affirmé
Strabon puis Origène d'Alexandrie.
Il n existe aucun manuscrit fait avec cette seconde écri-
ture, ( fig. 4) mais on trouve les formes des lettres qui la com-
posent dans le texte gravé sur la pierre du tombeau de saint
Jacques lapidé à Jérusalem en Tan 5o; un moulage de cette
inscription est exposé au Louvre dans la salle judaïque.
Les formes des lettres de cette écriture secondaire furent
modifiées une dernière fois vers le VP siècle après notre ère;
ce sont les lettres hébraïques (fig. 5) du mot HAVOHai qu'on
doit lire de droite à gauche comme les autres mots lehovah
des figures 3 et 4.
Tertiaire Secondaire Primaire
hè vau hè iod hô vau hè iod hè vau hè iod
Fig. 5 Fig. 4 Fig. 3
Les nombreux descendants d'Israël ayant successivement
séjourné en Egypte, les doctes connaissaient parfaitement
le signe employé dans V écriture hiéroglyphique par les Égyp-
tiens pour exprimer Vidée d'un être supérieur ou d'un esprit
divin; ( fig. 6) c'est un sigle de forme analogue qu'ils emplo-
yèrent pour figurer Timage de Jehovah parce que la loi mo-
saïque interdit l'usage de symboles imitant les choses ani-
mées. Ils choisirent parmi les lettres symboliques de leur al-
phabet celle qui signifie Tête; ( f\^. 2 ) en lui donnant cette
configuration ^ pour y accoler horizontalement l'iod ^ secon-
daire, abréviation du mot hébreu lehovah; (fig. 4) resch ^
représente la Personne de lehovah et iod -» son nom. {f\^. 7)
Un autre sigle de lehovah ( fig. 8 ) est formé par les lettres
iod -», vau — J, (fig. 4) et le resch ^; iod est l'initiale de la
première syllabe de m H' et vau l'initiale de la seconde
syllabe; ces deux lettres, posées horizontalement l'une sous
l'autre, constituent le digramme ^ du nom lehovah.
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— 5 —
La figure 8, qui représente cette combinaison, est un très
ancien cachet exposé dans une vitrine de la salle judaïque
au musée de Cluny à Paris; la légende curviligne signifie :
Abraham fils d'Isaac; c'est ce qu'expriment les A et I entre-
lacés dans Técusson.
t
a
i
Fig. 6 Fig. 8 Fig. 7
On rencontre les sigles 7 et 8 dans les marques typogra-
phiques des impressions faites dans le courant des XV^ et
XVP siècles; d'un commun accord, les amateurs de livres
anciens dénomment ces sigles : Quatre de chiffres ou bien
Le Quatre; cette très obscure interprétation ne peut être ac-
ceptée par les véritables érudits.
De cet aperçu, il résulte qu'autrefois les Israélites abré-
geaient le nom lehovah par 1 ou par "|1 ; et si les Grecs n a-
vaient pas changé la direction de Técriture mosaïque qu ils
avaient tout d'abord adoptée, les primitives abréviations de
IHS0T2 (lésus) et XPIST02 (Christ), auraient dû être tracées
de droite à gauche : JX SI
Les sigles hébreux à boucle triangulaire des figures 7 et 8
sont sculptés sur une foule de monuments, peints sur les
vitraux des églises, gravés dans les marques typographiques
des livres publiés par les anciens imprimeurs et les libraires
de tous les pays européens.
Le triangle ^, symbole de Jehovah ou Dieu dans le ju-
daïsme et le christianisme, est un des principaux motifs
architectoniques des synagogues, des anciennes églises et
autres monuments chrétiens d'Asie, d'Afrique et d'Europe;
naturellement, suivant le goût des architectes de ces pays,
le triangle est équilatéral, isocèle, curviligne, mixtiligne. Le
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— 6 —
triangle mixtiligne enferme chacun des douze vitraux placés
derrière les tribunes de N. D. de Paris; (fig. i ) leur combi-
naison identique représente Tunité du Père et du Fils par
des triangles équilatéraux, curvilignes, juxtaposés et entre-
lacés avec les points • du diagramme gallo-phrygien; Ten-
semble produit le grand cercle Q ^^^ représente T Eternité.
Presque tous les portails à frontons curvilignes de nos
cathédrales sont dominés par un triangle de structure quel-
conque; les uns sont plus larges que hauts; les autres plus
hauts que larges; on rencontre ces particularités sur les fa-
çades des cathédrales de Paris, Reims, Rouen, Chartres,
Lyon, etc.
iîll^
Fig. 9 — Dieu le P<>ce. Fig. lo — Eôptit de Dieu.
Le triangle accompagné du nom miT' (lehovah), est sou-
vent peint au milieu de rayons lumineux ( fig. 9 ) sur les vi-
traux des églises catholiques ; nous pouvons citer, à Paris :
S. Germain des Prés, S. Nicolas du Chardonnet, S. Etienne
du Mont, S. Merry, S. Nicolas des Champs, etc. Quant au
sigle de lehovah +, il est peint sur un vitrail du XIIP siècle
à S. Séverin, sur un autre du XVP siècle à S. Etienne du
Mont à Paris et sur d'autres monuments.
Au XV^ siècle, après Tinvention de la typographie, les im-
primeurs se sont empressés d'introduire dans leurs marques
particulières soit le nom lehovah mîT' ou celui du Tout-
Puissant nï^, soit l'un des sigles 4 des figures 7 et 8; sou-
vent même les deux lettres hébraïques sont placées en des
positions les plus diverses ; mais nous en réservons Texpli-
cation pour le chapitre où nous parlerons des marques typo-
graphiques.
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— 7 —
La marque de Vœgelin nous présente : i° mn"^ (lehovah)
2" r Esprit Saint; 3° les sigles IN RI, abréviations de Jésus
Fig. II — Macque d'EcneAt VoîgeUn, imptimeuc à Leipôick, 1369.
Nazarenus Rex ludagorum; 4° le Crucifié sur le Gibet à trois
branches véritable structure de V instrument de la crucifixion
au premier siècle. ( fig. 1 1 )
Jehovah
ntrr
Le Tout-Pui6ôant
Fig. 12 — Macque d'Anselme Thomas, imp. à Tubingue, i323.
Quant à la composition de la marque de l'imprimeur ^e
Tubingue, Anselme Thomas, celui qui Ta conçue a eu un
trait de génie, car il a résolu graphiquement le principe de
la consubstantialité du Père et du Fils. ( fig. 12 )
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— 8 —
Au bas de la banderole , les schin Vf et iota B forment le
digramme hébraïco-grec de Le Tout-Puissant. Entre les let-
très schin Vf et iota B, le haut resch *| qui s'élève tient à la
fois du sigle 4- lehovah et du sigle *| que les Apôtres choi-
sirent pour représenter la Pe;rsonne du Fils de lehovah.
Fiif. i3 — Manu.sctit du IX' .siOcle. Bible dite de Chadeô le Chauve. (Bib. iiat.)
Clicht^ exttait du L/itc, c^dition Fitmin Dldot
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— 9 —
Par cette combinaison graphique, ces deux reschs ifl n'en
font plus qu'un de même que, théologiquement, Dieu le Père
et Dieu le Fils ne font qu'un seul Dieu.
Cette Unité est aussi démontrée par la position qu'occupe
ce resch d'un dessin mixte : la tête et la hampe sont placées
au sein des syllabes hébraïques de lehovah et du digramme
hébraïco-grec de Le Tout-Puissant.
Ce curieux symbolisme est soutenu par le diagramme des
Points .*. posés en triangle rappelant la Tête triangulaire du
sigle 4 de lehovah. Ces points .-. et les initales de l'impri-
meur AT sont entourés par l'éternité représentée par le cer-
cle O Q^^ ^'^ ^^ commencement ni fin.
Le symbole de lehovah sous la forme de trois Points .*.
ou •.• fut très couramment employé pendant les quinze pre-
miers siècles de notre ère, ainsi qu'on le voit dans la figure
i3, où la tenture céleste, le dossier du trône occupé par le
roi et quelques chasubles ont pour seul ornement les trois
points .-. rappelant mystiquement lehovah.
On voit un symbole de lehovah sous la forme de l'Œil de
Dieu, (aïn, œil, fig. 2) sur deux croix qui ornent un obélisque
en pierre exposé dans le jardin du musée de Cluny et un
Triangle, enfermant l'Œil de lehovah, a été peint autrefois
au sommet de la coupole de notre Panthéon. Au cours du
XIX*' siècle, ce symbole fut remplacé par la France tenant
la Charte constitutionnelle, parodie de Moïse tenant la Table
de la loi du Décalogue que lui remit lehovah sur le Sinaï.
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IXIXIXIXIXIXIXIXIXIXIXIXIXIJ
IHEOT2-XPI2TOZ
(JKSUS-CHRIST)
Quand le monde Romain s'empara du littoral méditerra-
néen de l'Asie Mineure et du nord de l'Afrique, ces contrées
sortaient de la domination Hellénique; celle-ci avait duré
trois siècles : la race des Séleucides avait régné à Antioche;
celle des Lagides à Alexandrie d'Egypte; aus&i la langue
grecque, couramment parlée dans ces contrées concurrem-
ment avec les idiomes nationaux et connue par les Apôtres,
fut celle qu ils employèrent pour prêcher T Évangile et pour
célébrer les cérémonies cultuelles. En Europe leurs succes-
seurs officièrent en grec jusqu'à la fin du V^ siècle; le latin
fut seulement introduit dans les cérémonies liturgiques après
que saint Jérôme eût écrit la Vulgate en cette dernière lan-
gue. Cela explique pourquoi les noms IHSOYil-XPISTOS et
leurs sigles abréviatifs en lettres et en dessins mystérieux,
suivant les époques, sont sculptés sur les premiers baptistè-
res et tombeaux rupestres de TAsie; sur les primitives basi-
liques d'Afrique; sur des objets, inscriptions, fresques des
catacombes romaines, etc.
Fig. 14 — Sekkel ou 6icle du Temple
Quand les Apôtres résolurent de représenter la Personne
et le nom du Crucifié par un symbole, ils suivirent la mé-
thode qui avait été adoptée par les Hébreux pour rappeler
l'image de Jehovah.
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— II —
On écrit lOSUÉ ou lÉSUS en grec : IH20Y2; comme on
voulait propager ce vocable dans le monde de TAsie grec-
que, c'est l'iota I, monogramme de ce nom, que Ton croisa
horizontalement avec la hampe du resch hiératique *| de la
figure 14 pour établir le symbole lésus le Crucifié. Resch *|
signifiant Tête, rappelle la Personne de lésus; iota | est le
monogramme de son nom grec IH20T2. Ce symbole -^ fut
le premier signe de ralliement des chrétiens et le premier
Crucifix graphique nominatif.
Le resch *| entre également dans la composition des cru-
cifix : Christ Dieu ^ et Jésus-Christ Dieu ^. Le premier
est formé par le resch *| uni au monogramme de XPISTOS,
le chi X ; le second comprend le resch *| croisé par le mo-
nogramme de IH:sOTS-XPISTOS formé par Viola | et le chi X
ainsi ■><■ entrelacés.
On commet une erreur d'écrire que ce sigle -^ ou -f- est
une croix monogrammatique. Si cette partie + du sigle était
une croix la boucle q représenterait un mot; de quelle lan-
gue ferait-il partie ?
Les monogrammes de Jésus-Christ sont souvent employés
sans être accompagnés par le *] resch; il n'en est pas de
même pour les sigles rappelant ses noms et sa Personne :
MONOGRAMMES
Iota I pour IH20Y2
Chi X pour XPI2T02
Iota I et chi ^ pour IH20T2-XPIST0S
CRUCIFIX GRAPHIQUES
IH -f SOTS — Jésus ] Dieu
XPI2 j^ TOS X Christ *| Dieu
IH20YS ^ XPI2T0S X J.-C. *| Dieu
Les juifs convertis au christianisme traçaient ce *] resch
greco-mosaïque et quand ils résolurent de représenter l'U-
nion du Père et du Fils par deux sigles, les doctes n'omet-
taient pas de les poser f *] ainsi; les chrétiens grecs, africains
et romains, qui écrivaient leur langue de gauche à droite,
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— 12 —
firent souvent le contraire ; Us traçaient d'abord le signe du
Père *] puis celui f du Fils. Représentant une même idée, les
deux sigles f *| ou *| f constituent le diresch.
Sous cette forme Jf) le triresch n'apparut qu'au commen-
cement du IV^ siècle, après que l'Église de Rome eût enfin
triomphé dans la discussion du dogme de la Trinité; le plus
ardent défenseur de ce principe, Tévêque de Poitiers saint
Hilaire s'empressa de l'exprimer dans Varchitecture du tem-
ple saint Jean qu'il fit construire à Poitiers après son retour
d'exil en Phrygie. Les motifs architectoniques y sont grou-
pés trois par trois et le yy) triresch, nimbé par le Q cercle
de l'éternité, orne plusieurs fois la corbeille d'un chapiteau
que nous reproduisons par la figure 33.
Les chrétiens peu instruits habitant l'Afrique et l'Europe
croisaient indistinctement le sigle de Jehovah ] ou le sigle f
de son Fils avec Tun des monogrammes grecs — X -)f de
Jésus-Christ; c'est pourquoi, sur les monuments et dans les
inscriptions, le resch *| a la tête tournée à gauche ou bien
à droite :
1 r -f -F- :^ >^ ^ ^
Comme les autres signes de la cryptographie, le f resch
est polymorphe; ainsi dessiné 1 ou [* c'est la lettre alphabé-
tique signifiant Tête ( fig. 2 )
Le resch avec une tête en demi spire, (fig. i5et i6) est
sculpté au sommet du pignon, sur la façade du chevet du
Temple S. Jean à Poitiers et dans un motif architectonique
d'un fronton, exposé au Louvre, provenant de Vancienne ba-
silique de Tigzirt.
Le resch avec une tête en spirale (§\ rappelle le nom de
Resch imprimeur à Paris; (fig. 17) ce sigle constitue sa mar-
que parlante.
La tête du resch est accompagnée par l'Œil de Dieu dans
le chapiteau de l'église de Cambronne. (fig. 18) Une tête
d'Agneau remplace celle du resch dans le chapiteau de l'é-
glise de Catenoy. (fig. 19)
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— i3 —
Le resch tout entier est remplacé par la tête de XPIÏTOi:
dans le chapiteau de Véglise de Coudun et la moulure du
pilastre porte une ligature de XX XX chis, chacun d'eux
rappelle le nom du Seigneur, (fig. 20)
s 1
Reôch
Tête
F. i5. — PoitietA
IV' Mècle
F. 16. — Tigzitt
Algëtie, m* ôiècle
F. 17. — Matque de Re5ch
Patb, XVI- ôiècle
Fig. 18. — Cambtonne
Oiôe, XII- ôiècle
F. 19. — Gatenoy
Oiôe, XII- ôiècle
F. 20. — Coudun
Oiôe, XII- ôiècle
Le premier c*o diresch sommé d'un resch 1 vertical a été
sculpté deux fois sur la frise du Cénacle où se réunissaient
les Apôtres à Jérusalem; (fig. 21) chaque diresch enferme la
Vigne, une des allégories du Seigneur. (V. ch. Allégories.)
F. 21 — Diteôch du Cénacle de
Jëtuôalem, i" ôiècle (Louvte)
ô
AGAPE viBES
IN AETERNVM
F. 22 — Diteôch d'une piette tombale
Rome, III- ôiècle
Beaucoup d'inscriptions sont accompagnées en chef, en
pointe, à dextre ou à senestre par le ^ diresch que les ar-
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— 14 —
chéologues supposent être une feuille; sa pose est verticale
(3? ou inclinée Î3 (S à gauche et à droite. Il est quelquefois
sommé par ce sigle -f- sans la boucte ^ ou par ce 6\ resch
comme dans Tinscription des catacombes romaines, (fig, 22)
Mais il apparaît aussi sur d'autres pierres tombales exposées
au musée de Latran, à Rome, sous T aspect de ces formules :
o^ à à à
(p
Fig. 23 — Ditc^ch:) de6 catacombes, mu6ëe de Lattan à Rome
Le diresch fait partie du chiffre de beaucoup de marques
typographiques du XV^ au XVII^ siècle; il est très souvent
sommé par le sigle 4 de Jehovah et il enferme, non plus la
Vigne, mais les monogrammes des imprimeurs et libraires;
par l'emploi de ce sigle ils entendaient placer leurs person-
nes, ainsi que leurs livres, sous la protection de Dieu. Cette
coutume était répandue en France, Espagne, Italie, Suisse,
Autriche, Germanie, etc. (fig. 24)
A. Coutb^, Patiô L. Sonnius, Patis D. Thietty, Patis De Toutnes, Genève
i638 1621 1648 1697
Mettetnick,
1700
Cologne
Bonilla,
I
Satago^^e
520
Bidelli, Milan
1622
Fij?.
24 —
Dite6chô de6
matque.s.
CUchë^
du Cetcle de la Libtaitie
Sous la forme de la lettre alphabétique, le diresch 1 (* a
été sculpté sur une pierre découverte dans les ruines de la
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— i5 —
basilique de Rusuccuru en Maurétanie, aujourd'hui Tigzirt
en Algérie, (fig 25)
Fig. 25 Fig. 26
Sur une autre jfierre de la même basilique, (fîg. 26) des di-
reschs §) (^ assez écartés les uns des autres donnent à quatre
autres direschs une très mystérieuse signification : ces der-
niers V inscrits dans les cercles concentriques, ont la forme
du V latin monumental qu'on employait à cette époque pour
remplacer la lettre U.
L'U latin dérive de Vupsilon Y grec et celui-ci dérive du
vau V mosaïque signifiant clou. (fig. 2) Les quatre sigles Q.
de Dieu accostant les quatre sigles y signifiant clou, rap-
pellent que les mains et les pieds de XPI2T0S furent cloués
sur Iç Gibet.
Le diresch personnifie Jehovah et son Fils ; il domine les
monuments chétiens primitifs d'Asie Mineure au même titre
que le Crucifix corporel domine nos calvaires modernes.
Dans l'architecture rituelle, le diresch (^ (§\ apparaît au
sommet du calvaire gallo-phrygien dit Pierre écrite, (fig. 27)
monument que les archéologues européens persistent à re-
connaître comme étant le tombeau du roi Midas remontant
à environ douze siècles avant notre ère ?
On voit le diresch sous la figure mystique du Serpent au
sommet du sanctuaire d'Arslan-kaïa en Phrygie. (fig. 3o)
F. 27
1" MècXc
28 — PoitietA
IV 6iècle
29 — Tigzitt
m» siècle
3o AtAlan-kaïa
11* ôlècle
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— i6 —
Sous cette forme ^5^ le diresch est sculpté au centre de la
corbeille des quatre chapiteaux d'une façade latérale de Vé-
glise Saint Jean à Poitiers (fig. 28) et sur un chapiteau de
Tigzirt. (fig. 29)
Un vitrail du XVP siècle provenant de Suisse présente des
armoiries portant le signe cryptographique ^ du Père et du
Fils. (fig. 3i ) Ce | signe, que les héraldistes nomment pal,
est en réalité un grand et beau resch arqué filigrane par une
quantité de direschs SP d'or ; il est en outre sommé par le
resch de Jehovah dont la boucle est tournée à droite :
Fig. 3i. — Diteôch 6ommë du ôigle de Jehovah. Muô<ie de Cluny, n» 2081
Itéraldique : De gueules au resch d'or chargé d'un diresch
de gueules sommé d'un sigle de sable.
Le diresch ^ en forme de cœur de ces armoiries sacrées
est le symbole ïl qu'on voit dans les figures 22, 23, 24, mais
il est bien mieux dessiné dans la figure 3i.
Le diresch en cœur a été sculpté en i52o sur une pierre
trouvée au Pérou dans la chapelle d'Urcon; M. Ch. Wiener
en a donné le fac-similé à la page 12 dans le Tour du
Monde^ premier semestre de 1878. Ce diresch est accom-
pagné par les digrammes IH et HI de IHSOTS; par les
sigles t Jésus Dieu, % Christ Dieu et du mot latin JESVS.
Il est probable qu'en rencontrant quelquefois le nom de
Jésus accompagné par le ^ diresch cordiforme les icono-
graphes des XVIIP et XIX^ siècles ont pensé qu'il devait
représenter le cœur de Jésus.
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— 17 —
Tous ces signes paraissent très mystérieux; mais ce qui
Test encore davantage pour les modernes archéologues c'est
la marque typographique de Barthélémy Honorât, libraire
à Lyon en i58o; elle est entièrement composée de symboles
rappelant le resch et de fleurs aux pétales monogramma-
tiques des sigles de Jésus-Christ et Jehovah.
FijT. 32 — Matque de B. Honotat, XVl" Mèc\c
Placée dans une position incorrecte au point de vue de la
réalité, Vanse de Taiguière est un \ diresch, aussi le bec
ondulé; la tête formant le col a comme barbe un (^ resch;
les volutes posées sous la tête sont des (^ \q reschs renversés.
L'ange ailé qui décore la panse de Taiguière est terminé
en J resch fleuri ; les supports / \ du grand niédaillon,
les cheveux des femmes sont des direschs et des reschs.
La devise est séparée en chef ^l Ç et en pointe ^ (^ par des
direschs et celui ^ qui enferme le digramme B H de Bar-
thélémy Honorât est accosté, à dextre et senestre, par le di-
resch g) (9 de l'Abondance enlacé par le Christ sous la figu-
re du Serpent terminé en diresch.
La pensée que semble avoir voulu exprimer l'artiste qui
a composé cette marque c'est : que Dieu est la source des
biens de ce monde.
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i8
Fig. 34 — N. D. de Pati6
XIII- ôiècle
Fig. 33 — Poitietô
IV- 6iècle
Le triresch JJJ primitif, nimbé par le cercle Q éternel,
apparaît dans la première moitié du IV*^ siècle sur les faces
d'un chapiteau de Téglise S. Jean à Poitiers; (fig. 33) il est
tourné à droite (^(^Ç sur le chapiteau de Coudun. (fig. 20)
Les quatre trireschs cps /^ du chapiteau de la figure 34 sont
posés en X chi; celui du centre est composé de trois feuil-
les accolées ^ formant une triphylle semblable à celles
qui terminent les hampes de resch aux figures 17, 18 et 19.
De tous ces exemples il résulte que : Jésus est figuré se-
crètement par un resch; Jésus et Jehovah par deux reschsj
Jésus, Jehovah et le Saint-Esprit par trois reschs.
Dans le symbole de la Trinité la tête du 'resch qui figure
le Saint-Esprit ^ diffère de celle des reschs de Jehovah J et
de (( Jésus. Cette particularité est facile à remarquer dans la
composition du triresch-agrafe du manteau de Charles le
Chauve et dans la triphylle ^ de sa couronne, de son trône
et de son sceptre, (fig. 35)
J?
Fi^. 35 — - ChatlcA le Chauve et la Sainte Ttinité
(Kxttait du Costume au moyen dge^ pat G. Demay)
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— 19 —
Plus décorative que le triresch, la triphylle fut employée
par les architectes du clergé, par les grands seigneurs ; puis
par les rois de France qui octroyaient les privilèges au nom
de l'Indivisible Trinité. Pour marquer cette indivisibilité, le
triresch fut lié horizontalement par Tiota — monogramme de
Jésus, de manière à former un monosymbole ♦ que les rois
de France placèrent triangulairement •.• dans le champ de
leur éçu ; la base de ce symbole fut en outre terminée par
une triphylle renversée, (fig. 36)
Fig. 36 — Écu de Ftance
Fig. 37 — La Tciphylle
Philippe Auguste avait un contre-sceau composé par une
grande triphylle à base triphyllée; un nœud trilobé rem-
place Tiota et deux reschs, sommés par un trilobé, rappel-
lent Jésus et son Père. (fig. 37)
Après le concile de Nicée qui recommanda de représenter
les Personnes divines par l'image, les iconographes suivirent
la cryptographie des premiers chrétiens : Jehovah fut placé
à dextre, le Saint-Esprit au centre et Jésus à senestre. Quel-
fois les trois Personnes sont posées verticalement, mais la
Colombe sépare toujours le Père et le Fils. (fig. 38)
Fig. 38 — Les divec6 ôymboleô de la Ttinité
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20 —
Le savant et puissant clergé était le promoteur dans ces
choses et ses architectes prirent Thabitude de décorer les
églises avec le resch et la triphylle, {fig. 39) que la techni-
que moderne désigne par les noms Crochet et Fleur de lis ?
Jehovah }éb\\b La Ttinitë
Fig. 39
C'est par milliers que Ton compte ces motifs architecto-
niques sur les tours, portails, pinacles; sur les frontons de
N. D. de Paris et des églises bâties jusqu'au XVIP siècle,
époque où les érudits connaissaient encore la cryptographie
apostolique, puisque l'imprimeur Conrad Resch rappela son
nom dans sa marque typographique (fig. 17) par le signe
conventionnel adopté par les chrétiens, au premier siècle,
pour représenter mystérieusement la Personne du Chef du
christianisme, Jésus-Christ. Et cet imprimeur n'omit point
de croiser horizontalement par le monogramme — de Jésus
la hampe du signe parlant de sa marque et de terminer cette
hampe par la ^ triphylle- renversée.
Les autres lettres sacrées, iota I et chi X, ont aussi con-
couru à orner bien des choses ; combinées avec le \ resch,
elles décorent la tête de page d'un Évangéliaire du VIP siè-
cle (fig. 40) où les mots Incipit Praefatio sont sommés par
des reschs f* *| accolés à deux XX chis; ceux-ci sont entre-
lacés avec le sigle -f- Jésus Dieu ayant ses quatre rayons ter-
minés en fer de lance rappelant celle dont se servit un sol-
dat romain pour percer le sein du Crucifié.
Dans les mots Incipit Praefatio, le dessin de neuf lettres
commence et se termine par un (D resch. Une ligature de
chis, SSSS^5 formant ce que les architectes nomment une
torsade^ décore le champ du troisième i dans incipit et le
champ du p de praefatio.
f* Resch, I iota et X chi sont les trois lettres sacrées qui
entrent dans la composition des Crucifix graphiques nomi-
natifs -^ >^ ^ que nous avons déjà expliqués page 11.
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— 21 —
o
«s.
•tu
a.
r2
o
« Q
U
g
Ê
o
U
PJ^
o
-d
H .y
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— 22 —
Tel qu il a été sculpté au sommet du chevet du Temple
S. Jean à Poitiers, ce resch ^ a servi à composer la rosace de
la figure 41; elle signifie Jésus-Christ Dieu éternel par le ^
sigle que les érudits modernes nomment figure géométrique
et roue symbolique?
Fig. 41 — Ro6ace de N. D. du Havce, XVII- ôiècle
Les monogrammes et les crucifix ont été transformés en
motifs simples, foliacés, pétales, fieuronnés, (fig. 42) proba-
blement lors des persécutions. Afin de détourner Tattention
de leurs persécuteurs, les chrétiens firent usage de diverses
rosaces dont V aspect rappelait celui des rosaces employées
depuis longtemps chez les Égyptiens, Assyriens, Juifs, Ro-
mains; la boucle du resch fut naturellement supprimée, mais
sa hampe fut croisée par un nombre de branches égal au nom-
bre et à la position des rayons rectilignes des crucifix gra-
phiques -^ ;^ ^ et des X •><• monogrammes.
SIGLES RECTILIGNES ET FOLIACÉS
louf — X ¥: X -Vou-f %on% ^u^
I — X ¥: X + >kX *
6 <-^ ** 4^ ^* ^.
Resch Iota Chi Jésus- Jésus Christ Jésus-Christ
Dieu Jésus Christ Christ Dieu Dieu Dieu
Fig. 42 — Signification deA ôigleô
Les monogrammes X •)<• et les crucifix graphiques -f- >^ ^
rectilignes et foliacés de la figure 42 sont souvent inscrits
dans un Q cercle qui est le symbole de Téternité.
Christ éternel Jésus-Christ éternel
ee^s ^^^^^ ^^^m
Jésus Dieu éternel Christ Dieu éternel J.-C. Dieu éternel
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— 23 —
Parmi les sigles de la figure 42, ceux qui signfient | Dieu,
>(C Christ Dieu, ^ Jésus-Christ, ornementent une châsse ap-
partenant à M, le comte Chandon de Briailles ; cette châsse
du XIIP siècle a fait partie de l'exposition rétrospective en
1900. L'artiste éditeur Ludovic Baschet a eu l'amabilité de
nous en prêter le cliché. ( fig. 43 )
Fij(. 43 — Châ.>,se du XIII- MùcXe
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Jean
Mathieu
Luc
Macc
UASIE MINEURE
C'est en i835 que le gouvernement français chargea Ch.
Texier d'aller étudier les anciens monuments de VAsie Mi-
neure ; il rendit compte de sa mission dans la superbe édition
d'un livre intitulé : Description de l'Asie Mineure. En cer-
tains passages cet auteur parle avec une grande chaleur des
plaines de la Phrygie autrefois conquises par les Gaulois
qui s y installèrent d'une façon définitive vers l'an 280 avant
notre ère.
Ces Gallo-Phrygiens avaient fort peu d'enthousiasme pour
le culte de Zeus et dès qu'ils entendirent la voix de l'apôtre
Paul, croit-on, ils s'empressèrent d'embrasser le christianis-
me. La Galatie a été un des premiers et plus ardents foyers
du culte catholique.
En parcourant les environs de la ville de Synnada Texier
rencontra fort peu de .vestiges de monuments romains; quant
aux primitives basiliques des chrétiens les Ottomans les ont
toutes détruites au VIP siècle et c'est dans les décombres
de l'une d'elles que notre explorateur a vu une très grande
cuve monolithe en marbre ayant à l'intérieur plusieurs gra-
dins; des croix, placées sur chacune des faces, lui ont fait
comprendre qu'il se trouvait en présence de fonts baptis-
maux employés primitivement pour le baptême par immer-
sion. Pour cette cérémonie les néophytes nus entraient jus-
qu'aux genoux dans l'eau qu'on avait versée dans la cuve;
les gradins ou marches dont parle Texier leur permettaient
de descendre facilement dans les fonts.
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— 25 —
Cette explication était nécessaire pour rendre bien com-
préhensibles les dispositions architecturales appliquées aux
premiers baptistères qui existent encore sur les pics escar-
pés de la montagne du Sipyle, en Asie Mineure ; lieux
occultes oti les pasteurs enseignaient TÉvangile et bapti-
saient ceux qui demandaient à faire partie de la société
chrétienne.
Au IV* siècle, S. Hilaire a dû voir quelques-uns de ces
baptistères en Phrygie où Constance Vavait exilé pour le
punir de la violence de certaines épîtres rappelées par dom
Guéranger dans le tome II, pages 268 à 276, de V Année
liturgique éditée par H. Oudin; en voici un passage :
« Glorieux Auguste, votre sagesse singulière comprend
qu'il ne convient pas de contraindre violemment des hom-
mes à se soumettre et à s'unir à ceux qui ne cessent de
répandre les semences corrompues de l'adultère. L'unique
but de votre gouvernement doit être de faire jouir des dou-
ceurs de la liberté tous ceux à qui vous commandez. Lais-
sez donc parvenir aux oreilles de votre mansuétude toutes
ces voix qui crient : je suis Chrétien, je ne suis pas Arien !
« Le temps de parler est venu, car le temps de se taire
est passé; aujourd'hui nous avons à combattre contre une
persécution déguisée ; contre un ennemi qui nous flatte ;
contre Constance l'Antéchrist. Je te dis hautement. Cons-
tance, ce que j'aurais dit à Néron : tu combats contre Dieu;
tu sévis contre l'Église ; tu es un tyran, sinon dans les cho-
ses humaines, du moins dans les choses divines.
« Sous le masque d'un chrétiea tu es un nouvel ennemi
du Christ ; tu distribues les évêchés à tes créatures ; tu rem-
places les bons par les mauvais ; tu reçois les Évêques par
le même baiser dont le Christ a été trahi. »
On comprend qu'un tel langage ait engagé Constance à
exiler l'évêque de Poitiers en Phrygie, où Hilaire écrivit
douze livres dans lesquels il défendait le principe du dogme
de la Trinité, puis il se rendit à Constantinople et, par trois
requêtes publiques, il demanda à l'empereur la permission
de réfuter les Ariens ses adversaires. Ceux-ci ne voulant
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— 26 —
pas discuter avec le docte théologien persuadèrent à
Constance de le rétablir dans son évêché de Poitiers comme
pour lui faire honneur.
Constance suivit ce conseil; quand Hilaire rentra dans
les Gaules, écrit S. Jérôme, « il fut reçu avec des transports
d'allégresse et c'est aux acclamations de tout le peuple quHl
fit sa rentrée dans son évêché de Poitiers où il continua à
combattre la politique religieuse de l'empereur Constance. »
C'est dans l'une de ses nouvelles épîtres à l'empereur
qu' Hilaire parle des Apôtres : « Ils vivaient, dit-il, du tra-
vail de leurs mains, organisaient des réunions dans des
lieux secrets et parcouraient les villes et les nations en
enseignant la doctrine du Christ en dépit des édits impé-
riaux. »
Il convient d'étudier ces lieux secrets établis à des alti-
tudes considérables sur des pics escarpés de la montagne
du Sipyle ; ils sont indiqués par les lettres A, B, C, D, sur
la carte de l'Asie romaine, page 27, en même temps que
les noms des sept premières Églises si souvent symbolisées
par ce nimbe sacré i:^ répété sept fois.
Ces sept Églises ont été nommées dans X Apocalypse,
vers l'an 92 ou 95, par S. Jean TÉvangéliste, mort à Path-
mos en loi. Ce sont celles de Smyrne, Pergame, Thyatire,
Sardes, Philadelphie, Éphèse, Laodicée.
Après Jérusalem c'est dans le quadrilatère formé par les
quatre premières de ces villes que la propagande de Paul
fut la. plus active ; il connaissait la langue des Hellènes,
étant né à Tarse en Cilicie, contrée peu éloignée de Smyrne,
ville où la colonie grecque était considérable, comme l'est
encore celle d'aujourd'hui qui publie revues, livres et jour-
naux en langue grecque.
Si Paul pouvait se créer de faciles relations avec les
Smyrnéens, il lui était difficile de tenir des assemblées
nombreuses sans éveiller l'attention des autorités romaines;
c'est sans doute ce qui l'engagea à choisir, à une demi-heure
de marche de Smyrne, le rocher A pour y attirer ceux qui
désiraient entendre sa parole; mais il fallut aménager ce
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^7
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— 28 —
rocher abrupt auquel on arrive maintenant en passant entre
la mer et le cimetière des chrétiens dans lequel il existait
encore une quarantaine de tombeaux quand Texier le visita
en i835. (V. carte, p. 27.) « A partir de ce point, écrit dans le
Sipylos un habitant de Smyrne, M. Weber, on doit s'enga-
ger dans une gorge étroite et rapide à Textrémité de laquelle
on trouve deux escaliers de sept marches chacun qui don-
nent accès sur deux plates-formes séparées par une large
fissure que longeait un mur dont il reste des traces. Gorge,
escaliers ont été taillés à même le roc, aussi les plates-
formes ayant environ i5 mètres sur 12 de superficie totale.
« Quelques arêtes du roc et des parapets garnissant la
périphérie permettaient de masquer les personnes assem-
blées sur Tune ou Vautre des plates-formes ou cours. Au
milieu de celle de Vouest, on se trouve en présence d'une
excavation rectangulaire creusée dans le roc; cette espèce
de tombe mesure 2 mètres de longueur et 0^*90 en largeur
et profondeur ; un des plus grands côtés est flanqué de deux
marches.
« Autour de la tombe, on distingue des lignes régulières
et des petits trous carrés.
« Moins vaste. est la seconde cour aujourd'hui couverte
en partie par la végétation ; à un certain endroit; on distin-
gue un enfoncement ; il fait supposer qu'il y eût là un réser-
voir. »
Un membre de l'Institut, ayant visité ce rocher mysté-
rieux, s'exprime à son tour en ces termes :
« On a voulu reconnaître, dans l'établissement d'une
plate-forme sur ce rocher, un poste d'observation, car du
sommet, haut de i5 mètres, on découvre toute la plaine et
le golfe de Smyrne. Dans cette hypothèse, on s'explique
bien le rapide couloir et les escaliers qui conduisent sur ces
cours, mais ce qui reste difficile à comprendre, c'est Xes-
pèce d'auge, longue de 2 mètres, qui a été creusée au milieu
de l'une des aires. Est-ce un tombeau ou bien ce trou était-il
destiné à un guetteur qui pouvait s'y dissimuler ?
<( Quoi qu'il en soit, en voyant réunis dans un assez étroit
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— 29 —
espace ces tombeaux élevés près de la forteresse, ces esca-
liers et ces deux plates-formes créées par la main de Vhomme
aux dépens du roc, on reste convaincu qu il y avait sur ce
versant du Sipyle et au-dessus du port, une ville qui a
précédé de plusieurs siècles la Smyrne moderne, »
Nous croyons que la courte chaîne du Sipyle, dont les
divers massifs atteignent des altitudes variant entre 35o et
I 5oo mètres, n'a jamais été habitée que par les vautours.
Ses pics nombreux, composés d'un tuf volcanique tendre
facile à tailler, permettaient aux chrétiens d'y établir ces
lieux secrets de réunion dont parla saint Hilaire au IV® siè-
cle dans Tune de ses épîtres à l'empereur Constance.
C'est en effet sur quelques-unes de ces hautes cimes iso-.
lées que l'apôtre Paul, ou ceux auxquels il avait délégué ses
pouvoirs enseignaient la doctrine du Christ et le premier
lieu de réunion des chrétiens a dû être le rocher A, le plus
rapproché de Smyrne.
L'enfoncement qu'on voit dans l'une des cours était un ré-
servoir destiné à recueillir l'eau pluviale, une pente douce et
des rigoles le permettaient facilement. Pendant les premiers
siècles, on ne baptisa les chrétiens qu'avec l'eau que Dieu
versait des nuages, selon l'expression de S. Paulin de Noie.
C'est dans cette cour à ciel ouvert qu'on enseignait l'Évan-
gile aux auditeurs ou catéchumènes ; lorsqu'ils étaient suffi-
samment instruits, on les baptisait dans la fontaine creu-
sée à même le roc au milieu de la seconde cour. Ces fonts
contenaient une quantité d'eau suffisante pour que les caté-
chumènes puissent en avoir jusqu'aux genoux et les deux
marches A' A avaient pour but de leur permettre de descen-
dre facilement dans l'eau B. (fig. 44)
Dans les petits trous carrés E E E E, placés autour de la
cavité, on introduisait des poteaux verticaux après lesquels
on suspendait une toile ou des rideaux; ils servaient à
masquer la nudité des catéchumènes. Nous retrouverons
ces colonnes et rideaux établis dans les baptistères tertiaires
et quartenaires dont nous parlerons bientôt.
Le pasteur se tenait probablement sur la marche la plus
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— 3o —
élevée A' ou sur le bord opposé à ces marches ; dans cette
position, ses mains dominaient la tête du catéchumène qui
se tenait debout dans Teau B des fonts.
•
c
E
Fig. 44 — Fontô baptismaux pac immetAion à Smytne, I" ôiôcle.
Établbsement ptimaite.
Ce rudimentaire baptistère à ciel ouvert a dû être installé
vers l'an 40 ou 45, car les Apôtres se séparèrent pour aller
prêcher VÉvangile peu de temps après 34, année où fut
crucifié leur divin Maître.
Les baptistères établis ultérieurement sont plus vastes;
ils occupent des positions fort élevées sur les pics du Sipyle
et on y trouve déjà le ^ mi-resch, premier sanctuaire orienté
vers Jérusalem, mi-rech ^ qui représente conventionnel-
lement le contour de la Tête de Jésus le Crucifié.
Enfin quand on les construira plus tard, les fontaines du
baptême auront la configuration des nimbes sacrés qui
auréolent les sigles de Jésus-Christ.
C'est pour cette raison que nous devons classer les tem-
ples-baptistères en plusieurs catégories :
1° Baptistères à ciel ouvert, genre du type primaire A ;
2*^ Baptistères clos, creusés dans le roc ;
3° Baptistères bâtis en dehors des basiliques ;
4° Baptistères annexés aux basiliques ;
5** Baptistères installés dans les basiliques.
Les succès du grand prédicateur de Smyrnc s'affirmant.
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— 3i —
Paul fit exécuter un nouveau baptistère B sur le rocher dit
Acropole, dont l'altitude est à 35o mètres au-dessus du
niveau de la mer, M. Weber et des explorateurs français
ont fait cette description de TAcropole quHls considèrent
comme une forteresse :
« Situé à environ une demi-heure de Smyrne, ce rocher
est, à cet endroit, le point culminant du Sipyle. Son plateau,
taillé et aplani par la main de l'homme, mesure 45 mètres
de longueur sur une moyenne de 3o mètres en largeur.
ce Soutenu de place en place par un mur d'appui, un
étroit chemin longe les flancs du rocher et conduit à une
tour carrée dans laquelle était le puits de quelque oracle ?
Cet espèce de fortin commandait le chemin qui se rétrécit
de plus en plus entre les deux faces du roc jusqu'à la porte
de ce côté de l'Acropole. Creusé dans le roc, ce chemin est
tellement étroit près de cette porte que les hommes n'y
pouvaient passer qu'un à un; cette combinaison défensive,
placée en avant de la citadelle, avait pour but d'arrêter les
assaillants en cas de siège.
a La plate-forme est divisée en deux cours. Dans l'une,
un fossé creusé dans le roc est garanti à Textérieur par un
épais mur en pierres sèches ; des marches placées dans le
fossé permettaient d'y descendre et de faciliter la retraite
aux défenseurs de la citadelle s'ils étaient obligés de se
replier sur le corps de place ?
ce A côté de ce fossé, un mur demi-circulaire n\ le ren-
force, c'est comme Vébauche d'une tour. Dans l'autre cour,
un creux fait supposer qu'il y eut là un réservoir ou une
citerne ; il faudrait enlever les décombres qui l'entourent en
partie pour révéler la véritable destination des soubasse-
ments composés de blocs parfaitement ajustés; cet empla-
cement dessine un rectangle d'environ cinq mètres de lon-
gueur sur deux de largeur.
a Si l'Acropole a été établie sur un point aussi élevé,
c'était pour rendre sa défense plus facile et permettre à
ceux qui en étaient chargés d'exercer une surveillance sur
le pays environnant. »
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— 32 —
Comme on le voit, nombreuses sont les conjectures des
explorateurs sur la destination de ce nid d'aigle. Texier
suppose que c'est un monument antéhellénique ou la cita-
delle de Tantale. Parlant de la tour carrée placée en avant
de la citadelle, d'autres écrivains pensent que c'est un fortin
qui défendait le rapide et étroit chemin montant à l'Acro-
pole; ils parlent aussi de fossé fortifié, de tour ébauchée,
de remparts, corps de place, d'assiégés, d'a»Siégeants ; un
peu plus ils nous feraient percevoir le bruit des coups d'ar-
mes d'hast ; le cliquetis des épées ; le sifflement des flèches ;
cependant ces deux cours n'ont point de logement pour
une garnison et il n'existe pas de créneaux sur les remparts.
En gravissant le pénible chemin qui conduit au temple-
baptistère à ciel ouvert B, les chrétiens entraient d'abord
dans la tour carrée pour laver leurs mains et leur visage
dans une piscine qui était établie aU centre de cette place ;
on ne pouvait entrer dans le temple avant d'avoir exécuté
cette formalité exigée par le rite primitif. Au IP siècle, dans
l'entrée de chaque basilique, était installée une vasque où
l'eau était sans cesse renouvelée par une canalisation ad
hoc. Sur la paroi extérieure de certaines vasques, écrivent
des historiens, était gravée une inscription grecque signi-
fiant : Laves tes péchés avant tes mains et ton visage.
Probablement aussi, en passant près de la tour carrée,
les personnes qui se dirigeaient vers le temple-baptistère
étaient obligées de prouver, par un signe ou un mot quel-
conque, leur affiliation à la société chrétienne.
Dans ce lieu secret, il existe également deux cours; le
fossé avec marches était les fonts baptismaux ; la tour
ébauchée, dessinant un demi-cercle r\ , était le chevet oti se
tenait le pasteur, chevet que nous allons trouver sous la
forme du mi-resch ^ on ns dans l'architecture rituelle des
primitives basiliques et dans la construction de toutes les
églises de la catholicité.
Dans l'organisation du baptistère B, il y a novation; le
creux ^ qui fait supposer un réservoir et dessine un rectangle
de cinq mètres de longueur sur deux de largeur, était le
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— 33 —
baptistcTo destine aux femmes ; une diaconesse était chargée
de cette cérémonie. Les hauts flancs du roc et les murs qui
entourent cette piscine donnaient toute garantie à la pudeur
des femmes obligées de se dévêtir pour descendre dans les
fonts.
On le comprend maintenant très facilement, en fait de
soldats il n'y avait dans le temple-baptistère B que ceux
du Christ, ils enseignaient la religion aux catéchumènes et
les baptisaient, ensuite cultivateurs de la vallée du Sipyle
et Smyrnéens regagnaient paisiblement leurs demeures.
Fig. 45 — Baptiôtète de la Roche totdue, I" Aiôcle.
Établbôement ptimaice.
A Test de Smyrne, un peu plus loin que le rocher B, on
rencontre un rocher C sur lequel a été établi un baptistère
à ciel ouvert ; sa disposition générale est équivalente à celle
du baptistère B; mais, sur le versant nord du Sipyle, du
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- 34-
côté de la vallée de THermus et de la ville de Sardes, il
existe un très haut rocher D dont la plate-forme est très
intéressante à étudier. (V. carte, p. 27)
L'un après Vautre, M. Humann et le docteur Fabricius
ont visité la Roche tordue. Fabricius a dessiné les cabines
rupestres, donné le nombre des citernes sans indiquer si
elles ont ou non des marches à l'intérieur et dressé un plan
que reproduit la figure 45.
Actuellement les paysans de la vallée de THermus croient
que les ruines qui couronnent la Roche tordue sont les
restes d'un ancien château-fort ; l'ascension en est périlleuse,
mais Humann et Fabricius n'ont pas hésité à la faire.
Un sentier très raide a été autrefois taillé autour de ce
rocher; des ponts avaient été jetés d'un bord à l'autre des
précipices, quelques ponts sont effondrés; pour passer en
ces endroits il faut maintenant saisir de vigoureuses bran-
ches et leur imprimer un mouvement d'arrière en avant. Au
bout du sentier, à une certaine hauteur, on pénètre dans
une longue fente rocheuse qui amène à l'entrée d'une plate-
forme dressée par la main de l'homme.
Les blocs enlevés dans la masse tuffeuse ont été posés les
uns sur les autres pour établir des murs secs sur les par-
ties de la périphérie bordées de précipices. Cette enceinte
est longue de i5o mètres sur une largeur moyenne de
25 mètres. Le côté nord est à 325 mètres et le côté sud à
375 mètres au-dessus du niveau de la mer; la déclivité de
cette plate-forme est par conséquent de o™33 par mètre.
Plusieurs citernes, de nombreuses cases et une niche w
demi-circulaire B ont été taillées à même la roche. Dans la
niche B, écrit Humann, devait être placé le trône de Pélops,
fils de Tantale, ou le trône de Plastené la mère des dieux.
Un autre explorateur pense que la niche B ^ contenait
la statue de Cybèle, déesse adorée par les habitants de
cette contrée avant leur conversion au christianisme. Plus
réservé, un membre de notre Institut émet Vidée que cette
niche devait être occupée par le guetteur de la forteresse ?
En réalité, la niche B, orientée vers Jérusale.m, était le
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— 35 —
chevet ^ de ce temple-baptistère à ciel ouvert d'uno super-
ficie totale de Syoo mètres. Grâce à la forte déclivité, Veau
pluviale glissait dans les cinq fontaines du baptême, et les
i3 ou 14 cases permettaient de convoquer un grand nombre
de catéchumènes.
Plusieurs des cases sont divisées en petites cabines sépa-
rées par une cloison rocheuse D. Dans les trous CGC, per-
cés dans le tuf, on introduisait des chevrons de bois recou-
verts d'une toile ou de tuiles légères.
Au jour déterminé pour recevoir le baptême, chaque caté-
chumène déposait ses vêtements dans une des cabines et
descendait dans les fonts les plus voisins (citerne sur le
plan). Gomme il existe une trentaine de cabines, beaucoup
de catéchumènes pouvaient recevoir le baptême par immer-
sion au cours de la cérémonie.
Aucun explorateur ne paraît avoir compris la véritable
destination de ces divers lieux mystérieux ; Vun d'eux s'est
contenté d'écrire que :
a Le Sipyle renferme des monuments, des niches, des
autels qui attestent Vhommage que reçut, après sa naissance
et pendant une longue suite d'années, une idole gigantes-
que. Il a dû exister là, dit-il, un peuple qui, pendant la
durée de plusieurs générations, a vécu retranché sur ces
hauteurs avant rétablissement des cités grecques du
rivage ? »
Ges termes sont ceux qu'a employé l'un des membres
les plus distingués de notre Académie des inscriptions et
belles-lettres pour caractériser ces monuments du Sipyle.
Nous lui répondons que :
Gette idole gigantesque est très connue; elle est aujour-
d'hui respectée et honorée par 3oo millions d'âmes, et c'est
en son Nom^ puis l'Évangile en main en guise d'épée, que
ses disciples ont d'abord conquis l'Asie Mineure. Pour
arriver à ce résultat, ils ont été obligés d'établir : des lieux
secrets de réunion, des baptistères provisoires et, plus tard,
des basiliques où la configuration des fonts baptismaux est
parlante; elle rappelle les nimbes et les sigles de Jésus-Ghrist.
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— 36 —
Les modernes archéologues auraient pu déchiffrer le
principal de ces sigles ; il a été en grande partie expliqué
en deux vers gravés sur une plaque de marbre scellée
aujourd'hui dans Véglise du Dôme à Milan. Dès 1720, le
R. P. AUegranza en a signalé Texistence dans un livre inti-
tulé : Monutnenii antichi di Milano : c'est Saint Ambroise,
archevêque de Milan au IV® siècle, qui a fait exécuter ce
monument historique portant ces deux vers latins gravés
au-dessous du sigle monogrammatique de J.-C. ^ : (fig. 46)
Cicculu6 hic summi compcendit nomina cegb
Quem ôine principio et ôine fine video.
(Ce cercle que tu voiA, 6an6 commencement et 6an6 fin, tenfecme leô nomA du
Souverain Roi.)
FijÇ. 4(3 — ChciAmon de S. AmbtoiAC.
Milan, IV* 5iècle.
Fig. 47 — Mua Je Kitchec, Rome.
V. 5., pi. 52. Catacombes de Rome,
P. Pettet.
Cette inscription latine indique que le cercle Q ^^^ ^^
symbole de Véternité et qu il enferme les noms de IH20T2-
XPISTOS ; ils sont représentés par Tiota — croisé horizon-
talement avec le X chi, formant ce sigle -X- qui est entrelacé
avec le f resch, considéré comme étant l'image secrète du
Souverain Roi, c'est-à-dire Jésus-Christ.
Quant aux alpha et oméga, ils rappellent ces paroles du
Sauveur rapportées par Saint Jean dans V Apocalypse :
Je 6ui6 Valpha et Voméga, je 6uiô le commencement et la fin.
La figure 47 reproduit une inscription dont les sigles
IX© TC expliquent entièrement ce que laissent supposer
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-37-
les vers latins et le chrismon ^ de S. Ambroise, car chacun
de ces sigles est la première lettre des cinq mots grecs :
IHSOrS XPISTOS 0EOY YI02 2ÛTHP
signifiant : lésus Christ Dieu Fils Sauveur.
Présenté d'une manière différente, on trouve le chrismon
de Saint Ambroise sur le fronton extérieur du chevet du
Temple Saint-Jean, à Poitiers, (fig. 48) Ce sigle curieux est
composé par chacune des extrémités m des huit rayons et
d'un point commun central ^ ; il a été sculpté d'après les
indications de Saint Hilaire. Nous avons dit que cet évêque
avait été exilé en Phrygie, c'est là qu'il connut la cryptogra-
phie et le style architectural rituel des calvaires chrétiens
situés dans la vallée de Nacoléia. (carte, p. 27)
Le plus grand sigle circulaire de la figure 48 correspond
à celui du symbole^ Jésus-Christ Dieu éternel. On obtient
les huit rayons de ce symbole en reliant, par des lignes
droites, les carrés de la périphérie opposés deux à deux.
Fig. 48 — Sigle gallo-phcygien.
Poitietô, IV* ôiècle.
Cette figure, ornée de huit carrés posés en cercle avec un
carré central, est le prototype d'oti dérivent les formules
composées de carrés ^, cercles O, points •, A à L; aussi
les formules des nimbes A à I ; la valeur de ces formules
est indiquée, en lettres gréco-mosaïque, dans la dernière
colonne du tableau que nous dénommons Diagramme
cryptographique ^ diagramme auquel nous renverrons bien
souvent le lecteur, (page 38)
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— 38 —
Diagtamme ctyptogtaphique deà ptemiecA ^iècleô.
CARRÉS
CERCLES
POINTS
NIMBES
RECTILIGNES
VALEURS
EN LETTKES
vo o o
OqO
• ••
•••
O
iota, chi
et teàch
enttelacéA
m o
m m
B
o □
o o
o ^ o
o o
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• •
• •
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double tcait
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iota
hotizontal
I- D a
1. o o
l> • •
1.
iota
hotizontal
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- 39 -
Les carrés, cercles, points, des formules du diagramme
sont souvent remplacés par d'autres symboles faisant partie
de ceux de la cryptographie, nous en indiquons quelques-
uns dans la figure 49, ainsi que leur signification en sigles :
+ + + X ♦ X *
+ + + *♦* *** ** m^
+++
pac : JëôU6 Chti^t Dieu Chtiôt Dieu Chtiôt Dieu Chti^t Jehovah
— X r X r X p X V
Figute 49.
Beaucoup de symboles étrangers à la cryptographie apos-
tolique ont été employés dans la confection des armoiries ;
quels qu'ils soient, ces symboles sont toujours posés selon
les formules du diagramme de la page 38.
Quant aux nimbes A à I, les côtés rectilignes sont souvent
remplacés par des côtés r\ convexes ou w concaves don-
nant des nimbes curvilignes. Les arcs ne modifient pas la
pâleur en lettres d'un nimbe, le point de raccordement des
arcs correspond aux antennes du sigle grec rectiligne de
J.-C. ; que ce sigle soit inscrit ou non dans l'intérieur du
nimbe, ainsi :
Ce nimbe e^t égal au nimbe G (p. 38) ou au 6igle chi (Chtiôt)
Cette particularité se remarque dans le grand vitrail de
N,-D. de Paris, où le sigle ^ Jehovah est inscrit dans un
triangle curviligne, et où le sigle >|C Christ Dieu est inscrit
au centre de deux nimbes; l'un hexagonal rectiligne, l'autre
hexagonal curviligne, (page 40)
Les huit feuilles ^ de la figure 5o sont aussi nimbées
par des arcs ^ concaves ; feuilles et arcs ont la valeur du
sigle foliacé ^ signifiant Jésus-Christ Dieu éternel, (fig. 42)
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— 40
Vitcail de N.-D. de Patb.
Fig. 3o — Plaque d'un .satcophage de Catie.
Quand on connaît les sigles linéaires et foliacés de la
figure 42, les formules du diagramme page 38, on acquiert
très vite la connaissance de la cryptographie dont aucun
écrit n a révélé le sens. Seuls de nombreux auteurs de la
Vraie Science des Armoiries ont traité ce sujet, mais en
dénaturant la vérité et en dénommant, par les plus épouvan-
tables barbarismes, les signes cryptographiques; nous le
verrons au chapitre concernant les premières armoiries
sacrées gravées sur les boucliers dès le IV siècle.
Dans la cryptographie apostolique, les signes simples et
ornementés se rapportent tous à la série des monogrammes
et des sigles de la figure 5i. Pour les monogrammes aux-
quels nous sommes obligés de donner des noms, nous
appellerons :
lesmon le monogramme — de IIISOVS (Jésus)
Chrismon le monogramme X de XPISTOS (Christ)
leschrismon le monogramme ^ de IHSOVS-XPISTOÏ (J.-C.j
Dans les manuscrits anciens, le nom latin de Jésus est
quelquefois orthographié ainsi IHE^SVS et même IhESVS;
le monogramme de ce nom est formé par Tiota I et Téta H
entrelacés ainsi m . Vers le moyen âge apparurent ces deux
autres >|< X monogrammes de Jésus-Christ.
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Iota Iota et Éta
I w
lé6\xi* IhéôU6
le^mon Jeémon
— 41 —
Monogrammes
Chi
X
Chtbt
Chtiémon
Iota et Chi
lëôUA-Chtbt
leéchtidmon
Iota et Chi
¥
Ié6U6-Chti5t
leéchtidmon
Iota et Chi
X
léiUi-Chtiit
leàchtiàmon
DiGRAMMES
12
IC
IS
IH
X2
XC
XS
XP
Jésus Christ
Trigrammes
IH2 XP2
IHC XPC
IHS XPS
Jésus Christ
SiGLES CRYPTOGRAPHIQUES
w r\
1 ')si5>;i
r c rsui
>^ )tC )<<
A V
O
s Père, S Fils
Mi-resch
Reschs divers
Reschs
lesmons-resch
Chrismons-resch
Tête de Jésus.
Dieu le Père.
Dieu le Fils.
Jésus Dieu.
Christ Dieu.
leschrismons-resch Jésus Christ Dieu,
lesmon horizontal croisant les T f 9 C | X
\^ Direschs le Père et le Fils.
Trireschs Trois Personnes divines.
Triphylle Trois Personnes divines.
Triangle Jehovah.
Nimbe Gloire éternelle.
Quatrireschs ; reschs unis par le pied.
:'\'^, 5i — Sigle^ ctyptogtaphiqueô.
Les signes ^ -^ indiquent Vabréviation dans les digram-
mes et trigrammes. Souvent le sigma ï officiel grec est
remplacé par le sigma C dit lunaire ou par un S latin.
De nos jours, c'est cet S latin qu'on brode encore sur la
chasuble de Vofliciant pour composer ce trigramme \^^.
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BAPTISTERES ET TOMBEAUX
en Asie, Afrique, Europe.
Nous avons vu qlie les temples-baptistères à ciel ouvert
comprennent deux enceintes; Tune, contenant un réservoir
destiné à emmagasiner Veau pluviale ; Vautre, sur laquelle
est creusée la Fontaine du Baptême. Le temple-baptistère
rupestre, représenté par la figure 52, a été établi dans des
conditions analogues.
Fig. 52 — Baptiôtôte ptè6 de Phocée en Lydie, I" Aîùcle.
Établbôement 6econdaite.
Ce monument rupestre a Vaspect des petites églises éri-
gées en rhonneur de N.-D. de Bon-Secours sur les hautes
falaises qui dominent les ports normands et bretons. Actuel-
lement les cultivateurs grecs des environs de Phocée le
nomment i Pelekiti^ c'est-à-dire la chambre taillée au pic.
En effet, intérieurement et extérieurement ce baptistère a
été façonné par la main de Thomme à même la cime d'un
rocher situé entre Phocée et Magnésie du Sipyle; il est
indiqué par la lettre E sur la carte, (page 27)
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-43-
Les deux plus grands côtés parallèles ont 9 mètres de
longueur ; les deux plus petits 6 mètres ; du sol à la première
plate-forme la hauteur est de 2™5o. Au-dessus des quatre
premières marches s'élève une colonne quadrangulaire
sommée par deux autres degrés ; cette dernière disposition
a beaucoup d'analogie avec les autels de nos églises moder-
nes; très probablement on plaçait sur ces degrés les objets
sacrés destinés aux cérémonies cultuelles.
En haut de cette colonne quadrangulaire, la cassure
apparente permet de supposer qu'un symbole chrétien
dominait ce monument rupestre.
Dans l'agencement général, le réservoir A est creusé en
avant du baptistère ; des rigoles convergeant vers ce réser-
voir y amenaient les eaux pluviales.
Une seule porte permet d^entrer dans une première cham-
bre ; une autre porte est taillée dans la cloison rocheuse qui
sépare cette première chambre d'une autre plus vaste ; au
milieu de celle-ci est creusée la fontaine baptismale dont
les dimensions correspondent à celles des fonts baptismaux
creusés sur le rocher A. (fig. 44)
Sur la façade orientée vers Jérusalem se détache un -|-
iesmon-resch ménagé au centre d'une cavité B peu pro-
fonde; ce nest pas une fenêtre bien qu'elle en ait l'appa-
rence.
Ici encore on recueillait, dans le réservoir A, Teau plu-
viale seule admise pour le baptême par immersion dans
toute la catholicité. Au IV*' siècle, Saint Paulin de Noie
parlant de celle qui alimentait son baptistère écrivait :
« Enfin nous avons construit des citernes pour recueillir des
toits d'alentour l'eau que Dieu verse des nuages ; elle coule
ensuite dans des vasques de marbre. »
A l'est du baptistère E, près de Phocée, entre Magnésie
du Sipyle et la colossale statue dite de Cybèle (p. 27), on
rencontre un monument que les habitants de la vallée de
VHermus nomment Tombeau de saint Charalambe ; il est
situé au fond d'une immense échancrure en équerre taillée
à même le roc. Comme tous les anciens tombeaux de ces
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— 44 —
contrées, celui de Charalambe a été dévalisé ; il ne porte
aucune inscription ou signe.
Il n'en est pas de même pour le plus important des qua-
rante tombeaux que Texier vit en i835 dans le cimetière
placé au pied du temple-baptistère A (p. 27); ce colossal
columbarium, qui mesure 28 mètres de hauteur et io5 mètres
de circonférence, a passé jusqu'à présent pour être le tom-
beau de Tantale^ ancien roi de Lydie.
Texier Ta démoli, car il obtint des autorités de Smyrne
la permission d'en examiner la construction intérieure ; mais
il eut soin de relever le plan des murailles circulaires et
rectilignes ; ce plan correspond au sigle ^ Jésus-Christ Dieu
éternel. En plus, huit petits reschs | alternent avec les huit
grands rayons qui s'élancent du cercle placé autour de la
tombe rectangulaire, (fig. 53)
— ■ -T ;
f 1 ^^^*.lO«|.A fc
V/
\. / . ' 'îr*
Fig. 53
Tombeau de S. Polycatpe.
Smycne, II* ôiècle.
Fig. 54
In6ctiption tombale, muôëe Lattan.
Rome, 1II« 6iècle.
Par ses dimensions extraordinaires, par sa position très
rapprochée du temple-baptistère A, ce columbarium a dû
enfermer les restes d'un haut dignitaire du christianisme. Il
existe une certaine distance entre ses murailles et celles des
trente-neuf autres tombeaux, très serrés les uns près des
autres, que Texier a compté dans le cimetière des chré-
tiens ; cette distance marque une déférence, un certain res-
pect pour révoque Polycarpe, brûlé vif sur la place de
Smyrne et dont les ossements ont sans doute été placés
dans la fosse rectangulaire qu'on voit au centre du colum-
barium, (fig. 53) L'évéque de Césarée, Eusèbe, n a-t-il pas
écrit dans son Histoire de l'Église^ page 199, Livre IV :
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-45 -
a Selon la coutume, on brûla le corps de Polycarpe dans
la carrière; les chrétiens ramassèrent ses os et les enfermè-
rent avec respect dans un lieu où Dieu leur fit la grâce de
leur permettre de s'assembler le jour anniversaire de son
martyre afin d'honorer sa mémoire. »
Vers Tan 95, saint Jean Tévangéliste avait déjà écrit cette
phrase mémorable dans V Apocalypse : « l'Église de Smyrne
est affligée, l'heure des persécutions approche ; les chaînes
sont préparées pour ses enfants et bientôt Polycarpe, son
évêque, rougira de son sang sa chaire épiscopale. »
Cette prédiction s'est réalisée au cours du IP siècle ;
Polycarpe fut attaché au-dessus d'un bûcher et ses restes
ont dû être enfermés dans un tombeau placé au pied du
temple-baptistère A ; ses coreligionnaires, martyrisés en
même temps que lui, ont été sans doute inhumés dans les
autres tombeaux du cimetière chrétien.
L'habitude d'inhumer les chrétiens dans un cimetière
situé au pied de leur église a été continuée pendant bien
des siècles, car un grand nombre d'anciennes églises de nos
villages sont entourées par les tombes des fidèles.
La disposition des huit grands rayons qui s'élancent du
cercle placé autour de la tombe rectangulaire de la figure 53
^ se trouve : r dans le chrismon ^ de saint Ambroise
(fîg. 46); 2" dans r inscription du musée Kircher à Rome ^
(f^g- 47); ^"^ dans la rosace ^ de Saint-Germain-VAuxerrois
à Paris ; 4** dans le sigle ^ de l'inscription romaine sur la
pierre sépulcrale de Constantia, (fig. 54) mais, dans ce der-
nier sigle ^, ce sont des lettres et deux mots de l'acclama-
tion viVAS IN cRisTO qui alternent avec chacun des huit
rayons ; 5** sur le couvercle de la splendide châsse de Saint
Potentin, la bordure inférieure d'un côté de ce couvercle est
composée horizontalement par la juxtaposition de 60 sigles
identiques à celui-ci ^, le ieschrismon-resch éternel.
Bordute de la châàôe de S. Potentin, XIII» 6iècle.
Louyte, galetie d'Apollon.
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-46-
On trouve les huit grands rayons du sigle sacré que
dessinent les murs du tombeau de Saint Polycarpe dans la
marque adoptée par la bibliothèque Saint-Victor, à Paris ;
chaque rayon est terminé par une triphylle ou Sainte-Trinité ;
aussi sur le casque d'un croisé et dans le principal motif
rayonnant de la grande rosace de Saint-Germain-VAuxerrois,
à Paris; ce symbole ^se décompose ainsi : (fig. 55)
m^
v»i^'
Fig. 55 : JëôUA pat — ;
ChtiM pac X î ^^^^ P^^
étetnel pat Q
Après ces démonstrations, nous osons espérer que les
archéologues renonceront à prétendre que le grand colum-
barium de Smyrne, démoli par Texier, en i835, a été le
tombeau de Tantale, premier roi de Lydie au XllP ou
XIV* siècle avant notre ère.
Fig. 56 — Plaque d'un ôaccophage de Catie.
Histoire de l'Art j Ubtaitle Hachette.
Fig. 57 — Piette de Tigzici.
Algëtie, III« 6iècle.
Il existe un très grand nombre de monuments chrétiens
portant les symboles conventionnels de J.-C. accompagnés
ou non par le f resch. Ainsi, les six grandes feuilles cerclées
par Téternité @ de la figure 56 dessinent le monogramme
^ Jésus-Christ éternel accompagné extérieurement par une
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— 47 —
multitude de reschs ( arqués; trois triangles AAA juxta-
posés alternent avec chaque grande feuille.
Le iesmon-resch éternel de la figure Sy, accompagné
par Talpha et Toméga, est entouré par une quantité de
direschs < enfermés entre les cercles concentriques. Cette
pierre, d'un symbolisme curieux, provient des ruines de
l'ancienne basilique romaine de Tigzirt en Algérie.
Hg. 58 — Basilique de Petgame en My.%ie, III" .siècle.
Charles Texier a dessiné les ruines de cette basilique qui
fut détruite au VIP siècle par les Ottomans, mais ils ont
laissé subsister les rotondes dont ils ignoraient la des-
tination. Leur massive construction, la simplicité de leur
architecture font supposer qu'on est en présence d'un des
premiers monuments bâtis par les chrétiens pour leurs céré-
monies cultuelles, (fig. 58)
Les dispositions générales de ces trois monuments mar-
quant une époque de transition entre le type troglodytique
du baptistère près Phocée, P' siècle, (fig. 52) et le t)^e des
baptistères bâtis au HT siècle dont nous allons parler.
L'installation est ingénieuse et surprenante; d'une manière
évidente, elle prouve l'importance qu'on attachait à la céré-
monie du baptême et surtout à l'obligation imposée par le
rite d'employer l'eau que Dieu perse des nuages^ suivant
l'expression employée par Saint Paulin de Noie. La figure 59
est une réduction du plan que Texier a donné dans la
Description de l'Asie Mineure.
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-48-
Le chef D, ou tête, ou chevet de la basilique, est une
répétition du demi-cercle ^ que nous avons vu au baptistère
de la Roche tordue, (fïg. 45) c'est le mi-resch w que Ton
nomme vulgairement abside maintenant.
Le chef D de la basilique de Pergame est orienté vers
Jérusalem, au S. -S. -Est. Tous les chefs des églises bâties
par la suite des siècles, dans le monde catholique, ont été
orientés vers cette ville oii Ton a crucifié le Grand Martyr.
Les rotondes A et B sont de construction et dimensions
identiques : diamètre intérieur, 12 mètres; hauteur, 20 mè-
tres; épaisseur des murailles, 2'",5o. Ceé rotondes' sont éta-
blies avec une telle solidité, écrit Texier. cju elles dureront
Fig. 59 — Plan du calechum«^nat et du baptbtète de Petgame.
Élabliôâement tettiaite, II* diècle.
encore bien des siècles. On instruisait les catéchumènes
dans la rotonde A ; on les baptisait dans la rotonde B.
C'est dans le rez-de-chaussée de cette dernière que les
néophytes juraient de renoncer à Satan, à ses pompes et à ses
œuvres; ensuite ils descendaient par un escalier hélicoïdal
dans une salle souterraine. « Était-ce une prison ou une
citerne ? » écrit Texier.
Ce n'était ni Tune ni Tautre. L'eau du Selinus étant consi-
dérée comme impure on a construit, au milieu du Ut de
ce fleuve, un canal-réservoir couvert CC destiné à emma-
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— 49 —
gasiner les eaux pluviales. Entre ce réservoir et la salle
souterraine B existaient deux vannes E et F.
Le jour de la cérémonie du baptême on levait la vanne E;
Veau du réservoir CC pénétrait par une petite canalisation
dans la salle souterraine B. Après la cérémonie, on abais-
sait cette vanne puis on élevait sa voisine F; Veau s'écoulait
alors des fonts baptismaux dans le Selinus, le niveau de ce
jleuve étant au-dessous de celui du sol de la salle souter-
raine B. Cette installation hydraulique est très curieuse et
nous retrouverons des dispositions analogues dans les bap-
tistères d'Afrique et d'Europe.
Quand Texier pénétra en Phrygie, il aperçut pour la pre-
mière fois les curieux travaux faits par Vhomme pour établir
sa demeure dans le vsein des masses rocheuses. Ces habita-
tions fort nombreuses comprennent souvent plusieurs étages
disposés en cellules séparées et en chambres communiquant
les unes avec les autres. Incalculable est le nombre de ces
cavernes ; Texier suppose qu'elles étaient habitées par des
chrétiens trop pauvres pour construire des maisons; chré-
tiens venus dans ces constrées désertes pour trouver un
refuge contre les persécutions.
A côté de ces cavernes on remarque beaucoup de tom-
beaux rupestres et plusieurs nécropoles; l'architecture de
ces tombeaux est particulière à la Phrygie ; son style s'éloi-
gne de celui des Mèdes et des Grecs; la contrée où l'on
rencontre le plus grand nombre de monuments s'étend,
sur une largeur d'environ 40 kilomètres, jusqu'au fleuve
Méandre, (carte p. 27)
En i835, ces vallées solitaires n'avaient point de nom;
quelques Arabes de passage y plantaient leurs tentes sans y
séjourner; seule la patience de l'explorateur lui permettait
de découvrir les monuments qu'il cherchait.
Il en était ainsi depuis le VIP siècle, époque où les Otto-
mans ont conquis ces contrées, massacré les habitants,
vendu les jeunes femmes et les jeunes filles pour peupler
les harems. Il n'est plus resté personne pouvant donner
des renseignements sur les langues phrygienne, galate,
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— DO
lycienne, etc.; ces idiomes disparurent en même temps
que les peuples, en sorte que les philologues ne sont pas
encore parvenus à déchi||rer les inscriptions gravées sur les
monuments qui subsistent encore. Comme beaucoup de ces
monuments portent les signes de la Cryptographie Aposto-
lique^ il devient facile de reconnaître ceux qui ont été
sculptés par les chrétiens.
Disséminés un peu partout dans les vallées phrygiennes,
les tombeaux et les sanctuaires sont assez nombreux ; celui
d'Arslan-kaïa est très pittoresque, (fig. 60)
Fig. Go — Sanctuaite cupe^tte d'Atôlan-kaïa en Phtygie.
Au fond de la vaste chambre creusée dans ce rocher, une
statue assez détériorée est dominée par une couronne que
maintiennent les pattes de deux tenants ; ce sont des lions
dont les encolures et les queues sont posées en diresch Ç^-
Les encolures des dromadaires sculptés sur le fronton occu-
pent une position analogue, elles accostent un resch | très
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— 5i -
apparent et ce fronton est dominé par deux encolures de
serpents pOvSées aussi en diresch Ç^- ^ous avons déjà vu
des serpents, à queues terminées en diresch (?n /*x), dans
la marque typographique de Barthélémy Honorât, (fig. 32)
C'est dans les environs de Synnada, en Phrygie, que Ch.
Texier a découvert cette cuve monolithe en marbre, garnie
de gradins à Vintérieur, dont nous avons parlé à la page 24.
Synnada possédait une basilique à laquelle était annexée
une chapelle baptismale. {[\si^. 61) Les catéchumènes y péné-
traient par la porte B. Après avoir reçu le baptême dans
Teau des fonts E, ils àevemXeni fidèles^ titre qui leur don-
nait le droit d'entrer dans la basilique par la porte A,
Fig. 61 — Baptbtète à Synnada. Fig. 02 — Baptbt<>te à Kalat Sem'an.
Phtygie, III* AiOcle. Sytie, III- ôi«>cle.
Établb.semeab quattenaite^s.
La configuration hexagonale des murailles de la cha-
pelle baptismale (6i) correspond au nimbe rectiligne C du
diagramme (page 38), c'est-à-dire au sigle >|c Christ-Dieu.
Les six points noirs • qui entourent la piscine E corres-
pondent au même sigle. En e|yet, en rejoignant par des
lignes droites les sommets des angles opposés de Thexagone
formé par les murailles de cette chapelle baptismale, les
lignes croisées dessinent le >|c chrismon-resch. (p. 41)
Quant aux six points noirs • posés circulairement autour
des fonts E, ils représentent les colonnes après lesquelles
on suspendait des rideaux pour masquer la nudité des
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— 52 —
catéchumènes. C'est la répétition des poteaux dont nous
avons parlé à propos de l'organisation des fonts baptismaux
primaires creusés sur le rocher A. (fig. 44)
La figure 62 représente un autre baptistère annexé à une
basilique érigée dans la Syrie centrale sur le plateau de
Kalat Sem'an. M. de Vogué en a donné le plan dans la :
Syrie centrale, ses monuments civils et religieux. Les murail-
les de ce baptistère dessinent également un hexagone, mais
celui-ci correspond au nimbe D, (p. 38) c'est-à-dire au
ieschrismon ^, monogramme de IHSOYS-XPISTOS. (pag. 41)
La chapelle baptismale de Kalat Sem'an est enclavée de
tous côtés dans d'autres chapelles communiquant les unes
avec les autres. Une seule d'entre elles possède une porte
donnant accès dans la basilique.
fiafilii^uâ
Fig. 63 — CaWchuménat, bapli.stOte, baôUique de RuMicciuii, III* ôiècle.
Un autre type de baptistère quartenaire est celui dont
M. Gavault a donné le plan à la suite des fouilles qu'il a
opérées en 1895 dans les ruines de la basilique de Rusuc-
curu (Tigzirt, Algérie); ce plan est reproduit par la figure 63.
La porte K était l'entrée de la chambre J oti se réunis-
saient les catéchumènes; par la porte H ils pénétraient dans
la chapelle baptismale dont les murailles DDDD dessinent
un nimbe curviligne correspondant au nimbe G du dia-
gramme ou XPI2T0S. (p. 38) Il en est de même pour les
quatre colonnes • NNNN posées en chi X. Kn effet si l'on
rejoint les angles DDDD par deux diagonales, ces lignes
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53 —
ainsi croisées X passeront par les points noirs • qui repré-
sentent les colonnes après lesquelles on suspendait des
rideaux. M. Gavault a retrouvé les bases de ces colonnes
encastrées dans la maçonnerie circulaire des fonts M.
On entrait dans Veau en descendant les trois marches iii.
Après leur baptême, les fidèles pénétraient dans la basi-
lique par la porte O.
Ici encore, M. Gavault signale la présence de deux
canalisations souterraines E et F. L'eau arrivait par Tune
des canalisations; par Tautre on vidait la piscine; c'est le
système employé dans le baptistère de Pergame (fig. 5g) et
aussi dans celui du Temple Saint-Jean, à Poitiers.
De ces démonstrations générales on peut conclure que Tar-
chitecture des chapelles baptismales primitives était rituelle,
puisque la configuration des murailles et la position occu-
pée par les colonnes correspondaient à Tun des mono-
grammes de IHIOTS-XIMSTOS.
B
Fig. 63
N.-D. de Meliin,
XII- Aide le.
Corpus effigiatttm
de J.-C.
Fig. 64 — Chapelle tomaine.
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- 54-
Il en était de même pour la configuration architecturale
des églises : elle a été établie d'après la disposition du ies-
mon-resch 4" ou Crucifix graphique nominatif, (p. 1 1) C'est
d'après ce sigle qu a été élevée, à la porte de Rome, une
très ancienne chapelle (fig. 64) dans Tintérieur de laquelle
un escalier C permettait de descendre dans des chambres
sépulcrales souterraines où furent inhumés saint Sixte et
sainte Cécile, écrit M. de Rossi. Le plan de cette chapelle
(fig. 64) rappelle la disposition de rétablissement secondaire
de Pergame (fig. Sg) et le plan dressé par Saint Hilaire pour
le temple Saint-Jean à Poitiers, (fig. 66)
On appelle vulgairement transept Vétendue horizontale
entre A et A; (fig. 64) c'est la place occupée dans ce sigle <^
par le iesmon <=». On nomme actuellement nef Tétendue
verticale \ entre les points B et B, position occupée par le
resch *] dans le sigle -^ ou <=§» iesmon-resch que dessine le
plan de la chapelle figure 64.
Eh bien, un motif architcctonique de N.-D. de Melun
{^i^. 65) présente la disposition du plan de cette chapelle
romaine ; le motif parlant qu'il porte est nominatif. De A en B,
la pierre figure un corps humain revêtu d'une longue tuni-
que; en inscrivant dans la tête : des yeux, un nez, une bou-
che, on obtient le faciès de Jésus-Christ dont la longue
pierre AB figure le corps ou resch ^; ses noms, en grec,
IlIÏOri: XIMÏTOÏ, sont représentés par le monogramme
foliacé <8g> placé sur sa poitrine, car le iesmon <=> CC y croise
le chrismon SC DDDD. Le centre de ce monogramme mys-
térieux est couvert par le cercle Q éternel.
C'est d'après la configuration du plan de la chapelle
romaine (fig. 64) et Taspect du corpus effigiatum de Jésus,
croisé horizontalement par le monogramme grec de son
nom, (fig. 65) que sont établis les plans des églises.
La nef, le ch(vur, le chevet réunis dessinent un ^ resch
ayant la tête inclinée à gauche dans les églises de Sèvres, en
Seine-et-Oise; Saint-Étienne du Mont, à Paris; Quimper,
en Finistère, et dans d'autres églises.
Dans la majorité des constructions, le chœur et le chevet
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— 55 —
sont dans Taxe de la nef centrale; et c'est cette dernière
disposition qui a été adoptée par Saint Hilaire pour établir
le plan du temple Saint-Jean à Poitiers (fig. 66) où la confi-
guration intérieure du chevet B dessine le contour du capiit
effigiatum de Jésus, (fig. 67)
De A en B l'espace vertical donne le ^ resch ou le corps
de Jésus; de D en D l'espace horizontal donne le <=^ ies-
mon, monogramme de IH20V2C.
B
Caput effigiatum
deJ.-C.
Fig. 67
Fig. 66 — Plan du Temple Saint-Jean et deA font.s baptismaux E.
Établiôôement quinquenaite à Poitiet.s, IV« siècle.
La configuration des fonts baptismaux par immersion E
se rapporte au nimbe octogonal B (p. 38); ces fonts sont
établis au centre de TégUse. L'eau pluviale coulait des toits
dans une citerne d'où on la dirigeait, par une canalisation
souterraine F, dans la piscine E. Le trop-plein s'écoulait
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— 56 —
par un tuyau en poterie donnant dans une autre canalisation
souterraine G. Ces deux canalisations rappellent celles des
fonts baptismaux de Pergame et de Tigzirt.
Vers la fin du V*' siècle cessa le baptême par immersion ;
les piscines furent remplacées par les vasques élevées que
Von connaît.
Le Re.>ch atliMiquc.
{Le Costume, pat G. Demay.)
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LE RESCH MYSTIQUE
En Asie, Afrique, Europe
Jusqu'après ravènement de Tempereur chrétien Constan-
tin P% les disciples de Jésus et leurs successeurs représen-
tèrent Jehovah et son Fils par des symboles sur tous les
monuments primitifs qu ils ont fait construire, et la décora-
tion de ces monuments est entièrement composée par les
sigles de la cryptographie; ces règles rituelles très rigou-
reuses ont été suivies pendant seize siècles par toute la
catholicité pour Tarchitecture des églises.
En Phrygie, presque tous les monuments rupestres qu on
a découverts, tombeaux, calvaires, ont leurs façades basées
sur le carré D ou le rectangle D sommé du triangle ^. (p. 38)
Le Parthénon, le temple de Thésée sont aussi sommés par
le triangle; en imitant ce style grec les chrétiens phrygiens
dissimulaient leurs pensées, mais ils les inscrivaient crypto-
graphiquement, à Taide de motifs décoratifs, sur les façades
et les frontons des monuments qu ils érigeaient en Thonneur
du Rédempteur, puis de ses disciples et de ceux qui
souffrirent le martyre pour la Foi.
Texier a donné par Timage une reproduction des temples
d'Asie Mineure dont la magnifique décoration était accom-
pagnée par les statues de Jupiter, Apollon, Vénus, Minerve
et autres dieux et déesses de VOlympe. Les Israélites et les
chrétiens avaient en horreur toutes ces statues des dieux
qu adoraient leurs persécuteurs, les païens.
Nous avons dit que la loi mosaïque interdisait de repré-
senter les êtres animés par Vimage, les Israélites avaient
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— 58 —
tourné la difficulté en figurant Jehovah par un symbole par-
lant, le Resch 4 de leur écriture primaire ( fig. 2 ) et que les
chrétiens avaient fait de même à Tégard du Fils de Jehovah
quHls figurèrent par cet autre resch ] hiératique, (fig. 14)
Ces deux formes du resch initial ont été transformées de
bonne heure en bien des manières différentes; page 41 nous
donnons approximativement la série de ces sigles primitifs
simples que nous allons trouver sur les monuments d'Asie,
d'Afrique et d'Europe.
Quelques artistes chrétiens avaient bien essayé de repré-
senter Dieu et son Fils par des statues, c'est alors que naquit
la secte des Iconoclastes dont le but était de briser ces sta-
tues et ils les détruisaient parce que le rite primitif n en
permettait point l'exhibition.
C'est pourquoi les tombeaux des chrétiens et les splen-
dides calvaires rupestres érigés dans la vallée de Nacoléia
(carte p. 27) ne portent point, au sommet de leurs frontons,
le crucifix corporel, comme on le voit sur nos calvaires
modernes, mais deux sigles, deux reschs de formes oppo-
sées qui figurent Dieu le Père et Dieu le Fils; ce sont les
reschs Ç^ que Saint Hilaire a importés en France au com-
mencement du IV^ siècle lors de son retour d'exil en Phry-
Fig. 68 — Ftonton de S. Jean avec le teAch 1 entte deux tampantô focmëô
de te.^chA 1 et de ie^monA — ; du Aigle ^ Chtbt-Dieu ëtetnel el du ptolotx'pe
gallo-phtygien •*•*• qui a Aetvi à ptoduite le.s fotmuleA du diagtamme, page 38.
leAmon-teôch -3—
de Tigzitt. 111- Aiôcle.
Reôch J et diceôch Ç^
de Poitietô, IV* siècle.
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- 59-
gie, ainsi que les autres sigles cryptographiques chrétiens
dont il a décoré les façades du temple Saint-Jean à Poitiers;
sigles qu on voit aussi sculptés sur les frontons de Tancienne
basilique de Tigzirt dont un spécimen est exposé au Louvre
dans la salle des antiquités chrétiennes, (p. 58)
C'est ce diresch f90\, ou <^, ou C9 qu on voit au sommet
des monuments gallo-phrygiens érigés dans la vallée de
Nacoléia, près des rives de Sangarius, sur la frontière très
incertaine qui séparait la Galatie de la Phrygie. (carte p. 27)
Le premier de ces monuments, dont nous allons faire
Texamen, est considéré par tous les explorateurs- archéo-
logues européens comme étant le tombeau du premier roi
de Phrygie, Midas, qui vivait au XIP ou Xlir siècle avant
notre ère.
Ce monument, sculpté en creux sur une roche ayant un
développement de 400 mètres carrés, occupe lui-même, par
sa sculpture, une superficie de 145 mètres carrés environ.
Presque aussi légendaire que ses oreilles, Midas a peut-
être existé ; les explorateurs ont sans doute pensé aussi
que le diresch (Q(S\ qui domine le monument représentait les
oreilles de ce roi. Enfin on voit le mot TIAA au milieu des
autres mots de V inscription gravée au-dessus de T édifice.
Rien que la forme des lettres de cette inscription indique,
au moins expert des paléographes, qu'elle n a point été gra-
vée dou{e siècles avant notre ère, le dessin des A B P était
totalement inconnu à cette époque; à peine Talphabet mo-
saïque était-il connu en Phrygie douze siècles avant J.-C. et,
sHl était connu, les A B P, qui en faisaient partie, avaient ces
formes i ^ H^; on écrivait de droite à gauche à cette époque.
Découvert au commencement du XIX*^ siècle par le colonel
Leake, cet explorateur a baptisé ce cénotaphe Tombeau de
Midas. Après en avoir relevé minutieusement le dessin,
Texier fut pris d'un doute, il hésita sur la destination véri-
table des trois pseudo-tombeaux voisins les uns des autres
(carte p. 27) et il écrit en parlant d'eux : qu'ils passent pour
être les tombeaux d anciens rois phrygiens.
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— 6i —
Après Texier, le membre de rAcadémie des inscriptions
et belles-lettres qui cherche encore la destination de V espèce
d'auge creusée sur le rocher A, près de Smyrne, et le nom
de Vîdole gigantesque qu on adorait en cette contrée, n hésite
pas à reconnaître que Leake a raison, il écrit à son tour :
« On ne saurait récuser le témoignage de l'inscription; ce
travail considérable a été exécuté en l'honneur de Midas;
c'est Tavis de tous ceux qui ont visité ce pays depuis Leake
à Ramsay et de tous les philologues qui ont étudié les tex-
tes phrygiens; mais on nest plus d'accord sur la question
de savoir si Ton est en présence d'un tombeau proprement
dit ou si c'est une sorte de cénotaphe, un monument com-
mémoratif destiné à conserver la mémoire d'un ancêtre my-
thique, d'un héros éponyme adoré comme un fondateur et
comme un dieu !
(( La première idée engage à croire à une sépulture gran-
diose destinée à la souveraine dignité du mort, mais oti est
la chambre funéraire ? »
Nous répondons que la tombe du mort était placée dans
la cavité large, haute, profonde comme celles que l'on creusa
plus tard dans le tuf des catacombes romaines pour inhu-
mer les restes des martyrs : hauteur 2"* 5o à 3 mètres; lar-
geur 4 mètres; profondeur o"™85 à 1 mètre. En avant, un
mur haut d'un mètre formait le quatrième côté du caveau
qu'on fermait en posant une table de marbre appuyée sur
ce petit mur; trois des côtés de cette table étaient scellés
dans le tuf. C'est sur cette table, formant autel, qu'on célé-
brait la cérémonie on l'honneur du mort le jour anniversaire
de son martyre.
Bien entendu, la tombe qui existait dans la cavité creusée
au pied de la Pierre Écrite, a été pillée et détruite, il ne
reste plus aujourd'hui que son emplacement.
Quant aux inscriptions (il y en a deux), aucun philologue
n'a encore pu les traduire; rien ne prouve que celle où figure
le mot riAA ne signifie pas que ce tombeau a été érigé,
(dans la contrée où MIDAS fut roi) en l'honneur d'un mar-
tyr qui est né, qui a vécu, ou qui est mort à EDESSF], ville
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— 62 —
de Mésopotamie dont le nom paraît être désigné, à la fin de
chaque inscription, par le mot ^AA^$.
Quoi qu'il en soit, le sigle cryptographique (cXS] qui
domine le monument est un diresch, symbole de Jehovah
et son Fils.
Les deux rampants de losanges ♦ qui sont en-dessous du
sigle et que nous allons retrouver sur le fronton de Téglise
Saint-Jean, à Poitiers, correspondent au nimbe H, (p. 38)
ainsi que tous les autres plus petits losanges de ce fronton.
Le bandeau horizontal comprend i8 reschs ] alternant
avec autant de chis :•: formés selon la formule G. (p. 38)
Ces deux symboles expriment Dieu, :•: Christ.
Le chi :•: en damier est la seule décoration des deux
pilastres verticaux du monument; chaque pilastre en contient
24 juxtaposés :•::•: deux à deux.
Dans Vornementation du tympan se détachent : une dou-
zaine de -f- iesmons-reschs (fig. 70) et autant de -^ ieschris-
mons-reschs. (fîg. 71)
llr [Ki
Fig. 70 Fig. 71
— leàmon, 1 i^^^ch. — le.Mîion, ;•; chti^mon, | ce^ch.
En voilà plus qu il n'en faut pour affirmer que ce grand
tombeau-calvaire ne fut point érigé en Thonneur de Midas.
Le carré de Timmense tympan de la Pierre Ecrite pré-
sente des -f- iesmons-reschs et des -f}f ieschrismons-reschs
nimbés par des rayons — horizontaux liés à des rayons |
verticaux rappelant Tart grec. Au point de vue du symbo-
lisme conventionnel adopté par les chrétiens, ce rayon —
est le iesmon et celui-ci | le resch;
En France existent des portails d'anciennes églises por-
tant la moulure f-i_r-i qu'en architecture on appelle main-
tenant méandres ? Un des plus beaux exemples en ce genre
de moulure était sur le portail du palais de la Hongrie, en
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— 63 —
igoo, représentant le portail d'une ancienne église de ce
pays. L'éditeur Ludovic Baschet Ta reproduit par la photo-
graphie dans le n** 8 de son Panorama de l'Exposition uni-
verselle.
Au Xlir siècle, ceux qui érigèrent l'église de Longpont,
en Seine-et-Oise, étaient bien au courant de la cryptogra-
phie apostolique, car les sigles qui figurent sur le bandeau
horizontal de la Pierre Écrite sont à peu près reproduits sur
le bandeau horizontal du portail de Longpont. (fïg. 72) A
senestre, on lit : J Dieu, BC Christ, § Dieu, § Dieu, g Dieu,
Bg Christ et ainsi de suite. A dextre, on lit : BS Christ, Jésus
Dieu <=§^, Christ S€, Jésus Dieu <^ et ainsi de suite.
P^PS
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B^nR
SH
^^HM
Fig. 72 — Pottail de Veglbe de Longpont, XIII- àiôcle.
Toute la sculpture du fronton de ce portail est enfermée
dans un triangle mixtiligne semblable à celui qui enferme
le beau vitrail de N.-D. de Paris; ce triangle mixtiligne est
emprunté au style architectural des tombes rupestres établies
en Lycie, aux premiers siècles, par les artistes chrétiens
de ce pays. Nous allons bientôt en donner l'explication.
Non seulement les sigles chrétiens apparaissent dans la
décoration des églises, mais encore dans celle des choses
les plus artistiques et les plus communes. Les cartiers du
XVIP siècle s'en sont servi pour composer les cartes à jouer :
cœur y, carreau ♦, pique ♦, trèfle ♦^ sont des sigles
cryptographiques, nous les expliquerons plus loin.
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-64-
Nous tenons cependant à présenter maintenant le valet
de cœur, gravure du XVIP siècle; M. Selleret, imprimeur,
veut bien nous en prêter le cliché; il a servi pour illustrer
un très beau livre imprimé en 1869 par un typographe émé-
rite, son prédécesseur, J.-M. Garnier; c'est IHistoire de
r imagerie populaire, à Chartres. {[\^. j3)
Fijf. 7? — C^iule à jouet de Chatlte.N.
Comme sur le bandeau horizontal de la Pierre Ecrite et
celui du portail de Téglise de Longpont, la bordure de la
jupe de ce valet de cœur porte les sigles BC Christ, J Dieu
alternant Vun et Vautre plusieurs fois. Le c(imr ^ est un
diresch cordiforme; les cheveux sont un triresch renversé
ààà ; c'est le triresch droit JJJ qu'on voit sur le chapiteau
du IV*^ siècle, au temple Saint-Jean, à Poitiers; (fig. 33) les
bas du valet de c(imr portent la triphylle ^ comme celle qui
orne le chapiteau du XIIP siècle qu on voit, en face la
sacristie, dans la cathédrale de \.-D. de Paris (fig. 34),
aussi la triphylle des frontons extérieurs des chapelles de
cette église, (fig. 39)
Dans les cartes à jouer que le gouvernement français fait
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— 65 —
actuellomont fabriquer, le valet de cœur y porte encore, en
bas de sa jupe, un chrismon BC suivi d'un resch g et la bor-
dure de chaque manche pagode est de»corée par une ligature
de vingt v* direschs juxtaposés dessinant presque un demi-
cercle.
Non loin de la Pierre Écrite, il existe deux autres monu-
ments rupestres moins grandioses mais du même style ; la
figure 74 reproduit très exactement le dessin de Tun de
ces calvaires, d'après le dessin donné par Texier dans la
Description de l'Asie Mineure.
Un trou a été pratiqué dans le tympan rocheux de ce
monument par une personne voulant s assurer qu il n y avait
derrière ni tombe, ni chambre funéraire.
Par Texamen paléographique du dessin des lettres de
r inscription, on peut reconnaître que la sculpture de ce
Calvaire monogrammifère est de date plus récente que la
sculpture du calvaire de la Pierre Écrite. {f\^. 69)
En examinant le calvaire de la figure 74, on remarque qu'il
est sculpté en creux; il est à cinq ou sbc mètres du sol,
au-dessus d'un soubassement rocheux qui forme une petite
terrasse au pied du monument.
Le triangle que dessine le fronton est dominé par les
antennes d'un C 1 diresch dont les hampes, par leur croise-
ment, forment le X chrismon. En posant verticalement ces
hampes on obtiendrait un diresch C9 accolé.
Entre les antennes, trois sigles foliacés (^ (^ ^, posés
iriangulairement, donnent chacun Christ éternel (^. (p. 22)
Les deux OOO rampes de losanges sont une répétition et
ont la même signification que les rampes losangées de la
Pierre Écrite ; chaque losange ^ correspond au nimbe H du
diagramme, (p. 38)
Le fronton est divisé en deux parties égales par un resch ]
très apparent accosté par deux motifs carrés enfermant cha-
cun les points •••du diagramme K (p. 38) et deux
-j- iesmons-reschs accolés ainsi -] — |-. Ces symboles sont
accompagnés par deux sigles foliacés ^ signifiant Jésus-
Christ Dieu éternel, (p. 22)
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I
•
k
gPSKrr^v T^AAToS : S°ST K TA ToTA Kg TATi
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1^ • - w
- - ^- -J
♦♦!♦♦
♦♦!♦♦
♦♦!♦♦
rK^fnril
ipp
-^«tt^^^àr^^i
Kig. 74 — Calvaire monogtammifOce voi.^in de la Piètre Kctite.
Phtygie, II* ou IIP 6iOcle.
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-67-
Des chis : : en damier, composent le bandeau horizontal
et les pilastres verticaux; mais pour que les chrétiens ne
puissent en ignorer la valeur cryptographique, le sculpteur a
eu soin de graver en creux, au pied de chaque pilastre,
deux véritables chis X faisant partie de l'alphabet grec; or,
dans toutes les inscriptions chrétiennes, on sait que le chi X
est Vabréviation de XPISTOï.
Malgré cette sage précaution, prise au IF siècle par un
intelligent sculpteur, les Ramsay, Julius Perthes et autres
explorateurs-archéologues européens n'ont pas compris; non
plus le Directeur de T Ecole normale supérieure de Paris
qui a vu deux fois ce monument, car il adresse cette vigou-
reuse apostrophe au peuple qui édifia le calvaire mono-
grammifère. (fïg. 74)
(( Il reste difficile à comprendre comment, chez un peuple
qui possédait Técriture, on ait pu avoir Vidée d'ériger un
monument commémoratif sans y inscrire le fiom de la divi-
nité ou de la personne royale dont le souvenir serait perpé-
tué par cet ouvrage ? »
Si ces auteurs consentent à étudier la cryptographie
apostolique, ils reconnaîtront que les gallo-phrygiens ont
cependant fait leur devoir.
V'i^. 75 — Ftbe du ttobième Calvaite.
Phtygie, 11" ou III* Aiôcle.
Du style architectural de ses congénères, ce troisième cal-
vaire est aussi dominé par un diresch "^ mais il est cordi-
forme avec de longues hampes croisées en X chi, comme
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— 68 —
sont croisées les hampes du diresch C 9 Je la figure 74. A
rintérieur du diresch Z^ sont sculptes un <«> iesmon au-des-
sus d'un ^ chrismon-resch éternel. Ce qui est nouveau, sur
la façade de ce troisième calvaire, ce sont les motifs archi-
tectoniques symboliques qui décorent la frise; (fig. j5)
motifs répétés cent mille fois, ensemble ou séparément, sur
les monuments chrétiens d'Afrique et d'Europe.
Fig. 76 — Autel poctalif, ÉgUôe de Conques, XII» .siècle.
Le Panorama, lib. Ba.schel,
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-69-
De la base d'une pomme de pin ^, aux hachures dont
les croisements forment plusieurs X chis, s'élance un (5 g)
diresch; entre deux pommes de pin se remarque un motif
composé par deux trireschs ^^^ ^(^^ renversés accostant un ']
resch également renversé.
Sculptés en creux sur les rochers de cette contrée qui
faisait partie, tantôt de la Galatie ou de la Phrygie, selon le
sort des batailles, tous les monuments chrétiens sont d'une
facture architecturale identique par les grandes lignes; sHls
ont quelque ressemblance avec Tart grec, les losanges, car-
rés, cercles, triangles, mi-reschs, reschs simples ou artisti-
ques ainsi que les sigles cryptographiques forment une
décoration particulière qu'on reproduisit plus tard sur tous
les monuments chrétiens du monde catholique.
Sur Tautel, (fig. 76) des centaines de reschs, direschs
terminés en spirales, comme le diresch (5 g) de la frise du
troisième calvaire gallo-phrygien, (fig. j5) enserrent les
chis :•: en damier du plus grand cadre où Jehovah et son
Fils sont exprimés par les formules des points J : et I .*.
placées à gauche du bandeau supérieur.
Une série de trireschs )K alternent avec le Q cercle
éternel pour former une partie de l'ornementation du petit
cadre intérieur ; l'autre partie est décorée, dans le bandeau
inférieur, par les points de Jehovah .% v posés inverse-
ment, puis par deux ♦ trireschs vulgairement dénommés
fleur de lisy bien que le dessin ne ressemble nullement à
celui de la corolle de la fleur du lis.
Au centre du bandeau inférieur du grand cadre apparaît
un cheval blanc nimbé posé sur un -|- iesmon-resch. Ce n'est
pas ranimai qui rappelle le Christ, c'est la jambe d'avant
arquée cT" et Tencolure arquée ^ du bestiaire qui figurent
le resch ^ arqué.
M. E. Rouveyre, auteur distingué des Connaissances néces-
saires à lin bibliophile, veut bien nous prêter quelques clichés
faisant partie de cette publication. Le cadre de la couver-
ture d'un livre (fig. 77) est un autre exemple de l'emploi du
chi :•: en damier. Pour que {)ersonne ne puisse Tignorer,
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— 70 —
Vartiste a sillonné les :•: chis noirs par le tracé d'un chi à
fond blanc ; avec précision, un petit chi blanc est inscrit
dans la pierre carrée qui sépare deux :•: 'K :•: chis ; nous
avons dit que le carré et le rectangle égalent X chi. (p. 38)
Fig. 77 — Encadtemenl ptoduit pat le chi ;•; en damiet.
(^^uvettiite du XII" siècle. Cliché Rouveyte.
La façade de Téglise Sainte Marie aux Dames, à Saintes,
porte, au-dessus du portail occidental, une longue bande de
chis :•: en damier. (Musée du Trocadéro à Paris) La plu-
part des pièces d'orfèvrerie religieuse ancienne et moderne
sont décorées par ce monogramme cryptographique de
Christos. On trouve cependant cette disposition :•: de pierres
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— 71 —
précieuses sur bien des choses provenant de TExtrême-
O.rient; c'est justement parce que ce motif était connu que
les chrétiens s'en emparèrent pour mieux cacher la signi-
fication qu'ils y attachaient.
Quand il revint de Phrygie et qu'il décida la construction
d'une église à Poitiers, Saint Hilaire voulut qu elle eût l'as-
pect des calvaires de la vallée de Nacoléia. Avait-il amené
avec lui des autochtones de cette contrée ; les fit-il venir peu
de temps après son retour ? Quoi qu'il en soit, les motifs
architectoniques sculptés sur une façade latérale du temple
Saint-Jean (fig. 78) sont sculptés en creux comme ils le sont
sur la Pierre Écrite et sur les autres calvaires ses voisins,
(fig. 69 et 74) En comparant la façade de Saint-Jean (fig. 78)
Hg. 78 — Temple Saint-Jean, une façade latt^tale.
Poitiec6, IV- àiècle.
Chapileau.
avec celles des calvaires de la vallée de Nicoléia, on recon-
naît immédiatement que ces trois monuments sont d'une
architecture similaire et que les motifs architectoniques sont
identiques. Mêmes frontons triangulaires ; rampes losan-
gées 4 ; sigles >|< ^ ; direschs (Ç ^ ^^^ hampes croisées en
chi X ainsi qu'on le remarque entre les quatre pétales du
sigle 4> sculpté au bas de la corbeille du chapiteau que
nous avons agrandi afin de mieux saisir l'analogie; (fig. 79)
chapiteau qui somme chacun des quatre pilastres de la
façade, (fig. 78)
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72 —
Fig. 80 — Fionton du Chevet de Saint-Jean, à Poitiet^.
Au sommet du fronton du chevet de Saint-Jean apparaît
le resch des monuments gallo-phrygiens; resch 9 qui figure
conventionnellement et secrètement le corps du Christ,
car on ne représenta corporellement le Christ que vers le
VI^* siècle.
Saint Hilaire était un évéque militant; il vivait à une épo-
que où les chrétiens avaient en horreur tous les symboles et
les statues du paganisme ; sHl a reproduit sur le temple
Saint-Jean Tarchitectonique des trois calvaires de la vallée
de Nacoléia, c'est qu il savait pertinemment qu'ils avaient
été érigés en Thonneur de Jésus-Christ.
Ayant habité la Phrygie pendant plusieurs années, ses
rapports avec les chrétiens lui avaient permis de connaître
la valeur de la cryptographie apostolique, c'est pourquoi il
en a reproduit les sigles sur son église de Poitiers, la seule
en France qui permette un rapprochement très précis avec
les monuments chrétiens de la Phrygie.
La façade du tombeau de la figure 81 est du genre de Tar-
chitecture grecque; mais, pour les chrétiens primitifs, les
motifs qui surmontent la porte étaient parlants par les enco-
lures C 9 des lions et le symbole r\ qui rappelle le caput du
Crucifié, c'est-à-dire le mi-resch r\ que les chrétiens n'omet-
taient pas de tailler dans le tuf pour rétablissement des
temples-baptistères à ciel ouvert, comme ils l'ont fait sur
celui de la Roche tordue, (fig. 45)
Le mi-resch r\ qui couronne la porte du tombeau d'Aya-
zim a le champ garni d'une ligne brisée formée par la réu-
nion d'une certaine quantité de hampes de direschs V ^
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-73-
moins les boucles, ils sont une reproduction des direschs
] f sculptés sur la pierre trouvée dans les ruines de l'an-
cienne basilique romaine de Tigzirt en Algérie, (fig. 82)
Fig. 81 — Tombeau phtygien, à Ayazim.
[•'ig. 82 — Diteôchô de Tigzitt. Fig. 83 — Dite^ch \/ et ttiangle SJ de Jehovah.
Alg^tic, III* 6iècle. JX* ou X* ôièclc. Jatdin de Cluny à Patb.
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— 74 —
Inscrits dans chaque demi-cercle des trois arcades du
porche de l'abbaye des bénédictins d'Argenteuil, près Paris,
le diresch V ^t la ligature formée par une série de trian-
gles V de Jehovah de Tune de ces arcades, (fig. 83) sont
des symboles qu'on voit sur une grande quantité de portails
et de fenêtres des églises de la catholicité; la nomenclature
serait trop longue en ce qui concerne les églises de France,
mais nous avons remarqué ces mêmes symboles sur le
portail du Palais de la Hongrie à l'Exposition universelle
de 1900. Ce portail était un spécimen de l'ancienne architec-
ture religieuse en ce pays et nous sommes heureux de le
reproduire, (fig. 84) Sa simplicité, son symbolisme, sa pureté
d'exécution sont cent fois préférables aux personnages d'un
goût souvent douteux dont on a paré certains portails des
églises du XIIP siècle.
Fig. 84 — Pottail du Palais de la Hongcie.
Exposition univetselle de 1900.
Sur ce portail apparaît, splendide, une simple bordure de
lignes brisées genre de celles qui ornent T immense tympan
du calvaire de la Pierre Écrite, (fig. 69) L'ensemble de ces
lignes dessine une immense ogive ^^ ; nous allons bientôt
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- 75 -
trouver, en Lycie, l'ogive adoptée pour Tarchitecture de
tombeaux rupestres sculptés aux premiers siècles.
Le plus élevé des symboles du portail de la Hongrie
, — ,__, — I est un iesmon-resch composé par un — iesmon
joignant en pied et en tête la hampe | du resch.
Le second -^ est composé par la juxtaposition d'une cer-
taine quantité de boucles ovoïdales du resch f .
Le troisième symbole est celui V de Jehovah, formé par
des triangles juxtaposés.
Le quatrième V ^st une ligature de direschs.
Le cinquième X est un chrismon dont les rayons s'entre-
lacent continuellement.
Les trois demi-cercles r\ inférieurs du portail, formés de
symboles identiques aux précédents, dessinent le caput r>
ou mi-resch; les grandes lignes de ce portail forment donc
une architecture décorative mixte; la partie haute {\ est
un diresch; la partie basse o est un mi-resch. Voilà les
dénominations bizarres que la technique moderne applique
à chacun des symboles dont nous venons de parler :
n.i~\ méandres. WV dents de scie.
■^^^ entrelacs. VVV bâtons rompus.
Avant Tavènement du christianisme, les baies de beaucoup
de monuments dessinaient le plein-cintre /o ; de ce côté les
chrétiens n'ont rien inventé ; ils firent novation en chargeant
ce plein-cintre par les symboles qu'ils étaient convenus d'a-
dopter et qu'eux seuls connaissaient. En sculptant sur des
portails et des fenêtres des sigles cr^qptographiques rappe-
lant Jehovah et le Christ, cela peut-il constituer un art qu'on
appelle aujourd'hui Roman ?
Deux siècles avant notre ère, les Gaulois de Galatie pos-
sédaient de magnifiques demeures et de splendides édifices;
avant qu'ils eussent embrassé le christianisme, ils érigèrent
le Temple d'Auguste, classé avec raison par Charles Texier
comme un des plus beaux monuments du monde ; il en
reproduit de nombreux fragments dans son livre sur La des-
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-76-
cription de VAsie Mineure. Si le temple d'Auguste érigé à
Ancyre était placé dans Tune quelconque de nos villes,
écrit-il, il ferait la fortune des habitants.
Devenus chrétiens, les artistes galates ne furent point
embarrassés pour créer une architecture nouvelle en harmo-
nie avec les règles rituelles du christianisme, et ils en ont
fait une des premières applications en sculptant les sym-
boles de Dieu sur les façades des calvaires rupestres de la
vallée de Nacoléia, calvaires qui passent jusqu'à ce jour
pour être les tombeaux de Midas et autres rois phrygiens,
(carte p. 27)
Texier donne également un aperçu de ce qui restait, en
i835, de l'église Saint-Clément à Ancyre; dans la structure
de ce monument les baies sont couronnées par le r^ mi-
resch. Sommés de chapiteaux, les meneaux des fenêtres
sont d'élégantes colonnettes en marbre.
Il restait encore un des pilastres du grand portail, son
chapiteau est décoré aux angles par des ^ (Ç reschs foliacés
entre lesquels apparaissent deux J J simples hampes de
resch.
Texier reproduit également quelques superbes tombeaux
qu'il a vus à Aizani en Phrygie; ce sont ceux que représen-
tent les figures 85 et 86.
Fig. 83
Tombeau chcdtien à Airani,
Phtygie.
Fig. 86
Tombeau chcëtien
à Aizani, Phtygie.
Sur la frise de la figure 75, nous avons vu une pomme de
pin ^ dont les hachures croisées en X ehi donnaient des
ligatures de X chrismons. A Aizani (fig. 85) c'est un simple
panier dont les tresses horizontales donnent des — iesmons
croisant les | reschs que dessinent les montants du panier ;
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— 77 -
cette disposition de lignes brisées donne des — iesmons et
des I roschs signifiant Jésus Dieu. (fig. 42) Les cornes Q )
de chaque tête bovine donnent le diresch; chaque tète est
reliée à la voisine par une guirlande figurant le w mi-resch.
Le panier mystique est accompagné à dextre et senestre
par un poisson et un aigle; leurs encolures sont posées en
(^ ^ diresch.
Dans la figure 86, ce ^ f diresch est figuré par deu.x têtes
cornifères; tête est la traduction du mot hébraïque resch.
(fig.2) Au milieu des symboles de la figure 86 apparaît un 4>
iesmon-resch fleuri, ses quatre pétales sont des direschs ^
cordiformes.
T'\^. 87 — BuAte à tète cotnifèce. Lydie, I" ôidcle.
(CUchd Hachette, Histoire de VArt).
Ce buste rudimentaire a été sculpté à même le tuf sur la
paroi intérieure d'une caverne creusée dans une roche du
mont Tachtali, assez près du baptistère à ciel ouvert C, près
de Smyrne; (carte p. 27) caverne et baptistère rupestres
sont de la même époque.
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-78-
Cette tête possédant des cornes fut un sujet de tentation,
il y a une vingtaine d'années, pour un consul anglais rési-
dant à Smyrne et il prit la résolution de s'en emparer.
Une nuit, accompagné par quelques hommes munis des
instruments nécessaires, la petite troupe se dirigea sans
bruit vers le mont Tachtali, pénétra dans la caverne et déta-
cha le buste que le consul expédia immédiatement au Musée
Britannique à Londres.
Si le faciès ne représentait pas exactement celui du
Christ, les cornes ^Q) rappelaient le diresch j, J renversé;
le bras droit dessine le geste de renseignement.
Fig. 88 — BcHiet poctant la banniète de l'Église ttiomphante.
Le symbolisme est le même, en ce qui concerne la tête
cornue, posée en ^ resch, du bélier tenant entre ses ergots
la bannière de l'Église triomphante (fig. 88) et de tous les
béliers sculptés sur les monuments chrétiens ou peints dans
les fresques catacombales.
Les chrétiens d'Asie Mineure, ceux d'Afrique et d'Eu-
rope n'agissaient pas autrement et, quel que soit le symbole
employé pour représenter une, deux, trois Personnes divi-
nes : personnage, animal, ornement, plante, instrument,
Tune quelconque des parties du symbole portait le resch
primitif, ou le diresch et quelquefois le triresch.
On le peut facilement remarquer au Louvre, salle Mol-
lien, dans les sept mosaïques rapportées de Phénicie par la
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— 79 —
mission Renan en i863; elles proviennent toutes de Téglise
Saint-Christophe, érigée dans une ville qui porte mainte-
nant le nom de Kabr-Hiram, près de Tyr.
En entrant dans la salle Mollien, sur les deux premières
murailles attenantes à droite et à gauche de la porte, sont
fixées huit scènes en mosaïque ; chacune représente un ani-
mal courant après un autre.
Encadré d'une bordure composée par le carré Q alternant
avec le chi :•: en damier; Tun des sujets représente un
chien poursuivant un lapin, (fig. 89)
Fij(. 89 — Chien et lapin rappelant le reAch.
Le chien à poils roux est orné d'une épine dorsale et
d'une queue noires; ces deux parties dessinent un o resch.
Après la boucle du collier se dressent vers le ciel trois
rubans qui figurent le triresch; rubans qui devraient cepen-
dant tenir la position horizontale, car le chien s élance à
fond de train sur le lapin.
Celui-ci a également la tête dans une pose anormale ;
poursuivi comme il Test par son ennemi, il ne doit pas per-
dre son temps à le regarder; cela étonne évidemment la per-
sonne qui examine cette scène, mais la tête du lapin est
posée en f resch.
La première mosaïque fixée dans le sol de la salle
Mollien, représente aussi des séries de deux animaux; ils
sont affrontés, de manière à ce qu'une partie quelconque
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— 8() —
d'un animal dessine la position de ce resch f alors que la
partie semblable de Vautre animal dessine le ] resch opposé.
C'est ce qu'on remarque pour le bélier et la brebis, pre-
mier sujet de cette mosaïque : une de leurs jambes d'avant
et les encolures de ces bestiaires sont posées en p ^ diresch;
il en est de même pour leurs queues, elles dessinent un
diresch J [^ renversé. Tous les autres groupes rappellent
ce même symbole et Ton peut dire au visiteur : cherchez le
diresch, vous le trouvère:: formé par Tune quelconque des
parties de ces animaux affrontés. Les poissons, et ils sont
nombreux, rappellent par leur forme ovoïdale y/) la boucle
du resch ; cependant deux espèces d'anguilles sont croisées
en chi-resch, genre du chi-resch dont les antennes domi-
nent le calvaire monogrammifère. (fig. 74) Plus loin ce
sont des coqs affrontés; leurs encolures P ^ et les plumes
arquées des queues dessinent ces /^ ^ (f "^ direschs.
Leurs gorges portent une charmante collerette composée
par des direschs à^à^^tt renversés.
On trouve des symboles analogues dans les mosaïques
provenant de : Utique, Carthage, Sousse; elles sont exposées
au Louvre dans la salle des antiquités du nord de l'Afrique.
Fig. 90 - Le Joueiii de Re^ch, moôaïqiie de SoiiAse, Tunbie.
Sur tout son développement le champ du ruban est orné
par un diresch V foliacé; ce ruban trace un très grand
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— 8i —
diresch (7^ à boucles ovoïdales ; c'est le diresch ^ Ç du
chapiteau de Poitiers, (fïg. 28) mais élargi. Nous verrons
bientôt ce diresch constituant le principal des motifs archi-
tectoniques sur les monuments civils et religieux en Asie,
Afrique, Europe.
Le ruban de la figure 90 dessine trois X chis donnant six
triangles posés trois à trois, selon la formule diagramma-
tique I ••• (p. 38) et le Joueur de Resch apparaît dans le
triangle central. Ses oreilles sont en diresch (p ^ et Vins-
trument posé sur ses jambes a la forme de la lettre o—
resch.. Le manche de instrument a son extrémité terminée
en diresch — § cornifère.
L'artiste chrétien qui a conçu ce symbolisme aussi amu-
sant que mystérieux a voulu mystifier les Romains du paga-
nisme; ses coreligionnaires ont dû en rire pendant bien
des années.
Le Joueur de Resch est pourvu d'une tête de singe; la
conformation du buste, des bras et des jambes est celle du
corps humain. Le triangle curvilique qui domine tous les
autres enferme un oiseau dont Taile dessine le resch ç\^
ovoïdal.
Deux parties vides de la mosaïque devaient contenir des
animaux ; le lion et le tigre sont adossés. L'encolure ^ et
la queue "^ du cheval dessinent des reschs; aussi la CL.
queue du lion. Les têtes du tigre et du lion sont regar-
dantes p ^ en terme héraldique; c'est-à-dire qu'elles se
retournent pour voir le Resch, ce Grand Musicien dont la
doctrine envahira bientôt le monde.
Dans un panneau d'une des mosaïques découvertes dans
Vancienne basilique de Tigzirt, en Algérie, deux animaux
sont juxtaposés verticalement; Tun d'eux est un bœuf por-
tant deux cornes énormes; Vautre, aussi mal dessiné que le
bœuf, a des oreilles ovoïdales et une épine dorsale compo-
sée par des méandres _j"^j-l_ ; quant à Varrière de son
corps, il a disparu de la mosaïque.
Si nous ouvrons les Catacombes de Rome^ livre publié à
la suite de l'examen que fit Paul Perret de ces catacombes
6
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— 82 —
en i85o, la planche 5i, tome II, (cimetière Sainte-Agnès)
représente Jésus accompagné par deux ânes affrontés;
Perret le désigne par ce qualificatif : Le Bon Pasteur. Sur
la planche 40, Jésus est accompagné par deux chiens affron-
tés ; leurs têtes portent des cornes en guise d'oreilles, comme
la tête cornifère de la caverne du mont Tachtali; (fïg. 87)
Perret écrit encore : c'est Le Bon Pasteur. Enfin sur les
fresques où Jésus est accompagné par des béliers cornifères,
c'est encore Le Bon Pasteur pour tous ceux qui s'occupent
d'archéologie.
Dans les manifestations de leurs pensées, les chrétiens de
cette époque ne connaissaient ni Le Bon Pasteur des ânes,
ni celui des chiens, béliers et volatiles ; ils ne voulaient
exprimer que le *] resch, le f *] diresch, le — iesmon et le
X chrismon ; la belle statue qui a été retirée des catacombes
et qui est exposée maintenant au musée de Latran le prouve
surabondamment; le personnage porte un bélier, (fig. 91)
Fig. 91 — Petôonnage ctiophotc.
Mu^ée de Lattan, Rome.
Fig. 92 — Otphëe, (teôque.
Catacombes de Rome.
La tête cornifère du bélier et sa queue sont posées en C 9
diresch; quant au personnage criophore, l'artiste romain a
pris le soin d'en indiquer le nom à ses contemporains chré-
tiens et à leurs générations futures en sculptant sur la poi-
trine deux courroies dessinant le X chrismon.
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— 83 —
La tactique du sculpteur romain est une répétition de
celle qua inaugurée le sculpteur gallo-phrygien quand
celui-ci traça les XX chrismons au pied de chaque pilastre
du calvaire monogrammifère de la figure 74.
La représentation du Christ déguisé en Orphée est répétée
plusieurs fois dans les fresques et sur les sarcophages; la
figure 92 en est un exemple. Les deux montants de la lyre
dessinent ce C diresch; les tètes cornifères des béliers des-
sinent ces autres direschs T T ^ «^ 5 enfin la houppe cfs du
bonnet phrygien désigne que le personnage déguisé en
Orphée est le Souverain Roi^ selon l'expression de saint
Ambroise.
Fig. 93 — Satcophage d'Oôtie.
(Cliché Hachette).
Fig. 94 — Fte^que de DomitiUe.
(Cliché Hachette).
Sur le sarcophage d'Ostie, (fig. 98) Orphée pensif porte
aussi un bonnet phrygien; la houppe dessine un véritable
(fs resch ; aussi la corne d du bélier.
La peinture du plafond du cimetière DomitiUe, à Rome,
(fî^- 94) est d'un symbolisme plus développé. Le cadre
octogonal, dont le champ porte une quantité de chis :•: en
damier, correspond au nimbe rectiligne A du diagramme,
(p. 38) Chaque côté de la lyre est un diresch; les troncs C D
des arbres sont plantés en diresch ; aussi les encolures (^ ^
des : oiseaux, lion, loup, serpent, cheval, bélier qui accom-
pagnent Orphée à dextre et senestrc. Le musicien est coiffé
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-84-
d'une simple toque conique^ mais la pose des têtes, queues,
pattes du lézard et de la tortue qui se prélassent aux pieds
d'Orphée, donne le -)f ieschrismon monogramme de Jésus-
Christ.
Aux temps des persécutions, c'est de cette façon que les
chrétiens manifestaient leurs pensées; ils écrivaient crypto-
graphiquement les noms du Seigneur ou désignaient sa
Personne par un J resch quelconque.
Nous ignorons s'il existe en Europe un monument por-
tant le Christ déguisé en Orphée coiflfé du bonnet phr^'gien ;
cependant on a découvert un trésor à Hildesheim et les
Allemands nous disent qu'il appartenait à Varus, général
des légions d'Auguste, légions exterminées par Arminius,
avant notre ère, sur le territoire de l'Allemagne. Les sigles
qui ornent les diverses pièces de ce trésor nous font douter
de l'état civil qu'on lui attribue, car l'une des pièces pré-
sente, ciselée et encadrée par de longs cheveux, une jolie
tête juvénile coiffée du bonnet phrygien, (fig. 95)
Fig. 95 — Tête ci.>cléo Mit la pidcc n* 32 19 du TtoAot dit de Vatu.N.
Mu^cc dcA Beaux- Att.N, Pati^.
A notre avis, les sigles X ciselés sur le bonnet sont des
chrismons ; les quatre premiers sont posés en <^ iesmon-
resch; le dernier X chrismon compléterait la formule Jésus,
Dieu, Christ; la houppe /-d serait le resch mystique.
Dans le cimetière Calixte, à Rome, IV siècle, sainte Cé-
cile n est-elle pas représentée portant une robe entièrement
couverte par une cinquantaine de ^ chrismons.
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— 85 —
Les autres pièces de ce même trésor portent ces sigles de
christianisme :
le n* 5 220
le n^ 5228
le n" 5239
le n" 5246
* et •;::.
^ et^
^^
Hh#v>
Diagtammeô A et B
entcectobd^
ieôchtbmon
Fig. 42 et
enitecto'x^éb
V. n^. 42
étetnel, fig. 42
diagcamme D
Sur la pièce n* 5224 est ciselé un arbre; une des branr
ches dénudée retombe de manière à prendre la direction
oblique du rayon \ d'un chrismon; ce rayon oblique en
couvre un autre / suspendu dans l'espace ; les deux réunis
dessinent un véritable X chrismon. Sur cette même pièce
est ciselé un oc chrismon qui est reproduit cent fois dans
les fresques des catacombes de Rome ; tantôt il occupe
la position horizontale, comme sur la pièce 5224 du trésor
dit de Varus, tantôt il est posé verticalement et dessine
Tanse ^ d'un vase. Beaucoup de pierres des ruines de la
basilique de Tigzirt présentent ce oc chrismon.
Le très beau vase n" 5222 de ce trésor est entièrement
couvert par la Vraie Vigne^ elle retombe plusieurs fois,
croisée en X chi ; le sommet de deux autres motifs croisés
en X chi porte le fruit de la vigne et plusieurs iesmons-
éternels, accompagnés des -^ points de la formule G du
diagramme, (p. 38) ornent ce vase.
La pièce 5239 porte quantité de reschs p «1, de ^ triphyl-
les; aussi le ^ ieschrismon et un sextuple resch.
Malgré tout le désir que nous avons de ne point contra-
rier les archéologues, nous inclinons à penser que les pièces
de ce trésor ont été ciselées par un artiste chrétien, mais
non pour le Varus rends-mot mes légions! général d'Auguste.
Sur toutes les fresques et les sarcophages où la Personne
qui figure le Christ est accompagnée par des animaux ou
des végétaux; ceux qui sont placés à dextre ont la tête
posée et inclinée comme ce p resch; ceux qui sont placés
à senestre du Personnage ont la tête posée et inclinée comme
cet autre H resch.
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86
^^
Fig. 96 — Diceôch deA obeaux F. 97 — Dice^ch deô ôceaux, XIII* ôiècle
Aut \eb inActiptioriA. (Le Costume, pat G. Demay.)
C'est ce qu'on remarque dans la figure 96; aussi pour les
sceaux, {fi^. 97) où la Personne du Christ est figurée par
un t iesmon-resch oriflamme que tient dans ses ergots le
bélier cornifère.
Beaucoup d'archéologues connaissent le beau sarcophage
de TégUse Saint Trophime, à Arles, sur la face duquel
apparaît un Personnage placé entre Pierre et Paul. La tête
de ce Personnage est sommée par ce -f- iesmon-resch, sigle
désignant Jésus Dieu.
Aux XV et XVP siècles, les imprimeurs et les libraires
n'omirent point Vusage qui consistait à représenter le Christ
par des symboles; Porteau, Lejeune, Rose, Crépin, Néobar
affectèrent d'employer Tencolure du Serpent :
1
Re6ch de Poitiet^, Fig. 98 — Matque de C. Néobar. Re^ch de Tigzicl,
France, IV* ôiècle. CUchë de Ficmin-Didot. Algt^tie, IIP ôiècle.
La véritable structure du bois de la Crucifixion T fut
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-87-
employée aussi par Conrad Néobar (fîg. 98) pour y attacher
le Crucifié figuré par un serpent dont Vencolure est posée
comme la tête des reschs de Poitiers et de Tigzirt.
Vers le VP siècle, quand on se décida à représenter cor-
porellement le Christ crucifié, on n'omit point d'incliner sa
tête, son chef, son resch, dans la position qu'occupe la tête
du resch mosaïque i; du resch hiératique ] sur le sekkel;
la tête du resch «1 de la Pierre Écrite et des calvaires
monogrammifères gallo-phrygiens; des reschs de Poitiers
et deTigzirt. (fi^. 2, 14, i5, 16, 69, 74)
Et nous répétons que dans les églises de Saint Maclou à
Rouen; Saint Corentin à Quimper; Saint Etienne du Mont
à Paris et dans Téglise mérovingienne de Sèvres en Seine-
et-Oise ; le chevet prolongeant la nef dessine le ^ resch ;
aussi la longue nervure '] qui court sur toute la longueur de
l'intrados de la voûte de chacune de ces églises.
L'archéologue collectionneur De Rossi possédait un sar-
cophage du IV siècle représentant la Nef de l'Église con-
duite par des rameurs dont les noms sont gravés sur la
coque du navire : marcvs, lvcas, ioannks; la poupe étant
brisée; il manque le quatrième rameur Mathieu; mais le
Timonier, dont le nom ip:svs apparaît dans le ciel, tient un
aviron dans la main gauche ; le bras droit est étendu dans
le geste du commandement.
Kig. ()() - Lu nef de l'Église.
Cliché Capiomont.
Notre sympathique imprimeur possède une vieille gravure
sur bois de provenance italienne qui représente deux nefs ;
dans Tune se tiennent huit apôtres probablement, le timo-
nier, Pierre, parle à ses compagnons; un bras est étendu,
Vautre tient un aviron, (fig. 99)
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— 88 —
Dans le lointain, Vautre nef est montée par quatre apô-
tres ou bien ce sont les évangélistes. Entre les deux nefs
Tartiste a gravé le mot italien mare afin de bien faire com-
prendre au lecteur que les nefs sont sur la mer.
La proue porte deux boucliers ; sur Vun apparaît la for-
mule : : G; sur Tautre la formule •& D du diagramme, (p. 38)
Après la poupe de la nef est accroché un autre bouclier sur
lequel apparaissent quatre reschs C posés en -f- iesmon-
resch; le — iesmon est accompagné en dessous par deux
chis : : en damier de la formule G. Ces noms de Jésus-Christ,
placés à Tavant et à l'arrière de la nef de V Église doivent
lui permettre de voguer et de ne sombrer jamais au milieu
des tempêtes qu on pourra soulever contre elle.
Devant les huit apôtres on voit huit encolures de chevaux
affrontées ; elles représentent quatre (^ ^ direschs. Ce sym-
bole de Dieu, Père et Fils, confirme ce que nous avons dit
relativement à Vencolure du cheval nimbé de la figure 76.
Enfin les voiles gonflées par le vent dessinent ce ^ resch;
aussi Vaviron ^ que tient Pierre. Deux plis de la grande
voile croisent en chi X les cordages. Dans cette allégorie
on ne peut plus mystique, chaque partie des têtes de la
proue et de la poupe dessinent également un resch.
Si nous cherchons maintenant le resch mystique parmi le
règne végétal, nous le trouverons sous bien des formes.
En ce qui concerne l'Asie Mineure, berceau de la para-
bole, du symbolisme, de la cryptographie, une mosaïque de
l'église Saint Christophe est entièrement composée avec le
symbole de la vigne qui avait été adopté par le judaïsme
avant la naissance du christianisme.
Les disciples de Jésus continuèrent cette tradition en
faveur du Fils de Jehovah et la figure 2 1 nous donne le fruit
de la vigne, enfermé dans le rt diresch, sculpté sur la frise
du Cénacle des Apôtres à Jérusalem.
Cette mosaïque de l'église Saint Christophe est placée
sur le sol, au centre de la salle Mollien, au musée du Lou-
vre. Ce n'est plus simplement le fruit de la vigne, mais
d ' immenses ceps dont les révolutions dessinent le resch, le
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-89-
diresch et le triresch, ce qui fait supposer que cette mosaï-
que n'est pas antérieure au dogme de la Trinité.
Si les chrétiens ont augmenté l'étendue de ce symbole en
le peignant sur les murailles et les plafonds des chambres
sépulcrales des catacombes de Rome ; si les architectes du
clergé ont orné de ceps les portails des cathédrales et des
églises du moyen âge; si les motifs architectoniques portant
la vigne sont si nombreux sur les édifices religieux et civils,
c'est parce que les chrétiens ont voulu rappeler cette para-
bole dite par Jésus à ses disciples quand ils traversèrent
ensemble, quelques jours avant le crucifiement, un champ
de vigne planté sur une partie du mont des Oliviers :
« Je suis la vraie Vigne et mon Père est le Vigneron; je
suis la Vigne et vous êtes les branches. »
Fig. 100 — Mosaïque de l'Églbe Saint Chtiàtophe.
Ancienne Phénicie, IV* ou V* ôiôcle.
Ce sont en effet les branches de la Vigne qui s'élancent
de chaque vase mystique placé aux quatre coins de la
grande mosaïque rectangulaire qu'on voit, sur le sol, au
centre de la salle Mollien. (fig. loo)
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— 90 —
Le vase anse par deux direschs porte sur la panse un
triresch; les trois premières révolutions des branches dessi-
nent un triresch artistique accompagné d'animaux.
Les deux premiers petits rameaux à pointes foliacées qui
partent de la base des branches ; les deux rameaux qui ter-
minent ces branches sont posés en direschs et accompagnent
le vase mystique. Tous les rameaux foliacés ou fruités qui
naissent sur le parcours des branches s'enroulent en reschs,
direschs, trireschs. Très habilement l'artiste a disposé une
vrille de vigne 9? dessinant le resch, au centre du triangle
qu'on voit au-dessus du col du vase et une autre vrille, ou
resch C renversé, au-dessus de la queue de la lionne.
Il convient de le remarquer essentiellement, Tartiste n a
pas omis non plus le Nom de Celui que cette Vigne symbo-
lise ; il est inscrit dans un carré D pendu à un rameau placé
à Vextrême dextre du rinceau qui enferme un ours; c'est
le -f- iesmon croisé par le | resch donnant cryptographique-
ment le nom Jésus Dieu;(fig. 5i) le carré étant égal au X
chrismon, (p. 38) ces sigles □ -f- signifient Jésus-Christ Dieu.
Kig. 101 — Une deà macque.') de Plantin, imptimeur à Anvet.s, XVI* AÎdcle.
Tous les érudits connaissent le nom de notre célèbre
compatriote Christophe Plantin, qui émigra à Anvers où il
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— 91 —
s'illustra comme imprimeur. Il employa plusieurs marques;
Tune d'elles était la Vraie Vigîîe{fig. loi).
Dans cette marque, le cep qui s'enroule autour du tuteur
retombe, à dextre et senestre, de manière à dessiner un
diresch y foliacé et fruité accompagné de nombreuses
vrilles tournées en tous sens et donnant, comme la Vigne
de la mosaïque Saint Christophe, une quantité de reschs,
direschs, trireschs et quatrireschs.
A dextre et senestre, au pied du cep, s'élèvent deux
rameaux en diresch foliacé. Dans le lointain, se dressent
verticalement trois direschs —§—§—§—:> herbacés portant un
resch. De place en place des pieds de plantain portant leurs
chatons rappellent le nom de l'imprimeur et rendent par-
lante sa marque qui a comme devise : vitis vera christvs,
La Vraie Vigne c'est le Christ.
La face du magnifique sarcophage de saint Draussin,
évêque de Soissons au V siècle, est entièrement couverte
par un cep enroulé, foliacé et fruité, tout le monde peut voir
cette Vraie Vigne exposée au Louvre dans la salle des anti-
quités chrétiennes.
Fig. 102 — leôchtbmon-ceàch ttiphylU*.
AnlinoJ, IIl' ou IV* AiOcle.
Par suite des fouilles qu'il a faites dans les tombeaux du
cimetière de l'ancienne ville d'Antinoé, en Egypte, M. Gayet
a rapporté des momies et des vêtements dont rétoflfe porte,
imprimés et tissés, de nombreux symboles chrétiens; la
figure 102 reproduit Tun de ces symboles.
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— 92 —
Des angles du 4=* iesmon-resch central s'élancent, en chix?
quatre rameaux terminés chacun par un diresch aux extré-
mités triphyllées; presque tous les vêtements qui étaient
exposés au musée Guimet sont ornés par les sigles de la
cryptographie.
Sous une autre forme, le resch apparaît dans la corbeille
des chapiteaux du temple de Jérusalem; cette disposition
végétale du resch a été reproduite en Afrique sur les chapi-
teaux découverts dans les ruines de la basilique de Tigzirt.
(fig. io3 et 104)
mS M
Fig. io3 — Chapiteau de Tigzitt. Fig. 104 — Chapiteau de Tigzicl.
Algc^tie, IIP siècle.
Sur le chapiteau de la figure io3, les feuilles aux extré-
mités recourbées en resch, 9 ou C? ressemblent à la feuille
de Tarum. Sur les chapiteaux des anciennes églises, la cor-
beille présente souvent des feuilles d'une structure identi-
que ; on en remarque beaucoup dans l'église Saint Etienne,
à Caen, dans la cathédrale de Cologne et autres.
Dans la figure 104, c'est le véritable resch 9 qui, accolé
par la tête avec son voisin, dessine le CO diresch ; symbole
de rUnité du Père et du Fils. Par sa structure, ce diresch
O est en conformité avec le diresch écarté qui domine le
Calvaire monogrammifère ; (fig. 74) avec le resch du fronton
de Tigzirt et de Poitiers, (p. 58)
Les reschs fleuris, foliacés, herbacés sont incalculables
sur les fresques des catacombes de Rome; l'arcosolium
d'une des chambres sépulcrales du cimetière Saint Prétextât
en fournit un bel exemple, (fig. io5)
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-93-
^^
Fig. io5 — AtcoôoUum du cimctiète Ptetextal, Rome.
De la corolle de chacune des quatre tulipes s'élance un
diresch 9 C sommé par les deux : points de la formule J du
diagramme; (p. 38) ces quatre tulipes sont posées en <=§=*
iesmon-resch.
Les quatre autres corolles plus allongées, dessinant un ^
chrismon, sont terminées en y diresch. En chef, à sencstre,
la corolle est sommée par un autre y diresch; la corolle
dextre est accostée par un petit C diresch, ainsi que la
corolle posée en pointe à dextre. Quant à la corolle senestre
posée en pointe, elle est accompagnée par deux a) b reschs
renversés. Au centre, le cercle Q éternel est accompagné
par la formule A •;•> du diagramme, (p. 38)
La figure io6 reproduit une tête cornifère; c'est un ci resch
qui se termine en diresch —§—§—§—:> foliacé.
Beaucoup de vieux monuments français sont ornés par le
resch sous la forme de végétaux, tel est le côté dextre du
couvercle du beau sarcophage de Saint Guilhem du Désert,
dans l'Hérault (fig. 107) et la bordure d'un autre sarcophage
représentée par la figure 108.
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— 94 —
A Saint Guilhem, Tarbrc desséché, la grappe de raisin,
le rameau à feuilles digitées inclinés vers la terre sym-
bolisent la mort. Les cinq feuilles digitées dessinent un
quintiresch.
Toutes les branches de Tarbre sec dessinent des reschs,
direschs, trireschs; sur le milieu de la branche après laquelle
pendent la grappe et le rameau foliacé s'élèvent deux 9
reschs et cette longue branche est terminée par un C resch.
Fig. 107 — Saccophage à S. Guilhem
du Dë6ett (Hëtault).
Fig. 106 — DitCAch foliacé, Rome.
Fig. 108 — Botduce de 6accophage
(Chatente).
En ce qui concerne la branche ondulée d'aristoloche,
(fig. 108) les trois rameaux foliacés inclinés vers la terre
symbolisent la mort.
Coiffé d'une mitre triangulaire ^ chargée par une triphylle
triangulaire rappelant lehovah, le buste reliquaire de
saint Martin porte une certaine variété de reschs, direschs,
trireschs. (fig. 109)
Sur la poitrine du saint est ciselé un très grand ^ (^ diresch ;
chaque tige est terminée par un triresch foliacé. Entre les
deux tiges du diresch est ciselée la formule A dont les
losanges sont entrecroisés avec la formule B du diagramme,
(p. 38) Chacun de ces seize sigles est nimbé par un r\ mi-
resch; les seize r\ mi-reschs forment Tauréole ou nimbe
des seize sigles <3> O.
Le col est orné par les ondulations de reschs fleuris; les
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— 9:> —
cinq points • de chaque {leur correspondent à la formule F
des points du diagramme, (p. 38)
Les moustaches du saint sont posées en c;^ :) diresch;
les trois poils de chaque groupe de la barbiche dessinent
les spires d'un triresch; chaque mèche des favoris est
constituée par un )^ triresch.
tig. io() — Budte celiquaite de ôainl Matlin, cliché L. Ba^chcl.
Églbe de Soudeille.s, Cottôre, XV* siècle.
Le plus petit cartilage des oreilles dessine trois lobes
rappelant la triphylle et la forme des oreilles est basée sur
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-96-
les reschs Q 5) ovoïdaux qui constituent les principaux
motifs architectoniques des frontons et des rosaces de beau-
coup d'anciennes églises, ainsi que nous le verrons bientôt
au chapitre concernant Varchitecture décorative des vieux
monuments chrétiens.
Une des découvertes les plus intéressantes pour la crypto-
graphie chrétienne a été faite en 1843, à Lyon, en déblayant
le sol, pour établir les fondations du monastère de Saint
Joseph. C'est une table de marbre blanc, brisée malheureu-
sement en plusieurs endroits ; une des parties intactes per-
met cependant de reproduire les principaux hiéroglyphes
qui entourent l'inscription latine consacrée à la mémoire
d'une jeune fille morte à l'âge de trois ans.
Nous avons trouvé ce dessin dans les Inscriptions chré-
tiennes de la Gaule : Tauteur, M. Le Blant, se contente de
rétablir le texte de Tépitaphe pour lui donner toute sa
clarté, mais il laisse de côté les nombreux hiéroglyphes qui
couvrent toutes les parties laissées libres près de l'inscrip-
tion. Il n'a sans doute pas voulu revenir sur la déclaration
qu'il a faite une première fois dans la préface des Sarco-
phages de la Gaule où il prévient le lecteur de n'attacher
aucune importance aux ornements sculptés sur ces sarco-
phages, parce que ces ornements sont purement décoratifs.
Par atavisme, sans doute, ses congénères en archéologie
renouvellent cette manière de voir et ne s'occupent nulle-
ment de rouvrir la porte que M. Le Blant a fermée avant
d'aller dans le royaume de Jehovah. Cet honorable auteur
fut un grand collectionneur d'inscriptions, mais non pas un
archéologue au sens propre du mot.
Si la cryptographie apostolique a été répandue sous des
formes identiques dans toute la catholicité au moment où
les manifestations extérieures de la pensée chrétienne étaient
interdites, c'est parce que ces hiéroglyphes avaient une
signification bien tranchée, signification qui se perpétua par
la tradition jusqu'au XVP siècle.
C'est pour retrouver le sens attaché à tous ces sigles que
nous avons entrepris le travail dans lequel nous publions le
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- 97 -
résultat de nos recherches, et, pour en revenir aux hiérogly-
phes gravés par une main inhabile sur le marbre tumulaire
trouvé à Lyon, ils ont dû être exécutés avant le V"' siècle,
épo(|ue fixée par les archéologues.
Au V" siècle, les chrétiens avaient déjà la liberté d'expri-
mer leurs pensées religieuses par des textes sans employer
des figures hiéroglyphiques; le décret de 3i i, rendu à Milan
par Constantin le Grand, n'avait-il pas établi ce qu on a
appelé la Paix de f Église et, un siècle plus tard, l'empereur
Théodose n avait-il pas remis tous les temples du paganisme
aux mains du clergé et proclamé le christianisme « religion
de rÉtat ».
no — Matbte tumulaite ttouvt* à Lyon en 1843.
L'inscription de Lyon doit remonter au temps dos persé-
cutions. C'est vers Tan 177 que les premières conversions
eurent lieu dans cette ville sous l'influence des prédications
de saint Pothin, venu d'Asie Mineure, qui subit le martyre
en même temps que quarante-six autres chrétiens.
Ce fut l'évêque de Vienne, saint Irénée, qui succéda à
saint Pothin dans la chaire de Lyon; mais, sous le règne
de Tempereur Sévère, une terrible persécution le fit périr en
même temps que neuf mille personnes de tout sexe et de
tout âge. (( On montre encore, dans les catacombes de Lyon
la hauteur où monta le sang des martyrs dont le plus glo-
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-98-
rieux fut une femme esclave, sainte Blandine. » (Michelet,
Histoire de France^ t. I, p. 60)
A la suite de ces épouvantables massacres, les chrétiens
devinrent plus circonspects ; c'est sans doute ce qui engagea
les parents de la jeune défunte à manifester leur croyance
par les signes de la cryptographie.
Par sa fragilité, le vase de la figure 1 10 symbolise le corps
de Venfant d'où s'échappe son âme immortelle représentée
par un très petit cercle '^; il s'élève dans le ciel en décrivant
plusieurs méandres jusqu'au moment où il arrive près de
Jehovah figuré par le C resch terminus.
Le vase porte deux acclamations ; la première est un
diresch 9 cordiforme enfermant un V, acclamation mono-
grammatique de vivas ; {in Deo par le V diresch) la seconde
est un X chrismon placé au-dessus d'un V renversé ^, autre
acclamation monogrammatique de vivas {in Christo par le
X chrismon).
Le plus important groupe de hiéroglyphes est entouré par
les côtés trilatéraux d'une figure dont les hachures sont des
C reschs plus ou moins arqués. Ce groupe synthétise la plus
grande partie des formules cryptographiques constituées
par le — iesmon, le X chrismon, le 9 resch, le «1 P diresch et
le III triresch linéaires; ces formules se décomposent ainsi :
r Resch rayant le corps du volatile.
•o Resch couché.
C8 Diresch couché.
C C Reschs renversés symbolisant la mort comme
ces -ro C8 sigles couchés.
^ ^ Trireschs adossés dessinant la queue du volatile,
«-p Trois reschs C unis dessinant un -f- iesmon-resch.
^ Quatre reschs 9 unis dessinant un X chrismon.
*X» Un X chrismon dont chaque antenne est accolée
à un très petit t resch.
Les trois derniers sigles sont enfermés dans le cercle Q
éternel.
C'est l'un de ces sigles que le chrétien traçait sur le sable,
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— 99 -
sur une tablette, dans Tair par un geste de la main, quand
il voulait savoir si la personne avec laquelle il s'entretenait
faisait partie de la société chrétienne. Dans Taffirmative,
cette personne traçait à son tour un des signes crypto-
graphiques.
Exprimer par des signes que Vâme d'un défunt s'élève
vers Jehovah est une idée à la fois naïve et sublime ; elle a
dû se présenter assez souvent; telle nous la trouvons sur
une pierre tumulaire d'Alexandrie, en Egypte, exposée
actuellement au Louvre dans la salle des antiquités chré-
tiennes, (fig. m)
>^nAttav CoN
'^ ATToXuj
Fig. 1 1 1 — Inôctiption d'Alexandcie, Egypte.
Le lapicide qui a tracé cette inscription a dû être naviga-
teur; son sigle cr^'ptographique représente une mâture qui
est un haut resch f croisé horizontalement par un — ies-
mon figurant une vergue de manière à former le triangle de
Jehovah conjointement avec des cordages; Vun d'eux est
munis d'échelons descendant jusqu'à la pierre tumulaire.
Dans la pensée du lapicide, Vâme du défunt pourrait gravir
facilement les échelons pour monter près de Jehovah et son
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— lOO —
Fils figurés par le ^ triangle et le f resch. De plus, ce lapi-
cide connaissait Vhébreu, car il a* tracé de droite à gauche
Talpha et Toméga accompagnant le sigle cryptographique.
Des monuments découverts dans le nord de la Gaule pré-
sentent aussi de très curieuses inscriptions parmi lesquelles
figurent celles qui ont été tracées sur un plat en verre
Fig. 112 — I^ Aactifice d'Abtaham, coupe ou vette, V* Aiècle.
trouvé près de Trêves et une coupe également en verre pro-
venant des fouilles de Vermand, dans TAisne. (fig. 1.12 et 1 1 3)
M. le Ministre de l'instruction publique a bien voulu nous
en prêter les clichés extraits du Nouveau recueil des inscrip-
tions chrétiennes de la Gaule ^ par M. Le Blant.
Cet auteur écrit que le sigle X placé à dextre de la main
de Jehovah, placée dans le ciel, est un zêta grec, mono-
gramme de ZH2E2; pour cela il faudrait que le dessin du
sigle X ne fût pas contraire au dessin du Z zêta. (fig. 112)
Nous pensons que le sigle X ^^^ composé par deux W
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lOI
couchés inversement > < et unis Tun à Vautré par une
seule ligne oblique \ médiane de manière à former le
monogramme de vivas. Le V placé au-dessus de l'épaule
d'Abraham et le V tracé au-dessus de l'épaule d'Isaac
représentent la même acclamation monogrammatique.
Dans la légende circulaire, vivas est séparé de in deo par
la boucle triangulaire du i resch mosaïque, (fig. 2)
De nombreux sigles herbacés dessinent le resch, le
diresch, le triresch, le sextiresch; dix-sept tfireschs ||| rec-
tilignes sont tracés un peu partout autour des personnages.
Le — iesmon et le ||{ triresch apparaissent, Tun sur le
soubassement. Vautre sur la table de Vautel du sacrifice.
Un [^ J diresch uni à un /^ mi-resch dessinent le caput de
Jésus au-dessus du fronton triangulaire d'un monument
qui doit représenter VÉgUse. Des zigzags, figurant les
nuages, sort le bras de Vange; sa main indique le bélier
qu'Abraham doit sacrifier en place de son fils Isaac.
Fig. 1 13 — La RéAutteclion de Lazate, plat du V* ôiècle.
Fig. 114
Ieômon-te6ch -^
de65inë pat leô :
Nef, Jubé, Chevet
du plan de Saint-
Étienne du Mont,
à Pad6.
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— I02 —
La rudimentaire graxiire de la résurrection de Lazare
paraît remonter à la même époque que celle du sacrifice
d'Abraham. Elle décore un plat en verre découvert par les
membres de la Société académique de Saint-Quentin (fïg. 1 1 3).
Le sigle X de Vacclamation vivas est aussi gravé à dextre
de la main de Jehovah dont le dessin permet de compter
les cinq doigts.
Partant de cette main, l'étincelle divine parcourt un mono-
gramme formé par les reschs i f du Père et du Fils ; ils
ont une hampe commune croisée par le X chrismon d'où
l'étincelle sort, à dextre, pour communiquer avec la main
d'un Personnage dont les noms sont indiqués par le ^ ies-
chrismon-resch ; c'est Jésus-Christ Dieu qui ordonne à
Lazare de sortir du tombeau dont le toit est couvert de liga-
tures de XXX X chrismons sommés par un | | | triresch.
Entre Jésus et Lazare s'élève majestueusement un octi-
resch foliacé; un quintiresch herbacé est tracé en bas du
plat en verre. Deux (|) (|) trireschs ornent le bas de la tuni-
que de Jésus; sa pèlerine royale est agrafée sur l'épaule
dextre.
Le chef et le corps de Jésus sont entourés par un symbole
dont le tracé est reproduit assez exactement par le tracé qui
entoure la nef et le jubé de Saint-Étienne du Mont; (fig. 1 14)
nous avons dit -que la nef, le jubé et le chevet de cette église
sont dessinés d'après le 4" iesmon-resch.
Dans l'acclamation circulaire de la figure 11 3, vivas est
séparé de in deo par la boucle triangulaire ^ d'un resch
mosaïque et la Sainte-Trinité y est rappelée par les trois
^ f ^ reschs gravés à la suite du mot deo.
On constituerait bien des volumes si Ton reproduisait les
plus intéressantes des inscriptions cryptographiques où le
resch mystique est figuré sous Vaspect d'un végétal.
Le plus répandu de ce sigle est la branche arquée de
Xacacia dont les feuilles identiques symbolisent la seule
égalité qui existe parmi les humains, la mort.
Dans les inscriptions où figurent le -^ — f- iesmon-resch ;
le ^ >^ chrismon-resch ; le -^ ^ ieschrismon-resch ; la cou-
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— io3 —
ronne de l'immortalité; le vase mystique; ces sigles sont
généralement accostés par une ou deux branches d'acacia,
(fîg. 1 15 et 1 16) Quelquefois la branche est couchée horizon-
talement ou complètement renversée pour symboliser la
mort. (fig. 117)
j^^ ^^
f
f f \ f\
Fig. 1 15 — L'Acacia.
B B
^
^ ^^\ I
Fig. 116 — Diteôch de^ in^ctiptionô tumulaite^.
^
DEP EVSEBI
XI KAL SEP
RVFINO ET EV
SEVIO CONSS
QVI VIXIT AN PM
XXIII
^ VICTORIA BIRGO DEI QVI VI
XIT • ANNIS • XXVIII • IN PAGE
III IDVS • FEBR
REGINA VIBAS
IN DOMINO
ZESV
RVFVS TABELLA
RVS DEPOSITVS llll JOV
DEG J^^ ^r::::^
Fig. 117 — Inôctiption^ tumulaite^.
Quant au vase qui symbolise la fragilité du corps humain,
il porte un sigle quelconque lorsqu'il n'est pas anse comme
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— I04 —
celui de la figure i lo. Quand le vase possède une anse, elle
dessine un 6\ resch; quand il possède deux anses, elles des-
sinent un diresch (q> 6\ quelconque comme dans les figu-
res loo et ii6.
Beaucoup d'inscriptions tumulaires sont accompagnées
par le diresch ^ cordiforme que des écrivains supposent
être une marque de ponctuation, de séparation, ou une sim-
ple feuille. Ainsi le juge Tabbé Martigny lorsqu'il interprète
ce sigle au mot cœur dans le Dictionnaire des Antiquités
chrétiennes en donnant cet exemple :
LEONI ty BENK ÇS MERENTI ÇS IN PAGE
Le diresch cordiforme nest ni une ponctuation, ni une
feuille, ni un cœxxv car il représente Jchovah et son Fils;
quant aux ornements linéaires qui le somment, (fîg. ii8)
nous en donnons la valeur par les lettres placées au-dessus;
nous faisons de même pour les sigles étoiles inscrits dans
le dernier diresch.
Fig. 118 — Dite^chô 5ommë^ de Aigles ctyptogcaphiqueô.
A une certaine époque on termina les antennes des sigles
primitifs par une demi-spire 9 C ou une spire entière Q\ (q>\
quelquefois même les rayons sont remplacés par des
reschs J* arqués ou par le resch 1 hébraïque, (fig. i ig) Cela
ne change pas la signification des sigles ; car les :
Sigles primitifs 4- -f- :^ >^ ^ ^ avec boucles
Sigles primitifs -f + %% ^ ^ ^^^^ boucles
Donnent ceu.\-ci + + % ^ ^ ^ ^^'^c demi-spires.
Quatrircschs r^ + '^ ^ comme ceux de la figure iio.
Quatrireschs FH tfi formés par quatre reschs 1 hébraïques.
Fig. 119 — Quattiteôch, ôexticeôch, octice^ch.
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— io5 —
Dans le commencement du christianisme, les patriarches,
ou évêques des premières églises, revêtaient le pallium par-
dessus leur costume sacerdotal. Le resch hébraïque 1 était
brodé sur une des extrémités de Técharpe-pallium, le plus
haut insigne que conféraient les papes.
Dans V Histoire de l'Art chrétien par Garucci, édition
de 1873, planche io5 A, figure 2, Tauteur reproduit une
fresque du cimetière Saint-Janvier, à Naples ; on y voit saint
Eu&tache portant le pallium orné par le resch 1 hébraïque
symbole de Jehovah. Planche 53, figure 2, est reproduit un
arcosolium du cimetière Saint-MarcelUn, à Rome. Au milieu
du plein-cintre apparaît Noé dans TArche entouré du cercle
éternel accompagné extérieurement par quatre reschs assez
éloignés les uns des autres et placés dans cette position :
Sur la planche 85, figure 4, une fresque du cimetière
Generosa, à Rome, représente le Bon Pasteur accoudé; une
brebis est près de lui ; cette fois c'est le Pasteur et la brebis
cités dans un passage de la Bible; du reste en haut de la
fresque est peint le mot PASTOR; le bas de sa tunique
porte deux FH quatrireschs de cette forme.
C'est le quatriresch de Jehovah qu'on retourna îfi ainsi
pour symboliser le Fils de Jehovah ; tous les deux sont
peints sur la tunique de Jésus, représenté sous le costume
d'un Fossoyeur dans une fresque du cimetière Domitille, à
Rome. (fig. 120)
Au lieu d'un Diogène barbu, ainsi que les Grecs le repré-
sentaient, Tartiste romain a peint un Diogène imberbe, c'est
Jésus; sa manche est ornée du quatriresch îï et sa dextre
tient, sous la forme d'un pic, le resch 1 symbolisant Jehovah
dispensateur de la vie.
Les quatrireschs îï ffi peints sur la tunique du Fossoyeur
sont dans une position analogue aux deux trireschs gravés
au bas de la tunique de Jésus sur le plat en verre de Ver-
mand. (fig. ii3)
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— io6 —
DIOGENES FOSSOR IN PAGE DEPOSITVS
OCTABVS KALENDAS OCTOBRIS
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'^\.; 'M'^
7 f^» 1
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m
Que cherches-tu, Diogène? — Je cherche un homme!
Fig. 120 — Le Fo^Aoyeut, cimetiètc DomitiUe, à Rome.
Le symbolisme du Fossoyeur est renouvelé de celui des
Parques : Clotho filait, Lachésis dévidait, Atropos tran-
chait le fil d'une vie humaine quand ces déesses le jugeaient
opportun.
Dans la fresque de DomitiUe, la lampe allumée figure
la vie que le Fossoyeur mesure avec le compas maintenu
ouvert; armé de son pic 1, Il peut briser la lampe quand II
le juge opportun.
En 1902, nous avons vu le quatriresch K tissé une dou-
zaine de fois et semé dans Vétendue d'une étof}e provenant
d'un tombeau d'Antinoé, en Egypte. Est-ce un pallium,
vêtement qu'on ensevelissait avec son titulaire, ce haut
insigne sacerdotal n'étant pas transmissible ?
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— loy —
Quoi qu'il en soit, T étoffe exposée au musée Guimet por-
tait une pancarte épinglée à dessein où apparaissait le mot
SWASTIKA? (polonais ou chinois peut-être)
Jusqu'au moyen âge le pallium fut décoré par des sigles,
mais la large écharpe fut remplacée par une étroite bande
qu'on épinglait sur la chasuble. Le champ de cette bande
portait des sigles alternant les uns avec les autres, c'étaient
les îfi : 4" qu'on voit gravés sur la pierre tumulaire de
Simon de Gillans exposée au musée de Cluny, à Paris,
(fig, 121 ) Le sigle : désigne Jehovah; le -f- désigne Jésus
Dieu; le îfi désigne le Fils de Jehovah. (p. 38 et fig. 5i)
Dans le livre si intéressant intitulé le Costume au moyen
âge d après les sceaux^ M. G. Demay décrit ainsi le pallium :
« Il consistait en une bande de laine formant un cercle
que Tarchevêque posait sur ses épaules, (fig. i2i) En avant
et en arrière du cercle descendaient deux pattes; Tune le
long de la poitrine, Tautre derrière le dos jusqu'au-dessous
de la chasuble sur laquelle le pallium était fixé par des
épingles d'or à têtes ornées de pierreries.
« Les sous-diacres apostoliques étaient chargés de veiller
à la confection de ce haut insigne pour lequel on employait
une laine blanche provenant d'agneaux jumeaux dont la robe
était sans tache. Ces agneaux étaient bénits, dans l'église
Sainte-Agnès, à Rome, le jour anniversaire de la fête de
cette sainte; puis on les conduisait dans un monastère où
ils étaient nourris jusqu'au moment de la tonte.
(( Leur laine servait à tisser le pallium dont le champ
était décoré de croix rouges et noires^ alternant Tune avec
l'autre. La veille de Noël on déposait le pallium sur le tom-
beau de Pierre et Paul dans la basilique Vaticane où il res-
tait toute la nuit; le lendemain cet insigne était remis au.v
mains des fonctionnaires qui en avaient la garde.
« Le métropolitain devait faire la déclaration de sa foi
dans le courant des trois mois qui suivaient sa consécration;
alors le pape lui remettait le pallium sans la possession
duquel le prélat titulaire ne pouvait prendre la qualité d'ar-
chevêque, consacrer les évêques, ordonner les prêtres ni
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— io8 —
dédier les basiliques. Le pallium n'était pas transmissible,
il suivait le prélat dans la tombe.
« En principe, le pape n'accordait le pallium qu aux
archevêques, cependant il fut conféré aux évéques d'Autun
dès le VP siècle et à ceux du Puy au XI" siècle. »
La pierre tumulaire de Simon de Gillans prouve que cet
abbé mitre reçut aussi le pallium.
Fig. 121
Le pallium de l'abbé de
Cliiny, XIV- 6iècle.
Fig. 122
Mosaïque de Tigzitt, III* ôiècle.
Ce quatriresch FH figure à côté d'autres sigles cryptogra-
phiques dans la bordure d'une mosaïque de la basilique
de Tigzirt, (fig. 122) ce qui donne à supposer que Tigzirt,
autrefois Rusuccuru, fut la métropole de la Maurétanie et
que la tombe de Tun de ses archevêques est peut-être sous
cette mosaïque ramenée au jour en iSgS par M. Gavault.
Au diagramme, page 38 et à la figure 5 1 , nous indiquons
la signification des sigles qu'on voit dans la bordure de
cette mosaïque et dans le champ du pallium de Gillans :
I et : de la formule J désignent Jehovah
O et -f- de la formule H désignent Jésus Dieu
Bi et îfi désignent Jehovah et son Fils.
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— log —
Dans la figure 122 apparaît le chrismon torsade QSO; le
diresch (q)(3\ des vases; la triphylle et une ligature de
reschs (Q à spirale tels qu on les employait pour encadrer
les mosaïques. Ayant Tair de courir les uns après les autres,
ces reschs ont été baptisés fosles? par les architectes,
(fig. 123)
Fig. 123
Reôchô à ôpitale avec angles dégainant le quintite^ch.
(Fleuton de la Fonderie Génétale.)
Deux quatrireschs posés en chi ^ ^ sont brodés sur
un parement de lutrin; celui-ci ^ est brodé quinze fois sur
une mitre; ces objets font partie du Trésor de la cathédrale
de Sens, n"* 62 et 121 du catalogue.
Le quatriresch K hébraïque a été employé dans beau-
coup d'inscriptions; il est isolé dans celle du cimetière
Thrason, à Rome, alors que le >P: chrismon-resch est inscrit
dans le texte même. (fig. 124)
SOZON - BENEDICTVS
ÎK REDIDIT - AN - NOBE
BERVS - >^ - ISPIRVM
IN • PAGE • ET • PET • PRO • NOBIS
Fig. 124 — In^ctiption du cimetiôte ThtaAon, Rome.
Sous la forme artistique et foliacée, les quatrireschs
apparaissent sur un certain nombre de monuments ; ils sont
très nombreux entre les colonnettes du soubassement du
portail de N.-D. de Paris, portail par lequel on pénètre
quotidiennement dans cette église, (fig. i25)
Fig. 125 — Quattiteàch, N.-D. de Patià, XIll* Mècle.
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— IIO —
Le quatriresch à spire r\^ a été frappé sur le revers des
monnaies mérovingiennes du Mans et chacun de ceux-ci
rt? ^ est frappé sur le revers de monnaies mérovingiennes
de Paris, ainsi qu'on peut s'en convaincre en consultant le
catalogue des Monnaies royales méropîngieunes^ par M. Prou.
Fig. 12G — SexUteAch.
Fig. 127 — Sextite.sch.
Fig. 1 28 — Octite.Nch.
Un nimbe dessiné par six reschs f reliés les uns aux
autres (fig. 126) forme une clé de voûte située près du tom-
beau de sainte Geneviève, à Saint-Étienne du Mont.
Le sextiresch éternel de la figure 127 décore la tombe où
Pyrinus dort ; d'après Tinscription grecque tracée sur un
sarcophage exposé au Louvre provenant de Lydda, près la
ville de Jaffa en Palestine.
L'octiresch de la figure 128 constitue les huit nervures
d'une rosace du transept de N.-D. du Havre et un sigle
composé de ces huit reschs ^ a été frappé sur le revers
d'une monnaie mérovingienne de la ville de Marseille.
Dans les livres de numismatique, ce sigle est dénommé
Astre flamboyant ?
L'octiresch sans commencement et sans fin de la figure 129
est une composition artistique fort ingénieuse. C'est le
resch *] de Jehovah tracé huit fois; mais toujours la hampe
et la boucle du resch se présentent en cette *] position, car
les sigles sont dessinés pour être lus de droite à gauche.
Dans le cercle Q ^^ boucle des quatre plus grands *] reschs
est inscrite la formule Jésus-Dieu -f" formée par les côtés
parallèles des quatre pétales; ces pétales dessinent eux-
mêmes le X chrismon. Le grand losange <> artistique inscrit
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III —
Fig. 129— Pierre tumulaite de Catie,
Louvte.
Fig. i3o — Dice6ch deô àatcophageA,
Louvre.
dans le D carre donne, avec celui-ci, Jésus-Christ Dieu
selon les formules G et H du diagramme, (p. 38)
Enfin, au centre de la figure apparaît un grand ^ ies-
chrismon-resch pétale, (fig. 42 et 5i ) Cette pierre est expo-
sée au Louvre dans la salle des Antiquités chrétiennes.
Le dessin du resch / qui concourt à la composition des
six rayons arqués qu'on voit sur Tantique sarcofage de Jaffa,
(fig. 127) est celui que les Européens ont adopté pour les
cannelures qui accompagnent, à dextre et senestre, l'in-
scription ou le sujet sculpté au milieu de la face principale
des sarcophages destinés à Tensevelissement des chrétiens.
Ces cannelures ./ d'un dessin unique, mais opposé, (fig. i3o)
constituent les ombres du tombeau de Tart poétique, c'est
le diresch des sarcophages que les livres d'archéologie
désignent sous le nom de strigiles et striures?
Fig. i3i — Reàch P queue du lion, ^ te^ch oreille du lapin.
Pierre deô ruiner de la basilique de Tigzirt, III* siècle.
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*
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f¥yfin§gfffTm§§riif
Vignelte.s dite^ch, FonJetie Beaudoite.
L'ARCHITECTURE RITUELLE
en
Asie, Afrique, Europe
et le
RESCH ARCHITECTONIQUE
Dans rétablissement des temples-baptistères rupestres,
nous avons vu que le r^ mi-resch ou chevet^ figurant le caput
de Jésus, était toujours orienté vers Jérusalem; quon a
opéré de la même manière en ce qui concerne le chevet r\
des anciennes basiliques; le chevet des églises du moyen
âge et de notre époque ; que toutes les baies des premières
églises avaient été couronnées par le signe conventionnel
du r\ miresch.
Nous avons démontré que, jusqu'au IV siècle, la construc-
tion des murailles et des piscines des baptistères par immer-
sion avait été basée sur Tun des nimbes sacrés des sigles
de Jésus-Christ; que le plan de la nef jointe au chœur et
au chevet des églises correspondait au -^ iesmon-resch,
premier crucifix graphique, et que les grandes lignes archi-
tecturales des calvaires rupestres gallo-phrygiens étaient
établies sur le carré et le triangle juxtaposés. Cet ensemble
constitue une architecture conforme aux règles établies par
le rite chrétien.
Si nous examinons maintenant les monuments rupestres
des premiers siècles d'une autre contrée de TAsie Mineure,
le style change en ce qui concerne le couronnement des
nombreux tombeaux rupestres qu'on rencontre à Telmissus,
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— ii3 —
Myra, Antiphellus, Pinara, etc., en Lycie; (p. 27) ce nest
plus le triangle à côtés rectilignes qui couronne ces monu-
ments, c'est le triangle mixtiligne composé par une ligne hori-
zontale accostée d'arcs ^ dessinant le diresch BB. (fig. 11 5)
Pendant les premiers siècles jusqu'au VIP, époque où les
Arabes dévastèrent la Lycie comme les autres contrées de
TAsie Mineure, la religion chrétienne dominait parmi les
Lyciens; tout en subissant l'ascendant du génie de ce peuple,
écrit Texier, les Romains firent preuve d'une grande habi-
leté en lui octroyant des libertés, des lois particulières et
en l'exemptant de l'impôt à la condition qu'il fournirait à
Rome le marbre nécessaire pour la construction de ses
monuments.
Émerveillé par les édifices qu'il a rencontrés en Lycie,
Texier écrit : En parcourant les diverses contrées aujour-
d'hui désertes de ce pays, le voyageur est souvent arrêté
par la vue d'un monastère et de son église, mais pas une
voix humaine ne retentit sous leurs voûtes devenues le
repaire des chacals et des vautours. Celui qui aime l'étude
de l'antiquité sera toujours captivé par les monuments ;
quand ses yeux seront rassasiés par la vue de leur merveil-
leuse architecture, son plus grand désir sera de connaître
comment vivaient ceux qui habitaient les pompeuses demeu-
res de la Lycie, véritable berceau de nos arts !
C'est en ce pays qu'apparaissent les monuments couron-
nés par ce qu'on appelle Vogive^ car les Lyciens connais-
saient parfaitement la cryptographie apostolique.
Le diresch arqué BB (fig. 1 15) ou le diresch cordiforme
renversé <^, {f\^. i32) fut adopté par les Lyciens pour
dessiner le fronton de leurs tombeaux.
Le symbole du diresch cordiforme renversé apparaît sur
la face d'un sarcophage de Byblos rapporté par la mission
Renan pour enrichir la collection du Louvre, (fig. i32) Ce
symbole est celui qui a été adopté par les anciens cartiers
de France pour désigner la série pique ♦ des cartes à jouer;
série considérée comme funeste par les cartomanciens, sur-
tout la dame de pique qui, pour eux, personnifie la mort
8
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— 114 —
lorsqu elle fait partie du lot de cartes dans lequel le devin
prétend lire l'avenir de la personne qui le consulte. Autre-
fois, du reste, la dame de pique portait le nom de Pallas,
déesse de la guerre.
Dans les cartes à jouer actuelles, la dame de pique tient
dans une main le resch foliacé arqué qui accompagne les
inscriptions funéraires des premiers chrétiens; le symbo-
lisme du resch cordiforme renversé a par conséquent gardé
son caractère de fatalisme depuis les premiers siècles jus-
qu'à nos jours; c'est le signe :i) qui apparaît sur la face du
sarcophage de Byblos, à côté du resch arqué foliacé, du
cercle éternel et de la couronne de Timmortalité. (fig. i32)
l'ig. i32 — Satcophage de Byblo.s.
Phénicie, II- ou III* .siècle.
l\ 1 33 — Tombeau à Macii.
Lycie, IV" siècle.
Le fronton du tombeau de Macri (fig. i33) dessine une
partie du diresch cordiforme renversé du sarcophage de
Byblos. Ce fronton est sommé par un «1 r* autre diresch qui
supporte un diresch cordiforme ç^]' non renversé. Un im-
mense t iesmon-resch est le seul ornement de la façade de
ce tombeau lycien. {fi}l. i33)
A Paris, vingt-trois direschs cordiformes, semblables à
celui qui domine le tombeau de Macri, constituent les
nervures architectoniques du grand vitrail qui surmonte le
portail principal de Téglise Saint-Laurent, sur le boulevard
de Strasbourg. On voit ce même sigle sommant les autres
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— 1 1 5 —
motifs de la plus grande des fenêtres qui éclairait autrefois
la Tour Saint-Jacques; il existe aussi, sommant d'autres
nervures architectoniques, à la droite du portail de Saint-
Merry {fi^. i53) et sur la fenêtre placée à droite de la
façade de Téglise Saint-Séverin. (fig. 148)
Un autre tombeau lycien est tout aussi caractéristique; le
style est celui du tombeau de Macri : même tympan orné
d'un double 4^ iesmon-resch rappelant le double iesmon-
resch -| — |- posé horizontalement dans le tympan du fronton
triangulaire du calvaire monogrammifére phrygien, (fig. 74)
Fig. 1^4 — Tombeau à Pinaca, Lycie, IV' .>i<>ck» (Histoire de /'^;7, Ub. l!achelle>
L'ogive que décrit le fronton de ce tombeau est accom-
pagnée par le diresch (\^ ^ ovoïdal en forme d'oreillettes;
il est en outre sommé par le diresch V^ /' (^orniforme.
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— ii6 —
L'ogive et le bandeau horizontal placés au-dessus de la
porte d'entrée dessinent un triangle mixtiligne identique
à celui qui enferme Tun des douze grands vitraux de N.-D.
de Paris, (fig. i) Les lignes extérieures de ce tombeau se
retrouvent dans le grand portail de loratoire élevé sur
la tombe de la Sainte Vierge près de Jérusalem, (fig. i38)
Les styles phrygien et lycien ont donné naissance à des
styles mixtes. L'ancienne basilique de Tigcirt, en Afrique,
offre Vun de ces styles, (fig. i35)
UÀÀÀM
Fig. i35 — Ancienne baôilique de Tigzitt, III* siècle.
La façade du rez-de-chaussée comprenait une série de
colonnes couronnées par le r^ mi-resch sommé d'un trian-
gle /\; la galerie du premier étage possédait une série de
colonnettes dont la base avait pour point d'appui le sommet
et les extrémités de chaque triangle.
Un autre style mixte est celui qui composait le portail du
palais de Hongrie, (fig. 84) les nervures supérieures dessi-
nent Vogive, et les nervures inférieures le plein-cintre. Ce
portail du palais de la Hongrie à l'Exposition universelle
de 1900 reproduisait l'architectonique du portail de l'église
de laak, dans le comté de Vas, en Hongrie, construite par
les Bénédictins hongrois au commencement du XIP siècle.
En partie détruite par les Tartares en 1241, cette église fut
rétablie et consacrée une seconde fois en i256 par Tévêque
de la ville de Gyar.
A propos du dessin d'une tête de page d'Évangéliaire du
VIP siècle, (fig. 40) nous avons dit que les copistes de cette
époque étaient très au courant de la cryptographie apos-
tolique. En effet, dès le IV*' siècle les Pères et Docteurs de
l'Église recommandaient particulièrement l'emploi d'hommes
sérieux dans l'art d'écrire les livres. Saint Jérôme dit que la
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— 117 —
plus noble occupation de la vie monastique consiste à écrire
correctement les manuscrits, œuvre qui profite à Tâme.
Des Ordonnances de Charlemagne recommandent aux
évêques et aux abbés mitres « de veiller à la pureté des
textes afin de ne point employer un mauvais langage pour
demander quelque chose à Dieu; les erreurs d'un texte
pouvant en introduire dans la foi ».
Les manuscrits du IV* au XIP siècle sont uniquement
enjolivés par les sigles cryptographiques; cette habitude fut
comme la préface du développement que prit subitement
Tarchitectonique des édifices après les premières Croisades.
Dans un manuscrit de la bibliothèque d'Oxford, (fig. iSy)
toutes les baies du dessin de la basilique sont couronnées
par le r\ mi-resch ; les toits du dôme, de la nef et du tran-
sept sont couverts par des quantités de reschs (^ renversés.
Le transept est figuré par deux triptyques ; chaque partie
dextre et senestre est ornementée par trois trireschs ♦ de
la Sainte-Trinité; chaque frise du transept est décorée par
le diresch M couronné par le r\ mi-resch. (fig. i36 motif A)
A B Ro:>ace G
> < > <
Fig. i36 — DiteAch mosaïque cou tonne pat le ml-te6ch A.
Diteôch mo6aïque coutonné pat le diteôch lycien B.
Ro.sace C fotmcfe pat le diteôch mo6aïque et le mi-te6ch A.
L'un ou Vautre des motifs A et B composent les travées
des portails, fenêtres, balustrades, pinacles, rosaces C des
églises et la boucle triangulaire du resch, simple < ou accolée
à une autre boucle ♦, prendra place, dans presque tous les
triangles curviliques et à l'intérieur du cercle, dans Tarchi-
tectonique des églises à partir du XIV siècle.
Tous les autres motifs qui décorent le dessin du manu-
scrit de la bibliothèque d'Oxford font partie des sigles
cryptographiques déjà décrits dans les figures 42 et 5i.
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— ni
Diin^lani atchiepbcopi.
Vi^. i37 - DiiHAlan, atchevêciue. Manii.>ctit de la bibliothèque Cotlonienne,
à Oxfotd, Angleletie, X* .siècle. Le Livre ^ ritmin-Didot, editciu.
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— 119 —
l/architecture de la façade du tombeau de la Sainte Vierge
(|ig. i38) est aussi d'un style mixte; le fronton triangulaire
rappelle celui ^ des calvaires gallo-phrygiens, Togive du
portail vient du style des tombeaux lyciens. (fig. i33 et 184)
Fig. i38 — Tombeau de la Sainte Vieige Matie, dauA la valWe de Jo^aphat.
Clichë extrait de La Sainte Vierge, édition Fitmin-Didot.
C'est Tarchitecture des tombeaux lyciens et celle du por-
tail du tombeau de la Sainte Vierge qui ont été importées
en Europe après la première Croisade qui fut décidée
dans le Concile de Clermont tenu en 1095, elle dura jus-
quen 1099 ^^ fut suivie par d'autres en 1 147, 1189, etc.; et
c'est précisément au cours du XI P siècle que Ton commença
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— I20 —
rérection d'églises dont Tarchitectonique est empruntée à
TAsie Mineure.
Les Anglais, Flamands, Germains, Français, Italiens,
Espagnols qui composaient l'armée de la première Croisade
s'emparèrent de Nicée, Antioche, Tarse, Jérusalem dont
Godefroy de Bouillon fut proclamé roi. En traversant du
nord au midi TAsie Mineure, les prêtres et les moines qui
accompagnaient Tarmée virent la belle architectonique des
monuments chrétiens basée sur la cryptographie. Après leur
retour en Europe, ils introduisirent cette architectonique
dans les épures des constructions projetées. Evreux, Saint-
Denis commencent leurs églises vers 1 125 ; Noyon vers i i5o;
Paris commence Notre-Dame vers ii65; Bourges, Chartres
vers II 90; Rouen, Reims vers 1200 à 12 10. Simultanément
le mouvement s'étend dans toute la catholicité.
En cela le clergé ne fit que suivre ce qu'avait fait saint
Hilaire, après son retour d'exil en Phrygie; car c'est
l'architectonique des calvaires gallo-phrygiens qu'il appliqua
au temple Saint-Jean à Poitiers dès le IV*^ siècle.
Pour ces raisons, au cours du XIP siècle, le resch S) ovoï-
dal et ces direschs Ç ^ Z^ y apparaissent dans les ner-
\aires qui dominent les fenêtres et aussi dans certaines
rosaces des églises de cette époque; les sigles cryptogra-
phiques >fC ■)<• -^ rectilignes concourent également à consti-
tuer d'autres rosaces ; c'est pourquoi il convient d'examiner
comment ont pu se produire les diverses transformations
du symbole de Jehovah, le resch ^ primitif, pour arriver
à la constitution du resch Ç) ovoïdal.
^ Resch mosaïque, 18 siècles avant notre ère, fi^. 2
*| Resch du sekkel, 140 ans avant notre ère, fig. 14
r» s Resch de la Pierre Écrite, i^*" siècle de notre ère, fig. 27
Ç 5 R^sch des chapiteaux de Saint-Jean, IV siècle, fig. 28
C7Y\) Resch du Joueur de Resch, IIP ou IV' siècle, fig. 90
ç\^ Resch du tombeau lycien à Pinara, IV* siècle, fig. 1 34
Sur les monuments dont nous allons continuer l'examen,
en commençant par ceux qui ont été exécutés au temps des
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- 121
persécutions, nous allons trouver d'autres manifestations
de la pensée des chrétiens à Végard du symbole qui repré-
sentait leur Souverain Roi, c'est-à-dire le Resch.
Fig. i39 — Couvetcle du 6atcophage de Byblo.s.
Nous avons déjà parlé de la face de ce sarcophage qui
porte le diresch cordiforme ô renversé ; son couvercle
(fig. i39) porte une guirlande dont les extrémités sont liées
par ce f *1 diresch que le sculpteur a très habilement dissi-
mulé sous Taspect de rubans ayant chacun une boucle
accostant le haut d'une hampe presque verticale; ces bou-
cles dessinent ce diresch (p S) ovoïdal.
Fig. 140
Piette de la nc*ctopole de Sidon.
Phénicie, II» ou III* :)iècle.
Fig. 141
Ti^6u de 6oie, muôée de Cluny.
Act byzantin, VI" Mècle.
Au Louvre, à côté de celui de Byblos, est exposé un autre
sarcophage rapporté par la mission Renan, il provient de la
nécropole de Sidon, en Phénicie. La face porte également
une guirlande dont les extrémités sont liées par un diresch
ovoïdal absolument semblable, par les deux boucles, au
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— 122 —
cUresch ovoïdal sculpte sur le couvercle de Byblos; (fig. l'Mj)
ces deux monuments doivent dater du IP ou IIP' siècle.
Chacun des quatre angles du couvercle du sarcophage de
Sidon est décore par deux trireschs opposes ÇÇÇ 999, leur
dessin est celui du triresch du chapiteau de Saint-Jean, à
Poitiers, (fig. 33) Ces trireschs opposés décorent aussi une
pierre qui dominait un tombeau de la nécropole de Sidon;
elle est exposée au Louvre à côté du sarcophage provenant
de cette nécropole, la figure 140 reproduit Taspect de cette
pierre sculptée où les deux trireschs accostent un resch
vertical au champ semé de XXX chrismons.
Le fronton du tombeau lycien de Pinara (fig. 134) est
accosté en chef par deux oreillettes dessinant le diresch
Ç\y v/) ovoïdal. On voit ce même diresch, dans cette posi-
tion (p ^, accostant des _j i_i l_ méandres sur Vex-voto G
faisant partie des ex-voto découverts dans les fouilles de la
basilique de Tîgiirt ; représentés par la figure 142.
^/-'wX
E F G H
Fig. 142 — Ex-voto de Tigzitt, Algetie, 111- 6idcle.
On voit apparaître les sigles ® (^ ® sur Vex-voto A ; les
^ @ sur B ; les ^ ^ et le diresch des oiseaux sur C ; les
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— 123 -
O ^ A ^t '^' diresch (* 9 des vases sur D ; les ^ ^ et lu
pomme de pin ^ (ou chi X) sur E et sur F ; les (^ _r-L_r- l_
(P C) et Taigle à encolure posée en '] resch sur G; les i^
sur le dernier ex-voto H.
Dans cette position 0^f\)^ le diresch ovoïdal fait partie
du ruban qui enlace les animaux et le Joueur de Resch de
la figure 90; les oreilles du Joueur de Resch dessinent ce
diresch (p S)? aussi les oreilles de Diogenes Fossor. (fig. 120)
Le diresch ovoïdal renversé Ç;^ ^ est à la base du fronton
de Tautel du sacrifice d'Abraham, (fig. 112) et il dessine,
conjointement avec le diresch cordiforme ]^ et ce diresch V^
lu totalité des ornements du cercle qui enferme le beau
quadrige d'un tissu de soie byzantin exposé au musée de
Cluny, à Puris. (fig. 141) Ce quadrige, mesurant environ
un mètre de côté, ne contient que des ornements crypto-
graphiques ; on y voit lu triphylle ^ sur le poitrail de deux
chevaux et sur la poitrine du Sclave Oupradwa, qui prit
le nom de Justinien lorsqu'il devint empereur d'Orient.
Seul sur le char, Justinien se rendit le 27 décembre 537 ^^
la cérémonie de la dédicace de Véglise Sainte-Sophie qu'il
avait fait bâtir. Des chevaux ont pour panache le (^ resch ;
les genoux du fouetteur des chevaux portent le -f- iesmon-
resch et le quadrige est accompagné par deux ^ iesmons-
reschs éternels.
En France, parmi les plus beaux monuments portant les
resch, diresch, triresch architectoniques, nous pouvons citer,
exposés au musée comparatif du Trocadéro : le resch du
pied d'un candélabre de la cathédrale de Reims; le diresch
du fauteuil en pierre de lu cuthédrule de Tout et le ravis-
sant travail, exécuté au XV** siècle dans la ville de Loches,
pour le Dais de la reine Anne de Bretagne, (fig. 143)
La bordure inférieure du fronton de ce dais rappelle le
haut du diresch cordiforme renversé. Au sommet du fron-
ton, une cordelière dessine : i" le resch /© qui domine la
Pierre Écrite; (fig. 69) 2* à dextre, deux reschs ovoïdaux
^ ^; 3** à senestre, trois autres reschs ovoïdaux (p c3) S)î
dans ces deux derniers groupes les reschs formés par la
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— 124 —
cordelière sont justaposés verticalement. Le premier resch
symbolise Jehovah ; les deux reschs, à dextre, symbolisent
Jehovah et son Fils et les trois reschs, à senestre du
fronton, figurent Jehovah, son Fils et le Saint-Esprit.
Fig. 143 — Ftonton du Dai6 d'Anne de Bretagne, Loches, XV' Aiùcle.
A gauche et à droite du resch (q> Jehovah, le symbolisme
distinct des trois Personnes divines est répété dans chacune
des trois travées verticales séparées par des hampes | aux-
quelles sont accolées des boucles ovoïdales dessinant un (p
resch dans la première travée; un diresch Ç ^ accolé à un
diresch m cordiforme renversé, dans la seconde travée ;
deux direschs ovoïdaux juxtaposés et accolés à un diresch
cordiforme renversé, dans la troisième travée. Composées
de reschs, ces travées expriment Vidée du Père; du Père
et du Fils; du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le fond du Dais est semé d'une quantité de t iesmons-
reschs que les héraldistes nomment hermine de Bretagne?
Nous Vavons dit page 14, dans certaines marques typo-
graphiques, quelques imprimeurs des XV* et XVT siècles
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— 125 —
ont inscrit les monogrammes de leurs noms dans le diresch
cordiforme ; d'autres imprimeurs, leurs contemporains,
ont employé la cordelière dessinant trois reschs liés les uns
aux autres pour y inscrire leurs monogrammes ; parmi ces
derniers figure Gillet Couteau; la figure 144 est une repro-
duction de sa marque parlante; M. le Directeur de Tlmpri-
merie Nationale a bien voulu nous prêter le cliché de
cette marque faisant partie de V Histoire de Vlmprimerie en
France aux XV"^ et XV F siècles.
Fig. 144 — Matqiie de Gillel Couteau» imptimeut.
Pati.s, XVI' .sicVle.
Composée par Tunion de trois reschs (7" S) '^^ ovoïdaux,
noués en X chi, la cordeliere-triresch qui apparaît dans
Técusson de Gillet Couteau est appelée Lacs d'amour ? dans
le langage héraldique; la boucle dextre est enlacée avec
le G du prénom; la boucle senestre enlace le Couteau qui
rappelle le nom de cet imprimeur.
Un autre G décore la lame du plus grant couteau au-des-
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— 126 —
sus cVun >|C chrismon-resch. Les plantes et les fleurs à trois,
quatre, cinq, six, huit folioles et pétales dessinent des siglos
cryptographiques des figures 42 et 5 1 .
Le diresch ovoïdal (7^ que nous avons vu sur les monu-
ments d'Asie et d'Afrique, conjointement avec le resch ^ de
la figure 2, sont les sigles que les copistes introduisaient
dans les manuscrits du IV* au XIP siècles, (fig. iSy) Au XII T,
les architectes les introduisirent à leur tour dans les édifices
qu ils érigèrent. En ce qui concerne Paris, nous citerons les
églises Saint-Séverin, Saint-Merry, Saint-Germain TAuxer-
rois, Saint-Étienne du Mont, et THôtel Cluny.
S) S)(? 3G '^o^ voc^ (?S) «
/C P) _ û 4^ c^ 00
8 g x^oc^ se (3S ^ ®O0
6)0
Fij?. 143 Re.sch et dUe.sch de Vatchiteclute tiluelle.
Comme on le peut remarquer dans la figure 145, le resch
ovoïdal est adossé, affronté, couché, renversé, accolé à
lui-même; il accoste le cercle et Vovalc; le resch accolé à
lui-même concourt ù former des rosaces.
Molif J Motif K
Resch ovoïdal accole* : 000 ReAch ovoïdal accolé
Re.sch^ vidobitéb wir ▼ Re6ch6 ado6ôé6
formant meneaux ayant deux hampes formant meneaux ù une hampe
et deux boucle.s. et deux boucle.s.
??
Fig. 146 - Ttan.sfoimation du ^ mosaïque en meneaux de fenêtres.
Employés dans Varchitecture, les reschs ^p- mosaïques
du motif J ont fini par ne plus former qu'un sigle ^ possé-
dant une seule hampe, comme dans le motif K, c'est une
répétition du sigle de la résurrection de Lazare, (fig. ii3)
Le resch du motif K (fig. 146) sert de meneau pour les
travées des fenêtres des églises, une de ses boucles trian-
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— 127 —
gulaires ^, figurant la tête de Jehovah, a été accolée à T in-
térieur du resch ovoïdal ^ vers le milieu du XIP siècle,
ce qui donne la série des reschs n®* i, 2, 3, 4, 5. (fîg. 147)
Il existe mên\e beaucoup de monuments où les boucles ♦
adossées ornent les hampes cintrées du resch, tel est le cas
de Tarchitectonique de THôtel Cluny. (fig. 154 et i56)
^
4
Fig. 147 — BoiicU» ^ du ti»:>ch ^ accolée à rintdtieut du te.sch ^) ovoïdal.
Beaucoup d'architectes ont respecté la tradition par rem-
ploi du resch ovoïdal n** i ; d'autres ont employé le resch
n" 2 aux boucles éloignées de la base des hampes cintrées;
ensuite est venu le resch n" 3 aux boucles accolées au milieu
des hampes ; quelquefois, pour plus de solidité, les deux
boucles se rejoignent, comme dans le resch n" 4; enfin le
resch à quatre boucles n" 5 fait partie de la décoration de
l hôtel de ville de Bruges, en Belgique.
Dans la construction des fenêtres et des verrières ogivales,
les nervures sont dominées par le cercle, par Tovale, par le
diresch cordiforme ou par la triphylle. L'ovale remplit Vof-
fice du cercle et possède la même signification crvptogra-
phique : réiernitc.
On remarque tous les sigles architectoniques dont nous
venons de parler dans Tarchitecture de Téglise Saint-Séverin.
(fig. 148, 149, i5o)
Dans la figure 148 apparaît le diresch l(J AA accolé au
diresch cordiforme B absolument semblable au diresch cor-
diforme qui domine le tombeau lycien du IV** siècle, (fig. i33)
Ces trois sigles accostent deux cercles ovoïdes à côtés sem-
blables à ceux du resch architectonique n** 3. (fig. 147) Le
tout est soutenu par deux meneaux-reschs tels qu'on les
voit dans la figure 146 au motif K.
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— 128 —
La figure i5o reproduit V immense vitrail placé au-dessus
du portail principal de Véglise Saint-Séverin, à Paris. Sept
meneaux-reschs E F supportent deux rangées de reschs
ovoïdaux accolés et juxtaposés. Le cercle ovoïdal D est
accosté par le diresch C C renversé ^ Ç Un grand triangle
mixtiligne sert de cadre à ce simple et grandiose vitrail aux
ner\'ures ondulantes dessinant i8 reschs accolés.
Fig. 148 Fig. 149 Fig. i5o
Motifs de l'ëgU.se Saint-Sëvetin à Pati.s, XIII* .siècle.
Ce sont précisément les ondulations produites par ces
nervures qui ont engagé les spécialistes à donner un nom à
cette architecture rituelle et ils se sont décidés à la qualifier
Gothique flamboyant j vocable qui ne possède aucune valeur
ni aucune signification, aussi les archéologues ne peuvent-
ils expliquer pourquoi ce style est Gothique et flamboyant ?
La figure 149, reproduit saint Séverin tel qu il est sculpté
a Tangle de l'église de ce nom. L'évêque tient dans sa dex-
tre le resch f pastoral croisé horizontalement par le <=«»=>
iesmon; nous verrons plus tard les transformations qu a subi
le pedum primitif ou bâton du pasteur.
Le fronton de la niche qui préserve saint Séverin com-
prend deux direschs /^^X7*s affrontés sommés par deux BS
chrismons; ce fronton est dominé par le <|=» iesmon-resch
foliacé signifiant Jésus-Dieu.
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-- 129 —
Dans la figure 1 5 1 , le resch Q accolé A A somme deux
direschs cordiformes renversés. Dans la figure i52, les tri-
reschs renversés B B dessinent les nervures du fronton ogival
Fig. i5i Fig. i52 Fig. i53
Motif6 de la façade de VegUôe Saint-Metty, à Patiô, XIII* ôiècle.
du portail de Saint-Merry. Dans la figure i53, le diresch
lycien D somme deux direschs cordiformes renversés. Quant
aux reschs très étroits C C, ils seront ainsi dessinés dans
Varchitectonique dite de transition.
Fig. i54 Fig. i35 Fig. i36
Motifs de dtîcotaliou de> bàlimenb de VIlôtel CUiny, à Patb.
Bâti sur les ruines de l'ancien palais Gallo-Romain de
Paris, l'Hôtel Cluny fut commencé dans la seconde moitié
du XV* siècle par Jean de Bourbon, abbé de Tordre de
Cluny dont la maison mère était dans le Maçonnais. Son
successeur, Jacques d'Amboise, continua la construction de
9
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— i3o —
ce beau Palais auquel était annexée une chapelle dont la
principale fenêtre est représentée par la figure i55; cette
fenêtre est murée aujourd'hui mais le réseau de nerv'ures
a été conservé.
L'admirable décoration architecturale de ce monument,
due sans doute aux moines de Tordre de Cluny, est conçue
et entièrement exécutée selon les principes de l'architecture
rituelle chrétienne.
Sur la façade de l'Hôtel Cluny donnant rue Du Somme-
rard, la construction de la tourelle a été basée sur le nimbe
octogonal B. (p. 38) Dans la balustrade qui domine cette
tour, chaque pan représenté par la figure 1 54 eist un cadre
rectangulaire enfermant un X chrismon dessiné par quatre
ellipses ajourées posées diagonalement; chaque ellipse des-
sine deux reschs accolés Q dont les hampes arquées sont
ornées par le symbole ♦ de Jehovah et son Fils.
Le centre de cette composition habilement conçue pré-
sente cinq autres symboles ♦ divins dessinant un <^ ies-
mon-resch. Presque toutes les dentelles qui ornent ce
monument dérivent de ce principe.
Dans la figure i55 apparaît un immense diresch affronté
B B ; sa base enferme un autre diresch plus petit. Trois
meneaux-reschs sont sommés par deux grands cercles dont
r intérieur est orné par quatre boucles triangulaires < rappe-
lant celle du resch i mosaïque; les triangles curvilignes OAO
sont ornés à l'intérieur par ce même motif qui, au point de
vue du symbolisme chrétien, rappelle Dieu ou Jehovah.
La figure 1 56 reproduit une fraction des arêtes qui domi-
nent les hautes fenêtres des combles ; chaque travée est
sommée par un diresch /^X7*s affronté dont les hampes cin-
trées sont ornées par ce motif ♦ qui rappelle les boucles
adossées du resch ^ de la figure 146, motif K. Chaque tra-
vée des arêtes est dominée par le <=§* iesmon-resch.
L'architecte qui est l'auteur de l'épure de Saint-Étienne
du Mont a respecté dans toute sa rigueur la loi de l'archi-
tecture rituelle; l'ancienne partie de la construction de ce
monument présente une forêt de reschs (p S) ovoïdaux ; le
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i3i
plan même de VégUse (fig. 114) dessine ce -^ iesmon-resch.
Toutes les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier
étage, donnant sur la rue Clovis, sont du type de la
figure iSy : trois travées sommées par le cercle éternel
accosté par le diresch A A.
Flg. i37 Fig. i58 Fig. i39
Motifô de Végliôe Saint-Etienne du Mont, à Patiô.
Les deux grandes fenêtres du troisième étage, donnant
également sur la rue Clovis, sont du type de la figure 1 58 :
quatre travées sommées par un diresch w)q»^ renversé accosté
par le diresch /*D(?^ BB. Le motif principal est un cercle
éternel enfermant le symbole de la Sainte-Trinité : trois
reschs ovoïdaux dessinant la triphylle Js^ appelée vulgaire-
ment fleur de lis.
Au point culminant du tympan du fronton de cette église
apparaît une petite rosace elliptique reproduite par la
figure 159. Son seul ornement est un quatriresch formé par
quatre reschs ovoïdaux affrontés; la base des hampes cin-
trées dessine encore ce plus petit 00 quatriresch.
Tout est à citer dans Tarchitec tonique de cette église,
c'est en quelque sorte un traité de cryptographie et de
symbolographie chrétienne; nous décrirons plus loin une
grande partie de son architectonique intérieure et exté-
rieure.
L'architecte qui a dessiné les fenêtres -rosaces des
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— l32 —
figures i6o et i6i est resté dans la tradition rituelle; ces
deux admirables compositions ont été exécutées d'après le
diresch de la Pierre Écrite fS 6^ et le diresch Ç J des cha-
piteaux de Saint-Jean. Les choses les plus simples, dit-on,
produisent souvent les plus grands effets, tel est le cas pro-
duit ici par Temploi des symboles de Jehovah et de son Fils
pour décorer un Temple qui leur est destiné.
Fig. i6o Fig. i6i
Motifô dcA to6ace6 du tcanôept de Saint-Getmain VAuxettoid, à Patb.
Ce qui nous a le plus frappé dans Vexamen que nous
avons fait au sujet des deux fenêtres-rosaces qui éclairent
le transept de toutes les anciennes églises, c'est que la com-
binaison des nervures de Tune est dissemblable à la combi-
naison des nervures de Vautre, aussi leur valeur cryptogra-
phique est-elle différente. Le contraire a lieu en ce qui
concerne les sigles r» «i et /^<5=v qui somment les deux rosa-
ces i6o et i6i, leur dessin est dissemblable et cependant
ils ont une signification identique : Père et Fils.
Il en est de même dans Varchitecture de construction et
de décoration de la plupart des édifices religieux; la symé-
trie n'est qu'apparente pour les grandes lignes et pour les
motifs d'ornementation; car on méditait, dans le silence du
cloître, sur les moyens les plus artistiques à employer pour
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— i33 —
rendre éblouissants, éclatants et parlants les noms mysté-
rieux de Jehovah, son Fils et le Saint-Esprit.
Quand le regard embrasse l'étendue d'une des églises
construites dans le cours du XII* au XVI^ siècle, il semble
que tout s'harmonise assez bien; mais si Von scrute tous les
détails, on reconnaît immédiatement qu'une épure particu-
lière a été faite pour chaque détail.
Ainsi, dans chacune des six ellipses de la rosace i6o, est
inscrit un triresch; ce même motif, retourné dans chacune
des six ellipses de la rosace i6i, produit un dessin très dif-
férent; c'est le triresch B qu'on voit dans les combinaisons
que donne la figure 162; mais le resch apparaît sur tous les
monuments du monde catholique en des combinaisons plus
ou moins variées suivant le goût et l'imagination du dessi-
nateur et l'influence des écoles régionales. En général, le
.^n[.
bb
^[]^[]^
G H 1 J
Fig. 162 — Divet6e6 combinabonA du te^ch ovoîdal.
resch ovoîdal décore presque toutes les balustrades des
monuments, quelquefois on le remplace par une rangée de
sigles de la Trinité 't't'jir plus ou moins nombreux, comme
on les voit sur une des balustrades de la Sainte-Chapelle, à
Paris, et de la belle église de Trêves en Germanie.
Dans la figure 162, le principal motif enfermé dans le rec-
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- i34-
tangle A est le CT^'x) cUresch accompagné en chef et en pointe
par de plus petits ^^é)Q^ direschs. Le rectangle B, b b enferme
deux trireschs accolés ; celui qui est à senestre a ses hampes
arquées ornées par les boucles du diresch p^^ mosaïque.
Ces mêmes boucles ornent deux côtés du quatriresch C
dont les lignes centrales sont ornées par ces boucles ♦ ados-
sées. Le rectangle D enferme un quirttiresch principal et le
rectangle E un sextiresch formé par deux trireschs B couchés
et affrontés. Le même motif B répété donne le sextiresch F
accompagné au centre par deux petits reschs verticaux des-
sinant, conjointement avec la jonction de leurs voisins, un
sigle 8 qui ne possède ni commencement ni fin^ comme
rÉternel, aussi les anciens algébristes Vont adopté pour
figurer le signe connu, encore de nos jours, sous le nom
Infini,
Par ses révolutions dans un cercle, le resch ovoïdal ^
répété produit le plus heureux effet dans Vornementation
des monuments civils et religieux; les motifs G, H, I, J don-
nent des : triresch, quatriresch, quintiresch, sextiresch.
Rg. \(^h — Milan, XIII' .siècle.
Fig. i(>4 — Aix-la-Chapelle.
La figure i63 reproduit le pignon d'une chapelle en ruines
aujourd'hui disparue. On y voit le diresch, puis le triresch
sommant un quatriresch inscrit dans le cercle éternel. La
figure 164 donne le dessin d'un sextiresch inscrit dans le
tympan d'un fronton de fenêtre de la cathédrale d'Aix-la-
Chapelle (province Rhénane), le resch 3) ovoïdal symé-
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— i35 —
trique est répété six fois dans le tympan de cette fenêtre.
©S®©©©®©
iu^|!i3^f^^:ë^iyj^t^i^
fuj^i^^s^ru^
Fig. i65 — Baluôtcade de Sainl-Laucent, à Nucembetg en BavUte.
Cette superbe balustrade est d'une conception heureuse.
Portant des armoiries, le médaillon n" 7 est accosté, à dex-
tre, par les six médaillons que reproduit la figure i65 ; six
autres médaillons identiques aux premiers sont sculptés à
senestre du n" 7.
Le dessin central <;> des n**' i et 6 est celui du nimbe
losange curviligne H ; le dessin central du n** 2 est celui du
nimbe hexagonal curviligne C ; le dessin central du n** 5 est
aussi le nimbe hexagonal curviligne C ; tous ces motifs cor-
respondent aux formules H et C du diagramme, (p. 38) Les
n"' 2 et 4 sont des trireschs ; les n^ i et 6 sont des quatri-
reschs; le n** 5 est un sextiresch. Le n** 3 est formé par un
(p ^ diresch dont les têtes sont entrecroisées; cette combi-
naison donne deux autres formules : r le diresch 8 Infini
sans commencement et sans fin et le diresch irréguUer Ç^
sculpté sur les chapiteaux des quatre pilastres de la façade
latérale de l'église Saint-Jean, à Poitiers, (fig. 79)
Le resch ovoïdal concourt à former les combinaisons
d'une grande quantité de balustrades, tympans de fenêtres
et portails. On le remarque sur la cathédrale d'Elvreux; sur
le portail ouest de celle de Tours; sur les églises à Châlons-
sur-Marne, Saint-Maclou à Rouen, Saint-Germain à Argen-
tan, Saint-Jacques à Lisieux, Sainte-Radegonde à Poitiers,
sur les églises à La Ferté-Bernard dans la Sarthe; à Brou,
près de Bourg, Sentis, Eu; sur la chaire placée en encorbel-
lement à l'extérieur de l'église à Saint-Lô, etc., etc.
En Germanie, sur les cathédrales d'Aix-la-Chapelle, Augs-
bourg, Nuremberg, Trêves, Worms, etc.
En Belgique, sur les églises Saint-Paul à Anvers, Saint-
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— i36 —
Nicolas à Gand; sur la Chapelle du Sang et sur Notre-Dame
à Bruges; en Angleterre, sur la vieille cathédrale d'Exeter
et sur S. Alban s W. Front.
Il nous senxble presque inutile d'ajouter que les anciennes
églises d'Italie et d'Espagne sont nonxbreuses à présenter
de belles combinaisons faites avec le resch ovoïdal; aussi
colles du Portugal comme Tadmirable cloître royal do
Belem ; Végliso de Thomar et le splendide monastère de
Bathalha; monuments dont Tarchitecture n'est point infé-
rieure à celle des plus grandioses édifices européens.
Le resch ovoïdal S) apparaît aussi dans Varchitectonique
dos anciens châteaux, à Oulchy dans VAisne, Amboise,
Piorrefonds, Montfort-VAmaury, Châteaudun, Josselin en
Morbihan, Moulin-Lassay en Loir-et-Cher; sur le dais de
la reine Anne (fig. 143) et dans les motifs de décoration des
châteaux de Chambord, do Bonnétable dans la Sarthe.
Le resch ovoïdal fait partie de Varchitectonique des Hôtels
de ville à Compiègne, Dreux, Saint-Quentin, Orléans, Palais
ducal à Nancy; sur les Palais de justice à Rouen et Poitiers;
THôtel-Dieu à Beaune. On le voit aussi en Germanie au
château de Helts dans la salle des étendards (fahnensaal)
et sur le Burghof (château fort) à Nuremberg.
Fig. iGô — Une deb Itoiô accadeA du jubd, à Louvain, Belgique.
En Belgique, ce sigle chrétien décore la Maison des
Francs, celle des Génois, la Bibliothèque et THôtel de ville
à Bruges; la Maison des Bateliers à Gand; la Maison du
Roi à Bruxelles; VHôtel de ville à Louvain.
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- .37-
Les arcatures des jubés sont généralement bordées par le
diresch ovoïdal ou à spires (9 g) ; ce dernier forme les den-
telures du jubé à Limoges reproduit au musée comparatif
duTrocadéro à Paris. Les jubés du Faouet en Morbihan,
de Tancienne abbatiale à Fécamp, de Saint-Pierre à Lou-
vicrs, de Véglise de Brou, près de Bourg, de Téglise de
Louvain en Belgique (fig. 166) portent ou sont bordés par
lo resch ovoïdal.
Fig. 167 — Potche d'une égUôe, à Ulm.
Certains porches, comme celui d'Ulm, présentent aussi le
resch ovoïdal. Dans la figure 167 il accoste les deux nim-
bes G (p. 38) soutenus par un arc épineux qui symbolise
rimmortelle couronne qu'on posa sur la tête du Christ quand
il monta au Golgotha. Exprimée architectoniquement, cette
pensée chrétienne est fort belle.
Tous les sigles cryptographiques dont nous avons parlé
existent encore aujourd'hui dans la décoration intérieure
de Téglise Sainte-Sophie, transformée en Mosquée par les
mahométans de Constantinople.
Au IV^ siècle, Constantin I" avait fait construire dans
cette ville une église dédiée à la Sagesse divine de sainte
Sophie; deux fois incendiée, une nouvelle basilique fut éri-
gée sur remplacement de la première par les soins de Jus-
tinien P^ Comme cet empereur voulut ériger un Temple qui
dépassât en grandeur et en magnificence tous ceux qu on
avait connus jusque-là et pour être certain de la réussite de
son désir, il ne s'adressa ni à Byzance, ni à Rome, ni à
Athènes, mais bien aux sîrands artistes de TAsie Mineure,
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— i38 --
Ce furent, dit Procope qui vivait en ce temps, Anthémius,
architecte à Traites, en Lydie (p. 27) et Isidore, architecte
à Milet, ville située à Tembouchure du Méandre, oti Vart
avait atteint son apogée depuis longtemps; on en peut juger
facilement si Ton examine les diverses parties du Temple
d'Apollon exposées au musée du Louvre, à Paris.
Justinien posa la première pierre de ce qui devait être la
nouvelle église Sainte-Sophie et il assista à la consécration
qui eut lieu, nous l'avons déjà écrit, le 27 décembre 537.
Extérieurement ce monument n'a rien de très remarquable;
mais Tintérieur était couvert de pierreries et d'or. (fig. 168)
Fig. 168 — Intëtieuc actuel de Sainte-Sophie, Conôtantinople, VI* Aic^cle.
Aussi élevée que le dôme des Invalides, la coupole A
repose sur une base qui décrit un cercle de 100 mètres; elle
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— i39 —
est percée de 40 fenêtres dont les travées sont couronnées
par le r^ mi-resch. La demi-coupole qui domine l'ancien
trichevet est sillonnée par douze arcs symbolisant les Apô-
tres ; ses motifs de décoration sont encore ceux qui ont été
appliqués par Anthémius et Isidore au VP siècle.
La grande nef est soutenue par deux étages de piliers
accompagnés d'arcatures r^r\r^ en mi-resch ; elle est accos-
tée de deux bas côtés et de deux galeries au premier étage,
galeries que les Anglais ont été les premiers à désigner par
le nom pompeux de triforium ?
L'intérieur des grandes nefs de nos églises mérovingiennes
ressemble beaucoup à la disposition de la grande nef de
Sainte-Sophie. La partie la plus ancienne de Saint- Germain
des Prés, à Paris, bâtie vers le VHP ou IX* siècle par les
Bénédictins, possède une série de petits piliers posés direc-
tement au-dessus des gros piliers d'assise. L'intérieur de la
nef de l'église de Sèvres bâtie en 675 possède aussi de gros
piliers reliés par des arcatures en (\ diresch et quelques-
unes en r^ mi-resch.
Parmi les cent mille sigles cryptographiques qui, de nos
jours, ornent encore Sainte-Sophie, nous en signalerons
quelques-uns ayant une grande importance pour appuyer
l'étude que nous élaborons. Nous les avons relevés sur une
grande photographie dont une similigravure donne la repro-
duction exacte, (fig. 168)
Les angles de la corbeille des chapiteaux portent un
resch H comme celui qui est sculpté au sommet de l'exté-
rieur du chevet de l'église Saint-Jean, à Poitiers, et sur le
fronton de Tigzirt exposé au Louvre. {f\^. i5, 16, 80)
Chaque motif enfermé dans un des rectangles de la balus-
trade du premier étage dessine un chrismon X étoile croisé
avec un nimbe curviligne à quatre arcs r^ ; ces deux sigles
correspondent aux formules G et H du diagramme, (p. 38)
Chacun des sigles qui composent la balustrade du deu-
xième étage est le motif D de la figure 169 et chacun de ceux
de la balustrade du troisième étage est un <|=» iesmon-resch
enfermé dans un losange. Le sigle qui concourt à former
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• — 140 —
la balustrade placée au-dessus du trichevet est semblable
à celui de la balustrade du premier étage.
Sur la paroi intérieure de la demi-coi^ole dominant le
trichevet, chacun des douze rayons est orné de losanges
alternant avec deux direschs cordiformes accolés tels qu'ils
sont figurés dans le ruban K.
Z'
ù
Ruban K.
C' A ^ A ^ * ^^
ï'^ï'^m
Bandeau M.
Fig. 169 — Un atc de la coupole A.
Au-dessous de la balustrade D court un bandeau M com-
posé d'une triphylle ^ alternant avec deux direschs Ç> cor-
diformes appointés. Quant au motif D, reproduit plus de
cent fois dans le circuit de la balustrade de la coupole,
c'est un X chrismon, aux extrémités triphyllées ^, croisé
avec un losange ; ils sont enfermés dans un n carré éga-
lant chi X selon la formule G du diagramme.
La figure 169 reproduit la partie basse de chaque arc
placé entre deux fenêtres de la coupole A ; chacun de ces
arcs est décoré par quatre sigles + X <> | identiquement
semblables à ceux qui composent la façade du calvaire
rupestre gallo-phrygien dit la Pierre Écrite, (fig. 69)
Dans chacun des arcs sectionnés en A, B, C C, le iesmon-
resch -|- nimbé orne la section A ; le X chrismon et le
losange <> alternants couvrent la section B; la section CC
est ornée par une série de hampes | de reschs juxtaposés
par les extrémités; une hampe | couvre la moitié dextre de
la section CC ; une autre hampe | couvre la moitié senestre ;
celte disposition forme ce qu'en architecture on appelle
maintenant des _n_rn_ méandres.
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— 141 —
Chrétiens sans doute, Anthémius et Isidore ont suivi la
tradition en décorant Vintérieur et la coupole de Sainte-
Sophie avec les sigles imaginés, cinq siècles avant le règne
de Justinien, par les premiers chrétiens d'Asie Mineure;
toute cette ornementation repose sur Vemploi des sigles
cryptographiques symbolisant h<jou; Xpi^iTo; BaciXeou; (Jésus
Christ Roi).
En 1453, quand Mahomet II victorieux s'installa dans
Constantinople, il ne changea rien à la décoration de Sainte-
Soph'ie; il n'en comprenait pas plus le symbolisme que les
chrétiens du XX* siècle, puisque les plus éminents de nos
archéologues affirment que ces symboles sont purement
décoratifs; Mahomet fit enlever Vautel, meubla le rez-de-
chaussée pour les cérémonies mahométanes et fit poser les
grands disques masquant quelques piliers du premier étage,
(fig. 168) Sur ces disques sont écrites des sentences du
Coran et le nom de ôJÔ (Allah) apparaît sur le disque accos-
tant à senestre l'ancien chevet.
Il en résulte cette particularité : lorsqu'ils se prosternent
dans leur Grande Mosquée, les Turcs ont le double hon-
neur de s'incliner devant les noms de Allah et Jésus-Christ.
Lorsqu'il visita l'ancienne ville d'Ancyre, en Galatie,
Charles Texier eut le soin de dessiner tout ce qui restait,
en cette ville, des ruines de la basilique érigée par les
anciens Gallo-Phrygiens ; cette basilique était dédiée à saint
Clément. A-t-elle été bâtie avant ou après Sainte-Sophie,
nul ne peut le dire ; mais le plan de Sainte-Sophie et le plan
que donne Texier pour Véglise d'Ancyre sont identiques. La
nef de Saint-Clément était éclairée par une grande coupole
percée de douce fenêtres couronnées par le r\ mi-resch,
ainsi que les autres fenêtres qui existaient encore en i835.
La disposition des fenêtres de Saint-Clément ( fig. 170)
comprend trois travées séparées par deux légères et élégan-
tes colonnettes en marbre servant de meneaux couronnés
par le r\ mi-resch. Ces deux meneaux | | croisés horizon-
talement par un iesmon dessinent en réalité deux
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— 142 —
iesmons-reschs -| — |- accolés, tels qu'on les voit dans le
fronton du calvaire monogrammifère. (fig. 74)
Si nous remplaçons le long iesmon de la partie haute
des hampes de reschs de la fenêtre de Saint-Clément par
trois r^r\r^ mi-reschs sommés d'un cercle accosté par le
diresch ^^^^O^ (*^^^ qu'ils sont figurés par le pointillé),
nous obtenons de dessin de la fenêtre de Véglise Sainl-
Étienne du Mont, à Paris.
^ — sr
\L
Fenêtte de S.-Sëvetin,
à PatiA.
Fijf. 170— S.-Clëment,
Ancyte, Galatie. V*ouVI*ô.
Fenétte de S.-Étienne
du Mont, à PatiA.
Si nous faisons une opération analogue à Vaide de trois
direschs A lyciens renversés liés aux deux meneaux, nous
obtenons le dessin de la partie basse du fronton de la
fenêtre de l'église Saint-Séverin et de la majorité des
frontons des fenêtres érigées dans le cours des XI 1° au
XVI' siècles en Europe.
Presque toutes les basiliques d'Asie Mineure, comme
celle de Sainte-Sophie, ont été établies sur une épure déter-
minée; c'est une architecture et une décoration rituelles
répondant exactement aux sigles cryptographiques qui
constituent les grandes lignes et la décoration des immenses
calvaires gallo-phrygiens toujours debout depuis le premier
ou le deuxième siècle de notre ère, car ils sont sculptés sur
le roc même de la montagne. Ces mêmes sigles ornementent
les tombeaux chrétiens de Galatie, Phrygie, Lycie dont
nous avons fait l'étude en commençant ce chapitre.
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- 143 —
L architecture des églises d'Europe dérive donc de celle
qui a été inaugurée en Asie Mineure par les devanciers
d'Anthémius et Isidore; elle n'est ni romane, mot inventé
en 1825 par Quicherat; ni gothique flamboyante ou rayon^
nantej mots inventés vers le milieu du XIX'' siècle par de
pseudo-archéologues; c'est une architecture rituelle chré-
tienne.
Le gros œuvre des églises européennes n est que le déve-
loppement de Tarchitecture d'Asie Mineure embellie exté-
rieurement par des modifications du genre de celles que
nous venons d' expliquer à propos de la fenêtre de Saint-
Clément, (fig. 170)
La flore et la faune décoratives des églises d'Europe sont
dans les mêmes conditions ; les feuilles, les fleurs dessinent
le ^ resch, le P «i diresch, le ^ chrismon, le ^ chrismon-
resch, le <gg> ieschrismon ou le ^ ieschrismon-resch.
Ainsi que nous l'avons vu en Asie, figures 60, 81, 85, 86,
89, 90, 100; en Afrique, figures i3i et 142 G; à Rome, figu-
res 91 à 94 et 106, et en France, figures 76 et 98, dans la
faune décorative des monuments chrétiens, l'encolure des
animaux connus ou chimériques, leurs becs, oreilles, pattes
ou jambes, ailes symbolisent, ou l'un quelconque des sigles
cryptographiques, ou le resch ^, le diresch (p^ ovoïdal
droit, couché ou renversé. En un mot, dans la flore et la
faune des chapiteaux, frises, frontons, gargouilles, cherchez
l'un des sigles cryptographiques, vous le trouverez. Les
encolures d'animaux chimériques, dont la bouche ou gueule
sert à r écoulement de l'eau des toits des églises- sont dans
la pose de l'un ou l'autre de ces C ^ reschs ; ainsi sont
posées les encolures du poisson et de Taigle sur le tombeau
phrygien, à Aicani. (fig. 85)
Dans l'église Saint-Germain des Prés, à Paris, si l'on
examine la corbeille du chapiteau qui accoste, à l'intérieur,
la petite porte de sortie donnant sur le boulevard Saint-
Germain, on distingue des serpents enroulés; leurs queues
se croisent en X chrismon; leurs têtes portent deux oreilles
(^ ^ rappelant le resch (^ ovoïdal.
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— 144 —
La plupart des animaux chimériques de la galerie haute
extérieure, à N.-D. de Paris, sont dans le même cas; Vun
d'eux a une tête cornifère et deux oreilles, symbole que
nous avons déjà vu sur le tombeau d'Aizani (fig. 85) et sur
celui de Pinara (fig. i34) couronné par deux oreilles som-
mées de deux cornes. La pierre de la basilique de Tigzirt
(fig. i3i) donne le resch à spire C par la queue d'un lion et
le resch ^ des chapiteaux de Poitiers par Toreille d'un
lapin ou d'un lièvre.
Examinons la plupart des tombeaux exposés dans le
musée du Trocadéro, beaucoup de personnages ont les
pieds appuyés contre le corps de chiens, lions, etc., mais
les oreilles de ces animaux dessinent le diresch (C^ ^ plus
ou moins large, tel qu'il apparaît sur les têtes du Joueur de
resch, du lion, du tigre, du cheval dans la figure 90.
S^DECOLINES
y\^. 1 7 1 — Maïque de Simon de CoUne>. Fig. 1 72 — Matque de G. Solquand
Pau.s, XVI' ^iècle. Pati^, XVI" .siècle.
(,CUchc\> du Cetclc de la I.ibtaitie, à Paii^).
Les imprimeurs du XVP siècle connaissaient bien ce
symbolisme, ainsi qu'en témoignent les marques typogra-
phiques de Simon de Colines et de G. Sotquand. {fi^. 171
et 172)
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— 145 —
Dans la marque de Simon de Colines, VOlipier symbolise
le mont de ce nom à Jérusalem. Des pattes des lapins s'e'-
lance un diresch 9 C fleuri ; la fleur à senestre est une ^
triphylle ; dans la fleur, à dextre, les deux pétales dessi-
nent le 5 Ç diresch. Trois cercles Q éternels, posés en
triangle, dessinent une triphylle ^ symétrique par leurs
croisements et les initiales de V imprimeur, S D C, y sont
posées triangulairement. Selon le terme héraldique, les
supports sont des lapins d'égale grandeur; mais un de leurs
petits montre son oreille (^ différente^ en grandeur, des
oreilles des autres lapins. Les deux grandes oreilles ovoïda-
les, ainsi que la plus petite^ rappellent les trois reschs de la
Trinité. Nous avons dit, pages 18 et 19, que les reschs du
Père et du Fils étaient quelque peu différents du resch qui
figure leur Esprit.
Dans la marque typographique de Sotquand, {fig. 172) la
moulure la plus élevée et le bras du fauteuil où est assis le
clerc dessinent le <5. resch; le chapiteau du pilier donne
le 9 C 'diresch ; la croisée a pour vitrail des ligatures de
XXX chrismons. Le clerc ou théologien qui enseigne Té-
vangile à son élève, tient un faisceau de rameaux terminés
par des épis ouverts et allongés comme le sont les oreilles
des lapins de la marque de Simon de Colines, oreilles qui
sont le principal ornement des trois capuchons que portent
le théologien et ses deux élèves destinés plus tard à l'ensei-
gnement religieux.
Ici nous tombons dans la perplexité, Sotquand a-t-il voulu
persifler le maître clerc, en lui mettant une verge de reschs
dans la main et en plaçant près de lui deux volatiles qui
poussent des couanSj couans approbateurs ?
Des centaines de livres sous les noms les plus divers :
manuels, grammaires, exercices, lexiques de Vart roman^
de Vart gothique sont en réalité des livres d'images; beau-
coup de ces livres concluent à nier le symbolisme religieux,
né de la cryptographie créée au premier temps du christia-
nisme; M. Anthyme Saint-Paul dit même que Vart du moyen
âge est dune fantaisie ignorante et désordonnée.
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— 146 —
M. Maie exécute Tabbé Auber et le père Cahier qui n'a
pu résister à la tentation d'expliquer l'inexplicable, « Irions-
nous, dit M. Maie, chercher le sens de deux lions affron-
tés ? Nous y perdrions notre temps; M. Lenormant Ta prouvé,
ils ont été copiés d'après de vieux modèles persans. Au
temps de saint Bernard les fleurs et les animaux qui ornent
les cloîtres sont des copies d'originaux antiques byzantins,
orientaux, que l'artiste reproduisait sans en comprendre le
sens.
« L'art décoratif du moyen âge a commencé par l'imita-
tion. Ces prétendus symboles ont été souvent sculptés d'après
le dessin d'une étoffe persane ou d'un tapis arabe?
(( Quant à nos sculpteurs du XI P siècle, ils imitèrent les
figures des tapis byzantins apportés en France par les mar-
chands de Venise, sans se douter qu'elles pussent avoir ime
signification quelconque. Pendant les XIIP, XIV% XW siè-
cles, // est impossible de surprendre une seule intention sym-
bolique; les feuilles ou les fleurs sont choisies pour leur
seule beauté.
(( Le plantain y la chélidoine, le cresson enguirlandent N.-D.
de Paris, etc., etc. Le goût de l'observation se retrouve
chez tous les grands sculpteurs du XIIP siècle, ils, sculptent
tout un monde d'oiseaux et d'animaux pour le plaisir de
reproduire la nature, sans autre pensée que de rendre la
cathédrale plus vivante et de la présenter comme un abrégé
du monde ? »
Nous abrégeons beaucoup les dires des néo-archéolo-
gues; quand ils apprendront la signification des lettres de
Talphabet mosaïque, ils arriveront sans doute à expliquer
ce qui est très explicable, mais à la condition qu'ils étudie-
ront d'abord la cryptographie créée dans l'Asie Mineure et
répandue par les Apôtres dans le monde entier de la catho-
licité.
Alors ils rte prendront plus un calvaire chrétien pour le
tombeau de Midas ni le tombeau de Polycarpe pour celui
de Tantale; ils comprendront pourquoi les Gallo-phrygiens
ont décoré leurs monuments avec le iesmon, le chrismon, le
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— 147 —
resch et pourquoi les chrétiens persécutés, quand ils vou-
laient manifester extérieurement leurs pensées, ont adopté
des sigles, des symboles qui ne représentent ni des courbes
liées à des contrecourbes^ ni des équerres ; alors leurs expli-
cations modernes, saupoudrées de barbarismes les plus
étranges, tomberont dans le néant.
L'influence de Tarchitecture, de la flore et de la faune
d Asie Mineure, s'est affirmée de très bonne heure dans
l'Afrique romaine; malheureusement, au V siècle, les Van-
dales ayant pour chef Genseric ont détruit les forteresses,
temples païens, chrétiens et tous les monuments de quelque
importance de l Afrique du Nord.
Au VIP siècle, les Arabes ont imité la tactique des Van-
dales, en sorte qu'il est difficile de constater si les églises
détruites par ces barbares portaient ces belles rosaces
constituées avec les sigles de Jehovah et Jésus-Christ.
Depuis que nous exerçons notre protectorat en Tunisie,
notre gouvernement a pris la détermination, fort avanta-
geuse pour rhistoire de Varchéologie, de faire exécuter des
fouilles sur les emplacements occupés autrefois par Car-
thage, la rivale de Rome, par Utique, Sousse et autres villes ;
ces fouilles ont permis de ramener au jour des fragments
de monuments, puis des mosaïques entières exécutées à
Vaide des sigles de la cryptographie apostolique.
Parmi ces mosaïques, exposées au Louvre dans la salle
des antiquités du nord de l'Afrique, nous avons déjà parlé
de celle de Sousse où le CT^'x) diresch ovoïdal encadre le
Joueur de Resch. (fig. 90) Il y a d'autres rosaces dessinant
le <8g> chrismon-resch et le ieschrismon-resch éternel; la
figure 173 représente ce dernier ^ sigle; c'est une rosace
trouvée à Utique en Tunisie.
Par sa disposition générale, la rosace fleurie d' Utique
signifie Jésus-Christ Dieu éternel. Le resch ^ ovoïdal, sous
la forme d'une fleur, émerge de son calice qui dessine le
diresch ^ ainsi que les feuilles attachées à la hampe. Les
quatre hampes -|- ou rayons, s'élançant d'un losange cen-
tral, dessinent le -^ iesmon-resch : il est croisé avec un X
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— 148 —
chrismon foliacé ; les deux sigles entrecroisés donnent le ^
ieschrismon-rescli, c'est-à-dire les noms Jésus-Christ Dieu.
Fig. 173 — Roôace patlante. Utique, II* ou III* ôiècle.
Ces sigles sont accompagnés par une série de O O quatre
grands direschs fleuris posés en -|- iesmon-resch ; (fig. 49)
la fleur :•.: est celle de la formule des points F du diagramme
(p. 38) et les petites vrilles ^ qui accostent les grands Q O
direschs sont elles-mêmes des reschs et des direschs.
Le cercle Q éternel est chargé huit fois par le mono-
gramme îfC couché » de Jésus-Christ; (p. 41) ces huit sigles
sont posés selon la formule A du diagramme, (p. 38)
Cette rosace est peut-être la plus ancienne des rosaces
ornementées ; sa disposition générale est la base des rosaces
et des motifs architectoniques qui décorent la plupart des
monuments civils et religieux européens du moyen âge exé-
cutés le plus souvent par les membres de divers ordres
religieux tels que ceux de Saint-Benoît, fondé au VP siècle,
Cîteaux, fondé au XP siècle, Cluny, etc. ; ordres qui possé-
daient en Europe plus de 2 5oo monastères dont la construc-
tion, élaborée par des épures mûrement étudiées dans le
silence du cloître, était établie d'après les règles primitives
de Tarchitecture et rornementation rituelles.
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— 149 —
Tous leurs travaux sont anonymes; en cela ils suivirent
encore la tradition des artistes chrétiens vivant au temps
des persécutions. Gomme Vécrit Perret, à propos de ceux
qui ont illustré de leurs œuvres les catacombes de Rome :
« Ils ne se préoccupaient nullement du soin d'établir leur
renommée, il suffisait à leur ambition que Dieu seul connût
leurs noms. »
Après les Croisades, cependant, les prénoms et quelques
noms de maîtres de Vœuvre sont inscrits sur la pierre : Ber-
nard, né à Soissons ; Gaucher, né à Reims ; Robert, né à
Coucy, ont participé à l'édification de la cathédrale de Reims
dans le cours des j5 dernières années du XI IP siècle. Un
maître de l'œuvre civil, Pierre, né à Montèrent (Montreuil
ou Montereau) construisit, dit-on^ sur Tordre de Louis IX,
la Sainte-Chapelle, à Paris. Cet architecte civil sacrifia
quelque peu la configuration des sigles symboliques dans
l'ossature symétrique de cet élégant monument qui aurait
été terminé dans l'espace de trois ans, écrivent les chroni-
queurs. Les travaux du plus grand nombre des cathédrales
commencées du XIP au XIV® siècle ont duré non trois ans,
mais pendant trois cents ans.
Tel est le cas de la cathédrale d'Évreux, commencée
en II25, cinq ans après l'incendie de la primitive cathé-
drale, incendie dû à Henri I" roi d'Angleterre; aussi l'en-
semble du monument est quelque peu disparate; mais, en
ce qui concerne Tarchitectonique générale, les différents
maîtres de l'œuvre qui se sont succédé ont respecté l'épure
primitive.
L'intérieur et l'extérieur de la cathédrale d'Évreux n'est
qu'un immense réseau de reschs ovoïdaux plus ou moins
artistement sculptés. Dans quelques parties intérieures de
Tédifice, ces sigles sont tellement allongés et étroits qu'ils
ressemblent un peu à des boutonnières entr'ouvertes, mais,
du pied du monument au sommet de la flèche, les portes,
fenêtres, balustrades, rosaces, sont couvertes par des combi-
naisons les plus diverses de reschs.
En ce qui concerne les rosaces des églises, on les peut
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— i5o —
•
classer en diverses catégories : i° les rosaces dont le réseau
ondulé est composé uniquement de reschs ovoïdaux; 2"* cel-
les dont le réseau comprend des rayons rectilignes alternant
avec d'autres sigles ondoyants comme dans la rosace d'Uti-
que; (fîg. 178) 3*" celles qui sont combinées avec le diresch
^ ^ mosaïque couronné par le mi-resch r^ ou par le diresch
A lycien. (fig. i36, B et C) Dans la première catégorie
entrent les rosaces similaires de celle de la Sainte-Chapelle,
à Paris, dont le cercle mesure 40 mètres de développement,
(fïg. 174) L'armature de son réseau de nervures comprend
six trireschs presque symétriques juxtaposés circulai-
rement; chacun est marqué par les chiffres i, i, i à 6, 6, 6.
Chaque grand triresch enferme 12 direschs cordiformes plus
6 reschs ovoïdaux très déformés garnissant des emplacements
qui auraient été vides. Au total, cela donne 72 sigles dont
les révolutions confuses nuisent beaucoup à l'esthétique de
Tun des plus grands motifs architectoniques des églises
européennes ; les six trireschs de la rosace de la Sainte-
Chapelle dessinent le ^ sigle Christ Dieu éternel, (fig. 42)
Au point de vue du symbolisme cryptographique dont
nous nous occupons dans cette étude, ce qui nous a le plus
frappé dans Tarchitectonique de la Sainte-Chapelle, c'est
Tincrédule Thomas, représenté par l'une des douce colos-
sales statues logées sous les arcatures du premier étage de
la flèche, (fig. 175)
Fig. 174 — Roôace de la Sainte-Chapelle.
PatiA, XIII- ôiècle.
Fij?. 173 — Saint Thomas,
Sainte-Chapelle, Pati>.
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— i5i —
Comme l'arc épineux du porche d'Ulm rappelle la cou-
ronne d'épines que porta Jésus en montant au calvaire, le
symbole que Thomas touche d'une main rappelle un passage
de r Écriture concernant la grande épopée de la Résurrec-
tion du Christ.
Jésus étant apparu à quelques-uns des Apôtres, ils en
firent part à Thomas qui leur répondit : « Si je ne vois de
mes yeux les plaies de ses mains ; si je ne mets mon doigt
dans la cicatrice qu'ont laissée les clous et la main dans la
blessure de son côté, je ne croirai point. »
A quelques jours de là Jésus apparut de nouveau à ses
disciples, Thomas était présent; son Maître lui dit : « Place
ici ton doigt, voici mes mains ; approche la tienne, pose-la
dans la plaie de mon côté et ne sois pas incrédule, mais
fidèle. »
Au XIII* siècle tout était au symbolisme et celui qui a
représenté Thomas touchant d'une main le corps de son
Maître, c'est-à-dire le 1 Resch que tient aussi Jésus, sous la
forme d'un pic, dans la fresque dite du Fossoyeur, (fig. 120)
en connaissait plus long que maître Pierre qui n est pas
l'auteur de ce symbolisme pas plus qu'il n'est peut-être Tau-
leur de répure de la Sainte-Chapelle dont il a simplement
entrepris la construction. Si, maître de l'œuvre, il avait voulu
mettre un emblème d'architecture dans la main de Thomas,
il savait comment était faite une équerre et il n'aurait pas
toléré la présence du petit appendice latéral T qui apparaît
à l'extrémité de la tête du resch; appendice que placent
ainsi T ceux qui savent écrire l'hébreu.
Depuis sept cents ans que la statue de Thomas reposait
sous son arcade elle était quelque peu détériorée. Quand
Lassus fit la réfection de la Sainte-Chapelle, il constata
avec plaisir que l'un des douze Apôtres avait été architecte,
grâce à V équerre symbolique; il eut alors l'idée lumineuse
de remplacer le faciès de Thomas par le sien et il fit graver,
sur la hampe de Véquerre^ mais en latin, bien entendu,
Jean-Baptiste-Antoine Lassus, architecte.
Là où l'histoire se corsa, c'est lorsqu'un membre de la
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— l52 —
Commission des monuments historiques de France, M. de
Guilhermy, fit la monographie de la Sainte-Chapelle; on lit
en effet à la page 3o, édition de 1895 : « Saint Thomas,
dont Vattribut est une équerre^ en souvenir de X église qu'il a
édifiée pour un roi indien^ a reçu les traits de Lassixs, comme
le constate une inscription. »
Cet honorable auteur aurait bien dû nous renseigner sur
les noms de la contre'e et du roi pour lequel Téglise fut
bâtie par Tapôtre Thomas; peut-être nous T apprendra- t-on
dans une nouvelle édition de la Description de la Sainte-
Chapelle?
Parmi les rosaces composées de reschs ovoïdaux, la plus
merveilleuse décore, derrière les orgues, Téglise de Saint-
Maclou, à Rouen, (fig. 1 76) Par leurs groupements harmonieux,
les reschs, direschs, quatrireschs ovoïdaux dessinent : i" une
rose centrale à six pétales <8g> (Jésus-Christ); 2* une cou-
ronne orbiculaire comprenant six trireschs ^ accolés par
Fig. i7r» — Rosace et vittail de Saint-Maclou, Rouen, XV* Mècle.
les pétales dextre et senestre ; le triresch inférieur ^ des-
sine la triphylle renversée ( Sainte-Trinité ) ; 3** six grandes
ellipses accolées en pied figurent le sigle <gg> Jésus-Christ.
Chacune de ces grandes ellipses dessine intérieurement un
quatriresch ; les deux reschs du centre 8, accolés par les
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— i53 —
pointes, donnent l'Infini; 4** les vides produits autour de
ces compositions sont comblés par six direschs /"ïxs^ affron-
tés dont les hampes extérieures concourent à former le
cercle Q ^^ Téternité. A la base du cadre, les coins sont
garnis par deux trireschs.
Nous ne pensons pas qu'on puisse trouver un groupement
plus harmonieux produit par l'emploi d'un seul signe, plus
ou moins grand, mais répété 60 fois dans toute l'étendue de
cette rosace, (fig. 176)
Dans le vitrail rectangulaire placé au-dessous de la rosace
de Saint-Maclou, les quatre travées rappellent la composi-
tion des travées du dais de la reine Anne. (fig. 148) Les
trois meneaux sont des direschs ^ mosaïques supportant un
triresch cerclé.
En France, les rosaces constituées avec les combinaisons
des reschs ovoïdaux se remarquent sur la façade, ou sur les
deux côtés du transept des églises, à Sentis ; Saint-Jean à
Lyon; Saint-Maurice à Vienne, en Isère; Notre-Dame à
Châlons-sur-Marne; Saint-Etienne à Auxerre; sur les ca-
thédrales à Amiens, Sens, Toulouse; sur Saint-Séverin,
Saint-Laurent à Paris et la chapelle de Vincennes ; Saint-
Vulfran à Abbeville, la cathédrale d'Évreux, etc., etc.
En Angleterre, sur la cathédrale d'Exeter, l'église du
monastère royal de Bathalha en Portugal; celles de Bautis-
tero et San Miguel à Séville, en Espagne, et sur d'autres
édifices d'Italie et de Germanie.
F. 1 77 — Vaulx-de-Cecnay, F. 1 78 — Maceil-Matly, F. 1 79 — Saint-Etienne
Seine-et-O., XIII* Aiècle. Seine-et-OiAe, XIII* 6iècle. du Mont, Patiô, XV- siècle.
^ J.-C. Dieu. (g) Christ Dieu. ^ J.-C. Dieu.
Il existe aussi des rosaces ondoyantes produites par la
juxtaposition de triangles cur\Hlignes, cercles, pétales; ces
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- i54-
sigles sont juxtaposés selon les formules du diagramme,
(p. 38) ou d'après les règles établies dans la figure 49. Nous
plaçons leurs significations cryptographiques au-dessous de
quelques-uns de ces motifs représentés par les figures 177,
178, 179.
Enfermés dans Téternité, les Huit cercles Q ^^ Tabbaye
de Vaubc-de-Cernay sont posés d'après la formule des cer-
cles A et les six cercles Q de Mareil-Marly selon la formule
des cercles C du diagramme, (p. 38) La figure 179 repré-
sente une des nombreuses clés de voûte de l'église Saint-
Étienne du Mont, à Paris ; elle dessine huit pétales entre-
croisés. Les vides produits à leurs bases sont garnis d'une
infinité de ligatures de XX chrismons. Chaque pétale est
chargé de trois points, l'ensemble de ces points dessine le
cercle éternel.
Fig. 180 — RoAace de Roder.
Fig. 181 — Vittail de N.-D. de Pacb.
A côté du genre ondoyant, il existe des rosaces, des
vitraux où le réseau des ner\»ures est composé mi-partie de
sigles ovoïdaux et mi-partie de sigles rayonnants, telle est
la grande rosace sur la façade de Saint-Germain l'Auxerrois,
à Paris, comprenant huit rayons (fig. 55) alternant avec
huit 8 infinis dont le croisement donne le X chrismon.
Se rapprochant de la mosaïque d'Utique, (fig. 201) ce
style mixte se trouve dans la rosace de la cathédrale de
Rodez où les six rayons )]< du chrismon-resch alternent
avec un triresch giratoire identiquement semblable au tri-
resch n"* 2 de la balustrade de Nuremberg; (fig. i65) et avec
un quatriresch composé par deux direschs y/XV juxtaposés
et de grandeur différente.
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— i55 —
Le cadre du vitrail de N,-D. de Paris (fîg. i8o) rappelle le
fronton mixtiligne des tombeaux à Macri et Pinara; (fig. i33
et i34) il enferme : i® un grand cercle noir étemel dont
les six arcs r^ intérieurs dessinent le nimbe D du dia-
gramme (J.-C.)-
2** Les six angles de ce nimbe reposent sur le centre des
six autres arcs r^ d'un second nimbe dont les pointes sont
dans Taxe de chacun des six rayons d'un )]< chrismon-resch ;
ce plus petit nimbe curviligne et le sigle )]< dont on ne voit
que la moitié des rayons signifient tous les deux Christ-
Dieu, selon la formule C du diagramme.
3** Deux triangles curvilignes correspondent, par leurs
pointes intérieures, au triangle rectiligne ^ dont ils sont le
nimbe arqué. Les deux sigles signifient Jehovah, selon la
formule I du diagramme.
4" Le nimbe étoile ^^ point central de la composition ^,
correspond à la formule C du diagramme ; il est entouré par
le triangle /\ de Jehovah et celui-ci est enfermé dans le
nimbe rectiligne hexagonal de la formule C du diagramme.
5" Au-dessus des deux triangles curvilignes apparaissent
deux triangles rectilignes V renversés en signe de deuil ; ils
enferment chacun un -|- iesmon-resch.
6" Trois chrismons X chargent les trois côtés du triangle
^central; des ligatures de XX chis garnissent l'intérieur
des six arcs r\ du plus grand cercle noir.
7** Les formules des points du diagramme sont largement
représentées dans ce vitrail ; on y voit ces /. •> •;:• trois
formules I, H, D du diagramme, (p. 38)
Aucune église, pensons-nous, ne possède un vitrail enfer-
mant autant de sigles symboliques et cette disposition géné-
rale fait le plus grand honneur à celui qui en a été l'auteur.
A peine terminions-nous le chapitre concernant les motifs
architectoniques produits par les divers groupements du
resch ovoïdal qu'un ami bienveillant nous communique,
traitant le même sujet, un livre paru très récemment intitulé
Manuel d'archéologie^ par M. Enlart, de l'École des Chartes
et de l'École française à Rome; nous le constatons avec
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— i56 —
enthousiasme, dans les serres chaudes de ces Écoles il y
pousse parfois un excellent géomètre; nous lisons dans
le tome I, page 587 de ce manuel :
Le 6tyle flamboyant con^bte à celiec de6 coutbeà concaves à deà coutbe6
convexeô et à ne jamab le6 ôépacec l'une de Vautre; toute coutbe appelle une
contcecoutbe ; de là un mouvement gënécal d*ondulation et de complication6.
Grâce à cette démonstration aussi brève que géométrale,
les amateurs d'archéologie chrétienne seront peut-être enfin
fixés sur le symbolisme du Gothique flamboyant ?
A côté des monuments décorés par le resch ^ ovoïdal, il
en existe d'autres où apparaît un resch mosaïque ayant la
boucle un peu arquée ^ ; la partie haute concourt à former
la portion d'un cercle, d'un triangle curviligne, d'un diresch
cordiforme ; la partie basse de la boucle concourt à former
un des côtés curvilignes du diresch A renversé des monu-
ments de Lycie, appliqué au sommet des meneaux des fenê-
tres comme à celles qui sont les plus élevées dans les
murailles de la nef de N.-D. de Paris, première partie, de
ce bel édifice, élevée par l'évêque Maurice de Sully dans la
seconde moitié du XIT siècle.
Une autre école décida de faire de l'architec tonique symé-
trique en employant un peu de toutes les formules symbo-
liques; les figures 182 et i83 représentent ce style élancé
que les spécialistes appellent Gothique lancéolé?
Fig. 182 — LancéoW.
Fig. i83 — Lancëolë.
Les boucles du resch mosaïque ^ figurent toujours en chef
des meneaux, mais les hampes | s'élèvent plus haut pour
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- i57-
adhérer à une seconde boucle J et J décrivant trois arcs qui
concourent à former les côtés d'autres formules : cercles,
triangles curvilignes, direschs lyciens, resch régulier A;
direschs réguliers et irréguliers comme on les peut remar-
quer en chef du fronton de la figure 182.
A B c
Fig. 184 — Acchitectonique ôymëkique.
En France, les premières applications de Varchitecto-
nique symétrique eurent lieu à la cathédrale de Saint-Denis,
l'église de Noyon, N.-D. de Paris et plus tard à d'autres
églises comme à la Sainte-Chapelle consacrée en i258.
Dans ce système il fallut sacrifier la structure traditionnelle
de certains sigles cryptographiques et, en premier lieu, les
boucles du diresch (p S) ovoïdal et du diresch ^ ^ mosaïque»
C'est ce que Ton remarque dans les motifs d'ornementation
de la figure 184 sur les fenêtres A, B, C. Tel est aussi le
grand triangle à côtés convexes de la fenêtre A et les trois
losanges du fronton de la fenêtre B, losanges composés par
quatre courbes convexes sans que leur présence appelle la
moindre contrecourbe concave prévue par M. Enlart. Tels
sont aussi les deux reschs 1 : géométralement réguliers de
la fenêtre C.
Mais on a toujours respecté les nimbes parce qu'ils sont
eux-mêmes symétriques, tels que les nimbes à quatre arcs
de la fenêtre C et le nimbe à six arcs qui les domine;
celui-ci représente le ^ ieschrismon comme le nimbe à
six arcs du sceau de Gilles, archevêque de Cambrai en 1280.
(fig. i85)
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— i58 —
Dans le sceau de Gilles, les six pointes intérieures cor-
respondent aux extrémités des six rayons du -X- ieschrismon
ou Jésus-Christ dont la tête apparaît au centre du nimbe.
Des folioles cryptographiques tiennent lieu de barbe et de
cheveux à la tête du Christ accompagnée par le fruit de la
Vigne, Jésus ayant dit qu'il était la Vraie Vigne.
I
Fig. i83 — Sceau de Gilles, XIll- .siècle.
Dans le langage héraldique et en archéologie, on appelle
trilobé le nimbe <^ du sigle V de Jehovah; quatrilobe le
nimbe O du X chrismon; quintilobe le nimbe û de ce >|C
ieschrismon, et ainsi de suite. Les plus timides échappent
souvent à ces vocables en dénommant polylobe tout nimbe
composé de plusieurs arcs concaves ou convexes.
Étant donné que la construction de chaque grande cathé-
drale dura pendant plusieurs siècles ; que de nombreux
architectes se sont succédé pour son parachèvement ; il est
très rare de rencontrer un monument homogène de style
dans toutes ses parties. Mais si les motifs architectoniques
sont combinés de différentes manières, la valeur cryptogra-
phique de chacun est toujours la même.
Symétrique ou non, Tarchitectonique des arts majeurs fut
employée dans les arts mineurs; les artisans s'en emparè-
rent pour l'architecture décorative de Thabitation, pour
l'ornementation du mobilier et de toutes sortes d'objets.
La ferronnerie des grilles de chœurs, des balustrades, bal-
cons, ferrements de portes du moyen âge présente de nom-
breuses combinaisons faites à l'aide des reschs ovoïdaux et
ceux à spirales; ces derniers apparaissent par centaines sur
chacun des trois portails à la façade de N.-D. de Paris.
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l i^- 1H7
Fi[{. i8y
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— i6o —
En ce qui concerne les objets du mobilier, les fauteuils,
bureaux, buffets, chaises, crémaillères, pelles, cuillères,
fourchettes, ciseaux, mouchettes, etc., etc., portent des
reschs ovoïdaux et à spirale ainsi que le diresch <^ cor-
diforme. On en peut juger en examinant le porte-lumière
du XIV*' siècle, le gril en fer du XV^ siècle, le soufflet du
XVP siècle et la clé du XV' siècle des figures i86, 187,
188 et 189.
Les clichés de ces objets sont extraits du Panorama,
journal illustré publié par l éditeur Ludovic Baschet, à
Paris, et du Catalogue officiel illustré qu'il a fait paraître à
l'occasion de l'Exposition rétrospective en 1900. Par la
photographie, cet éditeur a reproduit une immense quantité
d'objets de toute nature datant de l'origine de l'art français
jusqu'à Tannée 1800. Celui qui possède les numéros 21 à 3o
du Panorama et le Catalogue illustré de l'Exposition rétro-
spective a en réalité sous les yeux tous les trésors de l'art
ancien, véritable musée de l'antique tenant une bien petite
place dans une bibliothèque.
Fig. 190 — Branche présentant quaire reschs (p ovoï-
daux. Grands chiens à oreilles (^ ovoïdales et à queues
nouées en chrismon 8 Infini. Petits chiens à queues en
resch ei b à spirale.
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Vi)^nette de la Fondctie Beaudoite.
L'ARCHITECTONIQ.UE RAYONNANTE
RITUELLE
Des architectes conventuels employèrent également de
charmants motifs architectoniques en se basant sur Temploi
des sigles rectilignes monogrammatiques grecs des noms de
Jésus-Christ, tels qu'ils apparaissent dans la rosace conven-
tionnelle de la frise de la Retraite des Apôtres, à Jérusalem
(fig. 191) et dans la rosace fleurie d'U tique, (fig. 1 78) Ces sigles
sont : le -f- iesmon-resch ; le ^ ieschrismon; ces >fC ^
chrismons-reschs et le ^ ieschrismon-resch dont les rayons
sont accompagnés ou non par les boucles ► < du diresch
mosaïque ; et reliés ou non, à leurs extrémités, par le r^ mi-
resch et par le A diresch B. (fig. i36)
191 — Roôace du Cénacle,
Jétuôalem, I" ôiècle.
Fig. 192 — B, lomon-teAch J— , baptlôtcie
ptdA PhocL^e en Lydie, I" Ai<>cle.
Nous pensons que la plus ancienne rosace à laquelle les
Apôtres ont donné un sens mystique est celle qui a été
sculptée sur la frise du Cénacle exposée au Louvre, salle
judaïque, (fig. 191)
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— l62 —
Par ses huit rayons ^ la rosace du Cénacle correspond à
notre formule A du diagramme; (p. 38) au ieschrismon-
resch -^ dont les vers latins de saint Ambroise ont donné
TexpUcation; (fig. 46) au ieschrismon-resch •;•> sculpté sur
le chevet de Saint-Jean, à Poitiers; (fig. 48) au sigle ^ de
la pierre tumulaire romaine, (fig. 47) accompagné des abré-
viations IX-0Y-2 ne laissant aucun doute sur la signifi-
cation du — iesmon, du X chrismon et du | resch sans
boucle; c'est Jésus-Christ Dieu, mais plutôt, comme Técrit
saint Ambroise, Jésus-Christ Roi, car le *] resch, faisant
partie de Tun ou Vautre de ces ^ ^ sigles, signifie Chef
ou Tête en hébreu. En somme Jésus-Christ est le Roi Divin
des chrétiens.
Le -f- iesmon-resch encadré par un rectangle □ qu'on
voit en B, sur la figure 192, est aussi une des premières
figures symboliques sculptées sur la façade d'un baptistère
rupestre, nous en avons fait la description à la page 42.
+
4-
Fig. uj3 Fig. 194 Fig. 195
Pytinu.^ à Jaffa, l'cmbe à Smyrnc, S. -Cet main deb Pte.s,
m* MùcXc. Cimct. chteticn, IIP siècle. à PatiA, IX" siècle.
Le iesmon-resch étoile (fig. 193) apparaît sur Vune des
petites faces du sarcophage où l'inscription dit que Pyrinus
dort. (p. 1 10) Le iesmon-resch -f- est figuré par ce sigle :|r;:
que dessinent les murailles intérieures d'un columbarium
chrétien; (fig. 194) il mesure 45 mètres de circonférence;
Ch. Texier en a dressé le plan en i835.
On retrouve le sigle dessiné par les murailles intérieures
du columbarium de la figure 194, dans la rosace mérovin-
gienne de l'église de Saint-Germain des Prés, à Paris, cons-
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— i63 —
truite vers le IX* siècle par les Bénédictins, (fig. igS) Là,
ce sont quatre lames en fer plat scellées dans la maçon-
nerie du Cercle éternel qu'on voit du boulevard S. -Germain.
F. 196 — Ro6ace d'Utique, F.
lll« .siècle.
197 — Louvecienneà,
XIII- 6iècle.
F. 198— N.-D. dePatb,
XIII- ôiécle.
Exposée dans la salle des antiquités du nord de l'Afri-
que, au Louvre, la rosace 196 représente le dessin d'une
mosaïque trouvée dans les ruines de l'ancienne ville d'Uti-
que, en Tunisie; ses quatre -f- branches triphyllées don-
nent le iesmon-resch -f- croisé avec un carré triphyllé à
côtés )hI concaves ; le carré étant égal au X chrismon,
les rayons de cette rosace signifient Jésus-Christ Dieu.
La rosace >fc de l'église de Louveciennes, près Saint-
Germain-en-Laye, représente un X chrismon entrecroisé
avec un *] resch; aussi les rayons >fC de la rosace 198; mais
chacun des rayons de celle-ci est terminé en y diresch; les
spires de chaque diresch sont accolées aux spires des
direschs voisins. Les deux tours de la façade, à N.-D. de
Paris, portent chacune la rosace de la figure 198.
^
t:: J'l'S?'ê-Yok l
Fig. 199 — Sigle tumulaitc,
Rome, II- ou III- sii^cle.
Z*^ *\^<'*^^
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r-d# ^^. ''i^
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LL\ .^^^
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1^^,^
J^
Fig. 200 — RoAace m*itovingiennc,
Sèvte^, VIb ôi<>cle.
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— 104 —
Accompagné des lettres I-X-Q-V-C, le sigle tumulaire de
la figure 199 devient nominatif par les trois premières let-
tres grecques I-X-e signifiant IHïOVi: XPIÏTOS eEOV, c'est-
à-dire Jésus-Christ Dieu.
Représentant exactement les huit rayons du sigle de cette
pierre tumulaire romaine, les ^ huit rayons de la rosace
mérovingienne de Sèvres sont aussi des lames en fer plat
scellées dans la maçonnerie qui dessine un cercle éternel
rudimentaire très précieux pour Vhistoire de Varchéologie.
En 190Ï, nous avons eu l'heureuse idée d'en prendre le
dessin, car la façade de cette église paraissait avoir besoin
d'une véritable réfection, opération qui eut lieu, en effet, au
cours de Vannée 1902. Peu archéologue, l'architecte fit
recouvrir Tantique cercle en pierres par une couche de
plâtre et, en avant de Vancienne rosace, il en plaça une
toute neuve masquée elle-même aux trois quarts par l'élé-
vation du nouveau porche de Ventrée de cette très intéres-
sante église, où apparaissent encore des ligatures trian-
gulaires VVVV ; {dents de scie pour "les architectes).
^
Fig. 201
Ro.sace dUtique, III' siècle.
Tombe de S. Polycatpe,
à Smytne, II« siècle.
Fig. 202
Roôace de S.-Eu^tache, à PaciA.
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— i65 —
Abstraction faite des ornements ondoyants expliqués
page 148, le motif principal de la rosace d'LJtique (fig. 201)
est un ieschrismon-resch ^ composé d'un iesmon-resch
-j- rayonnant et fleuri croisé avec un X chrismon ^ foliacé.
On retrouve les deux motifs de cette rosace d'Utique
accentués différemment dans la rosace de Téglise Saint-
Kus tache, à Paris, (fig. 202) où le -f- iesmon-resch est com-
posé de rayons très larges entrelacés avec les rayons beau-
coup plus étroits du X chrismon. Les parties hautes de ces
huit grands rayons ^ alternent avec huit hampes | de reschs
inscrites entre les deux cercles concentriques. Moins la
tombe rectangulaire, la rosace de Saint-Eustache dessine
très exactement la formule des murs du columbarium de
S. Polycarpe, à Smyrne, tombeau que les archéologues ont
désigné comme étant celui de Tantale^ roi de Lydie ?
Quand ils parcourent TAsie Mineure, les archéologues
modernes sont tout entiers aux dieux de VOlympe, aux rois
plus ou moins légendaires comme Midas et Tantale. S'ils
veulent cependant se baser sur les récits de la mythologie,
elle leur apprend que Tantale n a pu être enseveli dans un
tombeau puisqu'à la suite du festin qu'il offrit aux dieux,
auxquels il fit manger le corps de son fils, le nommé Jupi-
ter le précipita dans le Tartare en le condamnant à être
éternellement en proie à une soif et à une faim inextin-
guibles; mais les archéologues ne peuvent penser à tout!
A côté des rosaces à quatre -f- X? cinq % %^ six % -X-,
huit ^ branches rayonnantes correspondantes à Tun des
sigles grecs de Jésus-Christ Dieu, il en existe de beaucoup
plus grandes comprenant dix, douze, seize, vingt, vingt-
quatre rayons; celles-là sont composées par Ventrelacement
de deux, trois, quatre sigles pris parmi ceux (}ui ont cinq
X X. six % ^, huit ^ rayons.
Telles sont les rosaces de la cathédrale de Bourges
(fig. 2o3) et de la cathédrale de Rouen, (fig. 204) ainsi que
les rosaces qui décorent d'autres églises.
Le petit cercle central de la rosace du portail méridional
de Bourges, porte la devise np:c plvribvs i-p-R-1706. Nous -
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— i66 —
reproduisons géométralement les douze rayons étoiles de
cette rose pour faciliter la démonstration de sa composition
^ croisé avec ^
^ croisé avec •)<■
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Fig. 2o3 — Rosace de Boucge^, 1 706.
Fig. 204 — Rosace de Rouen, XIII* ôiècle.
basée sur les 6 rayons >fc A entrecroisés avec les 6 rayons
■>f I. Les rayons en A dessinent le % chrismon-resch et les
rayons en I le -^ ieschrismon. Le sigle % A signifie Christ
Dieu et le sigle -^f I Jésus-Christ.
% croisé avec -X-
% croisé avec -^f
Fig. 2o5 — RoAace de Saint-Deni.s.
Façade ptincipal^ XII* 6iècle.
Fig. 206 — RoAace de N.-D. de Paciô.
Façade pcincipale, XIII* ôiècle.
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— 167 —
Il en est de même pour les composition et signification de
la rosace de la cathédrale de Rouen ; (fig. 204) le dessin des
rayons est différent de celui de Bourges, (fig. 2o3) mais
la pose est la même. Les 6 rayons >fc de Rouen, dont la base
touche le petit cercle central, donnent le ^ chrismon-
resch ; les 6 autres rayons ■^, dont la base touche la paroi
du grand cercle Q éternel, donnent le -^ ieschrismon.
Bien différentes d'aspect, les rosaces de Saint-Denis et
N.-D. de Paris ont une signification analogue à celles de
Bourges et Rouen. V
La rosace de Saint-Denis, ayant douze pétales, (fi^. 2o5)
reproduit la rosace à douze pétales sculptée au I" siècle sur
la frise du Cénacle des Apôtres, à Jérusalem, d'après le
moulage exposé au Louvre, salle judaïque. Transformés en
cadran au XIIP siècle, les douze pétales de la rosace
{fig. 2o5) sont constitués par des hampes de reschs mosaï-
ques à boucles ^ adossées couronnées par le r\ mi-resch,
selon la formule C de la figure i36.
Les pétales des X, XII, II, IV, VI, VIII heures dessinent
le :^ chrismon-resch ; les pétales des XI, I, III, V, VII,
IX heures dessinent le ^ ieschrismon.
Tout en paraissant plus compliquée, la grande rosace
placée sur la façade, à N.-D. de Paris, (fig. 206) est sur le
plan de celle de Saint-Denis. Elle comprend trois cercles
concentriques ; du plus petit s'élancent douze grands rayons
terminés en y diresch; les pointes des demi-spires sont
liées à un r>k mi-resch; en sorte que deux grands rayons
dessinent en réalité un pétale ayant à son extrémité six arcs.
Six grands pétales, dessinant le ^ chrismon-resch, sont entre-
croisés avec les six grands pétales du -X- ieschrismon.
Entre les deux plus grands cercles concentriques, douze
petites hampes | de resch sans boucle alternent avec les
douze plus grands rayons y des direschs.
La rosace 207 est placée dans le fronton du portail cen-
tral de la cathédrale de Reims, on y distingue très facile-
ment les huit rayons du ^ ieschrismon-resch alternant avec
les huit rayons un peu plus courts ^ de ce même sigle, cette
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— i68 —
formule double rayonnante signifie deux fois J.-C. Dieu.
La figure 208 est la reproduction de Tune des cinq gran-
des rosaces sculptées sur la face principale d'un beau sar-
cophage trouvé dans le tombeau des rois à Jérusalem. C'est
■^ croisé avec lui-même
^ croisé avec la 4^ triphylle
Fig. 207 — Rosace de la cathddtale de Reim.s, XIII" Aiècle. Fig. 2n8 — Ro6ace de Jdtuôalem, Xlb Mècle.
le duc de Lorraine, Godefroy de Bouillon, qui inaugura la
série des rois chrétiens qui régnèrent en cette ville depuis
Tan 1098. Est-ce le sarcophage de ce roi ou de Tun de ses
successeurs ? Quoi qu'il en soit, ce beau monument a été
gracieusement offert à la France en 1866 par Izcet-Pacha;
deux ou trois autres sarcophages, de même provenance,
sont exposés au Louvre dans la salle judaïque.
Les grandes rosaces symboliques rayonnantes qu'on voit
sur les cathédrales, à partir du XII^ siècle, sont similaires à
Tune quelconque des cinq rosaces sculptées sur le sarco-
phage de Jérusalem où se trom'e la rosace 208 et à celles qui
sont sculptées sur la frise du Cénacle des Apôtres. Il est bien
évident que ces motifs ont servi de modèle pour exécuter la
plupart des rosaces des monuments chrétiens qui ont été
érigés en Europe après le retour de la première croisade.
Et comme les anciennes et nombreuses portes de la Ville
sainte des chrétiens étaient couronnées par Togive, de même
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- i69 -
que le portail du tombeau de la Vierge; (fig. i38) les tom-
beaux lyciens ; aussi les anciennes baies de la majorité des
arcades intérieures entre les piliers de Téglise mérovin-
gienne de Sèvres ; au XIP siècle, les moines revenus d'Asie
Mineure n'ont pas eu de grands e|]brts à faire pour appli-
quer le diresch, ou ogive, aux baies des nouveaux monu-
ments qu'ils allaient bientôt construire et de^corer à l'aide
de l'architectonique ondoyante ou rayonnante selon le goût
de chacun. Aujourd'hui c'est bien différent, on ne sait plus
construire une rosace symbolique ; celle de Téglise Saint-
Augustin, à Paris, est une véritable roue de bicyclette, il n'y
manque absolument que la pédale. Philibert de l'Orme a été
le réel précurseur de cette décadence, dès le XVP' siècle !
Pour revenir à la rosace du sarcophage, figure 208, on y
voit huit triphylles ^ d'un primitif dessin alternant avec
huit rayons lancéolés, tels qu'on les a appliqués^ au XI IP ou
XIV*' siècle, dans la rosace de la façade à Saint-Germain-
l'Auxerrois; (fig. 209) ces rayons dessinent le ^ ieschris-
mon-resch.
Fijf. 2oy — Motif cayonnant de la to.sace
de S.-Getmain-rAuxetroÎA, à Paci.s.
%
Fig. 210
La feuille de Uetce.
Fig. 211 — Tourelle à Baccacach
(Allemagne), portant le6 (^ X CJ-
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— lyo —
Que d'encre ont dépensé les archéologues pour expliquer
la présence de la feuille de lierre dans les inscriptions, dans
Tornementation des sarcophages, dans la décoration des
églises ! Le lierre, qu'on trouvait partout et en toute saison,
dont la feuille était tenue ou portée par les premiers chré-
tiens en signe de ralliement, a été choisi dans la flore parce
que les nervures et le pétiole de la feuille dessinent le >fc
chrismon-resch. (flg. 210) Les architectes conventuels compre-
naient si bien ce symbolisme qu'ils ont enguirlandé beau-
coup d'églises avec des rameaux garnis de feuilles de lierre ;
la frise extérieure de la sacristie ou du chapitre de N.-D.
de Paris et beaucoup d'autres bas-reliefs rue du Cloître-^
Notre-Dame sont décorés par de nombreuses feuilles de
ce végétal aux nervures rayonnantes symboliques.
Nous avons dit qu'on avait appliqué l'architectonique
rayonnante à l'habitation; c'est en effet ce que l'on peut
remarquer sur de vieilles maisons de notre beau pays de
France : à Rouen, rue Eau-de-Robec ; sur la ferme de
Valouine, en Seine-Inférieure; sur le manoir Ango et son
colombier, à Varangeville-sur-Mer (Seine-Inférieure), et en
d'autres contrées françaises.
Mais npus avons trouvé en Allemagne, à Baccarach,
(fig. 211) une construction fort originale où les poutres sont
assemblées en (g) chrismon éternel ; en X chrismons, en
chrismon arqué formé par la juxtaposition de quatre reschs
\^J à demi-spire; plusieurs demi-spires sont accolées à des
arcs-boutants arqués. Le plan octogonal de cette tourelle
rituelle se rapporte au nimbe B du diagramme, (p. 38)
Nous comprenons, dans l'architectonique rayonnante, ces
belles nervures saillantes qui sillonnent les voûtes des nefs,
voûtes qu'en architecture on appelle intrados. Outre que
ces nerv^ures constituent d'excellents appuis pour supporter
les voûtes, chaque groupe dessine l'un des monogrammes
grecs de Jésus-Christ. En les appliquant à cette place, les
architectes conventuels ont pensé que les chrétiens en prière
seraient heureux de voir les noms de leur Souverain Roi
lorsqu'ils lèveraient les yeux vers le ciel son royaume.
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— lyi —
Les rhéteurs pourront-ils nier ce fait en voyant les :
X chrismon, •><■ ieschrismon, ^ ieschrismon-resch peints
en or^ sur environ un mètre de longueur, au point cl inter-
section des longues nervures croisées sur les voûtes ? Et si
Ton a peint ces sigles en or, c'est parce que cette couleur
était exclusivement destinée aux seigneurs féodaux et aux
rois pour décorer le champ de leurs blasons. Si on employait
Tor dans le champ de Vécu du maître, on pouvait bien
aussi employer la plus riche des couleurs pour décorer les
rayons des sigles du Divin Maître !
La plus ancienne église que nous connaissions où appa-
raissent les belles et solides nervures arquées dont la jonc-
tion centrale porte le X monogramme de XpidTo; est celle de
Sèvres, en Seine-et-Oise, bâtie en 67 5. Quand Tarchitecte
en a fait la réfection, en 1902, il ignorait la signification de
ces nervures qui courent sur les voûtes de la nef et des bas
côtés de cette modeste église, mais il a eu Vheureuse idée
de respecter la tradition et Ton a repeint le chrismon X à
la place qu'il occupait depuis tant de siècles. La figure 212
représente la série des nerv^ures de Tintrados de la nef cen-
trale de cette église ou quatre — iesmons non peints alter-
nant avec quatre X chrismons peints en or autour du cer-
cle O éternel de chaque clé de voûte.
Le chrismon X peint sur les voûtes de Sèvres n'est pas
le seul exemple; à N.-D. de Paris, (fig. 21 3) des grandes
orgues jusqu'au chevet, c'est le -^ ieschrismon qui est
peint au point d'intersection de chaque groupe de six ^
grandes nervures ; le cercle Q éternel qui forme la clé de
voûte, au milieu du transept A A, est entouré par quatre
grandes nervures ; au point de leur croisement apparaît
un X chrismon d'or assez long entre les rayons duquel sont
peints en or les quatre plus petits rayons d'un -f- iesmon-
resch. De cette façon, l'entrelacement des deux sigles X
et -f-, donne le ^ ieschrismon-resch signifiant Jésus-Christ
Dieu, puis, éternel, par le cercle Q central.
Les voûtes des quatre bas côtés à N.-D. de Paris por-
tent toutes le — iesmon et le X chrismon; les voûtes des
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— <7-^ —
chapelles latérales sont ornées par le X chrismon, mais ces
sigles ne sont pas peints, à leur intersection, comme ils le
sont sur toutes les voûtes à Véglise de Sèvres.
Fig. 2 1 2 — Voûte de la gtande nef,
Sc'vteA, VI !• 6iècle.
Fig. 2 1 3 — Voûte de la grande nef,
N.-n. de Patb, XÎII* M^cle.
La décoration des grandes nervures sillonnant la voûte
de la nef principale à Saint-Germain-VAuxerrois ressemble
à celle de Sèvres. Chaque clé de voûte est un grand disque
portant l'image d'un Saint. Des parois extérieures du dis-
que s'élance un grand X chrismon peint en or, sur environ
un mètre de longueur, au point d'intersection des branches.
Il en est de même à Saint-Étienne du Mont, à Paris. Près
des grandes orgues de cette église, les nervures de la voûte
dessinent un ^ ieschrismon-resch étoile; à leur intersec-
tion, les huit rayons sont peints en or; le X chrismon peint
a environ deux mètres de longueur et le -f- iesmon-resch
un mètre. Toutes les autres nervures, croisées en X chris-
mon, sillonnant la voûte depuis le narthex jusqu'au chevet,
sont revêtues d'un X chrismon d'or à l'exception de l'im-
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■73
mense et admirable ^ ieschrismon-resch qui apparaît
autour de la clé de voûte située en avant du jubé; ce motif
architectonique possède une grappe chargée de fort belles
sculptures et les quatre évangélistes accompagnent le sigle :
Jean en Aigle; Luc en Bœuf; Marc en Lion; Mathieu en
Ange; cette partie décorative de la voûte est, avec le jubé
aixx mille X chrismons en tresses, les morceaux architec-
toniques les plus beaux de Saint-Étienne du Mont.
Comme on le voit dans la baie centrale du chevet orienté
à Test de Saint-Étienne, à Caen, et dans quelques autres
églises, le réseau des nervures qui garnit cette baie dessine
le monogramme grec de Jésus-Christ Dieu; ces noms appa-
raissent toujours dans les rosaces des côtés nord, sud,
ouest de toutes les églises, rosaces que nous avons entendu
qualifier œils-de-bœuf ? dans ses conférences publiques sur
Tart gothique, par le professeur spécial de la Sorbonne.
Evidemment ces œils-de-^bœuf concourent à répandre la
lumière dans V intérieur de la maison du Seigneur, mais les
architectes conventuels voulaient que le nom de leur Sou-
verain Roi fût placé extérieurement aux quatre points car-
dinaux pour que les chrétiens puissent le voir de très loin,
comme, assemblés dans le temple, ils pouvaient, de très
près, le voir rayonner sur les voûtes de ce même temple.
(flg. 212 et 2l3)
Au XVP siècle, cet usage était tellement connu que les
corporations des religieux et des artisans ne se sont pas
donné la peine de le faire connaître. On persista dans ce
mutisme, bien qu'après l'invention de la topographie on
pouvait sans peine décrire la cryptographie; aussi en iSôy,
Philibert de l'Orme, conseillier et aumosnier ordinaire du
Roy Charles IX, n'en parla pas dans son Traité d'architec-
ture publié chez Frédéric Morel, imprimeur du Roy. Mais
Xaumosnier y raille finement les architectes civils qui
veulent s'occuper de la construction des édifices sans
connaître les éléments primordiaux qui étaient la base des
motifs architectoniques dans les édifices civils et religieux
et il a dessiné et expliqué les portraits du bon et du
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Flg. 214 — Le bon Acchitccte, pac Philibect de l'Ocme, XVI* ôiècle.
(Cliché deô Œuvres de F. Morel, pac J. Dumoulin, impeimeut à Padô, 1 9^g(^ by
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— 175 —
mauvais architectes. Selon Philibert de TOrme, voici ce
que possède le bon architecte. {^\^. 214)
« Il a trois yeux: le premier sert à admirerDieu; le second
à mesurer le temps ; le troisième à prévoir. Les quatre
oreilles signifient quHl faut beaucoup écouter et peu parler.
Les quatre mains font comprendre qu'il est appelé à
accomplir de grands travaixx. Le papier qu'il tient signifie
qu'il doit instruire les autres. Le jeune homme placé en
face de lui représente la jeunesse dont le devoir est de
rechercher la compagnie des vieillards afin de se former. »
Le bon architecte porte le costume du vrai théologien;
quelques plis de sa robe dessinent des (, reschs renversés;
une de ses pantoufles est ornée d'un C resch, l'autre de C C
deux reschs. Au loin, le portique est sommé par un 9 C
diresch foliacé rappelant celui qui domine la Pierre
Ecrite, (fig. 69) Les cornes d'abondance figurent le resch;
celle qui est placée près du théologien présente une triphylle
renversée ^"^ sommée par la pomme de pin hiératique aux
chrismons XXX rayonnants comme ceux des pommes
de pin du calvaire gallo-phrygien; des ex-voto de Tigzirt
(fig. 75 et 1 12) et celle qui domine le clocher de Saint-Front,
à Périgueux, église bâtie au X"* siècle.
Au V siècle, les plantes herbacées gravées sur la coupe
du sacrifice d'Abraham (fig. 112) sont arquées en resch,
diresch, triresch ; les plantes herbacées dessinées par Phi-
libert de l'Orme, au XVP siècle, dans la gravure du bon
architecte, sont des reschs, direschs, trireschs arqués.
Là où les branches de Tarbre ont été coupées apparaît le
resch S) ovoïdal. La Vraie Vigne^ qui enlace l'arbre de la
Science, possède quelques véritables vrilles, mais la plus
grande partie des autres vrilles sont des reschs P et direschs
à spirale.
Sur le premier plan, le tympan du fronton /\ triangulaire
du presbytère est décoré par le cercle Q éternel accosté
par un 5) (^ diresch. Deux cornes d'abondance accompa-
gnent le fronton, elles sont composées de direschs "^ folia-
cés comme ceux de la rosace d'U tique, (fig. 201) Des
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- .76 -
Irireschs /t\ à deux côtés arqués forment les lames de recou-
vrement de la toiture du presbytère. En algèbre, on nomme
Équivalence chacun des sigles ^ < qui représentaient
conventionnellement autrefois les Trois Personnes divines.
Au second plan, la frise de la basilique est décorée
par une ligature ^^i^§^s^^^s^ de reschs du dessin de ceux
qu'on voit sur la mosaïque de Tigzirt; (fig. 122) de ceux du
cadre de la mosaïque, figure i23; de ceux qui dessinent une
des clés de voûte à Saint-Etienne du Mont. (fig. 126)
Le resch sv^ de la frise, le resch s de la Vigne, le triresch A
du toit ornent la tiare de Saïtapharnès. Après avoir construit
une église pour un roi indien^ l'incrédule Thomas [avec son
équerre) aurait-il participé à décorer la tiare du roi des
Scythes ? Pour cela il convient de démontrer que Saïtapharnès
a régné bien longtemps après la naissance du Messie.
Nous ne présentons pas la gravure du mauvais architecte;
nous nous contentons de reproduire ce que pense lui-même
Philibert de VOrme de ses confrères civils auxquels, dit-il,
les princes et les grands seigneurs commençaient à confier
le soin d'élever des monuments :
(( Véritablement, ceux-là (les architectes civils) ressem-
blent à V homme que je vous présente cy-après. Il est habillé
ainsi qu'un sage; (l'architecte conventuel) toutefois il est
eschauffé et hasté comme s'il courait avec peine et s'il trou-
vait sur son chemin quelques testes de bœuf seiches; des
pierres qui le font chopper; des buissons qui déchirent sa
robbe. Ledit homme n'a point de mains pour montrer qu'il ne
sait rien faire de bon. Il n'a aucuns yeux en la teste pour voir
et connaître la bonne construction des monuments; n'y oreil-
les pour ouïr et entendre les sages ; n'y aussi gueres de ne{
pour avoir le sentiment des choses bien faites; tout cela
signifie qu'il est gros et lourd d'esprit. Bref, il a seulement
une bouche pour bien bailler et médire, puis un bonnet et
les habits d'un sage, pour faire croire qu'il est un grand
docteur et qu'on puisse penser qu'il est fort capable. »
A cette époque, les architectes civils érigeaient déjà,
comme de nos jours, des bâtiments et non des églises; mais
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— 177 —
il est bien entendu que Philibert de TOrme, connaissant la
cryptographie, ignorait Vexistence des mots Gothique et
Roman dont on n'avait encore jamais entendu parler en iSôy.
Mais les néo-archéologues sont mieux documentés, car
en lisant le chapitre consacré à l'activité artistique^ t. III,
fascicule 8 de V Histoire de France par un collaborateur de
M. Lavisse, on y lit :
Le Atyle dit gothique ebi né d'une ttan^ formation du style roman de Vile de
France? leô ptovinceà 6'en étant empatde^, il existe pat ce fait : le gothique Bout-
guigf\on, le gothique Angevin, le gothique Anglo-Notmand, etc.; mai6 Iga attiôte^
de rile-de-Ftance ont templacë le6 motifA aichilectonique^ ttaditionneb pat la
natute vivante, animaux et végétaux. Il.s ne copiètent plu^ comme aultefoi.s le.s
planter de marécage; ib appUquétent Aut le.s égU6e6 le persil, la chicorée, le chou
frisé et \eb végétaux crispés, tourmentés, déchiquetés, pui.s la vigne, le liette, le
chatdon, le to^iet.
Ainsi cet auteur ignore que la Vigne couxTe la plupart des
fresques et des tombeaux des catacombes de Rome, aussi
le lierre ou hedera des premiers chrétiens ; que la feuille
du rosier rappelle le resch ovoïdal ; que le chardon bénit
faisait partie des symboles de la jlore mystique, car on le
voit à Paris sur bien des parties de la façade à Téglise
S.-Merry; il décore aussi le chapiteau d'une église de Rouen
Fig. 2i5 — Le chatdon bénit ou de Notte-Dame.
et Tartiste qui a sculpté ce chardon bénit a donné la preuve
d'un grand talent et d'une rare conception symbolique. Le
• resch ovoïdal ^ orne les angles du chapiteau ; trois nimbes
.O du X chrismon apparaissent au milieu de la corbeille
et les pointes des feuilles du chardon bénit dessinent deux
âC âC chrismons foliacés du plus bel effet, (fig. 21 5)
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- ,78 -
Dans VArt religieux au XIIP siècle^ M. Maie déclare
que le plantain, la chélidoine, le cresson enguirlandent
N.-D. de Paris; dans X Histoire de France par M. Lavisse,
un de ses collaborateurs écrit à son tour qu on a appliqué
sur les églises le persil, la chicorée, le chou frisé; la pré-
sence de ces légumes n existe en réalité que dans Timagi-
nation de ces écrivains fantaisistes.
La flore symbolique la plus complète orne les motifs des
fresques catacombales de Rome peintes aux IP, IIP, IV^\
V siècles, mais chaque feuille ou chaque fleur dessine Tun
des sigles grecs de Christos, chaque ornement particulier
dessine le resch.
Il en est de même pour la flore et les ornements qui ont
été sculptés au commencement du VP siècle sur les chapi-
teaux de Sainte-Sophie, la figure i68 permet de distinguer
les reschs C placés aux angles des chapiteaux.
Dans la faune, un ou deux membres d'animaux naturels
ou chimériques désignent le resch ^ arqué, le resch P à
spirale ou le resch ^ ovoïdal. Cette faune n'a point été
apportée de Perse, d'Assyrie, d'Egypte i)ar les anciens
Barbares Francs^ et elle ne constitue pas Tart que M. Knlart
appelle roman.
Nous avons vu la faune sur les primitifs tombeaux d'Asie
Mineure, sur les pierres de la basilique de Tigzirt, sur les
monuments des catacombes de Rome; elle pénétra en
France en même temps que le christianisme; son langage
secret permettait aux chrétiens gallo-romains de reconnaître
un monument élevé à la gloire d'un' martyr ou d'un frère.
Après la paix de l'Église, au IV^ siècle, la tradition se per-
pétua en s'élargissant considérablement à l'époque des
premières croisades jusqu'à la fin du XVr* siècle; au
XVIP on néglige déjà le symbolisme, au XVIIP on ne le
comprend plus, depuis cent cinquante ans les archéolgues
de l'Europe cherchent vainement à en connaître le sens et
la portée sans y parvenir.
Il existe une foule d'autres motifs rayonnants sur les
églises; l'un des plus grands décore, au-dessus d'une belle
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— 179 —
rosace également rayonnante, le pignon de la cathédrale de
Beauvais. C'est un immense /\ triangle dont le réseau est
formé par une infinité de X chrismons; la fenêtre rectan-
gulaire est très joliment ornementée. La composition typo-
graphique de la figure 216 donne une idée approximative
du pignon de Beauvais.
X^'
^■■%
XX
\' )< V V \ • / ^ (
Fig. 216 — Pignon de Beauvab. Fig. 217 — Lit du Patalytique.
Vignette:) de la Fondetie Beaudoite.
La figure 217 représente le lit qu emporte, sur ses épau-
les, le paralytique guéri selon le récit de TÉcriture. Cette
scène est répétée bien des fois dans les fresques des cata-
combes de Rome; on la remarque aux planches 7 et 61,
vol. II, Del' Arte christiana^ par Garucci, 1873; les croisil-
lons du lit sont des chrismons rayonnants. Dans la plan-
che 14, du même ouvrage, une chambre funéraire souter-
raine du cimetière Sainte-Cécile, à Rome, a ses trois côtés
garnis de treillages formant des ligatures XXX de chris-
mons. Au fond, sur la tombe, apparaît le 00 chrismon Infini;
cette tombe est accostée par un P S diresch foliacé.
Dans la planche 11, la robe de sainte Cécile est couverte»
du haut en bas de rangées de âC âC BC BC chrismons foliacés.
Dans les planches 33, 54, 82, les tresses des paniers dessi-
nent des XX XX chrismons rayonnants, aussi les grands
arcs des tombeaux des planches 102 et 104 du même v. II.
Fig. 218
Cimetièce S.-Janviet,
à Napleô.
1^ O*^ O' O 'Qi o
00 ^ o o
1& 00 o © ^
o © © © ©
-■MS- O ^,© • © ■ ©
Fig. 219
Cimetiète S.-Janviet,
à Napleô.
Fig. 220
Enfant-Jë6uô, Rome,
\\V Aidcle.
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— i8() —
Les figures 218 et 219 représentent une faible partie de
ces arcs. L'Enfant-Jésus dans la crèche est une reproduc-
tion d'une fresque de Rome; (pi. 84, Garucci) sa tête est
nimbée par le iesmon-resch éternel; trois XXX chris-
mons rayonnants maintiennent les langes, (fig. 220)
irSCKltA
Fig. 221 — Chatleô le Chauve, toi de Ftance, IX* ôiècle.
^Cliché de l'cditeiit Rouverte, à Pati.s).
Ce symbolisme fut employé couramment en France par
les copistes (fig. 40) et les enlumineurs. Dans une miniature
d'un manuscrit du IX" siècle, (fig. 221) sur la jambe de
Charles le Chauve, le cothurne dessine dix chrismons ;
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— i8i —
le parement du manteau est décoré par les sigles n O o du
diagramme, (p. 38) Sous le manteau, les broderies du cos-
tume donnent les noms Jésus-Christ Dieu de deux manières
différentes : i"* un 4> iesmon-resch inscrit dans le nimbe O
du X chrismon; 2" un ^ chrismon inscrit dans le nimbe ^
du -f- iesmon-resch.
La couronne royale est sommée par trois 4^ triphylles
semées des ••• points de Jehovah, le champ du cercle de la
couronne est semé de losanges alternant avec le cercle
elliptique.
Si du IX^ siècle nous arrivons d'un bond au XII% nous
voyons les parements du manteau de Louis IX portant des
chrismons rayonnants juxtaposés formant des losanges v
au champ chargé par le triresch. (fig. 222) Le roi est
assis sur un fauteuil composé de deux animaux adossés
dont les têtes et les pattes dessinent un :: chrismon. La
main et le sceptre portent un s p diresch sommé d'un tri-
resch. Une ^ triphylle sert d'agrafe au manteau et ce même
symbole orne la couronne royale, les boucles des cheveux
dessinent le «i b diresch.
Les attributs royaux étaient civselés de chrismons rayon-
nants; si Von examine le sceptre de Charles V et la poignée
de Vépée que portaient les rois de France le jour du Sacre,
depuis le XIP siècle, attributs exposés dans une vitrine de
la galerie d'Apollon, au Louvre, on remarque, sur la poi-
gnée du sceptre (fig. 223) des chrismons X alternants avec
le triresch ♦; la poignée de Tépée est entièrement ciselée
de chrismons rayonnants, (fig. 224)
Les grands seigneurs féodaux, ducs, comtes, chevaliers
du moyen âge, imitaient les rois. Le casque, le bouclier, la
housse du cheval d'Amauri de Craon sont sillonnés de
chrismons rayonnants; (fig. 225) aussi le pourpoint de Phi-
lippe le Bon dont la poitrine et le bouclier sont constellés
de trireschs ♦; son casque est dominé par un triresch.
(fig. 226) Quant à Raoul de Fougères, (fig. 227) son casque
et sa tunique sont formés de chrismons rayonnants; aussi
les rênes du cheval du sceau de Charles-Quint, (fig. 228) le
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♦ t #
f ♦
*♦♦♦♦
♦♦♦♦♦
♦ ♦ t
♦ * ♦
♦♦♦♦♦
1^ ♦ ♦
Fig. 222 Fig. 223
Loui.s IX, coi de Ftance, Sceplce de Châtier V,
XII* .sic de. XIV- Mode.
Fig. 224
Poignée de X'épée du Sacte,
XII* 6idde.
Fig. 22 5
Amauti de Ccaon, dëncfchal d'Anjou,
XIIÏ* Aiùde.
Fig. 226
Philippe le Bon, duc de Bourgogne,
XV« ^iOcle.
l'ig. 227
Raoul de l'ougèce.s,
XI l" Mode.
Fig. 228 Fig. 229
Sceau de Chatle.N-Quint, Hetv<*, évoque de Ttoye.s,
XV^- Aiéde. XIII- ôiôcle.
CUch«?.s du CostumCy d'aptO> leà Sceaux, pat G. Demay.
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— i83 —
panache du cheval est en triresch, tradition conservée jus-
qu'à nos jours ; les trois plumes arquées sommant la tête
des chevaux attelés aux grands chars funéraires sont posées
en triresch. Dans la figure 229, les parements de la chasu-
ble de Tévêque sont chargés de chrismons rayonnants et le
bas de son vêtement porte un sigle, le ieschrismon, composé
du M chrismon foliacé et du - iesmon horizontal de la for-
mule L des points, (p. 38)
Il est facile de le comprendre, les manuscrits, les tom-
beaux, les objets du mobilier et du costume portant les
signes cryptographiques, les architectes conventuels les
reproduisirent sur les monuments importants. Dès le IV** siè-
cle, le gallo-romain Hilaire, évêque de Poitiers, les appli-
que sur le temple Saint-Jean, à Poitiers, (fig. 68, 78, 79) Au
VIP siècle, un architecte mérovingien sculpta des sigles sur
les murailles extérieures de Téglise de Sèvres et fit rayon-
ner le — iesmon et le X chrismon sur les voûtes, (fig. 212)
Au X" siècle, le poinçon du clocher de Saint-Front, à Péri-
gueux, reproduit la pomme de pin hiératique dessinant
des X chrismons et, vers la même époque carolingienne,
certaine partie de Saint-Julien, au Mans, porte d'autres
sigles cryptographiques de même genre.
Après les Croisades, Tarchitectonique prit un développe-
ment considérable en Europe; alors que les chrétiens par-
laient tant de langues différentes, ils en avaient une com-
mune, écrite sur la pierre, la langue de la cryptographie
que tout le monde comprenait à première vue ; sur les
églises, chaque pierre sculptée forme une des pages illus-
trées de la Bible du chrétien.
En poétisant par des icônes les divinités de TOlympe ; en
leur élevant des temples dignes d'elles, les Orientaux ont
créé VArt grec. Nous ignorons si les motifs architectoniques
employés par les Mahométans sont symboliques, mais les
superbes mosquées érigées en Thonneur de leur Providence
constituent VArt moresque. Il paraît alors bien évident qu on
doit appeler Art chrétien celui qui est né peu de temps après
la mort du Christ, puisqu'il est réglé sur la conformation
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— ï84 —
des sigles rituels conventionnels qui forment la Crypto-
graphie apostolique. Chacun de ces arts s'est développé sous
rin|luence d'une religion et, dans les temples, les croyants
des diverses religions y viennent chercher des consolations
par la prière pour atténuer leurs afflictions.
En France, en 1 165, quand on entreprit la construction de
Notre-Dame, Vévêque Maurice de Sully surveilla les motifs
architectoniques des premières constructions; vers 122 5 ce
fut le tour de Tévêque Suger, aussi le lierre encadre les
bas-reliefs visibles encore rue du Cloître-Notre-Dame et il
court sur la frise de la salle du chapitre donnant sur le
quai. Des milliers de reschs à spirale sont appliqués sur
les ventaux des trois portails de la façade. A droite, les
stylobates du portail sont couverts de trireschs •iji' ; les stylo-
bates du portail central sont chargés de chrismons rayon-
nants accompagnés de nombreux trireschs. {fig. 229) Le
sommet des pieds droits des 5o ou 60 grandes fenêtres
du rez-de-chaussée donnant sur le quai et la rue du Cloître
est couvert par des chrismons fleuris ^. (fig. 23o)
\*X*
Fig. 229 — Slylobate à N.-D. de Pacb. Fig. 2:^0 — Fenêtte à N.-D. de PatiA.
Quand Louis IX ordonna la construction de la Sainte-
Chapelle, à Paris, la grande rosace fut établie par la juxta-
position de reschs ovoïdaux presque réguliers; Vossature
symétrique appartient au style de transition ; mais les motifs
architectoniques, la flore et la faune ont été exécutés
d'après la cryptographie. Sous le porche, les stylobates du
portail de la crypte sont décorés comme le stylobate de
N.-D. de Paris; (fig. 229) par une délicate attention pour
Blanche de Castille, mère de Louis IX, le champ des chris-
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— i85 —
mons rayonnants fut chargé des tours de Castille ^ alter-
nantes avec le •iji' triresch. Dans la faune du dallage de la
chapelle haute, les oreilles des renards, lévriers, sangliers,
lions, dessinent le resch Ç;^ ovoïdal; les queues des lions
adossés se croisent en X chrismon et se terminent en ^ /^
diresch à spires. Une couronne d'épine forme le nid où sont
placés des œufs que flairent les renards et le serpent ondu-
lant a son encolure posée en ^ resch, comme celle du ser-
pent gravé dans la marque de Néobar. (fig. 98)
Les sigles de Jésus-Christ sont figurés dans les onze
disques éternels étincelants que tiennent les Apôtres ; Pierre
tient dans une main le -f- iesmon-resch, signe du pouvoir
temporel que lui avait transmis Jésus Roi ou Resch.
Quant à la décoration générale intérieure de la Sainte-
Chapelle, nous supposons que, lors de la réfection, on a
peint à nouveau les milliers de trireschs d'or [vulgo fleurs
de lis) semés un peu partout sur les murailles et les voûtes.
Le triresch -i^ n'était pas V attribut spécial des rois de
France comme les héraldistes l'enseignent ; mais bien de la
Sainte-Trinité, emblème employé par les peuples chrétiens.
ABC D
Fig. 23 1 — La Ttinitt? et la tciphylle; poinçons d'aciet gtav*?:^ au XVI" siècle.
Fondede Beaudoice, à PatiA.
Dans le motif A apparaissent des trireschs blancs ; on
voit dans le motif B deux triphylles et un quintiresch. Dans
le motif C est inscrit un triresch ♦ formé de hachures;
sa bordure est un triresch formé par des ^ triphylles. Le
motif D est d'une composition analogue, mais le — iesmon,
apposé horizontalement sur les trois reschs, est chargé par
un ^ chrismon blanc, le — iesmon et le X chrismon
sont les monogrammes de Iy)(7ou; Xpi^Toç.
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— i86
Les artistes des grandes écoles de peinture, aux XIV%
XV** et XVP siècles, ont souvent employé le triresch d'or
pour la décoration des vêtements de personnages histori-
ques. Le peintre italien SignorelU en a constellé la chasu-
ble de Tévêque de Lucques; Piero di Lorenzo a couvert de
trireschs ♦ d'or la chasuble d'un autre prélat; ces tableaux
sont exposés au Louvre.
Désignés sous le nom dCorantes^ de nombreux person-
nages peints dans les fresques des catacombes romaines,
sont posés dans le geste de l'invocation; (fig. 282) nous pen-
sons que ce geste a eu pour but de remplacer le sigle 4- an
iesmon-resch ; les bras étendus figurent le — iesmon, le
corps de la personne figure le ] resch. Ce qui nous amène
à cette supposition ce sont les diverses scènes où Ton voit
les trois Hébreux dans la fournaise ; leurs bras forment une
ligne horizontale presque régulière.
Fig. 2^2 — Le -3- ie^mon-teAch cotporel.
Nous retrouvons le -^ iesmon-resch présenté d'une
manière charmante dans les trois groupes de vierges et
d'amours peints dans la chambre funéraire de Sainte-Cécile,
Fig. 2 33
Le 00» ie.smon, le ^ te.sch.
Rome, H" .siOcle.
Fig. 234 — Le -3— ie.smon-te^ch,
le X chti.smon, le r\ mi-te.^ch,
le ^ ie.^chtiAmor^-te^ch,
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- i87-
à Rome. L'un des sujets est reproduit par la figure 233.
Posées d'une manière anormale de chaque côté du cou de
la jeune fille, les ailes de papillon horizontales rappellent
le — iesmon; les deux petits cercles o placés sur chaque
aile sont dans une position conforme à la formule J des
cercles désignant le resch. (diagramme, p. 38) Ce dessin est
extrait du t. II, pi. 20, Del' Arte christiana, édition de 1873,
par Garucci ; la description faite par ce révérend père nous
apprend que cette jeune fille représente Psyché? {\i^. 233)
Le même symbole décore la petite face d'un sarcophage
trouvé à Sidon, il est exposé au Louvre, (fig. 234) Si T Amour
aimait beaucoup la belle Psyché, les archéologues du
Louvre Tadorent, car ils ont apposé cette inscription sur ce
monument : Sarcophage trouvé à Sidon portant Psyché?
répétition de Vappréciation de Garucci.
Pour que les chrétiens puissent comprendre à première
vue qu il s'agissait de rappeler Jésus Dieu, l'artiste sacrifia
la vérité du dessin à la réalisation du symbolisme en posant
une aile en avant et une aile en arrière du cou de V image
de la Douleur vue de profil. Elle est assise sous un portail
couronné par un r\ mi-resch orné d'un rameau ondulant
accompagné de triphylles ; ce /^ mi-resch rappelle celui du
portail du tombeau phrygien d'Ayazim. (fig. 81) Les mots
Jésus-Christ sont exprimés par les deux sigles ^ ^ et le
grand X chrismon qu'ils croisent horizontalement; nous
avons vu ce symbole brodé au bas de la chasuble de
Tévêque de Troyes (fig. 229).
__,.- — —
^^i^L^*<J''>^^
i^*^^%*^
X^>
^^^X
x^
^^i^ipr'^"^ ^^
Fig. 235 — Satcophage de Sidon, La Vraie Vigne, le ^ ie.schti.smon-te.sch,
\es XX t'l^ti-*>iTic>n> tayonnanb.
La plus grande face de ce sarcophage de Sidon (fig. 235)
porte le symbole de la Vraie Vigne (Tartiste l'aurait-il
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— i88 —
emprunté à la tiare de Saïtapharnès ? ) La composition de
la Vigne ondulante accompagnée de s reschs à spirale
du bandeau supérieur rappelle la parabole du Christ par-
tageant le pain et versant le vin à ses disciples : « mange^j
ceci est mon corps; buvei^ ceci est mon sang! » Des oiseaux
mangent et boivent en effet ce que produit la Vraie Vigne,
Fig. 236 — Satcophage Itouvt^ .noua le chœut, à Saint-ScK'etin.
Patb, \'W Ait^cle, mu.s^e Je Cluny.
Cette tombe, dit le n" 3io du catalogue de Cluny, « est
•couverte d'ornements gravés, parmi lesquels se retrouve la
roue symbolique? »
Au point de vue archéologique, cette description de la
figure 236 n'est pas trop compromettante. En réalité, la roue
symbolique gravée sur une petite face de ce sarcophage est
ce sigle ^ ; seulement le tailleur de pierre qui a exécuté ce
symbole dont il ne comprenait pas plus la signification
que maître Pierre, de Montereau, ne comprenait la signi-
fication de Véquerre de l'apôtre Thomas, a mis un rayon de
plus qu'il n'en fallait; grâce à cette faute, la composition
de la roue est boiteuse, elle a neuf rayons au lieu de huit ^.
La grande face du sarcophage de saint Séverin (ou d'un
autre saint) est un exemple particulier de l'emploi du ^
chrismon-resch rayonnant sur le soubassement de la tombe,
et du n\ mi-resch couronnant le haut de la hampe verti-
cale I du resch.
Sur la face opposée à celle dont nous donnons le dessin,
les cinq r\ mi-reschs, accolés à la large bande horizontale
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— i89 —
qui s'étend sur toute la longueur du sarcophage, dessinent
cette figure ^^. Le champ de la petite face, côté des pieds,
est chargé par huit rangs de \^\.-^ . -^ direschs étages ver-
ticalement. Chaque rang rappelle celui qui charge le champ
du o mi-resch sur le portail phrygien d'Ayazim. (fig. 8i)
nccelftr^eji dalmait.ixa^-a- en a, H^ ooy. na ^-^. OYC -Tta^
ttuammTibrv ntdcd
Flg. 237 — Chtbmon^ layonnant.s, U'5ch6 C^ ovoidaux et à ^picaleà.
ManuActit du XI- Ak^cle, clichi? Ed. Rouveyte.
L'initiale de Beatus vir, la lettrine B, est entourée symé-
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IC)0 —
triquement par un semis d'une centaine de chrismons aux
extrémités triphyllées. Chaque panse du B porte au centre
un -X- ieschrismon formé par la rencontre de deux longs
reschs ovoïdaux affrontés entrelacés avec un (g) chrismon
éternel particulier. Dessinés en tresses^ en haut et en bas du
jambage vertical, des chrismons ligaturés sont du plus bel
effet ; chacun se termine en resch (q> à spirale. Ce sont les
corps de deux longs serpents entrelacés qui forment l'en-
semble du dessin de cette superbe lettrine. Comme les ser-
pents qui composent le chapiteau de Saint-Germain des
Prés, à Paris, ceux de la lettre B portent des oreilles en
resch <£) ovoïdal.
Le tympan du siège où est assis le joueur de harpe est
composé de chrismons XXX rayonnants. Le chrismon en
damier :: est représenté par deux têtes d'animaux et une
patte, plus un pied du musicien. Les trois côtés de la
I^^^M
^^B^^ , .<-' , .jSx^^H^HSl^^flHHSv
W
siGmnmm
fîRRBÎER# 1
Fig. 238 — Matque de Jehan Batbiet,
accompagnée pat ttoiô/ieômon^-teàch.s.
Imptimeut à Patiô, 1604
(Clichë du Cet de de la Libtaitie).
Fig. 239 — Sceau de Hugue.s,
Doyen du Chapitte de Pëtonne,
XII- ôiècle.
Le Costume^ pat G. Demay.
harpe-serpent sont en reschs arqués. Les deux âmes T de
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— IÇ)I —
la harpe ressemblent aux reschs î découpés aussi dans le
métal de la châsse du XIIP siècle, (fig. 43)
En bas s. ieronimvs; la finale us est représentée par un
petit » resch; on lit s. ieronim». La pointe dextre de son
siège ^ ; les plis ondulants du bas de sa robe dessinent un
resch à spire et des reschs ovoïdaux. Le dessin si compli-
(jué de cette lettrine B, est formé par très peu de sigles
cryptographiques ; les chrismons rayonnants y dominent.
Barbier était un des lettrés qui connaissaient la crypto-
graphie, (fig. 238) Sur des rubans tressés en XXX chrismons
aux extrémités ondoyantes, il posa sa devise tout par hon-
NEVR (sous-entendu, à Dieu). Deux chiens supportent Vécus-
son chargé des initiales J B alternant avec trois iesmons-
reschs / formés par un / resch croisé avec le — iesmon.
Tous les côtés de Técusson dessinent des OC reschs; les
queues des chiens forment deux reschs (C) ovoïdaux. Des
reschs arqués dessinent les branches d'un arbre de fantai-
sie; le tronc est couvert d'écaillés mal gravées; elles ont
pour but la représentation de chrismons rayonnants, comme
ceux de la pomme de pin ^ hiératique et ceux qui dessi-
nent les plumes du corps de V Aigle (fig. 239) qui symbolise
saint Jean Tévangéliste.
Fijjf. 240 — Amulette de Ttalle^, A.>ie Mineute (Louvte).
Histoire de l'Art, Lib. Hachette.
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— 192 —
En Asie Mineure, on avait pris Thabitude de porter des
amulettes chrétiennes. La figure 245 reproduit un bijou en
or trouvé dans une tombe à Traites, en Lydie, (p. 27) En ce
qui concerne les sigles, on distingue le @ ieschrismon éter-
nel et le ^ chrismon-resch foliacés ; deux X chrismons
juxtaposés verticalement indiquent le nom du divin Per-
sonnage, coiffé à Torientale, sur la tunique duquel ils sont
ciselés ; à dextre et à senestre, deux ligatures de direschs V
filigranes accompagnés de triangles ^ V pointillés ; deux
autres direschs T arqués accostent des têtes de bestiaires.
Les béliers cornifères désignent Jésus; les bœufs cornifères
désignent Tévangéliste Luc; les griffons ou éperviers ou
aigles couronnés désignent Tévangéliste Jean. (p. 24) Le
tube cylindrique horizontal permettait de suspendre cette
amulette à l'aide d'une chaîne ou d'un cordon de soie.
Fijjf. 241. Amulette de Ttalle^ (Louvte).
Histoire de l'Art, Lib. Hachette.
Fig. 242. Dei6in 6ut une Aandale.
Antinoe (Egypte), Ill« ou IV ôiècle.
L'amulette d'or (fig. 241) a été trouvée dans la même
tombe que l'amulette de la figure 240; au-dessus du tube
cylindrique horizontal, le cercle éternel central est décoré
par quatre triangles V posés en <• iesmon-resch. Au-des-
sous du tube le champ d'un autre cercle porte un ^ ies-
mon-resch foliacé éternel accompagné par quatre V trian-
gles posés en : : chrismon-damier et par deux têtes humaines
qui doivent rappeler de saintes martyres.
En écrivant que les amulettes de Traites portent tous ces
sigles chrétiens, nous commettons peut-être une erreur, car
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— 193 —
un très aimable membre de Vlnstitut nous les a montrées en
nous annonçant que leur origine pouvait bien remonter à
sept ou huit siècles avant Jésus-Christ.
Et M. le Directeur de l'École Normale supérieure partage
Tavis de son collègue de Tlnstitut quand il écrit dans VArt^
au chapitre de la Lydie : « Si les bijoux admirables trouvés
dans la tombe lydienne n'ont point été apportés d'Egypte ou
de Phénicie, ils ont dû être façonnés au temps de Gygès ? »
Quand ils expliquent les symboles de l'antiquité, les
archéologues ont toujours recours à la mythologie; c'est
l'anneau magique qui leur permet de rendre la vérité
invisible.
Les chrétiens d'Afrique avaient aussi l'habitude de porter
des amulettes décorées par des sigles hiératiques ; dans un
document écrit par saint Clément d'Alexandrie, qui vivait
au commencement du IIP siècle, il recommande aux chré-
tiens de placer sur toutes choses le nom de Dieu parce
qu'il est un heureux présage. Dans les Actes des martyrs^
dom Ruinart raconte quelques-unes des visions des saintes
Félicité et Perpétue qui vivaient en Afrique à Vépoque des
persécutions.
Dans l'une de ces visions, le diacre Pomponius (un mar-
tyr sans doute) apparut à Perpétue, il était revêtu d'une
robe couverte d'amulettes ou callicules : « habens multipli-
ées calliculas. » Dans une autre vision, c'est le président
des jeux du cirque qui apparut à la sainte; il portait une
robe ornée par deux bandes de pouipre et beaucoup de
callicules de différentes formes, en or et en argent : « calli-
culas multiformes ex auro et argento. »
En 1902, tous ceux qui ont visité les vêtements, objets,
momies retirés des tombeaux de la ville d'Antinoé, détruite
au V*" siècle, ont remarqué la momie de la belle Leu-
kyoné, près de laquelle était une de ses sandales exposée
actuellement au musée de Cluny. Le cuir du col de cette
sandale est gaufré par le symbole que représente la
figure 242 ; symbole composé par le D carré ; le <> losange ;
le O cercle ; le <=§=> iesmon-resch fleuri ; quatre ^ triphylles
i3
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— 194 —
posées en : : chrismon. En dehors du ffi quatriresch dont
nous avons parlé à la page io6, nous avons remarqué de
très nombreux sigles tissés dans les étoffes de beaucoup de
vêtements; les figures 248 et 244 représentent deux de ces
sigles. Dans chacun apparaît un -|- iesmon-resch croisé
avec un X chrismon.
Fig. 243 — Antinoë. Fig. 244 — Antinot^
Sur les recommandations de leurs premiers pasteurs, les
chrétiens de Rome firent comme ceux d'Asie et d'Afrique,
car les vêtements des personnages peints dans les fresques
catacombales sont chargés de nombreuses callicules ou
amulettes constituées par les groupements les plus divers
de sigles cryptographiques.
Grâce à cette habitude, les chrétiens se reconnaissaient
mutuellement lorsque leurs affaires personnelles les obli-
geaient à voyager dans les contrées éloignées de leurs
demeures.
Les Gallo-romains chrétiens obéirent à la tradition dès
que le christianisme pénétra dans la Narbonnaise; dans
toutes les contrées de la France moderne les tombeaux
qu'on a découverts ont permis de ramener au jour quan-
tité d'objets portant des signes de christianisme; beaucoup
sont reproduits en lithographie polychrome sur les feuilles
qui sont exposées dans des vitrines placées dans la salle
d'entrée au musée rétrospectif du costume militaire, aux
Invalides.
Au rez-de-chaussée, dans les grandes salles des armures,
les sigles ondoyants et rayonnants sont presque les seuls
qui décorent casques, cuirasses, masses d'arme, hallebar-
des, épées, boucliers.
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Fig. 243 — Anne de Clèved, pat Holbein, Louvre.
(Cliché Des Arts; Manzi et Joyant, à Patb).
Des casques sont ajourés par ces sigles + ^ ; la housse
en fer, qui protège le coips du cheval que monte Tempe-
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— 196 —
reur Maximilien d'Allemagne, est chargée par une douzaine
de chrismons dont les plus grands peuvent avoir vingt-cinq
à trente centimètres de hauteur. Non loin de là, à gauche,
est placée la cuirasse de Maximilien II; sur la dextre est
ciselé un Crucifix; à senestre, Vempereur est représenté à
genoux, casque à terre, hallebarde sous Vépaule, les mains
jointes; il adresse au Seigneur cette exclamation gravée en
chef de la cuirasse : « Got allein die ehr » (à Dieu seul
rhonneur).
En bas, sur le devant de la cuirasse d'un des ducs de
Bourgogne, sont sculptés deux X chrismons épineux; ne
comprenant pas ce symbole, Vauteur du Catalogue officiel
annonce au lecteur que ces signes représentent « les bâtons
de Bourgogne ? »
Si les grands seigneurs et les rois portaient sur leurs
armures les noms de Jésus-Christ, les reines les portaient
sur leurs vêtements et leurs bijoux. Anne de Clèves, Xune
des cinq femmes d'Henri VIII, a les parements de sa robe
garnis de chrismons rayonnants; celui du col est orné par
des ^ chrismons-reschs et des ^ ieschrismons-reschs
(Xeuris. Un -|- iesmon-resch triphyllé est suspendu par une
chaîne à un (^ chrismon-resch éternel; d'autres sigles
apparaissent dans la coiffe de la reine, (fig. 245)
Pour établir la broche de la figure 246, un artiste fran-
çais du XIIP siècle n'a employé que des
sigles cryptographiques. La partie haute
dessine un grand diresch u) cordiforme
enfermant un triresch ovoïdal symétrique
croisé par des chrismons 00 infinis ; des
<§^ iesmons-reschs, des D carrés, trois
reschs ovoïdaux sont suspendus au mi-
lieu de quatre autres pendentifs compo-
sés de cercles éternels auxquels sont
agrafés des diamants dont la configura-
tion rappelle le resch ovoïdal.
En ce qui concerne les objets de Vha-
l'ig. 246. ^ ^
Btoche du XIII- ôiècie. bitatiou, Ics plus simplcs et les plus élé-
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Fig. 247 — Réchaud.
Fig. 25 1. Moule à beignets.
Fig. 248 — De.siu.s de guëtidon.
F. 2 5o. C\é mëcovingienne.
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— igS —
gants portaient aussi des sigles rayonnants. Un >|c chrismon-
resch ajouré est découpé dans le couvercle d'un réchaud.
(fig. 247) Un guéridon est richement décoré par une rosace
rayonnante du genre de celles de certaines cathédrales. Sur
la poignée de la pelle liturgique (fig. 249) apparaissent :
trois ^ triphylles; quatre chrismons :: en damier; un •>
iesmon-resch ; un -|- iesmon-resch rayonnant; deux V
triangles ; un grand (^ chrismon-resch éternel. La hampe
étroite de cet objet est ornée par un ^ ieschrismon-resch
et un X chrismon. Quatre direschs cordiformes, posés en
damier ::, ajourent la plaque de la pelle sommée d'un -|-
iesmon-resch.
Un (^ chrismon éternel a été forgé et limé pour compo-
ser la poignée d'une clé mérovingienne (fig. 25o) et le ^
ieschrismon-resch rayonnant dessine les nervures saillantes
sur la joue d'un moule à beignets, (fig. 25 1)
Dessinés, peints ou sculptés sur les monuments chré-
tiens, les rubans tressés remplacent les rayons du chrismon
entrelacés de différentes manières. La figure 252 est com-
posée en partie de chrismons rayonnants entrelacés accos-
tés par quatre chrismons 00 infinis posés en : : damier.
La figure 253 représente une millième partie des chris-
mons et des reschs ovoïdaux qui forment l'immense jubé à
Saint-Etienne du Mont; dans ce motif les deux chrismons
infinis $ liés ensemble sont sculptés à droite de la petite
porte du jubé, côté du tombeau de sainte Geneviève.
^n^)j^7^^
Fig. 2 52 — ChtiômonA tteô5c*ô.
Fig. 2 53 — Chtiômonô infiniô tce^ôëô.
La double boucle du chrismon tressé de la figure 253 est
la reproduction identique du même motif $ sculpté deux
fois sur l'entablement d'un des plus beaux tombeaux rupes-
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— 199 —
très d'Aspendus en Lycie. (pi. 240, Ch. Texier, Asie
Mineure) Ce sigle «» figure aussi sur le col du colossal vase
de Pergame exposé au Louvre sous le nom de cratère de
Pergame (Texier, Asie Mineure); les quatre branches de ce
chrismon, continuées, dessinent des sarments de la Vraie
Vigne foliacée et fruitée; au-dessous est sculpté un cercle
de chrismons en tresses plus ondulantes que celles de la
figure 255; entre les tresses apparaît la formule •> H du
diagramme; (p. 38) on y voit un cercle de trireschs < lamel-
les rayonnants; sur le pied du vase un diresch SX ^ spirale
somme un sextiresch renversé. Ce beau vase, du poids de
2 5oo kilos, a été offert au roi Louis-Philippe par un sultan
de Constantinople.
Si le jubé de Saint-Étienne du Mont paraît être le plus
immense des motifs rayonnants, le plus étincelant est Tautel
ardent peint par Raphaël, au XV siècle, dans son tableau
intitulé Dispute du Saint-Sacrement. Notre compatriote
Raymond Balze a fait une copie de cette œuvre exposée
salle Melpomène au musée des Beaux-Arts, à Paris. Le
Saint-Sacrement soutenu par un diresch à spirales ; le
cadre de l'autel composé de nombreux sigles cryptographi-
ques; le tympan de Tautel chargé d'une infinité de chris-
mons rayonnants entrecroisés, sont peints en or; en compo-
sant ce motif ardent^ Raphaël a dû penser au buisson, qui
flambait sans se consumer, près duquel s'approcha Moïse
pour écouter Jehovah qui lui donna Tordre de sauver le
peuple d'Israël.
Fig. 254 — Chtiômonô infinb; Fig. 233 — Chtbmon^ cayonnantA
et chtiAmonA cayonnantô. en tte^ôe.s.
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— 200 —
Dans la figure 254, la cordelière du chapeau de cardinal
dessine un X chrismon, puis deux «^ chrismons infinis
reliés à deux pyramides de chrismons rayonnants englantés.
Dans la figure 255, les chrismons tressés sont accompagnés
par la formule :•: du bandeau de la Pierre Écrite et la
formule •> qui accompagne les chrismons tressés du cra-
tère de Pergame ; ce sont les formules G et H du dia-
gramme, (p. 38)
Si tous les monuments chrétiens de Tantiquité sont déco-
rés par les sigles conventionnels de la cryptographie apos-
toliques, ces sigles sont traduits en des manières bien
différentes selon la pensée de chaque artiste; mais ils sont
toujours composés selon les poses des sigles primaires :
le T resch, le — iesmon, le X chrismon, les >|< X- ieschris-
mons, les ^ % chrismons- reschs, le ^ ieschrismon-resch.
Quand on connaît bien la position des rayons de ces sigles
primaires, on saisit à première vue la signification de tous
les motifs décoratifs ou architectoniques qui les représen-
tent; les symboles les plus difficiles à comprendre sont
ceux qui sont en rapport avec les paraboles de TEcriture.
Les sigles hiératiques forment la base de Tarchitecture
rituelle chrétienne des seize premiers siècles, en les expli-
quant au XX% nous sommes persuadés que les mauvais
architectes dont Philibert de TOrme a fait le portrait devien-
dront de bons architectes et qu'ils laisseront de côté les
motifs de Vart grec en leur substituant les splendides
motifs de Vart chrétien.
Au point de vue historique, nous ajouterons que, pendant
les cinq premiers siècles de notre ère, l'extérieur des tem-
ples fut d'une simplicité austère parce qu'on suivit rigou-
reusement la loi mosaïque proscrivant les icônes; plus le
christianisme grandissait, plus la statuaire tombait en
décadence. Au VP siècle, la réaction se produisit et le seul
exemple qui puisse en donner la preuve aujourd'hui est la
vision du grand prophète Isaïe qu'Anthémius et Isidore
reproduisirent vers 52o à l'intérieur de Sainte-Sophie :
« En l'année où mourut le roi Ozias, a dit Isaïe, je vis le
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— 20I —
Seigneur élevé sur un trône au-dessus duquel se tenaient
deux Séraphins criant Tun et Tautre : Saint, Saint, Saint
est le Seigneur Dieu des armées. »
Cette vision est reproduite des deux côtés du chevet de
Sainte-Sophie, (fig. i68) les deux Séraphins sont placés
au-dessus, à dextre et senestre, du trône du Seigneur, c'est-
à-dire l'autel que les mahométans ont fait disparaître quand
ils ont transformé en mosquée le plus beau spécimen de
Vart chrétien datant des premières années du VP siècle.
Fig. 2 56 — Vbion d'Iôaïe, manuôctit du IX* siècle. Le ttône du Seigneuc
otnë pat leô ôigleô du diagtamme. Le5 deux Sëcaphin.^.
Réunis en 787, les membres du Concile de Nicée condam-
nèrent définitivement les prétentions des iconoclastes ; alors
les arts de la peinture, de la sculpture se relevèrent peu à
peu et les icônes de Jésus, la Vierge et les Saints furent
introduites dans les temples; c'était en quelque sorte reve-
nir aux coutumes du paganisme, mais les chrétiens les plus
difficiles s'y habituèrent, néanmoins on ne représenta Jeho-
vah que par le /\ triangle lumineux ou la main divine sor-
tant du ciel.
Après les premières Croisades Vart chrétien prit un essor
considérable dans toute l'Europe; les architectes conven-
tuels s'inspirèrent de la disposition intérieure de Sainte-
Sophie et des motifs architectoniques extérieurs des splen-
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— 202 —
dides monuments qu'ils avaient vus en parcourant l'Asie
Mineure ; monuments que le très scrupuleux explorateur
Charles Texier a su reproduire admirablement dans La
description de l'Asie Mineure. S'il avait compris la crypto-
graphie, que de richesses il nous eut encore révélées !
En conséquence, nous ne partageons pas du tout la
manière de voir des auteurs modernes quand ils écrivent
que Tart dit gothique a été créé dans VIle-de-France au
XIP siècle, qu'il a rayonné ensuite hors de nos frontières,
puisque nous retrouvons dès les premiers siècles, la flore,
la faune et les motifs architectoniques rituels dans l'Asie
Mineure, berceau de l'architecture et de l'art chrétien.
C'est dans cette contrée qu'est né le christianisme; c'est
dans cette contrée qu'apparaissent des premiers hiérogly-
phes conventionnels qui expriment les pensées chrétiennes.
Ni les cataclysmes, ni les guerres destructives n'ont pu
anéantir ces tombeaux et calvaires rupestres qui portent
les manifestations extérieures du culte nouveau, car ces
monuments font partie intégrante du roc de la montagne.
Ce sont eux qui vont nous révéler également les secrets de
la faune; celle d'Afrique et d'Europe n'est qu'une répéti-
tion de la faune d'Asie Mineure.
ReAch d'abondance, Va6e ocnd pat le p «^ direôch Palme foliacée pat
pomme de pin hiëcatique. à ôpicale. le (p ^ dice^ch ovoïdal.
Fig. 257 (CUchd Capiomont.) Fig. 2 58
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Jean
Mathieu
Luc
Mate
LA CRYPTOGRAPHIE
pac le.^
BESTIAIRES
Un archéologue a écrit que la faune des monuments
chrétiens résulte d'une idée ignorante et désordonnée. Un
autre en fait remonter Torigine aux Perses, aux Assyriens,
aux Égyptiens; ce sont les Barbares Francs, dit-il, qui
Vont apportée en notre pays.
Au temps de saint Bernard, écrit un troisième, les ani-
maux ornant les cloîtres et les églises furent copiés sur des
modèles persans apportés en France par des marchands de
Venise; si les sculpteurs du XIIF siècle créèrent une faune
nouvelle, elle est une œuvre d'art pur; ils ne se préoccu-
paient nullement de symbolisme, leur but était de repro-
duire leur tendre et profond amour de la nature.
Du haut de sa chaire, et dans ses écrits, un quatrième
archéologue enseigne que la faune a été créée dans l'Ile-de-
France, au XI P siècle, en même temps que la chicorée, le
persil et le chou frisé décoratifs ?
Nous pourrions citer beaucoup d'autres opinions aussi
contradictoires, mais celles des auteurs ci-dessus sont les
derniers cris de l'archéologie et leurs diverses affirmations
prouvent que d'épaisses ténèbres enveloppent leurs argu-
mentations archéologiques. Cela grandit prodigieusement la
perspicacité des artistes chrétiens d'Asie Mineure ayant su
exprimer secrètement l'idée de Dieu par des œuvres très
artistiques n'ayant jamais éveillé l'attention des persécu-
teurs de leurs coreligionnaires.
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— 204 —
Dans Vantiquité chrétienne, on ne trouve nulle part de
symboles plus beaux que ceux de la faune décorative des
monuments d'Asie Mineure reproduits par Texier ; nous
citerons ceux d'Assos, Aspendus, Aizani, Antiphellos, Cla-
mydda, Kumbet, Myra, Patare, Pessinus, Pinara, Ptérium;
ces monuments, en partie détruits ou subsistant encore tout
entiers sur le roc de la montagne, sont des œuvres émanant
des artistes des six premiers siècles de notre ère, au VIP
les Arabes ayant exterminé tous les habitants de ces villes
autrefois si florissantes.
Nous Tavons expliqué, le resch ] \ ) 1 (S\J ^ scriptural
cenventionnellement adopté pour représenter Dieu et son
Fils a été figuré par des cornes, oreilles, queues, jambes et
encolures arquées. Les uns ou les autres de ces symboles
ont été appliqués aux bestiaires qui désignent les Évangé-
listes, parce que VEsprit de Dieu les animait. Si les cornes
du bélier rappelaient Jésus, Jean fut représenté par V Aigle
au bec arqué; Luc, par le Bœufk la tête cornifère; Marc,
par le Lion aux oreilles ovoïdales; Mathieu, par VAnge
nimbé du (^ chrismon-resch éternel.
On ne saura jamais Tépoque où furent prises ces déter-
minations, mais on retrouve des formules analogues, rappe-
lant le Père ou le Fils et quelquefois les Deux Vun à côté
de l'autre, par des bestiaires sculptés sur les édifices chré-
tiens en Asie Mineure, en voici quelques exemples :
Sur le Temple d'Assos, {f\^. 259) les bœufs affrontés rap-
pellent Dieu et son Fils par les oreilles ovoïdales et le nom
de Christos par le chrismon que dessine le croisement des
cornes.
Page 5o, nous avons expliqué le symbolisme des enco-
lures des serpents et des dromadaires de la façade du sanc-
tuaire d'Arslan-Kaïa; (fig. 261) sur une des parois de la
chambre intérieure est sculpté un bas-relief très détérioré,
mais les formes apparentes suffisent cependant pour l'indi-
quer, c'est une statue couronnée par une tiare orientale
maintenue par les pattes de supports qui sont des lionnes,
symbole de la puissance. La tiare étant également un sym-
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— 2o5 —
bole de puissance terrestre, nous supposons que la statue
qui la porte était celle d'un haut dignitaire du christia-
nisme, Thaddée, peut-être, qui évangélisa la Cappadoce,
un patriarche quelconque, ou un monarque comme celui
qui embrassa le premier le christianisme, Abgar, roi d'E-
desse en Mésopotamie, (T^AA^S de la Pierre Écrite peut-
être). Abgar connut Jésus-Christ, si Von en croit les légen-
des syriaques et le récit de Vévêque de Césarée, Eusèbe,
dans son Histoire de l'Église^ liv. V\ C'est F un des Abgars
qui abolit le culte de la déesse Cybèle dans ses États.
Fig. 239
Temple d'Aôôo^, Lydie.
Fig. 260
At^lan-kaïa, Phtygie.
Fig. 261 — Sanctuaite tupe^lte d'At.>lan-kaïa,
Phtygie.
Quoi qu'il en soit, le bas-relief en ronde bosse du corps
des lionnes a protégé la sculpture de leurs queues posées
symétriquement entre les pattes de manière à composer un
diresch ovoïdal. (fig. 260)
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— 2o6 —
Telle n'est point l'opinion de M. Georges Perrot qui a
visité ce sanctuaire. En entrant dans la chambre cet archéo-
logue fut fort surpris de n'y point trouver Vauge (fonts
baptismaux pour le vulgaire) ; mais en apercevant la statue
il s'écrie :
« C'e6t une déebbe et cette dëeàôe est Cybèle, la grande divinité locale; celle
que devaient ptomenet, à ttaveti toutes le6 conttée^ du monde ancien, montée
6UC 6on char qu'elleô ttaînaient docilement, ce6 Uonneô qui jouent ici, avec leur
maîtresse^ en compagnes soumises et familières, »
Des lionnes qui promènent un être divin imaginaire sur
un char, c'est métaphorique ; mais le faire jouer à la tiare ^
avec les lionnes ses compagnes soumises et familières, c'est
de la métaphysique un peu trop normalienne.
Fig. 262 — Va6e et Lion de Kumbet, Phtygie.
Fig. 263 — Be^tiaice à A^pendu^, Lycie.
Dans l'une des contrées les plus pittoresques de Tan-
cienne Phrygie s'élève aujourd'hui la jolie petite ville de
Kumbet bâtie sur une éminence rocheuse. Dans le flanc de
ces roches, on visite encore des cavernes creusées par les
mains des chrétiens pour y célébrer secrètement leurs céré-
monies cultuelles. Dans Tune de ces cavernes, comprenant
trois chambres, un brave archéologue anglais y a reconnu
une salle à manger, une chambre à coucher et une salle de
bain, grâce à Vauge creusée dans le sol au milieu de la
chambre la plus éloignée.
Ces roches enferment aussi des tombeaux rupestres aux
façades sculptées par des artistes de grand mérite. Parmi
ces tombeaux, le plus beau est sommé par un fronton trian-
gulaire accosté par deux trireschs. Sur le tympan de ce
fronton un cercle éternel est accosté par deux aigles aux
encolures posées en diresch. Sur le tympan principal rec-
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— 207 —
tangulaire de la façade (fig. 262) apparaissent des direschs
sous la forme d'anses de vase et de queues de lions.
La figure 263 reproduit le fronton d'un splendide tom-
beau rupestre, à Aspendus, accosté par deux reschs triphyl-
lés. Sur le tympan est sculpté un bestiaire ailé fabuleux
dont la queue dessine la spirale d'un resch. Tout serait à
citer dans la sculpture de cette admirable tombeau chré-
tien; la figure 264 reproduit une partie de son entablement.
Fig. 264 — Enlablemcnt d'un tombeau, à AApendu.>, Lycie.
Si Vartiste a symbolisé la mort par la tête décharnée du
bœuf, il a aussi rappelé le diresch cornifère, puis le diresch
ovoïdal que dessinent les orbites des yeux du bœuf dont la
tête supporte un ruban croisé en chrismon. Une guirlande
de fleurs et de fruit relie cette tête à une autre; cette guir-
lande est enlacée par un ruban dont le centre est noué en
un chrismon infini identique à celui qui décore une partie
du jubé à Saint-Étienne du Mont. (fig. 253) Ce chrismon
infini est dominé par un iesmon-resch éternel foliacé sur
lequel repose la partie du ruban terminée par un diresch
foliacé.
C'est aussi en Asie Mineure que se passa l'histoire du
faux prophète Balaam venu sur la demande du roi des
Moabites pour maudire l'armée d'Israël, dit l'Écriture.
Monté sur son ânesse et accompagné par deux serviteurs,
Balaam prend le chemin qui mène au camp des Moabites;
mais en apercevant l'ange de l'Éternel l'ânesse ne veut plus
avancer; par trois fois Balaam la frappe; alors Dieu faisant
parler l'ânesse celle-ci dit à Balaam : « Pourquoi me battre
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— 2o8 —
pour la troisième fois ». A ce moment même Balaam, aper-
cevant l'ange de TÉternel ayant Vépée à la main, se pros-
terna en disant : « J'ai péché ».
Cette scène est celle que représente une miniature du
IX'' siècle, (fig. 265)
F. 265 — Balaam et 6on âneô^e.
(Miniatute du IX* ôiôcle.)
F. 266
Téte^ de Lycien;!) 6uc deô tombeaux
à Myta, en Lycie.
L'artiste n a point omis de représenter Dieu par Toreille de
Vànesse ; quant à Christos dont Balaam a été le premier à
annoncer la venue au roi des Moabites en disant : « Une
étoile s'élèvera au-dessus de Jacob, » le miniaturiste du
IX^ siècle y a pensé, le 8 chrismon infini est suspendu à
Tune des courroies de la monture.
A côté des bestiaires, les artistes lyciens sculptèrent
aussi sur les tombeaux de leurs coreligionnaires de beaux
motifs humains portant des signes cr^^tographiques ; la
figure 266 reproduit les têtes de statues sculptées sur deux
tombeaux différents à Myra. Sur la première tête apparaît
le resch; un triresch domine la seconde.
Si Timagination des chrétiens d'Asie était féconde; aux
IP et IIP siècles, celle des artistes chrétiens de Rome ne
Vêtait pas moins. En ce qui concerne la faune, il n y a qu'à
examiner les fresques des catacombes dans le volume II
DeV Arte Christiana, par Garucci.
Il n'y a point de quadrige sans que la tête des chevaux
ne soit surmontée par un panache dessinant un (^ resch;
les aigrettes des paons donnent le diresch et le triresch;
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— 209 —
les oreilles de cerfs, sangliers, agneaux, lions, hyènes,
loups, lapins rappellent le resch ovoïdal; les trompes d'élé-
phants, les queues des lions simulent le resch à spirale. La
planche 3i Del' Arte reproduit un tombeau du cimetière
Sainte-Cécile où Daniel nu est entre deux lions; de la cri-
nière de celui qui est à dextre s'élance un très haut C^ resch
foliacé, seul motif de décoration accompagnant les lions et
le prophète.
Parmi les animaux présentant le resch on trouve le lima-
çon dont la coquille naturelle porte le resch à spirale. On
a retiré des tombes des milliers de ces coquilles; beaucoup
étaient aussi scellées extérieurement dans le ciment des
murs de clôture des caveaux creusés dans le tuf. (fig. 267)
Sur les plafonds à compartiments symétriques séparés
par des chrismons, chrismons-reschs, ieschrismons-reschs
du plus bel effet artistique volettent des oiseaux de toute
espèce. Dans la figure 268, la tête, les ailes et la queue de
l'oiseau supérieur occupent la position du X chrismon;
Toiseau inférieur occupe la position du -^ iesmon-resch ;
ses pattes tiennent un fil se terminant par un resch à spirale
dont les ondulations rappellent celles que décrit Tâme qui
s'élève vers le ciel, au-dessus du vase gravé sur la pierre
tumulaire de Lyon. (fig. 110)
Fig. 267 — Le Limaçon pottant le ce^ch. Fig. 268 — Chci^mon et ie^mon-ceàch.
Peinte dans les fresques catacombales ; sculptée sur les
tombeaux de Rome, la scène mystique rappelant Vidée de
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— 2IO —
la mort et de la résurrection du Christ est représentée des
centaines de fois. Incompris par les modernes, ce beau
symbolisme est devenu Thistoire de Jonas dans la baleine.
Fig. 269 — La mott et la tëôuttection du Chtiôt.
FteAque du cimetière S.-AgnèA, à Rome.
Une nef figure la barque de Pierre ; Tun des hommes nus
tient un cadavre rigide qu'il introduit dans le corps d'un
monstre marin figurant conventionnellement le tombeau oti
Jésus est resté trois jours; la queue du bestiaire dessine un
resch à spirale; son oreille un resch ovoïdal; sa nageoire
d'arrière une triphylle à trois folioles triphyllées.
Le second monstre ne diffère du premier que par les
deux spirales dont la position d s est différente; ces deux
reschs révèlent la présence de Jehovah et son Fils ressuscité
qui sort du tombeau figuré par le second monstre marin.
A quelque nation qu'ils appartiennent, jamais les pseudo-
archéologues qui fréquentent ou étudient sur place les
monuments des catacombes de Rome n'ont compris la
secrète beauté de cette scène; pour la traduire, il faut du
reste connaître le resch et ses différentes formes conven-
tionnelles ; aussi celles données à la triphylle ou Sainte-
Trinité. Dans ces temps douloureux, la fertile imagination
des artistes chrétiens était illimitée; sigles, flore, faune
revêtent les formes les plus diverses et les plus artistiques.
Les sigles, la flore et la faune ont été apportés en Gaule
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— 211 —
au IP siècle non par des Barbares Francs ou des mar-
chands vénitiens, comme les écrivains modernes le pensent,
mais par des chrétiens.
Les copistes, miniaturistes, connaissaient parfaitement la
cryptographie apostolique; aussi les architectes conventuels
au temps de saint Bernard, mais s'il ne reste plus aucun
monument chrétien de cette époque, on retrouve la faune
sur de plus récentes églises comme celle de Saint-Dié,
bâtie au XP siècle, et celle de Moissac appartenant, dit-on,
à la même époque. C'est sur les reproductions de ces monu-
ments exposés au musée comparatif du Trocadéro que
nous avons relevé les bestiaires des figures 270 et 27 1 .
Sur les entailles en forme de feuillure de Téglisc de
Moissac, (fig. 270) grimpent des animaux les plus divers;
parmi ceux qui sont intacts, nous avons relevé une espèce
de guenon aux oreilles en diresch ovoïdal ; un chien dont la
queue dessine le resch à spirale ; un lapin dont Voreille
rappelle le resch ovoïdal renversé.
Fig. 270
Églbe de Mob^ac (Tatn-et-C).
Fig. 271
Chapiteau de Saint-DiJ (Vo.Nge.s).
Sur le très curieux chapiteau de Saint-Dié, (fig. 271)
le vide compris entre le bec et le cou des bestiaires forme
le resch ovoïdal, aussi le bas des deux ailes d'avant et
les cuisses des animaux. Les queues, pattes à griffes, rap-
pellent le diresch à spirale. Les quatre ailes dessinent
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— 212 —
un quatriresch et, deux à deux, un diresch à spirales.
Le chapiteau de la figure 272 est placé à gauche de la
chapelle baptismale à Saint-Germain des Prés. Joseph en
sirène est barbu, sa tête est encadrée de cheveux nattés ; il
Fig. 272 — Le6 ôitôneA de la Sainte-Famille, IX' Aiècle.
tient un poisson. Marie en sirène porte aussi des cheveux
nattés; elle tient un poisson; le buste de Jésus émerge du
corps de sa Mère au-dessous de laquelle est sculpté le sym-
bole qui figure en tête du mois à'avril sur les calendriers.
A N.-D. de Paris, la fenêtre placée à droite de la sacristie
encadre un spendide vitrail entièrement composé de sigles
cryptographiques au centre desquels apparaît le symbole
du Pélican. Le douzième siècle accueillit avec enthousiasme
cette nouvelle allégorie du Rédempteur, que les héraldistes
ont qualifiée par ces simples mots : Dans sa Passion. ¥.n
nourrissant ses petits avec son propre sang, le Pélican les
sauve de la mort.
Thibaud IV, comte de Champagne et roi de Navarre,
exprima en vers ce nouveau symbole chrétien :
Diex e^t en.^i comme li pélicans
Qui fait Aon nid el plu.^ haut acbte 6U.>,
Kt li mauvai.N oiAeauA qui vient de ju.N,
SeA oi^eillonà occit, tant e^t puanA.
Li pete5 vient deMtoi^ et angoi^Aeu^,
Dou bec yoccit, de ôon 6anc doleteuA,
Vivce tefaict tantoAt ôe^ oiôeillonA.
Diex fiM autel, quand fut ôa Pa6Mon,
De ôon douô 5anc tacheta Aeà enfantô.
A cette époque, tous les vitraux furent peints d'après le
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— 2l3 —
diagramme des couleurs du langage héraldique, nous don-
nons ce diagramme au chapitre consacré aux Armoiries. Le
noir figure le sable; les hachures verticales le rouge ou
gueules ; les hachures horizontales le bleu ou azur ; les
hachures en diagonales de gauche à droite le vert ou sino-
ple; le blanc figure l'argent et le pointillé Vor.
Fig. 273. — DsLziit, au Pélican et beb petib d'atgcnt Mit un nid d'oc.
(Vitcail de N.-D. de Pati6, XIII- ôiècle.)
Les ailes sont posées en — iesmon; le corps et le cou
dessinent le f resch ; Pélican et petits sont d'argent et leur
nid d'or; le tout posé sur champ d'a{ur.
L'image est encadrée par le nimbe d'argent du iesmon-
resch soutenu par les quatre rayons de sable du -f- iesmon-
resch entrelacé avec quatre pétales de gueules du <=§=> ies-
mon-resch et avec quatre pétales d'a{ur du ^ chrismon
accostés par quatre folioles de sinople posées en : : chris-
mon. Tout ce symbolisme est enfermé dans un cercle
éternel de sable.
Chaque sigle ou symbole étant peint en une couleur dif-
férente, prouve irréfutablement qu'il a une signification
particulière, et cette signification se rapporte à celle des
sigles et nimbes que nous avons expliqués aux pages 22,
38, 41 ; cela ne fait pas Tombre d'un doute.
Un bestiaire fabuleux, la Licorne, fut imaginé vers le
VIP siècle pour symboliser Jésus-Christ. Guillaume le
Bâtard, duc de Normandie, adopta-t-il ce bestiaire comme
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— 214 —
support de ses armoiries au XP siècle, époque oti il entre-
prit la conquête de l'Angleterre et oti les boucliers des
grands seigneurs portaient leurs faits d'armes ? Cela est
assez probable, car Guillaume P% revenu combattre en
France, mourut à Rouen en 1087, ^^ ^^ existe un très curieux
livre, dans la bibliothèque de cette ville, relié en une
matière inconnue dont la couverture porte une image qui
représente la chasse mystique de la Licorne.
Les encadrements sont entièrement composés par des
sigles cryptographiques; des quantités de reschs enlacent
ces -mots placés dans Vun des cadres : SIT NOM EN
DOMINI BENEDICTUM. En ce qui concerne la compo-
sition de l'image, on remarque un temple dont la porte
d'entrée est couverte par une ferronnerie de reschs; Tau tel,
ayant ses faces latérales ornées de direschs, est sommé par
une 4^ triphylle. Derrière les murs crénelés du temple,
dans le ciel, apparaît le buste de lavé ou Jehovah nimbé,
il bénit l'église représentée par la Vierge nimbée assise
au centre du monument. La corne arquée ou resch du qua-
drupède est appuyée sur le sein de la Vierge. Une des
jambes du bestiaire est arquée ; les crins de la queue sont
séparés en trois parties de manière à former un triresch.
En dehors du temple se tient un chasseur ailé, c'est un ange
tenant en laisse plusieurs chiens. L'ange souffle dans une
corne arquée d'où sort une banderole portant cette devise
tracée en lettres gothiques : Ave Maria Chris,.. Cette
Fig. 274 — Anciennes atmoitieA d'Angletette.
chasse à la Licorne a été établie sur ces paroles mystiques :
(( Elle s'est reposée sur le sein d'une vierge et les chas-
seurs l'ont prise. » La Licorne, figure Jésus-Christ ; la
Vierge c'est l'Elglise; les chasseurs sont les fidèles.
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— 2l5 —
Les anciennes armoiries anglaises ont comme supports le
lion à oreilles ovoïdales et la licorne dont Tencolure est
posée en resch orné d'un collier composé d'une ligature
de ^ iesmons-reschs. Un triresch et les triphylles qui
Taccostent soutiennent l'écusson dessinant un iesmon-
resch chargé en cœur par un X chrismon. La couronne
royale est dominée et cerclée par des iesmonvS-reschs. A
dextre, le rosier, la rose et les feuilles ovoïdales dentées de
l'arbrisseau. La couronne royale est accompagnée par deux
gerbes de reschs herbacés ondulants. La composition des
nouvelles armoiries anglaises est assez différente de l'an-
cienne, mais les supports sont toujours le lion et la licorne
adoptés peut-être par Guillaume P'*, le Conquérant, au
XV siècle.
Au XVP siècle, une famille d'imprimeurs, les Kerver,
avaient adopté la licorne pour leur marque typographique;
Vécusson qu'elle supporte est chargé par ce X ieschrismon;
c'est un iota — lié au X chi.
On constituerait mille volumes si l'on voulait imprimer
tous les bestiaires naturels ou monstrueux qui ont orne-
menté toutes choses et dont les chrétiens se sont servis pour
rappeler leur Roi Spirituel le Resch,
CI0U6, lance, échelle, jonc de la Pa66ion,
Calice poctant deô ttiteôchô.
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'?•••> ^•'i«A ^••-^ -T."*) eî»J Cr.«> ^î;:^ v?i«; «^J ^•.•; '^'•J vr«> t5^>' •■T'-j «^ v!?,«.
•.^r ^À> '.Jj^> ^A> <À> <A> .j!^> <^;> J^y .À> ^-JjL ,A^ V^> ^À^ ^^Kr ^À>
GENERALITES
de la
CRYPTOGRAPHIE
A ceux qui douteraient encore de la signification du
diresch (à (3\ qui domine le fronton de la Pierre Écrite,
(fi^- 69) nous présentons un symbole identique, sculpté au
XV siècle sur le chapiteau d'un pilastre placé dans Vesca-
lier d'honneur du château de Chambord en France, (fig. 275)
Fig. 273 — Chapiteau du château de Chambotd, XV* ôiècle.
Coiffée d'une toque bordée en diresch, nous doutons que
la tête soit celle de Midas.
Si les Gallo-Phrygiens employèrent le resch pour sym-
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— 217 —
boliser le Souverain Roi, les architectes conventuels du
XV° siècle remployèrent également pour flatter François V%
le roi souverain des Français. Les reschs du chapiteau qui
orne le château royal de Chambord sont aussi admirables
que parlants. Un diresch à spirale soutient la tête; un
diresch, semblable à* celui de la Pierre Écrite, se développe
majestueusement aux angles du chapiteau; le diresch § des
vases accoste celui d'oii s'échappent les trois flammes divi-
nes ondulantes de la Trinité. De jolies feuilles à lobes
triphyllés garnissent le champ du chapiteau. Enfin des
séries de hampes de resch forment le seul ornement du
champ des deux grands direschs. Certainement ce beau
travail est dû au bon architecte, selon Philibert de VOrme.
Hg. 276 — Suppott d'atcatute à l'Hôtel d'Aô^eiat.
Toulouôe, XVI' ôiùcle.
Il n en est pas de même pour le sujet qui décore le sup-
port d'une arcature de Thôtel d' Assenât à Toulouse, (fig. 276)
Au premier coup d'œil on reconnaît, dans ce motif archi-
tectonique, Vœuvre du mauvais architecte qui a vu employé
quelque part un triresch quelconque, mais non avec des
proportions régulières et tremblotantes.
A ce support, les architectes donnent le nom de console,
terme qui sert également à désigner les reschs à plusieurs
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— 2l8 —
spirales ^i c^ comme ceux du chapiteau de Tigzirt; {fig. 29)
ceux qui figurent dans cette position |,^^^ sur la façade à
Saint-Étienne du Mont; sur le transept à Saint-Germain des
Prés, côté du boulevard Saint-Germain ; sur la façade de
léglise du Val-de-Grâce et de tant d'autres monuments.
La façade du château de Gaillon, bâti en Tan 1 5oo pour
le cardinal Georges d'Amboise, a été transportée et réédi-
fiée en son état primitif à Vécole des Beaux- Arts, à Paris.
Dans le mur qui sépare la cour en deux parties existent
deux portes accostées par des colonnes cylindriques dont
les sculptures sont des chrismons rayonnants encadrant des
iesmons-reschs. Quelques panneaux de ce mur sont déco-
rés par des quatrireschs ovoïdaux au cœur orné par le fruit
de la Vraie Vigne.
Au-dessus des baies du rez-de-chaussée régnent d'autres
quatrireschs ovoïdaux, des triphylles et quantité de motifs
architectoniques cryptographiques.
Au château de Bonnétable, dans la Sarthe, deux superbes
limaçons semblent ramper sur les beaux motifs architec-
toniques du fronton de la porte d'entrée. Des chimères,
dragons, dont les corps dessinent un resch à spirale, sont
enlacés dans la ferronnerie de la rampe de Vescalier d'hon-
neur. Le fronton de la porte du grand salon a pour orne-
ment un sextiresch, l'intérieur de chacun des reschs ovoïdaux
est accompagné par la boucle triangulaire du resch
mosaïque; cette superbe porte est décorée par de nom-
breux reschs à spirales et des triphylles. Si la plupart des
châteaux des grands seigneurs du moyen âge ont été
bâtis par des architectes conventuels, c'est probablement
en reconnaissance des dons, privilèges, franchises que ces
seigneurs accordaient aux religieux de leur entourage.
Du reste, les armures, les meubles, la vaisselle d'argent
de ces grands seigneurs avaient comme seuls ornements
des symboles chrétiens tels que ceux qui sont ciselés sur
les pièces du Trésor dit de Varus dont nous avons constaté
l'inauthenticité aux pages 84 et 85. Notre critique a porté
ses fruits, car, dans les premiers jours d'avril 1903, les
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— 219 —
archéologues officiels ont enlevé Vétiquette portant le nom
de Varus et Vont remplacée par cette autre aussi invraisem-
blable que la première :
Le Trésor de Hildesheim
Premier siècle de Tère chrétienne.
Les symboles ciselés sur les pièces de ce Trésor ne peu-
vent avoir été exécutés au premier siècle, Pierre et Paul
n étant arrivés qu'en Tan 64 à Rome où ils ont été crucifiés
en Tan 67. Néron fit exterminer tous les chrétiens de mar-
que ; Domitien renouvela les exterminations au cours des
vingt dernières années du premier siècle et les artistes
romains ne peignirent dans leurs fresques : la Vraie Vigne, la
triphylle, le diresch foliacés, que vers la fin du 11^ siècle
dans le cimetière où fut inhumée en 177 la martyre sainte
Cécile, cimetière qui porte maintenant son nom. Les sujets
de ces fresques sont aussi accompagnés de motifs qu on
assure être purement décoratifs alors qu ils figurent réelle-
ment les sigles de la cryptographie. Nous représentons trois
de ces sigles par les figures 277, 278, 279; la figure 280 fait
partie d'une fresque peinte dans le cimetière de la Via
Latina^ également à Rome.
V
.^%^ ^.J*4^
Fig. 277 — Chtbmon.
f- --■■■^-^
Fig. 278 — leAchdAmon-tc^ch.
cJX.. -
Fig. 279 — Chtiômon et teôch.
Fig. 280 — ChtiAmon.
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220
Dans la figure 277, le chrismon infini est accompagné par
des rameaux foliacés et fleuris. Dans la figure 278, les
bâtons en -f- iesmon-resch sont croisés avec un 8 cKrismon
infini; ce monogramme si curieux est accosté en chef par
deux rameaux portant des triphylles et il est accompagné
par le diresch des oiseaux. Dans la figure 279, un très beau
chrismon infini composé de perles est accompagné en pied
et en chef par des reschs à spirale, Tun d'eux a formé plus
tard notre point d'interrogation; à dextre un rameau foliacé
et fleuri est terminé en resch.
La figure 280 fait partie d'une belle fresque du cimetière
de la Via Latina à Rome, Vanse du vase est un chrismon
infini 8 semblable à celui qui est agrafé à la courroie de la
monture de Balaam. (fig. 265)
Au Louvre, galerie d'Apollon, dans la vitrine qui contient
Vépée du sacre, le sceptre et la main de justice des rois de
France, est aussi exposée la splendide dague du Grand
Maître de Tordre de Malte. La poignée disparaît sous une
foret de reschs et direschs plus beaux les uns que les
autres. Si le mot hébreu resch signifie tête, chef, maître,
c'est-à-dire Maître qui domine; le mot allemand reich est
synonyme; Deutsches- reich signifie empire allemand, c'est
un dérivé du resch de lavé roi des Juifs et du resch de
Christos roi des chrétiens.
F. 281. % r^ S)e F. 282. -f ^(p (v^ F. 283. A A
Dans la franc-maçonnerie, le glaive ou épée possède une
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221 —
poignée formée exclusivement par une combinaison de
reschs ovoïdaux. (fig. 281) Le compas du grand architecte,
(lavé) est appuyé sur les épées posées en chrismon et ce
compas est sommé par la couronne divine composée par
une ligature de direschs. La truelle d'aspect triangulaire,
puis le maillet rappelant la structure du Labarum constau-
tinien^ sont aussi posés en chrismon.
L'ensemble de Vemblème maçonnique repose sur un
pont arqué dont les trois arches dessinent trois r^ r\ r^
mi-reschs séparés par des piliers sommés chacun par un
A triresch linéaire. Le fil à plomb figure la hampe du resch
encadrée par le diresch des rosaces, (fig. i36 C)
Dans Temblème maçonnique 282, nous retrouvons le ies-
mon-resch par le Pélican dont nous avons fait la description
à propos de la figure 27?. Derrière Toiseau apparaît la tige
épineuse rappelant celle qui a formé la couronné du Martyr
allant au Golgotha; c'est le rosier symbolique; chaque
feuille forme un resch ovoïdal et les pétales de la rose des-
sinent des nimbes sacrés à six ou huit arcs. Posée sur le
haut iesmon-resch rayonnant, la rose est juste à l'endroit
de l'articulation du compas du grand architecte de l'uni-
vers, compas qui mesure aussi le temps de la vie humaine
dans la fresque de Diogeues fossor, \W siècle, (fig. 120)
1
Fig. 285 XX Fig. 286 -f- .% rSC?!
Dans Temblème maçonnique 283, Tautel porte trois
reschs dégageant des flammes ondulantes, c'est une rémi-
niscence de Tautel à fronton triangulaire dont la table porte
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— 222 —
trois reschs, clans le sacrifice cV Abraham, V*" siècle, (fig. 1 12)
Au-dessus de Vautel de la figure 282, on voit aussi un fron-
ton triangulaire rayonnant portant en hébreu le nom de lavé
Dieu d'Israël. Des guirlandes formées de roses et feuilles de
rosier circulent autour de la paroi cylindrique de Vautel.
Dans l'emblème 284, la tête du compas de3sine le •;•> ies-
chrismon-resch du chevet de Saint-Jean, à Poitiers (fig. 80)
c'est la formule des points A du diagramme au premier
siècle; (p. 38) chaque branche du compas porte un diresch
à son milieu. Les deux extrémités du porte-fusain, et la
soie du pinceau, rappellent un resch ovoïdal très allongé
comme on en voit dans les motifs architectoniques de la
cathédrale d'Évreux et sur d'autres églises. L'étoile centrale
est le nimbe du ^ chrismon-resch. L'ensemble des instru-
ments donne le — iesmon par la règle ; le X chrismon par
les quatre angles formés : de la règle, du pinceau, du porte-
fusain et des branches du compas ; la partie haute de
celui-ci, la tête, donne le resch; en somme, ce symbole
représente un ^ chrismon-resch étincelant par les rayons
qui convergent vers le centre.
Dans l'emblème 285, l'équerre croisée avec les branches
du compas forme un double XX chrismon sommé d'un
*J resch, accosté du symbole lavé représenté par les trois
chrismons-reschs étoiles posés v triangulairement. Ce sigle
secret est accompagné par le diresch arqué de Tacacia, tel
qu'il apparaît sur les inscriptions tumulaires des catacombes
de Rome, notamment dans la figure 278 et chaque tige
ondulante dessine à son extrémité un triresch foliacé.
L'emblème 286 a pour devise N. P. U. {nec plus ultra)^ les
trois lettres, d'argent, sont posées triangulairement autour
d'un -f- iesmon-resch de gueules (couleur du sang de Jésus-
Christ) chargeant un fond de sable, le noir symbolise la
mort du Rédempteur. L'écusson est soutenu, en pied, par
le diresch lycien, il est sommé par le diresch C 9 gallo-
phrygien; il est accosté à dextre et senestre par le fruit de
la Vraie Vigne placé entre des reschs et des direschs
à spirales. (V. chap. Armoiries)
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— 223 —
Répandue en tous pays, la franc-maçonnerie paraît ^'tre
une ramification des Chevaliers du Temple, ordre crée
en 1118 par les Croisés en Palestine. Militaires et religieux
à la fois, les Templiers possédaient non seulement une
grande puissance, mais d'immenses richesses convoitées
par Philippe le Bel; il résolut d'anéantir Tordre en faisant
arrêter les Templiers quHl fit périr sur le bûcher, sans en
excepter leur chef Jacques Molay. En i3i2, à l'instigation
du roi de France, le pape Clément V supprima Tordre au
point de vue religieux; mais il continua à fonctionner dans
les autres contrées de T Europe, et s'il a maintenant renoncé
aux emblèmes du genre de ceux que nous venons d'expli-
quer, les trois points v de lavé, grand architecte de l'uni-
vers, sont toujours le signe de ralliement.
De la franc-maçonnerie aux cartes à jouer il y a une grande
distance; mais sans exception les sigles de la crypto-
graphie ont été les seuls motifs de Thabillement des RoiSy
Dames, Valets; quant aux as 4^44 : trèfle représente
la triphylle ou Sainte-Trinité; Cœur figure le diresch ou
TUnité du Père et du Fils; Carreau est le nimbe du -f- ies-
mon resch; Pique, ou diresch renversé, symbolise les événe-
ments funestes, la mort. Page 64, nous avons donné les
explications concernant le Valet de cœur, nous allons pré-
senter maintenant le Valet et la Dame de trèfle, puis la
Dame de carreau et le Roi de pique, cartes du XVIP siècle.
La couronne du Roi de pique (fig. 287) est cerclée par les
sigles du diagramme supportant une série de direschs rec-
tilignes ; ses cheveux, sa barbe dessinent des reschs,
direschs, trireschs, quatrireschs à spirales. Son pectoral est
chargé par le nimbe à dix arcs de Jésus-Christ; sa ceinture
porte des direschs; la bordure de la jupe est le chrismon
en torsade; son sceptre est sommé par une triphylle; les
trois côtés de la harpe sont des reschs arqués et la dou-
blure du manteau est semée de trireschs rectilignes. A
dextre apparaît le contrôle officiel signifiant : Généralité
d'Orléans, Élection de Tours.
La couronne de la Dame de carreau, dite Rachel (^\^. 288)
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Î24 —
Fig. 287 — Roi de pique.
Fig. 289 — Dame de ttdfle.
liii. 288 — Dame de catteau.
Fig. 2tjn — Valel de ttèfle.
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— 225 —
est sommée de trireschs; ses cheveux dessinent des reschs
à spirales ; deux amulettes ou iesmons-reschs éternels sont
suspendues à la chaîne du cou ; le lacet du corsage est en
diresch accompagné des points de lavé; des iesmons hori-
zontaux décorent la ceinture après la pointe de laquelle
pend un quintiresch nimbé. Le parement de la jupe est le
chrismon en torsade accosté de deux demi-trireschs ; la
manche dextre est couverte par un chrismon-resch nimbé;
le manteau est semé de trireschs rectilignes; son parement
inférieur est garni de ligatures de direschs; ce même sym-
bole somme Téventail.
La couronne de la Dame de trèfle (fig, 289) est garnie
de trireschs; les cheveux dessinent des reschs à spirales.
Après le collier est suspendue une amulette en iesmon-
resch; le lacet du corsage est en diresch; le parement de la
robe est formé d'une ligature de chrismons rayonnants
accompagné par la formule des points H du diagramme ; les
manches et la robe sont semées de trireschs rectilignes ; la
fleur que tient la dextre est un diresch foliacé sommé par
une triphylle accompagnée par deux trireschs aux côtés
arqués.
Les cheveux du Valet de trèfle (fig. 290) sont des reschs
à spirales; son pectoral porte la tète auréolée de Christos,
A la ceinture est agrafé un diresch cordiforme chargé par
trois losanges posés triangulairement symbolisant lavé; les
parements de la jupe sont des direschs rectilignes accostés
de triangles; les bas portent le triresch; un autre triresch
plus grand les accompagne. Le fer arqué de Tarme rappelle
le resch et, après un chrismon infini, est suspendu le
portrait du fabricant de ces cartes, Guillaume Chesneau,
dont Vépaule porte le X chrismon.
Si les dessins populaires, comme ceux des cartes à jouer,
sont constitués par les sigles de la cryptographie, les artis-
tes peintres des grandes écoles, aux XIV% XV% XVP siècles,
les employèrent aussi pour décorer les costumes des
personnages et les bijoux, vases, lampadaires, meubles,
etc., quHls peignaient dan^ leurs tableau.x on peut s'en
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— 226 —
convaincre en visitant les œuvres des écoles italiennes,
espagnoles, allemandes, flamandes, françaises, exposées
au musée du Louvre et les copies des tableaux des maîtres
italiens à Técole des Beaux-Arts, à Paris.
Outre la Dispute du Saint-Sacrement dont nous avons
parlé, Raphaël a fait le portrait de Léon X; devant le pape,
sur une table, une grosse sonnette est couverte de reschs;
de fort jolis et nombreux reschs bordent la robe de la
Vierge, par Gozzoli. Un essaim de reschs couvre le man-
teau du marquis de Mantoue, par Montegna. On retrouve
ce symbole dans la Vierge au Donateur par Léonard de
Vinci ; dans son tableau de VAnnonciation le triresch à
spirale forme le pied d'une table. Sacchi a fait de même
pour une table placée dans Tun de ses tableaux, le pied
dessine un quatriresch à spirale. Carpaccio a placé plu-
sieurs fois ce symbole dans la Réception des ambassadeurs.
Dans TAdoration des Mages, par BoticelU, une série inin-
terrompue de reschs à spirale constitue la frange du manteau
d'un personnage. On distingue également des sigles de Dieu
dans les tableaux de Boccacino, Pinturichio, SignorelU.
Dans Vécole flamande, le costume d'Elisabeth de France,
par Rubens, n'a pour ornement que des reschs. Van Dyck
a fait de même sur les costumes des Enfants de Charles H.
Dans les portraits des membres de la famille Van Bereysten,
par Franz Hais, les admirables dentelles du col et des
manches dessinent les sigles ondoyants et rayonnants de la
cryptographie.
Les peintres des écoles françaises firent de même, le cos-
tume d'Elisabeth d'Autriche, par Clouet, est sillonné de
reschs ; mais les œuvres de peinture que nous signalons sont
une infime partie de celles où apparaissent les signes de
christianisme.
Les arts graphiques occupent une part prépondérante
dans remploi des sigles cryptographiques; du XV au
XVIP siècle, presque tous les livres ont été illustrés par des
têtes de chapitre, lettrines, culs-de-lampc, encadrements,
entièrement composés par des reschs linéaires, foliacés*
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— 227 —
fleuris, entrelacés avec les sigles de Jesus-Christ, le diresch
cordiforme, la triphylle et le triresch. La Fonderie Générale
de caractères français et étrangers a bien voulu mettre à
notre disposition les figures 292 à 3oi où apparaissent des
reschs ovoïdaux plus ou moins symétriques et à spirales.
Fig. 291 — CouvetUite de Uvte de G. Toty, XVI* siècle.
Cliché Ed. Rouveyte, éditeuL.
Le symbole de la mort est formé par deux tibias posés
en chrismon sommé d'un crâne décharné accompagnés
d'étoiles symboliques et de trois reschs, renversés en signe
de deuil, posés en triangle v de lavé, reschs (^ nommés
vulgairement larmes, (fig. 293 )
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1,. ^(om- . \
Fig. 21)3.
Fijf. 294.
Fig. 295.
Fig. 297.
Fig. 298.
rf-y.?5ffi
>>!
il!'!
Fig 299.
Fig. 3oo.
Fig. 3oi
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— 229 —
Bien avant Tinvention de la topographie, les relieurs
avaient ornementé les couvertures d'Evangéliaires, Psau-
tiers, Livres d'Heures par les symboles cryptographiques;
il n'y a qu'^à examiner leurs couvertures exposées dans la
grande salle des manuscrits et livres typographies à la
Bibliothèque nationale de Paris. La figure 291 reproduit le
dessin d'une couverture de livre de Geoffroy Tory; Vorne-
mentation n'est composée que par le Vase brisé de sa mar-
que typographique entouré de direschs foliacés, fleuris et
en bestiaires; de triphylles et ieschrismons fleuris. L'enca-
drement est une longue série de iesmons-reschs reliés par
quatre coins dessinant le triresch.
Au XV*' siècle, quand la typographie fut inventée, la plu-
part des signes qu'on a été obligé de graver portent comme
empreinte principale le resch. Pour diminuer la longueur
des mots et afin de ne pas faire de trop gros volumes, on
continua l'habitude prise dans les manuscrits d'abréger par
le f resch la terminaison us dans les mots Deus, Dominus,
Jésus, Christus, Filius, Sanctus, etc., répétés si souvent
dans les livres religieux. Au lieu de composer les mots
entiers :
Dominus Jésus Christus Filius Deus
on composait : Domint Jest Christs Filit De»
Par extension, on appliqua bientôt le » resch à la termi-
naison des mots finissant par us; puis vinrent une telle
quantité d'autres abréviations que les textes furent presque
indéchiffrables; cette confusion amena la suppression do
toutes les abréviations; mais on barra par le 9 resch les >^
versets, ^ répons, le ^ de la langue celtique des Bretons.
Le sigle de Dieu fut appliqué au point ? d'interroga-
tion; au S paragraphe; au 1 pied de mouche; à la ) paren-
thèse et le diresch au » guillemet. Du -^ chrismon-
resch étoile on fit l'astérisque • et quand on supprima ce
signe / de repos et qu'on créa l'élision, on employa le 9
resch pour l'apostrophe et la virgule; le resch : du dia-
gramme forma le deux points, puis le point et virgule par
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— 23o —
la juxtaposition du point et du f resch ; une opération
inverse créa le point ! admiratif; le — iesmon dessina le
trait d'union et le moins.
Les Syriens ont fait de même dans leurs manuscrits; la
ponctuation comprend ces sigles : •:• du diagramme ; aussi
les manuscrits des Éthiopiens, dont la ponctuation est
encore composée par ces signes : • :: :•: de christianisme.
Au XVP siècle, on ajouta quelques ornements aux majus-
cules des caractères penchés ou italiques; le ^ porte un
resch; VoM deux reschs et TîT^ trois reschs à spirale.
jr jr s: 9= I
tonde blanche noite ctoche clé de fa c\é d'ut
dî -S- -r ^ < X -
2 temp^ da capo Aoupit.s couU^e cce.scendo diè.se païue
Les signes de la musique mesurée furent créés en i338
par un chanoine de Paris nommé Jean de Murris. Fidèle à
la tradition, il employa des sigles sacrés pour représenter
les signes de la musique mesurée que les modernes appel-
lent cependant profane? La ronde est un resch ovoïdal.
Posé inversement le J f resch hiératique constitue les :
blanche, noire, croche; les crochets arqués des croches
sont des reschs arqués. La clé de fa est un resch accosté
par le resch des points du diagramme ; la clé d'ut primitive
est formée par une hampe de resch accolée à un diresch à
spirales. Le da capo, signifiant revenez en chef est un i\^
ieschrismon-resch ; la mesure à deux temps est un resch;
de petits reschs dessinent les têtes des soupirs; la coulée
est un resch arqué; le crescendo est un diresch; le dièse
primitif est un chrismon et la pause est un iesmon horizon-
tal. Tous ces signes ne sont pas entièrement ceux qu à
inventés le chanoine Jean de Murris ; comme leurs noms
Tindiquent, quelques-uns ont été créés plus tard par les
maîtres italiens; ces maîtres cotinaissent aussi la crypto-
graphie apostolique.
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Dice.schA ox'Cïdaux et à Apice>. Vignettes fonderie Beaudoite.
LA CRYPTOGRAPHIE
dariA la
NUMISMATIQUE
Un très consciencieux numismate, M, Babelon, a eu la
patience de relever, sur des monnaies antérieures à notre
ère et frappées à Veffigie des rois d'Antioche, en Asie
Mineure, environ trois cents monogrammes grecs les plus
divers parmi lesquels nous avons remarqué celui-ci -f- un
rho f croisé par un — iota. D'autre part, ce monogramme
grec ^ est frappé sur la monnaie d'un Ptolémée, roi d'E-
gypte. Tous ces sigles étant des marques d'ateliers moné-
taires, on comprend facilement qu'on peut trouver deux
monogrammes, formés de lettres grecques, appartenant à
des noms de graveurs ou d'ateliers.
Mais nous n'avons pas remarqué l'une ou Vautre de ces
formules -^ ^ ^ dans la collection de celles qu'a relevées
M. Babelon; cela se conçoit facilement, le resch *J ainsi
dessiné ne faisant plus partie de l'alphabet grec défini-
tivement constitué cinq à six cents ans avant notre ère.
Notre impartialité nous engage à le signaler; les sigles
ci-dessus, linéaires, foliacés, étoiles, marques d'ateliers
monétaires romains, figurent sur beaucoup de médailles
antérieures à Tère chrétienne; elles appartiennent soit à la
république, soit aux empereurs romains y compris Jules
César. Ce doit être la raison qui engagea les Apôtres à
employer ces sigles pour composer une partie de leur lan-
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— 232 —
gage secret; de cette façon, les persécuteurs des chrétiens
ne pouvaient supposer qu'on pouvait y attacher une significa-
tion quelconque; les apôtres réussirent au gré de leur désir.
Le Cabinet de France possède une médaille à Teffigie
du farouche persécuteur Trajan; elle provient d'un atelier
monétaire lydien à Mœonia, en Asie Mineure. Chrétien
peut-être — il y en avait beaucoup en Lydie au 11^ siècle —
le graveur du coin devait y inscrire cette longue légende
grecque :
€rtiAYP-A<|><|>IANOYBAPXONTA-TO-B-KCT€<|>ANH<|>
Comme la place nécessaire à la légende était très res-
treinte le graveur abrégea des mots, notamment celui
APXONTA qui devint A>P^A ^^ ^^^^^ abréviation, qui rap-
pelle le >^ chrismon-resch, est justement placée au-dessus
de la tête du dieu Bacchus, monté sur un char traîné par
deux lionnes, allégorie gravée sur le champ du revers de la
pièce ; en sorte que le symbole de la Vraie Vigne >p; domine
Tallégorie du dieu du vin. Les chrétiens de ce temps
maniaient adroitement Vironie quand ils en trouvaient l'oc-
casion; mais le ^ chrismon-resch dont nous parlons ne
figure point ici au titre officiel.
Le labatuin
con.>tantinien.
l'ig. 3o2.
Le Gibet de la
ctucifixion.
Fig. 3o3.
Magnence,
empeteuc, 33o.
Fig. 304.
Olybtiu.s,
empeteut, 472.
Fig. 3o3.
En 3i3, quand Maxonce succomba, son vainqueur, Con-
stantin r*", publia redit de Milan qui établissait la liberté
religieuse. En 323, après sa victoire sur Licinius, Constan-
tin déclara que le christianisme serait la religion de tout
Tempire romain et il abolit le supplice de la crucifixion; il
adopta même la structure du gibet sur lequel mourut Jésus
pour ronstituer son enseigne de guerre, le labarum^ au-des-
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— 233 —
sus duquel il fit placer le (^ chrismon-resch éternel, c'est-
à-dire le sigle Christ Roi, (fîg. 3o2) rappelant ainsi le listel
fixé au- dessus du gibet du Golgotha (fig. 3o3) où les Romains
avaient écrit ironiquement, en hébreu et en grec, Jésus de
Naiareth Roi des Juifs.
L'image du labarum constantinien (fig. 3o2) a été frappée
sur le revers d'une très grande quantité de monnaies au
cours des IV*^ et V^ siècles, mais le chrismon-resch % ou le
X chrismon est tracé au centre de la partie horizontale.
En 337, année où mourut Constantin P', ses fils ont fait
frapper en son honneur une médaille de consécration por-
tant la légende aeterna pietas entourant le buste voilé de
leur père qui tient dans la dextre le sigle -f- de Jésus Roi.
Nous avons vu cette petite médaille de bronze dans la
collection du Cabinet de France.
Un très grand % chrismon-resch couvre presque entiè-
rement le revers des monnaies de Constant, Tun des fils de
Constantin; un très grand % chrismon-resch couvre aussi
en partie le revers des monnaies d'un autre fils de Constan-
tin, Constance, mais avec cette légende salvs avg nostri,
c'est-à-dire salut à notre Auguste ; le Seigneur étant figuré
par le % chrismon-resch.
Le revers des monnaies de Magnence, (fig. 304) chef
franc proclamé empereur en 35o à Autun, porte cette
légende plus développée salvs dd nn avg et caes, c'est-
à-dire Salut à notre Seigneur Auguste et César, Le revers
d'une monnaie de l'empereur romain peu connu, Olybrius,
porte une légende très significative aussi : salvs -)- mvndi;
c'est-à-dire Salut au Sauveur du monde^ le Sauveur étant
figuré par le -)- iesmon-resch (fig. 3o5). Par leurs dates, ces
monnaies constituent la genèse de la numismatique chré-
tienne au cours des W et V siècles.
Après que Clovis P' eut chassé hors de France les
Romains, les ateliers monétaires français entreprirent la
frappe de monnaies royales mérovingiennes pour les villes
du royaume ; quelques revers portent ces sigles % -^, mais
ils furent bientôt remplacés par des reschs Q 9i dont la
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— 234 —
boucle, tantôt tournée à droite ou à gauche, constitue le
dessin de Tr monumental R latin primitif.
Childebett,
toi.
Fig. 3oCy.
Melun,
(Seine-et-Matne).
Fig. 307.
Meaux,
(S.-€t-M.).
Fig. 3o8.
CloviA II,
toi.
Fig. 3 10.
Sur la monnaie de Childebert et celle de Melun, la bou-
cle du resch f2 est à droite; elle est à Ç| gauche sur la mon-
naie de Meaux où le sigle est accompagné par le chris-
mon : : posé en X chi. Un ^ chrismon-resch supporte un
iesmon-resch-rex Ç| [? sur la monnaie de Théodebert et celle
de Clovis II présente un iesmon-diresch y accompagné par
le nom si connu d'Éloi, en latin Eligi. Sur la pièce de
Théodebert (fig. 809) le resch 9| qui rappelle le Roi des
chrétiens est accolé à la première lettre (? de Rex ou roi
des Francs ; nous allons bientôt trouver cette formule Çf? sur
un document signé de la main de Clovis II (fig. 340).
Boutgoin, Dieiiie, Catibett, Besançon, Sigebett,
(lAète). (Meutthe). toi. (Doub.s). toi.
Fig. 3ii. Fig. 3i2. Fig. 3i3. Fig. 314. Fig. 3i5.
La monnaie de Bourgoin porte le -^ iesmon-resch accom-
pagné en pied par Vêta grec X couché ; Tiota couché ^
qui croise le ^ resch joint à Têta X couché forme le di-
gramme IH de ihsous. Le r^ mi-resch de la ville de Dienze
supporte un )^ chrismon-resch. La monnaie du roi Cari-
bert porte un -)- iesmon-resch sans boucle accompagné par
le trigramme IHS gréco-latin de ihsous. Besançon a le
même sigle accosté par le trigramme 8HI tracé de droite à
gauche à la manière hébraïque. La monnaie du roi Sige-
bert présente un diresch cordiforme Z^ soutenant un -)- ies-
mon-resch.
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— 235
Bcaye,
(Indce-et-L.).
Fig. 3 16.
Chalon,
(Saône-et-L.).
Fig. 317.
Macseille,
(B.-du-Rhône).
Fig. 3 18.
Rouen,
(Seine-Inf.).
Fig. 319.
Rouen,
(Seine-Inf.).
Fig. 320.
Le chrismon-resch >|c sans boucle couvre le revers de la
monnaie de Braye et le -)f ieschrismon couvre le revers de
celle de Chalon. A Marseille, c'est le ieschrismon-resch,
mais les quatre branches du -)- iesmon-resch sont accostées
par la formule des points •• L du diagramme, (p. 38) Des
monnaies de Rouen sont décorées par le ^ chrismon-resch
et le <gg> ieschrismon pétales. Les sigles de Braye, Chalon,
Marseille sont dénommés chrismes dégénérés; ceux de
Rouen sont dénommés roses à six lobes dans Tofficiel Cata-
logue des monnaies royales mérovingiennes ?
Mac^eiUe,
^B.-du-Rhône).
Fi^. 321.
I^ Man.s,
(Saclhe).
Fig. 322.
Pati.N,
(Seine).
Fig. 323.
Boutge.s,
(Chet).
Fig. 324.
Boutge.s,
(Chet).
Fig. 323.
Formé par huit ') reschs arqués, le ^ ieschrismon-resch
couvre le revers d'une monnaie de Marseille, sigle appelé
Astre flamboyant au Catalogue officiel. Le ^ quatriresch
arrondi de lavé et le !fi quatriresch arrondi de son Fils
décorent les revers des monnaies du Mans et de Paris;
(swastikas pour les archéologues) quatre sigles /. de lavé
sont posés en :: chi sur la monnaie de Paris. Le chrismon-
resch étoile f: orne le revers d'une monnaie de Bourges
(sceau de Salomon au Catalogue officiel) et le ••• iesmon-resch
de la formule des points H du diagramme, couvre le revers
d'une autre monnaie de Bourges. Pour les numismates offi-
ciels, toutes les formules des points sont des globules; ils
énoncent : deux, trois, quatre, cinq, six, huit globules ?
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— 236 —
Avec les races des Carolingiens et des Capétiens les
sigles monétaires changent peu à peu, mais le chiffre Caro-
lingien est un + iesmon-resch accosté de lettres ; le O losange
représente les trois lettres : AOU ayant ces formes A O V ;
L'r Ç\(2 ou rho 1 f de KAROLUS domine le sigle :
Chademagne, Btugei,
empeteuc. (Flandte.N).
Fig. 326. Fig. 327.
ChâloHA, LangceA, Maéôtcicht,
(Macne). (Haute-Matne). (Hollande).
Fig. 328. Fig. 329. Fig. 33o.
Dans le chiffre de Charlemagne, V(3 nous paraît rappeler
à la fois le Roi des chrétiens et le Rex des Francs; aussi
dans les autres sigles tracés tantôt de gauche à droite
KAROLVS et tantôt de droite à gauche 2VJOJIA)l; le K est mis
pour le C. La monnaie de Maëstricht porte un -)- iesmon-
resch tressé accompagné par le sigle .•• de lavé posé en : : ,
chrismon. Il existe beaucoup d'autres formules carolin-
giennes, notamment celle que tient de ses propres mains
Charles le Chauve (fig. 221) où le mot REX est figuré par
l'abréviation XR. Ce chiffre de Charles le Chauve porte à
la fois le mot français CHARLES et le mot latin KAROLVS.
Auxetre,
CatoUngienne
CapcUienne.
Capétienne.
Michel,
(Yonne).
et capétienne.
IX- Aiècle
Fig. 33 1.
Fig. 332.
Fig. 333.
Fig. 334.
Fig. 333.
Plus nous approchons du moyen âge, moins les pièces
sont garnies de sigles ; les revers sont presque entièrement
couverts par le -)- iesmon-resch accompagné du chrismon : :
(fig. 332) ou chargé à ses extrémités par la formule •> des
points du diagramme, (fig. 33 1 et 334)
Au IX^ siècle, un empereur grec, Michel Rhangabe
(fig. 335) fit frapper des monnaies portant Timage de Jésus-
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- 237 -
Christ nimbé accompagné par les digrammes IC et XC de
son nom; le sigma C lunaire y remplace le S sigma. Au-des-
sous des digrammes figurent également deux ^ ^ ies-
chrismons-reschs.
Sur toutes les monnaies royales mérovingiennes oti figure
le monogramme I couché de ihsous ; les numismates sont
d'accord pour reconnaître que ce sont trois marches; ce
monogramme, très bien gravé sur la monnaie d'Auxerre
(fig. 33 1), ne ressemble en aucune manière à des marches
ou degrés, il est exactement posé comme Viota — l'est lui-
même sous le grand sigle -)- de la monnaie du roi Caribert
et sous celui de celle de Besançon, (fig. 3i3 et 3 14)
Quand il n y a qu'un êta couché X au-dessous d'un grand
sigle comme celui -^ de la figure 3ii, l'êta X et l'iota qui
croise — horizontalement le ^ resch forment le digramme
IH (couché) de ihsous. Ce ne sont ni trois, ni deux,
ni un degré ou marche qu'on voit sous chaque sigle -^,
c'est un monogramme ou bien un digramme de ihsous.
CtiôpuA. Valentinien. Théodoôe. Juàtin. Juàtinien. Ju6tinien. Constantin IV.
Fig. 336. — Sigle6 monétaice6 deô empeteutô tomains du IV« au VI- 6iôcle.
Sur les monnaies romaines frappées avant notre ère, on
représentait les Césars tenant d'une main un trophée, une
victoire ailée, un Q nionde. Cette habitude fut continuée
pendant les trois premiers siècles après Jésus-Christ; mais
quand la liberté religieuse fut proclamée par Constantin V,
on représenta, sur les monnaies, les Césars tenant souvent
le labarum d'une main et l'un des sigles de Dieu de l'autre.
Sur une monnaie de Constantin P"', ce monarque nimbé
soutient de la dextre un monde Q entouré par les quatre
rayons du chrismon; (monde cerclé pour les numismates?)
c'est l'allégorie n** i de la figure 336, allégorie qui existe
aussi, sur les monnaies de Crispus, accompagnée par trois
ieschrismons-reschs posés triangulairement.
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— 238 —
Le n'' 2 est frappé sur le revers d'une monnaie à Teffigie
de Valentinien P'; la dextre d'une Victoire assise soutient
rallégorie; un monde est sommé par un iesmon-resch dont
les branches sont terminées par un des trois sigles •*. de
lavé; formule des cercles I du diagramme, (p. 38)
De même conformation que le précédent, le n** 3 apparaît
sur une monoaie de Théodose II; Vacclamation latine tra-
cée sur la pièce indique cette fois que Vallégorie Q repré-
sente la terre, glor orbis terrae (que la terre soit glorifiée);
la terre est glorifiée par le X chrismon qui la couvre et par
le iesmon-resch qu'elle supporte.
En 337, le n"* 4 est frappé sur les monnaies de Népotien
et, en Tan 5 18, sur celles de Justin; la terre supporte le
)^ chrismon-resch.
Les allégories n"' 5 et 6 apparaissent sur la face de la
monnaie de Justinien, ce monarque est représenté soute-
nant Vallégorie n** 5 de la main droite et Vallégorie n"* 6 de
la main gauche. L'allégorie n"* 5. est composée par le mono-
gramme I de iHsous surmonté par le -)- iesmon-resch.
Dans Tallégorie n** 6, la terre est couverte par. le mot pax
(paix); elle est sommée par le gibet du crucifiement T selon
sa véritable structure. A son tour le gibet est surmonté par
le sigle •> Jésus-Dieu, selon la formule des points H du
diagramme, (p. 38)
Au VIP siècle, la monnaie de Constantin IV, n** 7, porte
deux chrismons X accolés sommés par le -)- iesmon-resch.
Dans le langage officiel de la numismatique voici les
interprétations que Ton donne à ces sigles :
7k Globe ctucigôte ou ctucifète. JL
^ Globe chtbnaë
Globe pottant la ctolx mono-
gtamatique.
-f- Ctoix au-de66iu de ltoi6 matche^
^ ou degtëd.
Ctoix 6oudée à un globule. _L Croix au-de^6Uô d'un degcë.
Les uns ou les autres des sigles cryptographiques ornaient
le revers de beaucoup de monnaies européennes. La pièce
de 5 francs, frappée en 1 874 à Veffigie de Victor-Emmanuel IL
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— 239 —
porte au revers Técu de Savoie : de gueules au -j- iesmon-
resch d'argent, entouré par une ligature de huit ^ iesmon-
reschs pétales cerclés par Véternité, alternant avec sept ^
chrismons infinis. En bas de Técu, après un chrismon infini
pend une couronne formée par trois autres chrismons infi-
nis. Sur la tranche, trois fois la devise fert est accompa-
gnée par des chrismons infinis ^ accompagnés aussi par
un ^ chrismon-resch et un <gg> ieschrismon pétales.
Dès la fin du XVIIT siècle, en France, les sigles furent
supprimés; on les remplaça par cette belle invocation gra-
vée sur la tranche : Dieu protège la France ?
Au moyen âge, les ateliers monétaires français frappaient
des médailles, des jetons, des mereaux pour les corps de
métiers, les congrégations, les consuls des marchands, les
parlements, etc. Nous avons sous les yeux un jeton de juge
consulaire daté de 1697; levant, l'arrière et les bords du
navire de la ville de Paris dessinent des ") (T <s-s> (^ reschs.
Le mereau était un jeton de présence que touchait cha-
que membre du clergé qui assistait à matines ; chaque
paroisse avait son modèle oti étaient inscrits des sigles rap-
pelant le ou les saints ses patrons. Ainsi, sur le jeton d'une
église dédiée à Pierre et Paul, le principal symbole était
une épée accostant une clé; sur les jetons et mereaux on
voit des légendes comme celles-ci : mémento domine mei ;
puis, AVE maria GRATIA ; ou SIT NOMEN DOMINl BENEDICTUM.
Sur un jeton de la Cour des comptes : gardes vous de
MECOMPTE. Sur un jeton d'un comté : frange Flandres
ARTOIS. Sur un jeton de corporation : vive le roi et le
DOFiN. Tout le champ de ces jetons et mereaux est couvert
par les sigles les plus divers de la cryptographie, mais tou-
jours posés comme les rayons -f" X >(C >^ •)!(■ des sigles rec-
tilignes ou comme les cercles et les points du diagramme.
Le Cabinet de France possède une collection de six ou
sept mille jetons et mereaux que lui a léguée M. Rouyer;
mais toutes les explications des sigles du Catalogue sont à
reconstituer; il en est de même pour les explications des
sigles du Catalogue des monnaies royales mérovingiennes.
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Vignettes Beaudoiie, poinçoHvS du XVl" siècle.
LA CRYPTOGRAPHIE
dan^ IcA
CHARTES, CONTRATS, TESTAxMENTS, BULLES
et
LA CROSSE EPISCOPALE
En tenant le Saint-Sacrement, quand le prêtre donne la
bénédiction, son premier geste allant de haut en bas (Pater)
figure le 1 Resch ou Dieu ; son deuxième geste, allant de
gauche à droite, (et Filius) figure le — lesmon ou Fils de
Dieu; ces gestes, ainsi tracés et traduits dans la prière par :
Au nom du Père, et du Fils, nont aucun rapport avec le
signe qui représente le gibet ou l'instrument de la cruci-
fixion, comme on le suppose depuis quelques siècles.
Non seulement les premiers chrétiens traçaient à chaque
instant le geste du -)- Père et du Fils sur leur corps pour
le préserver du mal, mais il n'omettaient jamais de le tracer
à Vencre en tête des correspondances qu'ils échangeaient
entre eux; comme le font encore de nos jours les membres
de diverses congrégations.
Il y a bien longtemps, lorsque nous apprenions les lettres
de l'alphabet, elles étaient précédées par un >î< iesmon-
resch; avant de dire A, B, C, D, on nous faisait prononcer
les mots Croix de Dieu.
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— 241 —
L'un de ces sigles + -^ ^ accoladait souvent plusieurs
des premières lignes du texte des bulles, des chartes, des
privilèges accordés par les papes, rois, seigneurs des temps
anciens, il en était de même sur les contrats et testaments
notariés. Immédiatement après le sigle. venait une invoca-
tion, une courte prière formulée, selon les temps, en langue
grecque, latine ou française du genre de Tune de celles-ci :
-f- ToG nàTooç xal toO Ytou xat too Aytou IIveufjLaTOÇ.
>^ In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti.
-)- Al nom dou Père et dou Fil et dou Sainct Esperit.
. Quelquefois V invocation était faite au nom de la
Sainte et Indivisible Trinité et le sigle qui précédait Tune
de ces invocations était parfois accosté de Talpha, de
Voméga plus une certaine quantité d'autres sigles sacrés
(fig. 348).
Dans le courant du IV** siècle, les papes faisaient précé-
der et suivre le -)- bene valete -f- (porte-toi bien) de la
souscription de leurs bulles par le iesmon-resch ; leur signa-
ture consistait en un resch 9 sommé par les deux •• ou les
trois ••. points des formules L et I du diagramme, (p. 38)
mais le texte même des bulles était précédé par un
sigle plus ou moins haut choisi parmi ceux de la crypto-
graphie; ce sigle accoladait cinq à dix lignes et quelquefois
plus, comme on le fait pour certaines lettrines.
Les empereurs romains chrétiens suivirent cette règle et
Théodose II, dans une de ses constitutions, recommande
de toujours placer le nom de Dieu sur les actes, ce nom
étant une garantie de l'exécution des contrats. Les rois
mérovingiens, carolingiens, capétiens obéirent à la tradi-
tion; aussi les évêques-notaires apostoliques et les simples
notaires. Les textes des actes écrits par les scribes de ces
époques éloignées sont précédés par une lettrine crypto-
graphique; quel qu'en soit le dessin, les complications, nos
savants chartistes désignent ce sigle-lettrine par le nom
chrisme ou chrismon. Quand ce signe n est point placé en
16
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— 242 —
tête de Tacte, il précède ou suit la souscription ou la signa-
ture, mais alors il est de petite dimension.
A l'exception de Dagobert, les premiers rois mérovin-
giens étaient illettrés, ils savaient seulement tracer un para-
phe-signature précédé et quelquefois suivi par un signe
de christianisme.
Des formules en ce genre existent à la fin d'un ancien
parchemin déposé aux Archives nationales ; c'est un acte
de Tan 558 concernant la fondation de Véglise Saint-
Vincent, aujourd'hui Saint-Germain des Prés, à Paris.
Le premier sigle est un haut 1 resch; le trait de la
boucle est continué jusqu'au bas de la hampe qu'elle
croise dix fois de manière à former une série de X chrismons
(fig. 337). Viennent ensuite les paraphes du roi Childebert.
Le premier est un sigle qui a été ciselé sur un casque de
Constantin I"; (fig. 36o) mais Childebert le terminait par un
triresch arqué. Le second >k* est un ieschrismon-resch, un
des rayons du chrismon / est arqué en resch.
La lettrine cr^^tographique -)- tracée en tête d'un acte de
Thierry III (fig. 338) est un long iesmon-resch accoladant
les cinq ou six premières lignes du texte. La figure 339
représente le paraphe assez compliqué de la signature du
roi Chlotaire II apposée au bas d'une charte et suivie par
un -îjf ieschrismon-resch. Trois reschs (9 étages ont les
hampes posées diagonalement et croisées en chi X par les
deux autres hampes d'un chrismon ovoïdal (P lié à un
chrismon 8 infini. Le sigle -fjf est dominé par la tête d'un
long C posé horizontalement, première lettre de Chlotaire.
Un autre ^ chrismon, posé horizontalement, est terminé
par une longue hampe qui croise celle du dernier des
trois reschs diagonaux. En somme, ce paraphe qui parait
compliqué n'est composé que par des reschs à spirales,
un resch (p ovoïdal et par plusieurs X 8 ^ chrismons.
La lettrine cryptographique placée en tête d'un acte de
Clovis II (fig. 340) est un chrismon-resch semblable à celui
de la figure 337; mais la boucle du T resch est accolée à
un r monumental latin primitif p première lettre du mot
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— 243 —
Rp:x ou Roi. Dans ce cas, le resch T rappelant le Roi des
chrétiens est accolé au resch ou (?r du Roi des Francs.
^==^^ \
Childebett I", toi,
Fig. 337
Thietty III, toi.
Fig. 338
Chlolaite II, toi.
Fig. 339
Cloviô II, toi.
Fig. 340
Chilpétic II, toi.
Fig. 341
Châtier le Gt06, toi.
Fig. 342
Robett, toi.
Fig. 343
T
dJ
Loui^, abbé
Macaite, évèquc
Imbett, ëvéque
Philippe, toi
deS.-Deni6(825).
de Meaiix (loii).
de Patiô (1045).
(ôceau).
Fig. 344
Fig. 345
Fig. 346
Fig. 347
Dans la lettrine d'un acte de Chilpéric II, (fig. 341) la
tête du C, initial de ce nom, coupe en X chrismon la hampe
et la boucle du ] haut resch à base terminée en .) resch.
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— 244 —
La tête allongée de deux autres plus petits C croisent en X
chrismon la longue hampe du resch principal et dessine,
sur la droite, un chrismon 8 infini dont la hampe finale
croise à nouveau en X chrismon la longue hampe du ] resch
cryptographique. La lettrine qui précède le texte d'un acte
de Charles le Gros (fîg. 842) est composée par un très long
resch dont la boucle, en continuant, croise deux fois la
hampe; puis le trait dessine un grand C, première lettre
de Charles; la queue du C, par son prolongement, dessine
à dextre et senestre de la longue hampe cinq L; première
lettre de la deuxième syllabe de CharLes. Un sixième L est
lié à la partie inférieure de la hampe du 1 resch.
La lettrine de Robert (fig. 348) correspond à celle de
Childebert, (fig. 337) mais elle est terminée par une ^ tri-
phylle et elle est accompagnée par neuf 8 chrismons.
La lettrine cryptographique de Louis, abbé mitre de
Saint-Denis, est similaire au sigle de Childebert. Macaire,
évêque de Meaux, (fig. 345) employait en tête de ses actes
un -f- iesmon-resch accompagné par l'alpha et l'oméga
agrafés après le — iesmon, car le iesmon, ou Jésus, est le
commencement et la fin.
Sur un acte de Imbert, évêque de Paris, {f\^. 346) c'est
le >^ chrismon-resch traditionnel ; la tête est accompagnée
par le triresch de la Trinité; le pied aussi; mais le trait
final du resch renversé i» se poursuit de manière à dessiner
à droite un 8 chrismon.
La figure 347 représente l'empreinte d'un sceau de Phi-
lippi régis Francorum ou Philippe roi des Francs; cette
inscription est accolée à la hampe | du resch qui entre dans
la composition du iesmon-resch éternel formé de traits
doubles. Le sigle -|- est accosté par quatre petits cercles
posés en damier : : ou chrismon.
Trois sigles remarquables forment la lettrine cryptogra-
phique d'une charte de Hugues Capet. (fig. 348) La pre-
mière ligne, en lettres les plus hautes, est consacrée à
l'invocation à la Sainte-Trinité : In nomine Sanctae et Indi-
viduae Trinitatis. Hugo gratia Dei Francorum Rex, etc. La
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— 245 —
largeur de notre page ne permet pas de donner les lignes
dans toute leur étendue.
Le premier des trois sigles est composé par un resch (5>
ovoïdal lié à la hampe du monogramme f Rex comme
dans la figure 340; la terminaison de cet t particulier
croise en chi X lo bas de la hampe du resch.
MonST^i \ct mApf \cxyhn br\cv U
7
Al
îtulu| c
7 yjht>vt\îtmh\x dbhxxnxum ort?
Fig. 348 — Fragment d'une chatte de Hugueô Capet, X* ^iOcle.
^Clichd extrait du Livre, édition Ficmin-Didot.)
Le second groupe est formé par un % chrismon-resch
sans boucle : la partie } finale du chrismon croise en chi
le bas de la hampe | du resch.
Le troisième groupe est un ] resch qui devient % chris-
mon-resch, car le prolongement du trait de la boucle croise
la hampe quatre fois en X chi.
Ces trois groupes sont accompagnés par trente-cinq nuns
mosaïques 1 posés à peu près partout. Or, nun T en
hébreu signifiant poisson, (fig. 2) Jésus est représenté
cryptographiquement trente-cinq fois dans les trois sigles.
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— 246 —
Sur d'autres parchemins, nous avons vu le -)- iesmon-
resch en tête d'une charte de Tan 679, par Lothaire, roi de
Kent en Angleterre; un •>^- ieschrismon-resch en tête
d'un texte du concile de Pitre en 864; un <o-f-A iesmon-
resch accosté par Talpha et Toméga sur un parchemin des
Archives de TAude datant de 834.
H 910
Fig. 349 — Signatuce^ de notaiceA, XIV' et XV* Ait^clei. (Cliché Rouveyte.)
Au moyen âge, les testaments, les actes notariés étaient
également précédés par un sigle cr^ptographique suivi
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— 'M7 —
cVune invocation écrite. Quelques signatures de notaires
des XIV* et XV* siècles sont assemblées dans la figure 349,
nous les numérotons de i à 10.
Le n** I, est la signature de Pasquier, notaire en i32i ; elle
rappelle la forme du labarum constantinien qui, lui-ntême,
a été établi d'après la structure du gibet de la crucifixion.
(fig. 3o2) La plaque rectangulaire du labarum était chargée
par Tun ou Vautre de ces sigles >^ X +; le notaire Pas-
quier a fait de même, le carré de sa signature est chargé
par un losange entrelacé avec un X chrismon de manière
à obtenir des chrismons tressés.
Le cadre léger qui entoure le carré est formé par huit <lj>
direschs séparés par autant de reschs ovoïdaux symétriques
accostés chacun par deux très petits X chrismons. La
hampe est décorée par des chrismons en torsade et un <^
iesmon-resch dont les quatre pétales sont des reschs ovoï-
daux. La hampe est terminée en triphylle ; un chrismon 8
infini lié à un resch ovoïdal dessine la feuille centrale.
La signature de Hugues de Marze, notaire en 1346, est
représentée par le n° 7, c'est une tête de chien dont Toreille
est un resch ^ ovoïdal; les autres contours rappellent le
resch arqué.
La signature n" 9 est celle de F. Brakell, notaire en 1463;
ce dessin très original comprend deux degrés chargés par
les trois carrés de la formule I du diagramme, (p. 38) La
colonne verticale qui somme les degrés est croisée horizon-
talement par un iesmon-ruban, de manière à rappeler le -|-
iesmon-resch ; la table supérieure supporte un ^ sextiresch
hébraïque figuré par six jambes pliées; le pied tient la place
du petit appendice supérieur du resch hébraïque t retourné.
A l'étranger, notamment en Germanie, les signatures
étaient constituées également par des sigles chrétiens ; nous
ne Vavions pas compris suffisamment il y a une dizaine
d'années lorsque nous cherchions déjà la clé de la crypto-
graphie des marques typographiques. Les Archives géné-
rales de Paris possèdent une pièce portant la signature
manuscrite de Schoifjfer. (fig. 35 1) Datée du 20 juillet 1468,
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— 248 —
cette quittance de quinze écus d'or est relative au livre de
la Somme de saint Thomas que Tassocié de Fust avait
vendu aux pensionnaires du collège d'Autun, à Paris.
^ ^ é
Con6tantin IV, (668.) Signalute de Schoiffet, (1468.) JoAAe Bade, (i52i.)
Fig. 33o Fig. 35 1 Fig. 332
La signature de Schoiflfer est composée par deux XX
chrismons accolés comme le sont ceux qui sont frappés sur
la monnaie de Constantin IV; (fïg. 35o) un f iesmon-resch
somme les deux chrismons. Josse Bade, imprimeur à Paris,
avait adopté une marque typographique à peu près analo-
gue; ce sont deux chrismons accolés dont le champ est
chargé par un autre plus petit X chrismon ; un -)- iesmon-
resch somme le tout. (fïg. 352)
Le lecteur doit être maintenant à même de comprendre
la composition des signatures n**" 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10 de la
figure 349; ces sigles sont une répétition de ceux analysés
précédemment.
Dans son Traité de diplomatique, page 592, M. Giry, sous-
directeur de rÉcole des Hautes Études, n explique pas la
signification des signatures du moyen âge, il se contente de
dire qu'elles forment un véritable musée paléographique. Il
n'est pas plus heureux en ce qui concerne la souscription
et la signature des papes sur les bulles quand il écrit,
pages 619 et 620 :
La Rota. — Un autte 6igne deA gtandeA buUeô pontificales, depiûA Léon TX, est
la roue ou rota^ ((ig. 353) placée en tegacd du monogtamme bene valete. (fig. 354)
La rota ebi compoôëe pat deux cetcleA concenttiqueô ; le pluô petit eôt diviôé en
quatte cantons pat une -|- ccoix. Une légende eài inôctite enlce les deux cetcles
concenttiqueô. Sous le pape Léon IX la rota est accompagnée du bene valete,
céduit en un monogtamme suivi du Komma^ virgule gigantesque sommée de
deux •• ou ttois •% points qui n'était pas autre chose que la ponctuation finale.
(fig. 353)
Nous avions àé]^V idole gigantesque inconnue de M. Georges
Perrot, nous avons maintenant la virgule gigantesque de
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— î^49 —
M. Giry. Nous le regrettons beaucoup pour ce dernier
auteur, mais, gigantesque ou non, la virgule n'existait pas
encore au XP siècle. Quant au comma^ il existe depuis
quelques siècles; c'est le nom que les Anglais donnent à la
virgule et les Grecs au point et virgule.
Fig. 333
ffi leômon-teôch ëtecnel
et légende.
Fig. 354 Fig. 335
Monogtainme de Re6ch pontifical
BENK VALETE. 6omnnë du •• ie.smon.
Voilà les trois sigles qui terminent le texte des grandes
bulles pontificales. La légende latine du n° 353 signifie :
La terre est remplie par la miséricorde du Seigneur. Sachant
ce qu'il faisait, le scripteur a écrit en majuscules et placé
le nom du Seigneur, (Domini) au-dessus du | resch repré-
sentant Dieu. LEO est le nom latin de LÉON. Le mono-
gramme de Papa est le P accosté par le •• iesmon; cette
adjonction transforme le sigle en -f- iesmon- resch, car le
Pape est le délégué de Jésus sur la terre.
Comme celle des vieillards, la main vacillante du pape
traçait le resch 9 pontifical surmonté des points •• du dia-
gramme; (p. 38) ce sigle n'est ni une virgule gigantesque ni
un comma, c'est le signe représentatif de Dieu, un 9 Resch,
dessiné tel qu'on le voit sur le chevet de Saint-Jean à Poi-
tiers, sur les frontons de la basilique de Tigzïrt au Louvre
et au sommet des Calvaires gallo-phrygiens de la vallée
de Nacoleïa. Le •• iesmon rend nominatif le 9 sigle ponti-
fical signifiant IH20TS 0EOY (Jésus-Dieu).
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— 25o —
LE BATON PASTORAL
OU
CROSSE
Le premier symbole adopté par les apôtres pour repré-
senter conventionnellement le pouvoir spirituel que transmit
Jésus à Pierre en lui disant : Ce que tu auras lié et délié sur
la terre sera lié et délié dans le ciel^ fut le 9 resch dont on fit
le baculum ou bâton du pasteur que portaient les premiers
évêques des églises d'Asie Mineure; symbole qui représen-
tait la suprématie de Tesprit sur la matière.
Un peu au-dessous de la crossette, une virole d'or cer-
clant la hampe figurait le = iesmon; le bâton ] figurant
le resch, les deux signes donnaient le *} iesmon-resch.
La forme du bâton à crossette est celle du resch ] de
Poitiers, de Tigsirt et de la signature ] des papes.
A Rome, dans le cimetière Saint-Cyriaque, un sarcophage
présente les douze apôtres; au milieu d'eux, un personnage
leur enseigne l'Évangile, c'est Jésus portant un bâton à
crossette aussi élevé que sa personne. A Arles, dans l'église
Saint-Trophime, existe un sarcophage sur lequel sont
sculptés Jésus entouré par Pierre et Paul. La tête de Jésus
porte un court -P- iesmon-resch, mais Pierre tient une très
longue hampe sommée par le -f- iesmon-resch, symbole du
pouvoir spirituel.
A l'angle de l'église Saint-Séverin, à Paris, est placée la
statue de l'évéque de ce nom, il tient le bâton pastoral; on
distingue facilement la virole ou iesmon " cerclant la
hampe ou 1 resch. (fig. 356) Sur le sceau de l'archevêque
de Rouen, en i225, la hampe de la crosse de Thibaud est
cerclée par le monogramme couché I de IHSOYil. Sur
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— 25l —
le sceau de Tarchevêque d'Aix, en i255, la crosse de
Philippe est cerclée par une ^ triphylle. Trouvée dans le
tombeau d'un évêque de Rayonne au XP siècle et exposée
au musée de Cluny, à Paris, la hampe d'une crosse est cer-
clée par un octogone ajouré; c'est le nimbe octogonal B du
diagramme; (p. 38) la crossette est figurée par une enco-
lure de serpent dessinant un 6\ resch à spirale.
Fig. 336 — Saint Sévetin tenant le bâton pa.stotal.
A partir du XIT siècle, époque où Vart de Torfèvrerie
religieuse commence à resplendir, la crosse épiscopale
devient de plus en plus ornementée ; c'est encore dans
Vinépuisable trésor du Panorama de l'éditeur Baschet que
nous puisons la crosse du XIIP siècle appartenant à la
cathédrale de Poitiers et celle du XV" siècle appartenant à
l'église de Maubeuge. (fig. 357 et 358)
Sur la crosse de Poitiers (fig. 357) de nombreux petits
reschs arqués ornent Varête extérieure à partir de la virole.
La crosse est terminée par un resch «1 à une spirale portant
une triphylle ^^ au centre. De beaux sigles sont ciselés sur
la virole et sur la longue hampe de la crosse. La crosse
de Maubeuge (fig. 358) est beaucoup mieux décorée, sa
hampe porte le diresch mosaïque lié en chef par le mi-
resch ; (fig. i36, rosace C) la flore symbolique est ciselée
sur la virole-iesmon ; des triphylles courent sur la partie
haute de la hampe qui se termine en resch à double spi-
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— 252 —
raie. La 6^ spirale centrale est reliée à la plus grande
par un sextiresch rappelant les six rayons du )(( chrismon-
resch.
Fig. 357 — Ctosbe de Poiliet^,
XIII* Mècle.
Fig. 358 — Cco.SAe de Maubeuge,
XV* 6iêde.
TtiteAch pat \e*> clouô ;
ceAch ovoïdal dpineux de la coutonne de la Pa^Aîon;
ie>chcbmon-reAch pat le Aigle -j- charge* du X chtîMnon.
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LA CRYPTOGRAPHIE
danà lc\%
ARMOIRIES
L'éj^alité n'existe que chez les bêtes, avons-nous lu dans
un traité héraldique quelconque. Chez les humains c'est
différent, on fut toujours prêt à obéir au plus intelligent et
à le reconnaître comme chef. Celui-ci en portait extérieure-
ment la marque très apparente : des tatouages, un panache,
des armes ciselées pour les chefs militaires.
Homère a décrit le bouclier d'Achille ; Eschyle a dépeint
ceux des chefs grecs qui assiégeaient Thèbes, mais ces
décorations primitives des armures étaieat-elles symboli-
ques ? Homère et Eschyle ne le disent point.
Avant notre ère, les casques et boucliers des empereurs
romains portaient aussi des signes particuliers ; on le peut
constater facilement en examinant la numismatique de cette
époque. Si Constantin V a agi de même, il Ta fait à un
autre point de vue, car les Pères de TÉglise recomman-
daient d'orner toutes choses par le Nom de Dieu.
Ce nom est ciselé, en sigles cryptographiques, sur les
divers casques de ce monarque dont l'effigie est frappée
sur des centaines de pièces d'or, d'argent, de bronze, fai-
sant partie des collections du Cabinet de France, rue
Richelieu, à Paris. On y voit le -f- iesmon-resch, le X chris-
mon, le ^ ieschrismon-resch et ce ^ ieschrismon-resch
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— 254 —
ciselé sur Tarrière d'un casque. Sur la pièce monétaire
n** i5o56, du Cabinet de France, est frappée la tête casquée
de Constantin P*" telle que la représente la figure 359; ^^
champ du casque porte deux fois le >fC chrismon-resch.
'4479
14483
14473
Constantin I".
Fig. 359
^P ^ qAs>
14475 14477 '48^^'
Sigle.N divet.N.
l'ij(. 3r»o
Diadèmes.
Fig. 361
Sur d'autres casques apparaît Tun des sigles de la
figure 36o; les divers numéros placés près des sigles sont
ceux du Catalogue du Cabinet de France. Ce sont des
direschs, des trireschs séparés et unis. Un paraphe de
Childebert V^ (fig. 337) est le sigle 14473; la pierre tumu-
laire de Lyon (fig. 1 10) porte le triresch du sigle n° 14856.
Les monnaies de Constantin F"* sont les premières où la
tête d'un empereur est ceinte par le diadème; la figure 36 1
reproduit deux de ces diadèmes composés de pierreries et
d'or dessinant des sigles de la cryptographie apostolique.
On voit quelques-uns de ces sigles ornant le trône de Dieu,
dans la vision d'Isaïe. (fig. 256)
Dans son Histoire de l'Église^ Eusèbe raconte que les
chefs et soldats chrétiens des légions de Constantin I" por-
taient aussi le Nom de Dieu sur leurs armures, et que ce nom
les protégeait des flèches de leurs ennemis, tandis que les
chefs et soldats encore païens ne portant pas le nom pré-
servateur sur leurs armures étaient blessés et tués.
Il est bien vrai que les guerriers chrétiens de cette épo-
que portaient des sigles sur leurs armures. En 1902,
M. Doublemard découvrit un cimetière gallo-romain dans
le département de l'Aisne, il retira des tombes beaucoup
d'objets; l'un des guerriers avait été inhumé avec sa cui-
rasse : elle porte à la hauteur de chaque sein les deux
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— 255 —
sigles @ Jésus-Christ éternel et i^ Christ-Dieu éternel; le
compte rendu du Concours d'archéologie du Journal VÉ-
clair y en date du 19 janvier igoS, donne Vimage du sque-
lette; la main gauche porte un bracelet et la cuirasse les
deux sigles dont nous donnons l'explication.
Comme les armées étaient composées de plusieurs légions
commandées par différents chefs, ceux-ci et leurs soldats
avaient sans doute fait tracer sur leur bouclier, entièrement
ou en partie, Vun des sigles monogrammatiques de Jésus-
Christ Dieu; outre l'esprit de conservation, c'était un moyen
de reconnaître la légion à laquelle on appartenait. Ce fut là
le commencement des Armoiries qui furent peintes plus
tard sur les boucliers ou écus des chevaliers au moyen âge
dans toutes les contrées chrétiennes de l'Europe.
Après les premières croisades, les guerriers connais-
saient la valeur symbolique des bestiaires qui accompa-
gnaient les sigles de Dieu sur les monuments rupestres
d'Asie Mineure, ils s'emparèrent de ces bestiaires pour en
faire les supports de leurs armoiries; c'est pourquoi on voit
tant d'animaux naturels ou fabuleux à oreilles ovoïdales, à
pattes et encolures posées en reschs arqjiés ou à queues en
spirales, animaux supportant les écus à dextre et senestre.
Tous les lions dits lampassés^ en terme héraldique, ont en
effet une langue sortant de leur gueule ; elle n'a point la
forme d'une langue, mais bien celle d'un C_ resch. (n"* 18
et 25, fig. 362 et 363)
En somme, tous les mots barbares que les héraldistes ont
employés pour désigner les sigles qui décorent les armoiries
ont été inventés vers le XVP siècle par les nombreux
auteurs de la Science des Armoiries. Nous indiquons une
partie de ces noms au-dessous de la véritable signification
cryptographique des sigles, et l'on remarquera facilement
que la pose des membres et du corps des animaux corres-
pond à la pose et au nombre des rayons qui forment les
monogrammes primitifs de Jésus-Christ Roi.
A Constantin V" l'honneur : son casque porte deux %
chrismons-reschs ; Vécu n"^ 2 porte le X chrismon; le n" 3
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— 258 —
est la partie dextre du chrismon et le n** 4 la partie senestre
du même sij^le. Le n** 5 est la moitié du chrismon. Le n** 6
est un bestiaire dont le corps et les membres sont posés
en >(c chrismon-resch, c'est l'aigle bicéphale, la deuxième
encolure indique que le monarque règne sur plusieurs royau-
mes; la queue du bicéphale dessine le -f- iesmon-resch.
Le n® 7 est le -f- iesmon-resch des sigles. Les n**' 8 et 9
sont des -f- iesmons-reschs sans boucle. Le n"* 10 est la
hampe ou le pied du *] resch sans boucle; pied vient de
l'ancien mot pal. Le n** 11 est le — iesmon ou la fasce
secrète de Jésus. Le n** 12 est le iesmon ou IXOYS, poisson.
Le n"* i3 est le gibet complet de la crucifixion et le n° 14
en est le chef. Le n** 1 5 figure les cercles concentriques de
l'éternité qu'on voit dans beaucoup de rosaces.
Le n** 16 est le ^ ieschrismon-resch, le n* 17 est le même
sigle ornementé et triphyllé, auquel on donne le nom
bizarre de rais (T escarboucle ? Le n** 18 est un bestiaire de
même signification; pour représenter le huitième rayon du
sigle on a ajouté une seconde queue ; toutes deux sont
posées en 9 C diresch ; la langue de l'animal est un assez
long Q_ resch. La tête, la langue, les deux queues, les qua-
très pattes représentent les huit rayons de ce ^ sigle.
Dans la figure 363, le sigle de l'empereur Constance, fils
de Constantin, est un chrismon-resch accosté par l'alpha et
Voméga. Les six rayons % de ce sigle sont ceux qui sont cise-
lés sur le casque de Constantin P^ (n** i , fig. 362) Le n** 20 est
la fleur de lis des jardins; elle n'a que cinq pétales alors que
cette fleur en possède réellement six. Quelle ait cinq ou six
pétales, les nervures )AC >(C et les pétales dessinent des chris-
mons-reschs. Le n" 21 représente les clés (for de saint Pierre
posées en X chrismon. Le n** 22 est composé de trois fleurs;
chacune ayant cinq pétales désigne le chrismon % resch;
les trois fleurs ont la signification de la formule J du dia-
gramme. Les trois cercles éternels de la figure 23 ont la
même signification. Le n** 24 est le buisson ardent de lavé.
Le n** 25 figure un ieschrismon-resch ^ couronné par
des A direschs; la langue, la couronne, le corps, les pattes
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— 259 —
et la queue figurent huit rayons. Le n** 26 est un oiseau
posé en 4- iesmon-resch comme le Pélican de la figure 273.
Le n** 27 est le resch f à boucle, le n** 28 figure la hampe
du I resch, poisson-IX6Y2. La jambe n** 29 figure le resch 1
hébraïque renversé L comme Tune des jambes de la signa-
ture du notaire Brakell. (fig. 849) Le n** 3o est un r\ mi-resch
aux extrémités courbées en resch. Le n** 3i est un resch S)
ovoïdal. Le n° 32 est un diresch ou deux fois IX6Y2. Le
n** 33 est le triresch de la Trinité, les trois reschs sont liés
par le — iesmon. Le n** 34 est une triphylle, éternelle Q P^^
le cercle que décrit chaque lobe. Le n** 35 est un >(( ies-
chrismon et le n** 36 un :Sc chrismon-resch.
Au Louvre, dans Tune des mosaïques du IV" ou V siècle
fixées dans le sol de la salle Mollien, deux poissons {Ix^'j^)
sont posés en X chrismon ; ce symbole était celui de Chris-
tos pour les chrétiens de Tyr. A partir du XVIP siècle,
pour les doctes du blason, ce symbole ne représente plus
que deux poissons posés en sautoir (n** 2 fig. 362), mais
ils n'ometteraient point de donner le nom véritable des
bestiaires aquatiques s'ils chargeaient le champ d'un écu.
On peut examiner les sigles des premières armoiries des
rois, princes, seigneurs, évêques, tous dessinent Tun des
sigles de la cryptographie ; par les alliances, les écus
deviennent assez compliqués, mais chaque partie de Vécu
de chaque famille possède des signes posés tels que le sont
les rayons des sigles chrétiens.
Du IV* au XV' siècle, les sigles des écus ou boucliers
étaient peints en couleurs différentes; ces couleurs repré-
sentaient elles-mêmes des métaux. Au XV* siècle, après
V invention de la typographie, on représenta dans les livres
les couleurs et les métaux par des hachures en différentes
positions; la figure 364 donne la correspondance des
hachures typographiques par rapport aux couleurs et aux
métaux qu'elles désignent.
A l'aide de ce diagramme on reconnaît, à première vue,
les métaux et les couleurs de tous les sigles héraldiques
composant les armoiries des figures 362 et 363. Dans le
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— 26o —
langage des armoristes, on décrit d'abord le métal ou cou-
leur du champ de Técu, champ qui peut être couvert par
plusieurs métaux ou couleurs; dans les figures 362 et 363,
le n"* 2 est d'argent au chrismon d'azur; n** i3, d'argent au
gibet de sable ; n** 2 1 , de gueules aux clés d'or posées en
chrismon; n** 25, d'argent au lion posé en ieschrismon-resch
de même (le lion est blanc comme le champ); n" 28, d'azur
au poisson de sinople posé en resch ; n** 3i, d'argent au
resch ovoïdal de gueules posé en cœur, (au centre)
Le sable est représenté par le noir^ mais le plus souvent
c'est un noir pointillé de blanc ou un quadrillé serré,
comme dans les figures 6, i3, 33.
Nomd hc'caldiqueA ....
Ot
Argent
Azut
Gueule.s
Poiitpte
Sinoplt?
Sable
Gravure typographique.
en blanc
■
■
''"■-C;
■
XoiriA iXeà couleur.^ . . .
Jaune
Blanc
Bleu
Rouge
Violet
Vert
Soir
NomA de.^ mélau.\ ....
Oc
.\rgenl
Cuivre
Fer
Ktain
Cinabre
Plomb
Fig. 364 - Diagramme de.s hachuteA, couleurs, métaux.
Dans ce simple exposé relatif aux armoiries, nous avons
pour but de démontrer que les sigles -f- X qui décorent
la façade des calvaires gallo-phrygiens (fig. 69, 74 et 85)
et les bestiaires des autres monuments, sont ceux qui ont
été ciselés sur les armures de Constantin P' ; sur les boucliers
ou écus des chefs et des soldats chrétiens ; que les sigles
ont formé ce que lés armoristes appellent (ils ne disent
pourquoi) les pièces honorables primitives. Elles sont hono-
rables en eflfet puisqu'elles sont la représentation des mo-
nogrammes de Jésus-Christ et de Tinstrument de son sup-
plice; les pièces honorables sont celles des n**' i, 2, 3, 4, 5, 9,
10, II, i3, 14, 16. Ainsi la bande \ (n** 3) est une des deux
bandes du X chrismon; la barre / {vC 4) est une des deux
barres du X chrismon. Le/7j/(n'* 10) est le pied | du resch
\ sans boucle. \.2l fasce — (n** 11) est la figure secrète de
IH20Y2. Le chef (n** 14) est la tête ou traverse du gibet
de la crucifixion. Voilà des pièces honorables en eflfet.
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— 201
Les armoiries royales et impériales anciennes portaient
les sigles chrétiens de l'armoriai.
L'écu de France est un resch ovoïdal symétrique : d'azur
à trois trireschs d'argent lié chacun par un — iesmon
d'or accompagné par deux rameaux, accostés de triphylles,
croisés en X chrismon à la base. La couronne est com-
posée de trireschs ♦ d'où émergent des reschs arqués
sommés par un -)- iesmon-resch. (fig. 365)
Écu de Russie : une aigle bicéphale doublement cou-
ronnée ; elle est de gueules et posée en >fC chrismon-resch ;
chargée par Vécusson de saint Georges; par un collier à
trois aigles bicéphales d'argent et deux (g) chrismons éter-
nels de même; les pattes de l'aigle tiennent la terre et le
sceptre sommés par un -)- iesmon-resch. (fig. 366)
Écu d'Autriche : une aigle bicéphale doublement cou-
ronnée; elle est de gueules, chargée par un écusson por-
tant le -|- iesmon-resch d'argent et par un collier de petits
écussons de même. (fig. 367)
Ces écus n'ont point de bestiaires pour supports^ mais
celui d'Angleterre, (p. 214) ceux d'Espagne et d'autres
royaumes ont des animaux pour supports ou des êtres
humains pour tenants.
Quelles que soient les choses anciennes que Ton analyse :
monuments, monnaies, armures, vêtements, bijoux, manu-
scrits, mobilier, armoiries, sculpture, peinture ; pendant
seize siècles les monogrammes divers de Jésus, Christ et
Jehovah, dessinés, groupés en tant de manières différentes
par les artistes chrétiens, ont formé l'auréole étincelante et
glorieuse des Arts majeurs et mineurs.
F. 365 -
Écu de Ftance
F. 366 — Ecu de Ruô^ie
F. 367-
- Écu d'Auttiche
ancien.
ancien.
ancien.
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LE GIBET DE LA CRUCIFIXION
et 6a
CONFIGURATION
Parmi les écrivains qui se sont occupés de démontrer
que ce signe -f- d^t^ d^ l^ pl^s haute antiquité, un prêtre,
auteur de La Croix avant Jésus-Christ^ cite Tun des monu-
ments sur lesquels ce signe -f" apparaît un grand nombre
de fois, et ce monument est précisément celui que les
archéologues font remonter à dix ou douze siècles avant
notre ère, le tombeau dit de Midas en Phrygie, cénotaphe
rupestre sculpté au deuxième ou troisième siècle de notre
ère en Vhonneur d'un martyr de la foi chrétienne ou en
rhonneur d'un grand dignitaire du christianisme, (fig. 69)
Dans tous les temps, dans tous les lieux, on a tracé des
signes qui ressemblent à ceux-ci -j" X; ce dernier Xj
signifiant croix en hébreu, est précisément le Tau ou la
vingt-deuxième lettre de Talphabet créé par Moïse il y a
bien près de 4000 ans. Mais il ny a aucune corrélation
entre la configuration du signe 4- q^^ trace le chrétien en
faisant sa prière et la configuration du gibet T sur lequel a
été crucifié le Rédempteur. Nous avons dit que le premier
de ces sigles -^^ devenu celui-ci -|- par la suppression de la
boucle, fut le premier signe conventionnel de ralliement
des chrétiens; que le croisillon tranversal — est le mono-
gramme de IHSOYS et que Vautre sigle *] ou la hampe
seule I représente le resch ^ de Talphabet mosaïque signi-
fiant Chef ou Tête; que le Chef des chrétiens étant Jésus
ils avaient rendu nominative la figure cryptographique ] de
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— 263 —
leur Chef en la croisant horizontalement par le — iesmon
pour obtenir le -^ iesmon-resch signifiant Jésus, le Chef,
Roi ou Dieu des chrétiens.
Notre tâche consiste maintenant à citer les monuments,
les écrits, à l'aide desquels on peut démontrer que la confi-
guration du gibet de la crucifixion était T celle-ci.
Le plus ancien de ces monuments paraît dater du II* siè-
cle de notre ère, c'est une caricature de la Crucifixion tra-
cée à la pointe sèche sur l'enduit d'une muraille faisant
partie de la substruction du Palais des Césars, sur le Pala-
tin à Rome.
Quand on fit des fouilles sous le Palatin et qu'on eut
découvert T inscription grecque consacrée à Alaxamèné et à
son Dieu, le R. P. Garucci obtint la permission de déta-
cher la partie de l'enduit où était tracé le dessin bien rudi-
mentaire et il Vexposa au musée Kircher, à Rome, où tout
le monde le peut voir maintenant.
L'inscription grecque signifie Alaxamèné adorant son
Dieu. Alaxamèné était un chrétien, le dessinateur l'a repré-
senté à genoux, au pied du gibet à trois branches T sur
lequel est crucifié un homme dont les bras sont étendus
sur la traverse horizontale; le coips longe verticalement le
fût de la potence double; mais cet homme est pourvu d'une
tête d'âne tournée dans le sens de la boucle *] du resch
hiératique. L'auteur de ce grossier dessin savait-il que la
forme de l'oreille de Vâne a était l'un des signes adoptés
par les chrétiens pour dissimuler le resch ^ semi-ovoïdal;
faisait- il partie de ces chrétiens qui étaient retournés au
paganisme ? En tout état de cause, le monument existe et le
bois de l'instrument de la crucifixion y est représenté par
ces simples t traits.
Attribué à saint Zenon, évêque de Vérone, un manuscrit
affirme que le prélat, ayant fait bâtir une basilique dans
cette ville, fit placer sur l'église le symbole du gibet de la
crucifixion qui avait la forme du tau T grec « in modum tau
litterae prominens lignum ».
C'est du reste ce que fit Constantin V au commence-
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— 264 —
ment du IV siècle. Après avoir aboli le supplice de la
crucifixion, il voulut que son étendard de guerre eût la
configuration de Vinstrument sur lequel était mort Jésus-
Christ ; le labantm de Constantin, porté tour à tour par
cinquante guerriers qui en avaient la garde, est en eflfet une
représentation réduite du gibet de la crucifixion.
_E.
Fig. 368
Gibet de ccucifîxion.
Fig. 369
Labatum Con^tantinien.
Fig. 370
Sigle modetne.
Sur le listel placé au-dessus du gibet les Romains avaient
peint, en langues hébraïque, grecque, latine, les mots :
lesus Naiarenus Rex Indaeorum. (fig. 368) Sur le labarum de
Constantin étaient tracés ces mots grecs : EN TOYTÛ NIKA;
(par ce signe tu vaincras) au-dessus était fixé un cercle d'or
au milieu duquel apparaissait le (^ chrismon-resch. (fig. 369)
Celui qui a décrit le labarum de Constantin dans X His-
toire de l'Église est Tévêque de Césarée, Eusèbe, contem-
porain de ce premier empereur chrétien.
C'est la configuration du labarum (fig. 369) qui orne le
revers des pièces monétaires des empereurs chrétiens suc-
cesseurs de Constantin; mais le nom de Dieu^ soit un >^
chrismon-resch, soit un X chrismon, est gravé au milieu
du rectangle; lequel, joint à la hampe verticale, rappelle
assez bien la configuration du jalon qu'emploient les
géomètres.
Sur un sarcophage du V" ou W siècle placé dans Téglise
Sainte-Marie, à Ravenne en Italie, est sculptée la scène de
Jésus allant au Calvaire; le gibet qu'il porte sur son épaule
a cette T configuration. (Garucci, Sarcofagi^ pi. 35o, fig. i)
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— 265 —
Examinez les Calvaires des diptyques, triptyques exposés
galerie d'Apollon au Louvre et dans les vitrines du musée
de Cluny; le gibet est généralement figuré par ce T signe
qu'on retrouve dans certaines marques typographiques des
imprimeurs aux XV et XVP siècles; celles de Conrad
Néobar et de Haultin en sont des exemples, (fig. 89 et 892)
Depuis le XIP siècle, époque vers laquelle apparut le
premier crucifix corporel, le gibet sur lequel on fixa le
corps de Jésus prit peu à peu la forme cruciale -|- du
iesmon-resch. Sur la partie haute du fût vertical, on
traça quelquefois Tinscription entière iesvs nazarenvs rex
ivDAEORVM, et beaucoup plus souvent une inscription
abrégée ainsi :
IHS XPS
DNI
NRS REX
IHS
IVDAEORVM
XPS
nr~| [mm|
LiAtel Lbtel
Ensuite on fixa un listel en haut du fût et Ton y traça
quatre sigles hébraïques HJ'' signifiant lésus de Na{areih
Bot des Juifs ou quatre sigles latins inri ayant la même
signification ; quelquefois ceux-ci sont tracés dans Tordre
des lettres de l'écriture hébraïque. Pour le vulgaire, Tin-
scription était peut-être nécessaire, mais non pour ceux
qui connaissaient la cryptographie, ce sigle -|- même signi-
fiant Jésus Dieu.
C'est ainsi que la configuration du gibet primitif T devint
cruciforme t- (fig. Syo)
En définitive, ces signes -}- t ne représentent ni l'un, ni
l'autre, le type du gibet T de la crucifixion, type adopté
par Constantin V% au IV® siècle, pour la confection du
labarum qui devait le rendre partout victorieux parce qu'il
portait cette devise : EN ÏOVTQ NIKA !
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Vignette de la foirdetie Beaudoite.
LA CRYPTOGRAPHIE APOSTOLIQUE
dan6 le6
MARQUES TYPOGRAPHIQUES
aux XV et XVI* 6iècle5.
Si la création des lettres alphabétiques a transformé
r ancien monde en permettant aux peuples de fixer graphi-
quement leurs pensées par une méthode très simple, Tin-
vention des t^^es mobiles est venue compléter la première
œuvre, car ce procédé mécanique et économique permit de
vulgariser rapidement les sciences, les lettres et les arts.
Dans la souscription du Catholicon^ Gutenberg a exposé
en quelques lignes les avantages considérables de la typo-
graphie :
« Avec l'aide du Tout-Puîôôant qui, pat un oigne, rend les enfants éloquents et
leur révèle souvent ce qu'il cache aux doctes, le Catholicon a éié achevé d'imptimet
à Mayence en 1460. Il n'a été fait ni à l'aide de la plume ou du ôtyle, mai6 pat
l'accocd de lettteô provenant de poinçonA et mattice^. »
Gutenberg étant noble et docte ne possédait manuelle-
ment la pratique d'aucun des arts nécessaires pour donner
un corps au projet quil caressait depuis si longtemps; il
fut obligé de recourir à Thabileté de simples artisans pour
graver les poinçons, frapper les matrices comme on le fai-
sait dans les ateliers monétaires; et à ceux qui savaient
couler des métaux, fusibles à basse température, dans des
moules spéciaux. C'est de ces enfants encore inconnus que
parle la souscription de Gutenberg; s'il eut l'idée, l'exécution
appartient véritablement à ses habiles coopérateurs.
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— 267 —
On sait comment le matériel typographique de V impri-
merie de Gutenberg passa dans les mains du banquier Jean
Fust qui prit pour associé un savant clerc de Tévêché de
Mayence, Pierre Schoiflfer, excellent dessinateur. Ce der-
nier sut diriger avec succès la typographie; l'admirable
Psautier de 1459 en est une preuve encore vivante; les fort
beaux dessins des lettrines et autres ornements sont consti-
tués entièrement par le groupement des sigles de la crypto-
graphie; mais la Marque des deux associés ne fit son
apparition sur la dernière page de la Cité de Dieu que vers
Tannée 1465.
Pendant bien longtemps nous avons considéré cette pre-
mière des marques typographiques comme une armoirie;
telle n'est pas la vérité, les sigles qui la composent sont
ceux de Jehovah et Christos. (fig. Syi)
Bientôt les nouveaux topographes qui s'établirent dans
le monde de la catholicité appliquèrent aussi une marque
particulière sur leurs livres ; tous obéissaient ainsi à la tra-
dition. Au IIP siècle, saint Clément d'Alexandrie engageait
les chrétiens à apposer le nom de Dieu sur toutes choses
parce qu'il est un heureux présage. Au IV siècle, dans une
constitution de Théodose, cet empereur recommandait
d'apposer le nom de Dieu sur les actes comme étant une
garantie des contrats.
Nous avons vu que sur les bulles pontificales, les chartes
royales, les contrats notariés, le nom de Dieu précédait les
textes; cette règle fut appliquée aux livres typographies,
c'est pourquoi la majorité des marques des livres des XV*
et XVP siècles portent les sigles les plus divers du nom de
Dieu. Vers la fin du XVP siècle, ces sigles paraissaient
déjà étranges à un auteur qui en parla ainsi :
« En ce siècle, on tient à appo6et deô matqueô Aut le6 Uvte6 et à \eb placée
souvent ôuc la ptemiète page; maiô elle6 renferment, en deô langueô divetôe^, de6
énigmeô de ôphinx que la sagacité même d'Apollon ne sautait réôoudte. »
Nous avons dit que, vers la fin du XVP siècle, on com-
mençait à ne plus comprendre la cr^'ptographie; la phrase
de cet auteur le prouve surabondamment et quand, en 1720,
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— 268 —
Roth-Scholb, éditeur à Nuremberg, fit imprimer une assez
nombreuse collection de marques typographiques, Conrad
Spoerl qui en écrivit la préface et n expliqua la signification
d'aucune de ces marques, se contenta de rappeler le qua-
train latin du XVP siècle, dans lequel il est question des
énigmes de sphinx qu'Apollon lui-même ne saurait deviner :
Vindicat ac ptae^en^ aeta.N in^ignia libtiô
Et ptima facie con^picienda locat.
Sphingi5 et adhaetent vatiiA aenitfmata Ungui6
Solvete quae Aolecô Deliii^ ip6e nequit.
En Italie, Espagne, Pays-Bas, Angleterre, France, d'au-
tres publicistes se sont occupés de la question sans pouvoir
la résoudre. Silvestre a reproduit environ i 200 à i 3oo mar-
ques dans un livre sans donner la moindre explication.
Quelques auteurs modernes ont pensé que ces signes
sont peut-être horoscopiques ou cabalistiques; en les
voyant répétés si souvent dans les marques des livres
imprimés dans les diverses contrées du monde catholique,
Térudit Paul Delalain se montra plus judicieux; en 1888,
il émit l'avis qu'ils devaient se rattacher à des pensées
chrétiennes.
En 1900, l'Imprimerie Nationale exposa le premier volume
de V Histoire de l'Imprimerie en France aux XV" et
XVP siècles qu elle édite; nous avons pensé qu on y ensei-
gnerait enfin la véritable composition des nombreuses mar-
ques qu'on y reproduit forcément et surtout qu'on expli-
querait la signification du sigle 4 que nos bibliothécaires
officiels sont convenus d'appeler le Quatre de chiffre. Mais
notre espoir a été déçu; pour l'Imprimerie Nationale, ce
sigle 4. est toujours le Quatre de chiffre^ terme qui signifie
Piège à rat selon la définition du Dictionnaire de l'Acadé-
mie française.
Dans notre premier chapitre, consacré à Jehovah, nous
avons démontré scientifiquement qu'en fait de piège le
sigle 4 mystérieux était le monogramme hébraïque du Dieu
d'Israël; (fig. 7 et 8) il nous reste maintenant à étudier la
signification des autres nombreux sigles qui apparaissent
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— 269 —
dans les marques typographiques européennes des XV et
XVP siècles en commençant par la première, celle de Fust
et Schoiflfer, imprimeurs à Mayence ; son aspect a beaucoup
de rapport avec les écus accostés des armoiries.
^h^
Fuit. Schoifyet. Signatute Gc^catd Leeu, à Gouda.
Fig. 371 de Schoiffec. , Fig. 372
La configuration particulière de ces écus est due à l'em-
ploi de reschs Q arqués ; il existe d'autres écus où le resch
arqué est combiné avec le w ;) c mi-resch et le C 9 diresch.
C'est un resch S) ovoïdal symétrique qui sert à relier deux
écus et à les suspendre à un écot de sable, (style héral-
dique) L'écot est une branche tronquée ; celle de Fust et de
Schoiffer est tranchée aux extrémités de manière à former
un ^ (\^ diresch ovoïdal; la branche qui suspend la marque
de Leeu est mal gravée, mais elle est accostée à senestre
par un resch ^ ovoïdal très caractéristique.
Fig. 371 : Vécu de Fust est de sable au X chrismon-iod
d'argent; celui de Schoif|er est de sable au /\ diresch-iod
d'argent, accompagné par trois ^ chrismons-reschs étoiles
de même, posés en v sigle de Jehovah. (p. 38) Nous sup-
posons que chaque petit empattement, placé à l'extrémité
des jambages rectilignes du X chrismon et du /\ diresch,
rappelle le 1 iod hébraïque, monogramme de lavé, uni
au X chi, monogramme de son Fils. L'iod accolé au chi
est beaucoup plus accentué dans la signature de Schoiffer
dont nous avons fait la description à la page 248 et dans
la marque de Gran, imprimeur à Haguenau en 1489. Aussi
dans d'autres marques de la Germanie où les sigles sont
généralement mieux dessinés tels que ceux de Bielkius
à léna et de Kûhnen à Ulm, etc. Il en est de même du
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— 270 —
hiéroglyphe de W. Caxton, les jambages sont terminés par
le resch o sacré, (fïg. 879)
Fig. 372 : en 1482, un imprimeur de Gouda et Anvers,
Gérard Leeu, imita le genre de la marque des imprimeurs
de Mayence; le premier écu placé à dextre est de sable
au (( resch arqué accompagné à dextre et senestre par trois
chrismons-reschs étoiles posés en • resch, (p. 38) le tout
d'argent. Vécu senestre est de sable à deux XX chrismons
accolés; un des rayons de chaque chrismôn est croisé par
un — iesmon. Cette composition supporte un | resch croisé
en chef par un X chrismôn étoile ; le tout d'argent. Grâce au
diagramme des couleurs, (fxg. 364) le lecteur comprendra
ce langage barbare des armoristes.
Nous avons dit que l'image du Dieu d'Israël a été
conventionnellement figurée par une lettre de l'alphabet
hébraïque primaire, le ^ resch signifiant Chef ou Tête ;
(fig. i) que le nom de lavé (mn'') ou havoh3i, qu'on doit
lire de droite à gauche, a été réduit en ce monogramme 1
(iod ou i) et en ce digramme li (iod et vau ou i et v) mais
en employant les formes de ces deux lettres telles qu'on
les écrivait dans l'alphabet hébraïque secondaire, (fig. 373)
hè vau hô iod
mn'* 4 4.
aval I 1
Fig. 373 Fig. 374 Fig. 375
En accolant horizontalement ^ iod à ^ resch, on a
obtenu le symbole de la figure 374; en ajoutant vau -j à
ce monogramme 4- hébraïque on a obtenu le symbole de
la figure 375 ; l'un ou l'autre de ces graphiques représente
le Nom et l'Image conventionnelle de lavé ou lehovah.
Puis, en chargeant le graphique de la figure 374 par
l'un des sigles gréco-latins x * s de xpistos ou de ceux
I m de iHsous, les typographes des XV^ et XVP siècles
ont obtenu les sigles E à O de la figure 376. Dans quelques
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— 271 —
marques, cependant, le resch est ainsi ^ retourné; (fig. SgS)
les chrétiens qui ne connaissaient pas Vhébreu ont agi de
même en ce qui concerne le resch *| à boucle grecque et le
resch Ç] à boucle latine ; nous avons vu ces sigles retournés
ainsi f (? sur beaucoup d'inscriptions des premiers siècles;
sur des monnaies gallo*romaines et mérovingiennes dont
nous avons fait la description aux chapitres qui leur sont
consacrés.
4h-
t
I
îk S(
UNO P
Fig. 376 — Sigleà deà matqueà tj'pogtaphiqueà, XV* et XVI* 6iôcle6.
A — Fait partie de la marque de Guillaume Chaudière, à
Paris. La terre Q supporte le symbole de la figure 374; un
X chrismon ou chi charge la hampe.
B — NB, initiales de Nicolas Buon, à Paris, supportent
le symbole de la figure 875.
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— 272 —
C — Un diresch 9 cordiforme à spirales supporte le synv
bole 374; le trait horizontal + du symbole, plus les deux =
autres traits donnent le monogramme I gréco-latin de
iHsous; ce monogramme est mieux formé dans le sigle J
(fig. 376) et sur le revers de la monnaie mérovingienne de la
ville d'Auxerre. (fig. 33 1)
D — Fait partie de la marque d'un imprimeur de Rome;
le + symbole 374 est accompagné par le monogramme I
de iHsous croisant horizontalement la hampe | du resch;
ces traits horizontaux sont souvent de longueurs différentes;
mais r imprimeur De la Barre leur a donné un calibre régu-
lier en les plaçant verticalement dans sa marque, (fig. 377)
E — En France, ce symbole apparut pour la première fois
dans la marque de Berthold Remboldt, imprimeur à Paris,
vers la fin du XV siècle. La terre Q supporte le sym-
bole 374, mais le monogramme «-» iod est croisé vertica-
lement par Viota I, monogramme de ihsols.
F — Chargé en pointe par un )]< chrismon-resch étoile,
le diresch 9 cordiforme supporte le symbole 374; mais —
iod est croisé par deux || traits verticaux, lesquels, avec le
trait de la hampe | du resch, forment le monogramme m
de iHsous; ces sigles indiquent TUnité du Père et du Fils,
comme ceux de la marque d'A. Thomas, (fig. 12)
Cr — En 1702, Vimprimerie royale de France publia un
livre intitulé : Médailles sur les principaux événements du
règne de Louis le Grand. Dans ce livre réapparurent les ma-
juscules J et U qui avaient fait partie d'un alphabet latin au
W ou IIP siècle, ainsi que nous l'avons démontré, en 1899,
dans notre étude sur V Origine de l'Alphabet. Or, en 17 18,
un imprimeur de Cologne, H. Rommerskirchen, croisa le
monogramme hébreu — iod par le J monogramme latin de
Jésus. La hampe | du resch est chargée par HR mono-
gramme des noms de cet imprimeur.
H — Antoine Hiérat, à Cologne, a réduit ses noms en un
monogramme qui supporte la hampe | du resch, chargée
en chef par le X chrismon et en pied par un S; première
et dernière lettres gréco-latines de xpistos.
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— 273 —
I — Le monogramme de Clément Baudin, à Lyon, sup-
porte aussi la hampe | du resch, chargée par une des
antennes d'un X chrismon; cette combinaison forme la
boucle triangulaire du resch mosaïque ainsi ^ retourné.
j — Assez mal gravé, le diresch Ç> cordiforme supporte
le + symbole 374 ; le monogramme — iod est chargé par le
X chrismon; deux autres = traits horizontaux forment,
avec le trait horizontal de ce 4 sigle, le monogramme gréco-
latin I de iHsous.
K — Le monogramme de Mathieu Guillemot, à Paris,
supporte un -|- iesmon-resch supportant lui-même le sym-
bole 4- n**374; Tiod — est chargé par le )jC chrismon-resch.
L — Le 4- symbole 374, joint à un second -f renversé,
dessine le diresch mosaïque dans la marque de Maternus
ChoUnus, à Cologne ; le monogramme M, de Maternus,
charge la hampe du diresch.
M — Fait partie de la marque de Josse Bade, à Paris;
cet imprimeur a emprunté le sigle monétaire de Constan-
tin IV, au VIP siècle, (fig. 336) mais il a ajouté un troisième
petit X chrismon en cœur; les quatre empattements exté-
rieurs des XX chrismons dessinent des petits reschs o o
arqués comme on en voit dans le sigle de W. Caxton. (fig. 379)
N — Est formé par un X chi aux antennes supérieures
reliées à celles de Viota — ou iesmon; ces deux lettres
donnent ce monogramme gréco-latin X de ihsous-xpistos.
Ce sigle de la marque de Giboleti est sommé par le -|-
iesmon-resch.
— Le sigle X d'Arnold Hornen, à Cologne, est le même
que celui de Giboleti, mais il est renversé; les antennes
supérieures du X chi sont croisées chacune par un — iota
ou iesmon, accompagnés par le digramme a h de arnold
hornen et par un chrismon-resch étoile ^ posés selon la for-
mule I V du diagramme, (p. 38.) En somme. Vécu d' Hornen
est de sable au ieschrismon d'argent accompagné par les
initiales de ses noms et un chrismon-resch étoile de même.
P — Pour rappeler son nom, C. Resch, imprimeur à
Paris en i522, a posé un -^ iesmon-r^^cA de fantaisie dans
t8
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— ^^74 —
champ de son écu. Ce resch est triphyllé à la base et le chef
ou tête est en spirale (S\ comme les reschs qui dominent la
Pierre Écrite, (fig. 69) calvaire rupestre gallo-phrygien
sculpté au IP siècle de Vère chrétienne. Le resch *] de la
marque de Conrad Resch est croisé horizontalement par
un iota — monogramme de ihsous.
Bien qu'ils ne portassent pas le nom de Resch, une
vingtaine d'imprimeurs, à Paris, en province et à Tétranger,
ont introduit dans leurs marques typographiques le symbole
chrétien qui décore le champ de Vécu de Conrad Resch.
Presque tous les sigles qu'on peut rencontrer dans les
marques françaises et étrangères, peuvent être ramenés à
Tun des types de la figure 876; ce sont toujours les mono-
grammes de Dieu le Père et de Dieu le Fils, groupés en des
manières différentes et accompagnés par un ou plusieurs
signes du christianisme.
^i^- ^77 — Matque de N. De la Batte,
Patb, 1497.
Fig. 378 — Matque de Ctô6,
Lantenac, 1491.
Dans la figure 377, les tenants nus de Técu ^ cordiforme
sont M™® et M. De la Barre, ce dernier porte en effet sur
le corps la / Barre héraldique rappelant son nom. (Blason,
fig. 262, n°4) Ses initiales NB supportent un haut t iesmon-
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— 275 —
resch chargé en chef par un très grand — iota et un X
chi (iHsous-xpisTOs). La longue hampe | du resch est acco-
lée en pied : i"* à deux il reschs hébraïques renversés L
aux hampes croisées en X chi; 2** au monogramme m de
iHsous accolé à dextre avec la boucle triangulaire ^ dii
resch; ces trois sigles désignent Jésus-Christ Dieu. D'autres
sigles + :•: -H- X séparent les mots de la légende
latine : benedicite, etc. Des sigles foliacés BC ^ '^ émer-
gent de la terre.
L'écu de Grès (fig. 378) a la configuration composée en
partie de reschs arqués. En chef apparaît le ^ ieschris-
mon-resch; au centre, le Poisson ou IX6Ti: (Jésus, Christ,
Dieu, Fils, Sauveur); en pointe, des CJ direschs rayonnent
sur la coquille dite saint Jacques ; les anciens pèlerins por-
taient sur leurs vêtements une grande quantité de ces co-
quilles; comme leur forme est à peu près celle du pan em-
ployé pour vanner le grain, les héraldistes, qui ne sont jamais
embarrassés, lui ont appliqué le nom de vanet. (petit van
sans doute)
^^S* ^79 — Caxton, imptiineuc,
Londte6, 1477.
Fig. 38o — Simon de CoUne^),
PatiA, 1327.
Après avoir appris et exercé son industrie à Cologne,
disent les historiens, William Caxton installa une typogra-
phie à Londres vers 1477. Le principal sigle de sa marque
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— 276 —
(fig. 379) excite depuis bien longtemps la curiosité des
archéologues du livre ; avec la connaissance des sigles pri-
maires de la cryptographie, on comprend tout de suite la
simplicité de ce hiéroglyphe chrétien qui signifie : Jésus,
par le •• iesmon; Christ par le 8 chrismon infini; Dieu
par le T resch hébraïque entrelacé avec le chrismon. Les
quatre jambages des sigles sont terminés par trois reschs
o o arqués et un resch H à demi-spirale.
A Rome, dans la fresque du cimetière Domitille, Diogène
le Fossoyeur, armé du 1 resch hébraïque ayant la forme
d'un pic, symbolise Celui qui met fin à la vie d'un homme
quand il le juge opportun. Sous un aspect différent,
(fig. 38o) le Faune, à barbe et cheveux ondulants en reschs,
représente aussi Celui qui fauche la vie des hommes avec
sa faulx ou resch renversé^ symbolisme fatal dont nous
déjà donné Vexplication à propos des symboles renversés
sculptés sur des sarcophages d'Asie Mineure et d'Europe.
En chef de la marque de Gerlier (fig. 38 1) un très grand
resch et les deux plus petits -1 -1 posés dans Vécu donnent
les trois m reschs qui symbolisent les Trois Personnes
divines, la Trinité. Des feuilles triphyllées ^ accostent les
branches arquées en resch d'un arbre de fantaisie. La coupe
de quelques branches donne le resch Q^ ovoïdal; les cornes,
deux des jambes des supports rappellent le resch arqué et
des fleurs à cinq * et six <gg> pétales donnent des chrismons
et des reschs. Un G relié à un D donne le nom de Gerlier.
Chacun des chapiteaux foliacés du portique de la marque
de Vidoue {f\^, 382) est sommé par un resch Q. à spirale
soutenant un grand r^ mi- resch au champ illustré par
douze *-^ iesmon- reschs; ce nombre rappelle celui des
Apôtres. Les angles supérieurs ont chacun pour motif archi-
tectonique un triresch formé par un v. resch arqué accolé à
deux reschs (T foliacés. En bas de la marque, chaque dau-
phin a la queue terminée en ^ ieschrismon-resch éter-
nel. La banderole, l'étoffe, les cheveux de la Fortune
dessinent des reschs ondulants.
Sur les monnaies des Constantins, la partie horizontale
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— 277 —
^ïss- ^ j^f^^^W 1 "ï
'M.
K
.(p.^nttonlJ.^ï^te II
Fig. 38 1 — Dutand GetUet,
Patb, 1507.
Fig. 383 — ConAtanlin Ftadin,
Patiô, i5i4.
Fig. 382 — Piette Vidoue,
Patlô, 1628.
Fig. 384 — Jean Petit,
Paci6, i52i.
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— 278 —
rectangulaire du labarum porte le )K chrismon-resch, ou le
X chrismon, ou le -|- iesmon-resch ; c'est ce dernier sigle
que Fradin a choisi et placé au milieu de sa devise latine,
repétition de la devise grecque EN TOYTÙ NIKA du laba-
rum de Constantin V% empereur armé, tenant Técu de son
homonyme, par le prénom, Constantin Fradin. (fïg. 383)
L'autre tenant est un être fabuleux auquel les héraldistes
donnent ce nom mélusine; sa queue dessine deux ^é reschs
opposés comme ceux qui sont représentés par la queue de
Tun des deux monstres marins, avec lesquels on a symbo-
lisé tant de fois la mort et la résurrection du Christ dans
les fresques des catacombes de Rome. (fig. 269)
La configuration hexagonale du puits, d'où sort la mélu-
sine, est celle de la configuration des fonts baptismaux par
immersion à Synnada, Phrygie; à Kalat Sem'an, Syrie.
{^i^. 61. et 62) L'hexagone de la marque Fradin représente
le nimbe du ■)<■ ieschrismon. (Diagramme, p. 38)
Les tiges et les calices du chardon bénit, posé en chef de
la marque de J. Petit, (fig. 384) dessinent des chrismons
XXX rayonnants; les ondulations de la banderole rappel-
lent des reschs ondulants. La Trinité, figurée par le ♦ tri-
resch, couvre le champ de l'écu supporté par des lions ;
l'oreille du lion, qui est posé à senestre, dessine un resch Q"
ovoïdal.
En combinant leurs marques avec des symboles chré-
tiens, les imprimeurs et libraires des XV et XVP siècles
ont obéi à la tradition ; leurs symboles ne font point nova-
tion à ceux que nous avons décrits aux chapitres concer-
nant les : baptistères primitifs, calvaires, basiliques, tom-
beaux érigés du premier au XVP siècle en Asie, Afrique,
Europe; les objets ordinaires ou luxueux du mobilier,
bijoux, armures, armoiries ; les chartes, bulles pontifi-
cales, contrats notariés; les miniatures et ornements des
manuscrits, fresques, cartes à jouer; les monnaies, etc.
Pendant les seize premiers siècles, et sous les formes les
plus simples ou les plus artistiques, les sigles des noms de
Dieu ont servi à illustrer toutes choses.
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— 279
MENTI BONAE
DEVS OCCVRRIT
SDECOLINES
Fig. 383 — S. de CoUne^
Patb, 1527.
SIC, VT. VEL, VT.
Fig. 386 — Geoffcoy Tocy,
Patus, 1529.
Certains imprimeurs ont rajfpelé leurs noms, ou à peu
près^ à Taide d'attributs faisant partie de leurs marques.
Ainsi, De Colines figure son nom par les Deux conils qui
maintiennent les trois initiales S D C de ses prénom et
npm; mais nous devons ajouter que, dans la langue du
blason, le lapin est dénommé conil. A la figure 386 nous
avons expliqué les autres symboles de cette marque.
C'est dans le Champfleury^ ouvrage écrit par Geoffroy
Tory en 1529, que cet imprimeur donne quelques explica-
tions sur la Devise et sur quelques Attributs de sa marque ;
{fig. 386) mais il est muet, comme Ta été Tabbé Philibert
de rOrme en iSôy dans la description du paysage et des
monuments qui entourent le Bon Architecte, (p, lyS) sur la
signification de la plupart des symboles qui figurent au-
tour du Pot cassé. Nous devons penser que les membres
des congrégations, du clergé et des corporations civiles
avaient pour mot d'ordre de ne point renseigner le vulgaire
public sur la cryptographie chrétienne.
Dans un style plefn d'entrain et de verve gauloise. Tory
tient à s'exprimer dans son petit style maternel, le français;
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— 28o —
il en donne quelques règles et il désire qu un noble esprit
s'évertue plus que lui à bien prononcer, parler et ordonner
la langue française : « Pleust a Dieu que quelque noble
Seigneur voulust proposer gages et beaux dons a ceuLx qui
ce pourroient bien faire ! »
Il donne aussi quelques beaux modèles de versification,
entre autres un quatrain qu'il trouve parfait; mais nous
supposons quHl n'a pas dû demander son approbation à
madame Tory :
Ne ôeuffte ta femme peut tien,
Mettce 6on pied de6ôU5 le tien,
Le lendemain la bonne be^te
Le vouldta mettte 0116 ta teôte.
Dans ce livre, folioté seulement toutes les deux pages, ne
figurent ni les lettres accentuées, ni l'apostrophe, le point-
virgule, le deux points, les points d'exclamation et d'inter-
rogation ; ri tient la place du j et l'u celle du v au milieu
des mots, nous respecterons cet ordonnancement, ainsi que
l'orthographe des mots ; sauf en ce qui concerne l'u, rem-
placé par le v ; Tory commence ainsi :
(( Le matin du iour de la feste aux Roys, après avoir prins
mon sommeil et repos, que mon estomac, de sa legiere et
ioyeuse viande avoit faict sa facile concoction, que Ion
comptoit M. D. XXIII, me prins a fantasier en mon lict, et
mouvoir la roue de ma mémoire / pensant a mille petites
fantasies, tant sérieuses que ioyeuses, entre lesquelles me
souvint de quelque lettre Antique que iavoys nagueres faicte
pour le trésorier des guerres, maistre lehan GrosUer con-
seiller et secrétaire du Roy nostre Sire amateur de bonnes
lettres. »
Il consacre ensuite tout le texte du Champfleury aux des-
criptions relatives à la construction des Majuscules alpha-
bétiques dont font partie les divinités de l'Olympe sans ou-
blier Apollon; les théories du dessinateur-graveur Tory
constituent une des plus grosses farces du XVP siècle.
Au feuillet 43 il écrit :
« Puisque ie suis descendu en propos de Devises Resbuz
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— 28l —
et escriptures Hiéroglyphiques, ie veulx déclarer ma Devise
et Marque pource que ie y voy maintz personnages estre
desirans de lentendre. (fïg. 386)
(( Premièrement en icelle ya ung vase qui est casse, par
le quel passe un Toret. Ce dict vase et Pot casse, signifie
nostre corps, qui est un pot de terre. Le Toret signifie Fa-
tum, qui perce et passe foible et fort. Soubz icelluy Pot
casse ya ung Livre clos a trois chaînes et Cathenats, qui signi-
fie que après que nostre corps est casse par mort, sa vie est
close des trois Déesses fatales. Cestuy livre est si bien clos,
quil ny a celluy qui y sceust rien veoir, sil ne scaict les sc-
grets des Cathenats et principalement du Cathenat rond qui
est clos et signe a lettres. Aussi apresque le livre de nostre
vie est clos, il ny a plus homme qui y puisse rien ouvrir, si
non celluy qui scaict les segrets. Et celluy est Dieu, qui seul
scaict et cognoist avant et après nostre mort, quil a este,
quil est, et quil sera de nous.
« Le feuillage et les fleurs qui sont au dict Pot, signifient
les vertus que nostre corps pouvoit avoir en soy durant sa
vie. Les rayons de Soleil qui sont au dessus et au près du
Toret et du Pot, signifient Unspiration que Dieu nous donne
en nous exerceant a vertus et bonnes opérations.
« Au près dudict Pot casse, ya en escript. non plvs, qui
sont deux dictions monosyllabes, tant en François quen
Latin, qui signifient ce que Pittacus disoit iadis en son
Grec, MtSsvayav. Nihil nimis. Ne disons ni ne faisons chose
sans mesure, ne sans raison, si non en extrême nécessite.
Adversus quam nec Dii quidem pugnant. Mais disons et
faisons, sic, vt. vel, vt. Cest a dire ainsi comme nous
debvons, ou au moings mal que pouvons. Si nous voulons
bien faire Dieu nous aidera, et pource ie ay escript tout au
dessus MENTI BONAE DEYS occvRRiT. Ccst a dire. Dieu vient
au devant de la bonne volunte, et luy aide.
« Vêla ma susdeclaree Devise et Marque faicte comme ie
lay pensée et imaginée, en y spéculant sens moral, pour en
donner aucun bon amonestement aux imprimeurs et librai-
res de par dezca, a eulx exercer et employer en bonnes
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— 282 —
inventions et plaisantes exécutions pour monstrer que leur
esperit naye tousiours este inutile, mais adonne a faire
service au bien public en y besoignant et vivant honeste-
ment. »
Au sujet du vase, anse ou non, qui accompagne un si
grand nombre d'anciennes inscriptions, (p. io3) nous avons
dit qu'il symbolise la fragilité du corps humain; le récit de
Tory confirme ce dire. Les Déesses fatales dont il parle sont
remplacées dans sa marque par Fatum^ le Destin ou lavé,
représenté par la tête triangulaire /\ du Toret qui perce
tout ce qtii est faible ou fort; c'est une métaphore autre
que celles de Diôgène et du Temps qui brisent la vie des
hommes avec un resch-pic et un resch-faulx; (fig. 120 et
38o) mais, au fond, ces symboUsmes sont identiques.
Quant aux anses du Pot cassé ce sont des reschs foliacés
à demi-spiralè après lesquels pendent des ^ triphylles; le
Toret rappelle à peu près le nom de Tory comme les deux
conils rappellent à peu près le nom De Colines.
On appelait .autrefois vautrait une chasse au sanglier
pour laquelle on employait de très gros chiens à robe mou-
chetée comme celle des deux chiens vautres qui maintien-
nent Vécu de Vôstre; (fig. 387) dans ce cas, la marque est
bien parlante et il ne faut pas être grand clerc pour recon-
naître \xn prépost dans celle de Prévost, (fig. 388) Le X
chrismon y est dessiné par la plume et Vépée croisées ;
Jésus est représenté par l'alpha et l'oméga. (Je suis le com-
mencement et la fin.)
Dans le nimbe éternel lumineux apparaissent huit rayons
ondoyants alternant chacun avec .huit rayons étoiles ; huit
rayons représentent ceux du ^ ieschrismon-resch ; ce sigle
est répété deux fois comme il est répété deux fois dans une
des marques de Remboldt, la Vraie Vigne; dans la rosace
du portail central de la cathédrale de Reims (fig. 207) et
dans beaucoup d'autres rosaces parlantes qui décorent les
églises de la Catholicité.
Dans la marque dé David (fig. 389) un D à jambages
pleins surmonte un ^ à jambages vides; ces deux lettres
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Fig. 387 — Simon Vo.stte,
Ubtaite à Pati^.
Fig. 388 - Ptt^vo.Nt,
Pati^, i5i5.
Fig. 389 - David,
Pati>, 1547.
Fig. 390 — Dolet,
Lyon, 1542.
Fig. 391 — Plantin, imptimeuc à Anvet^, i555.
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— 284 —
font D Avide. La jeune femme qui égorge le géant rappelle
le jeune David tuant Goliath.
Une combinaison à peu près analogue forme le nom Dolet
dans la marque de cet imprimeur malheureux, (fig. 890) Un
3 retourné sert de lame à un manche de DOLoire. Accolé
à E, DOL fait DOLET. La coupe ^ du tronc, et celles des
branches de Tarbre dessinent des reschs ^ ovoïdaux symé-
triques; d'autres reschs à spirale serN*ent d'encadrement;
une triphylle ^ et un diresch foliacé tiennent lieu de barbe
et de cheveux à la tète de lavé, en chef de la marque.
Nous avons déjà expliqué la Vraie Vigne, c'est le Christ,
Tune des marques de Plantin; (fig. loi) mais pour com-
prendre sa marque parlante (fig. Sgi) on doit avoir recours
aux hachures du blason, (fig. 364)
L'écu quadrangulaire de l'imprimeur repose sur une table
horizontale comme y repose une feuille de bristol sur
laquelle on trace un plan. Sortant du ciel, la main divine
du Grand Architecte de Tunivers tient le compas qui sert
à mesurer les distances, il trace un C mi-resch sur le plan
teint d'azur et d'argent; le plan est en effet moitié blanc et
moitié azuré et il est accompagné par deux tenants qui
représentent le Travail et la Foi.
Le signe parlant de la marque Haultin (fig. 392) est un O
teint d'azur entourant l'image de la Foi chrétienne qui repose
tout entière sur le resch ovoïdal Ç\^ que dessine le bassin du
squelette dont le nom est indiqué par les tibias croisés en
X chrismon. La Trinité est représentée par les trois reschs
ovoïdaux tracés sur le crâne du squelette ; le bras droit
dessine un resch L hébraïque renversé en signe de deuil;
plusieurs fois nous avons expliqué ce symbolisme fatal.
L'image du Gibet, sur lequel les mains et les pieds de
Christos ont été cloués avant sa mort, s'élève au-dessus de
sa tète; cette image représente bien le gibet de la cruci-
fixion, car il n'eut jamais la forme t cruciale qu'on s'est peu
à peu habitué à lui donner depuis quelques siècles; au
chapitre Gibet nous avons donné les explications relatives
à cette transformation (p. 262).
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— 285 —
Parmi les marques des XV et XVP siècles, celle de
Haultin est Tune des plus mystérieuses; mais quand on
cherche les sigles qui figurent : le chrismon, le resch et le
Fig. 392 — Haultin, iinptimeiit à Pati>, i54<j.
triresch, il est facile de reconnaître les choses ou les objets
qui symbolisent à leur tour les sigles.
Saint Michel terrassant le démon; les Moules qui se pré-
lassent dans la mer, donnent les prénom et nom Michel
Moules, (fig. 393)
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— 286 —
Au chapitre relatif à Torigine des Armoiries nous avons
dit que, depuis Constantin V% les guerriers avaient pris
rhabitude de faire ciseler les noms de Dieu sur leurs ar-
mures; ce sont ces noms qu'on distingue sur Tarmure de
saint Michel par les sigles qui la décorent. Au-dessous du
cou, les pointes du manteau dessinent le X chrismon à Ven-
droit où elles sont agrafées par un ^ ieschrismon-resch ;
la poitrine porte le «) p diresch à spirales ; le bord inférieur
de la cuirasse est une ligature de ^ ^ ^ mi-resch ; les
cuisses portent le : resch de la formule J du diagramme ;
(p. 38) sur le genou dextre apparaît le ^ chrismon-resch
éternel ; sur le genou senestre le @ ieschrismon éternel ; les
deux sigles presque inséparables sur une infinité de choses
et qu'on voit, sous la formule des points C :•: et D :•: du
diagramme, (p. 38) au-dessous des initiales M et M, de
Michel Moules.
De ses griffes le démon repousse un écu où le t iesmon-
resch est chargé par un ~ iesmon-chrismon composé de
Tiota — et du chrismon : : en damier qui décore les façades
des calvaires rupestres sculptés au IP siècle, par les Gallo-
Phrygiens, dans la vallée de NacoTéia. (fig. 69 et 74)
L'imprimeur Granjon était dessinateur, aussi sa marque
est très nette, (fig. 394) Les Grands joncs qui accostent le
sigle, appelé Quatre de chiffre par les bibliothécaires, don-
nent le nom de l'imprimeur. La haute hampe | du resch
mosaïque 4 ^st croisée horizontalement deux fois par trois
=1 traits accolés qui ne représentent autre chose que le mo-
nogramme gréco-latin m de ihsous. Des reschs w r^ C
arqués terminent les extrémités des lettres iod «-i et iota I
croisées et accolées au 4 resch. Cette disposition arquée
se retrouve aux extrémités des sigles de William Caxton et
de Berthold Remboldt. (fig. 376 et 379)
S'il y a beaucoup de marques parlantes parmi celles des
imprimeurs et libraires français, il est à présumer que leurs
confrères des pays circonvoisins ont fait de même ; mais il fau-
drait être familiarisé avec les jeux de mots qu'on peut faire
dans les langues étrangères à la nôtre pour en révéler la portée.
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287
iSfWglSPgSMlSI
Fig. 393 — Michel Mouler,
Patb, i3i3.
HEHHM.(5fyiNlON
i*?*^«^ï*^*v»i*:*':*-::'«-:^'; '•■-■*-*.♦: ■S^^f^'i'.i^
Fig. 3()4 — Jean Gtanjon,
PatiA, i5o8.
AMOVK PAR TOVT
I!;
ENTOVTBIEN^^j,^!^
Fig. 395 — Deni5 Janot,
Paciô.
Fig. 396 — De Campii,
Lyon.
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— 288 —
Les deux dernières marques (fig. SgS et 396) rentrent dans
la catégorie de celles que souhaitait amusantes et plaisantes
r imprimeur Geo||*roy Tory dans son petit style ihatemel.
Denis Janot a trouvé que : tovt par amovr V amovr par
TOVT ûo PAR tovt AMOVR o EN TOVT BIEN o était le nCC pluS
ultra de Vexistence ; et il sépare chaque membre de phrase
par des signes de christianisme. La configuration de son
écu comprend des ^ mi-reschs et des CO direschs ; les enco-
lures des kangourous sont posés en *| f direschs; aussi les
queues des supports. Ces queues rappellent la pose de
celles des lionnes qui supportent la tiare de la statue sculp-
tée aux premiers siècles dans le tuf du sanctuaire d'Arslan-
kaïa, en Phrygie. (fig. 260)
Dans la marque 896, la femme ailée représente-t-elle la
Foi ou madame de Campis comme le peut faire supposer
cette curieuse devise : Une seule me console! et la femme
répond : c'est tout mon plaisir!
C'est tout notre plaisir aussi d'en avoir terminé avec ce
chapitre et de remercier M. Firmin-Didot, puis les Admi-
nistrateurs du Cercle de la Librairie et de l'Imprimerie qui
ont bien voulu mettre à notre disposition les clichés de
quelques-unes des marques typographiques de leurs anciens
confrères, marques ne renfermant ni énigmes de sphinx, ni
signes cabalistiques, encore moins des Quatre de chiffre,
mais bien des signes de christianisme dont le principal
+ déconcerte le monde scientifique européen depuis quel-
ques siècles, au point que des érudits pensent qu'il est une
marque marchande. En y réfléchissant mûrement, cepen-
dant, que peut faire une marque marchande sur un cachet,
(fig. 8) sur un tombeau, un vitrail, une église et dans une
inscription ?
C'est la composition mystérieuse de ce signe 4 qui nous
a engagé à en faire l'étude; c'est le chrismon de la cathé-
drale du Dôme à Milan ; c'est l'inscription IxeYS accompa-
gnant ce sigle ^ sur une pierre tumulaire des catacombes
de Rome qui nous ont permis de comprendre une partie de
la cryptographie apostolique, dont les six primitifs sigles.
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— 289 —
transformés en cent mille dessins plus ou moins artistiques
au moment des persécutions en Asie Mineure, en Afrique
ensuite, puis à Rome, ont formé peu à peu le bel Art qui
n'est ni bizantin, ni roman, ni gothique, mais simplement et
purement Chrétien.
Nous avons tenu à prouver que cet art est écrit sur la
pierre, les parchemins, les médailles, les fresques, les vi-
traux, les objets du mobilier, les bijoux, les costumes, les
armoiries, les livres, les emblèmes de la franc-maçonnerie
et tant d'autres choses qui peuplent les musées et les
collections des amateurs de Vantique*
Puissent ces efforts encourager de plus jeunes que nous
à perfectionner et compléter Tœuvre à laquelle nous avons
consacré nos loisirs depuis si longtemps; c'est notre vœu le
plus cher.
n
7
i
RISMON SANCTI AMfeROSll
Citctilu6 hic ôummi compcendit nomina cegiA
Quem 6ine pdncipio et 6ine fine vide6.
Cet ouvtage, achevé d'imptimec danô leô pcemietô joutô de
Septembte igoS, autait patu en Juillet, ôi la moct ôubite de Vauteuc
n'avait paô cetatdë VimpceAôion de6 tcoi.s decnièteô feuilles.
»9
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— 290 —
TERMES TECHNIQUES
EMPLOYÉS DANS CET OUVRAGE
Accolé — Sujet tenant pat un côte à un autre 6ujet.
Accoste -— Sujet place à côte d'un autte ôanô le touchée.
Afftontë — ÊtceA pobéb fcont contce fcont.
Aucëole — Ceccle de gloite entourant la tête de6 6aintÀ.
Champ — Surface totale et plane d'un ëcu, d'un symbole.
Chargé — Sujet poôé 6ur un autre. «
Chef — Le haut d'un attribut, d'un écu.
Chevet — Endroit où e6t cenôée reposer la tête du ChriAt (Abôlde).
Chri6mon — Monogramme grec de Chriôt.
Chriômon-reAch — Chi entrelacé avec re^ch, signifiant Christ, Dieu ou Roi.
Coeur — Centre de Vécu.
Dextre — La droite de la personne ou du sujet qu'on regarde.
Diagramme — Figures de démonstration.
Digramme — Deux lettres formant l'abréviation d'un mot.
Écu — Représentation du bouclier des guerriers.
Éternité — Cercle qui n'a ni commencement ni fin.
lavé ou lehovah — Nom de Dieu le Père.
lesmon — Monogramme grec de Jésus.
lesmon-resch — Iota croisant horizontalement le resch et signifiant Jésus Dieu.
leschrismon-resch — Iota, chi, resch, entrecroisés, signifiant Jésus-Christ Dieu.
Mi-resch — La tête '^ de ce resch T monumental.
Nimbe — Auréole entourant la tête de Jésus-Christ.
Pointe — Le bas de Vécu ou d'un attribut.
Resch — Image conventionnelle de Dieu.
Resch architectonique — Resch artistique ornementant les édifices.
Resch mosaïque — Lettre ^ du premier alphabet des Hébreux (flg. 2).
Resch hiératique — Lettre c] de la légende du sekkel du temple (flg. 14).
Resch hébraïque — Lettre 1 de l'alphabet secondaire des Hébreux.
Semé — Nombreux petits symboles chargeant le champ de l'écu ou d'un attribut.
Senestre — La gauche de la personne ou du sujet qu'on regarde.
Sigle — Abréviation remplaçant un ou plusieurs mots.
Sommé — Sujet posé au-dessus d'un autre et le touchant.
Surmonté — Sujet posé au-dessus d'un autre sans le toucher.
Support — Bestiaire ou être fabuleux maintenant Vécu.
Tenant — Être humain maintenant Vécu.
Trigramme — Trois lettres formant Vabréviation d'un mot
Triphylle — Trois feuilles accolées.
PRINCIPALES GRAVURES DANS LE TEXTE
FIGURES.
i3 — Miniature de la Bible de Charles le Chauve.
40 — Évangéliaire du VII* siècle.
Carte de VAsie Mineure, page 27.
43 — Châsse du XIII- siècle.
5i — Sigles cryptographiques et leurs noms.
38 — Ruines de la Basilique de Pergame.
69 — La Pierre Écrite, calvaire gallo-phrygien du II' siècle.
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— 291 —
FIGURES.
72 — Poctail de Véglbe de Longpont.
74 — Calvaite monogcammifèce gallo-phcygien du III* 6iècle.
76 — Autel pottatif, du XII* Aiècle.
78 et 80 — Temple S.-Jean, à Poitiec6 ; façade, chapiteau, chevet.
81 — Tombeau chcétien à Ayazim, en Phcygie.
84 — Poctail du Palai6 de la Hongtie (ëgU^e de laak).
87 — Buàte à tête cocnifèce, I*' 6iècle, en Lydie.
90 — Le joueuc de Reôch, moôaïque de SouAôe.
109 — Bu6te celiquaite de S. Mactin.
1 1 3 et 1 1 3 — Hiétoglypheô du V*6iècle, 6accifîce d'Abcaham, cëAuctection de Larace.
1 20 — Diogône le Fodôoyeut, catacombeô de Rome.
122 — Mo6aîque de Tigzict, III* ôiècle.
1 34 — Tombeaux à BybloA, Macci et Pinata avec le dite^ch pcimitif, cocdi-
fotme, à 6pite et le diceôch cotnifocme et ovoîdal.
137 — Miniatute du X* siècle de la Bibliothèque d'Oxfocd.
1 38 — Le tombeau de la Vietge, vallée de Jo5aphat.
142 — Le6 ex-voto de Tigzict, III* ôiècle.
143 — Le Daiô d'Anne de Bcetagne, château de LocheA.
166 et 167 — Jubë de Louvain; ëgli6e d'Ulm.
168 — Intëcieuc de Sainte-Sophie, à Conôtantinople, VI* 6iècl«.
173 — Rosace patlante à Utique, III* ôiôcle.
175 — Statue de Vapôtte Thomas et 6on anecdote.
176 — Rosace paclante à Rouen.
186 à 189 — Objet6 mobilietô ptéôentant de6 ceAchA ovoïdaux.
192 — BaptiAtèce à Phocëe, en Lydie, I*' Aiècle.
204 et 207 — RoAaceA tayonnanteA et paclanteA à Rouen et ReimA.
211 — MaiAon à Baccacat poctant l'acchitectonique tituelle ; la feuille de liecce.
2 1 2 et 2 1 3 — VoûteA deA gtandeA nefA.
214 — Pottcait du Bon Atchitecte, pat Philibect de l'Ocme.
221 — Poctcait de ChatleA le Chauve, IX* Aiècle.
222 à 229 — CoAtumeA poctant deA chciAmonA cayonnantA.
233 à 235 — Le leAmon-ceAch et PAychë.
237 — Gcande lettcine aux chciAmonA cayonnantA et aux ceAchA ovoïdaux
et à ApicaleA.
240 et 241 — AmuletteA chcëtienneA de Lydie.
245 — Anne de ClèveA, pac Holbein, coAtume poctant deA AigleA chcëtienA.
247 à 25i — Objeb mobiliecA pcëAentant deA chciAmonA cayonnantA.
2 56 — La ViAion d'iAaîe et leA SëcaphinA.
261 — Sanctuaice d'AcAlan-kaïa et leA lionneA.
265 — L'AneAAe de Balaam.
269 — Le Aymbole de la moct et de la cëAuccection du ChciAt.
272 et 273 — LeA AicèneA de la Sainte-Famille ; le Pëlican.
275 — Chapiteau du château de Chambocd.
281 à 286 — EmblèmeA de la Fcanc-maçonnecie.
287 à 290 — CacteA à jouec de la fin du XVII- Aiècle.
291 à 3oi — OcnementA typogcaphiqueA pcëAentant deA ceAchA divecA.
3o2 à 336 — S.igleA monëtaiceA gallo-comainA, mëcovingienA et cacoUngienA.
337 à 349 — SignatuceA ccyptogcaphiqueA deA coiA de Fcance.
353 à 355 — Signatuce ccyptogcaphique deA papeA au XI* Aiècle.
362 et 363 — Tableaux cepcëAentant 36 deA figuceA du blaAon.
371 à 396 — MacqueA typogcaphiqueA ocdinaiceA, paclanteA et fcivoleA.
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TABLE DES CHAPITRES
PAGES.
Jehovah et les sigles qui le représentent. . . 3 et 270
Jésus-Christ et les sigles gréco-hébraïques. . 10, 22 et 41
Triphylle dite fleur de lis. — Resch, diresch,
triresch 18 et 1 85
Asie Mineure, partie historique et la Carte. . 24 et 27
Inscriptions donnant le prototype de la cryp-
tographie 36 et 37
Baptistères à ciel ouvert en Asie Mineure. 24 à 56
Diagramme cryptographique et nimbes sacrés. 38 et 39
Monogrammes, digrammes, trigrammes grecs
de J.-C; leurs dénominations et celles des
autres sigles linéaires. ....... 40 et 41
Baptistères secondaires , tertiaires , quater-
naires, quinquennaires et les tombeaux
d'Asie, Afrique, Europe 42 à 67
Le resch mystique sur les monuments d'Asie,
Afrique, Europe 57 à 1 1 1
Inscriptions tumulaires des catacombes de Rome. io3 et 104
Architecture rituelle; le resch ovoïdal et arqué. 112 à 160
Architecture rayonnante rituelle 161 à 202
Cryptographie par les bestiaires 2o3 à 21 5
Généralités de la cryptographie ; les chapiteaux. 217
Le trésor de Hildesheim dit de Varus. . . . 84 et 219
Chrismons artistiques des catacombes de Rome. 219
Franc-maçonnerie 220
Cartes à jouer 64 et 224
Ornements de la typographie et de la reliure. 227
Abréviations typographiques ; signes typogra-
phiques et de musique 229 et 23o
Numismatique depuis Constantin I" 23 1 à 239
Chartes, bulles, contrats, testaments. . . . 240 à 249
Crosse ou bâton pastoral 25o
Origine des armoiries; diagramme du blason. 253 à 261
Gibet de la crucifixion 262
Marques typographiques des XV* et XVP siècles. 266
Paru. ^ Imp. E. Capiomont et €•«, roc de Seine, 57.
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OUVRAGES DU MEME AUTEUR
ORirTmES DE L" ALPHABET DE LA TYPOGRAPHIE
32 pages in-8'' grand jésus,
impression de grand luxe avec 12 gravures, 1899,
franco -poste : 3 fn
SOMMAIRE :
stèle de M<*Aa, gtavde U y a 2800 an a ; elle contient l'alphabet ctéé pac Moïd«. —
Symbolbme de chacune de ^ed lettteA ItanAmiaei pat de^ navigateucA phëmclervA aux
Gtecà dcA îleA, — hes dlvetACA ttatiàformationA que leà GteCvN ont fait Aubic au des^Vn deA
lettce*. — Les Gccci changent la direction de r<^ctitute moôaïque; iUs tetoutnent Vœil
de onze lettteA pout leuc pecmettte d't^ctUe de gauche à dtoite, — LeA MinuACuleA et \eb
MajuAculeA gtecque^ et latines déùvent des lettte.s de MoiAe, tableau compara lif. —
l.VctUute en Italie et en Gaule. — La Tvpogtaphie. — Guienbetg i*ctlt que son mécanisme
eôt dû à ^eô coUabotateutA. — Ptopagation de cet act.
ORIGINE DES SIGNES NUMÉRAUX
48 pages în-S** raisin,
impression de luxe avec 20 gravures et tableaux, 1892,
franco-poste : 3 fr.
SOMMAIRE :
Tableau de^ chiffrer < à 0, 5yAt<?me décimal invente pat \es HindouA. — Adoption
de ce AyAtdme pat leA Atabe.s aptôA leuc conquête d'une pattie de VHindouAtan. — Lca
nomA des chifTteA hindouA ont été adopléA pat leA Eutop<*enA. — Tableau comparatif deà
chiffteA hindouô avec ceux deô AtabeA et deA LatiuA, — Tableau deA lettteA numëtaleA
emplovtîeA auttefoiA pat leA Hëbteux, GtecA, RomaiuA pont ëctice leA nombted avant que
leA AtabeA nouA euAAent ttanAmîA leA chiffccA hindoUA,
i*àn% — |iu|i. tù. Ctt^iomtni ci C*", rue de 1
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